À un certain point de son trajet, le voyageur s’assied au bord de la rivière et sait qu’il est au bout du chemin. Vient un moment où il accepte que l’idée du retour n’est qu’une illusion.
De nos jours, le seul dont tu penses qu’il te ment, c’est le spécialiste qui justement connaît la question. C’est celui qu’on ne peut pas croire parce qu’il fait partie de l’élite et que l’élite est contre le peuple et cherche à l’humilier.
Vos parents sont partis, ne vous préoccupez plus d’eux, ils n’existent plus. Préoccupez-vous de vous-même. Et pas seulement parce que vous êtes blessé et qu’il vous faut guérir. Mais aussi parce que maintenant vos aînés ne font plus écran entre la tombe et vous. C’est ça, l’âge adulte. Vous voilà en première ligne et la tombe béante vous attend.
L'art a besoin de trahison et il la surmonte parce que la trahison est transmuée en art.
Alors que maintenant que l'horreur gagnait du terrain à toute allure, on fermait les yeux ou on se faisait une raison.
En Amérique les armes étaient vivantes et la mort était leur cadeau aléatoire.
C'était un brillant causeur, certes, mais il était comme un décodeur bourré de programmes de débats télévisés qui n'arrêtait pas de changer de chaîne sans prévenir.
Et si je vous disais que mon identité est tout simplement quelque chose de difficile, de douloureux, problématique, et que je ne sais pas comment choisir ni que choisir ni même s'il me faut faire un choix, et si j'avais simplement besoin de tituber à l'aveuglette jusqu'à découvrir ce que je suis et non pas qui j'ai choisi d'être ?
Mais il y avait également dans la nature humaine un autre aspect, tout aussi caractéristique de l'animal humain contradictoire que l'autre, consistant à accepter avec fatalisme l'existence d'un ordre naturel des choses et de consentir sans se plaindre à jouer avec les cartes qu'on nous avait données.
Quel sens auraient les choses si le pire arrivait, si la lumière disparaissait du ciel, si les mensonges, les calomnies, la laideur, la laideur devenaient le visage de l'Amérique ? Que voudraient dire mon histoire, ma vie, mon travail, l'histoire des américains, les anciens et les nouveaux, les familles de Mayflower comme les nouveaux venus, fièrement devenus citoyens juste à temps pour voir l'Amérique se démasquer, se démembrer ? Pourquoi seulement tenter de comprendre la condition humaine si l'humanité s'avérait si grotesque, si sombre, si vaine ? A quoi servaient la poésie, le cinéma, l'art ? Laissons la beauté pourrir sur la vigne. Que le Paradis soit perdu, et l'Amérique que j'aime, emportée par le vent.