« Chaque livre a une âme. L'âme de celui qui l'a écrit, et l'âme de ceux qui l'ont lu, ont vécu et rêvé avec lui » (
C.L. Zafón)
J'ai rêvé avec ce roman picaresque à l'atmosphère dantesque. J'en suis sortie complètement envoutée : « Rien ne marque autant un lecteur que le premier livre qui s'ouvre vraiment un chemin jusqu'à son coeur. »
L'Ombre du vent est une énigme parsemée de zones d'ombres et de caves humides. Barcelone, de 1945 à 1966, sous le régime franquiste à aujourd'hui. La ville des prodiges est marquée par la défaite, la vie difficile, les haines qui rôdent. Un homme emmène son petit garçon dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y « adopter » un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets « enterrés dans l'âme de la ville » :
L'Ombre du Vent.
Il n'est pas question d'en révéler l'intrigue, ni même de tenter de s'en approcher. Il suffit de savoir qu'il s'agit de livres maudits, de l'homme qui les a écrits, d'un personnage qui s'est échappé des pages d'un roman pour le brûler, d'une trahison et d'une amitié perdue. Une époustouflante histoire d'amour, de haine et de rêves. Tableau historique, récit fantastique, réalisme magique, énigme policière où les mystères s'emboîtent comme des poupées russes, ce roman d'apprentissage et d'aventures mêle inextricablement la littérature et la vie.
L'Ombre du vent est avant tout un roman de l'amour du roman. La vie est un livre tentateur, maléfique, obsédant. Beaucoup évoquent le fantastique du Maître et Marguerite de
Boulgakov. Une dimension poétique à l'image du titre où le sujet le plus poignant est bien le temps. Zafón sème le vent et récolte un superbe frisson !
Récit magnifique, surréaliste et nostalgique, plein de poésie et de violence.
Zafón décrit les ambiances comme ce n'est pas permis : c'est beau et fort, sa bibliothèque fait envie tant elle regorge d'ouvrages rares et mystérieux, Barcelone est vivante sous nos yeux et pourtant hantée par des fantômes, le cimetière des livres semble palpable...
(mon article est paru dans la Webmag Nananews
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