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Danielle Marais (Traducteur)
EAN : 9782259182713
411 pages
Plon (12/09/1999)
3.86/5   143 notes
Résumé :
Le jour de la fête de Ganesh, Aurora Zogoïby danse pour défier des dieux auxquels elle ne croit pas. Peintre célébré, femme aux dimensions formidables, Aurora exècre la foule qui s'adonne au culte superstitieux du dieu éléphant. Sa danse est donc un geste de suprême dédain. Mais la foule se méprend et la vénère. Irréversiblement, elle est au centre des choses. Y compris de la vie de son fils ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Roman de Salman Rushdie. Lettre R de mon Challenge ABC.

Moares Gama-Zogoiby est le narrateur d'une surprenante histoire: la sienne et celle de sa famille. Son récit commence bien avant sa naissance. Il se réclame, ainsi que son ascendance, de l'illustre Vasco de Gama. Dans une famille où l'excès et la différence sont monnaie courante, il trouve sa juste place. Biographe familial cynique, tendre, ingrat, révolté ou désabusé, il dresse aussi un portrait vitriolé de l'Inde, avant et après la domination anglaise, dans laquelle des personnages comme Gandhi ou Nehru ont des rôles bien moins grands que ceux qu'ils jouent dans la famille Gama-Zogoiby.

Malchanceux, le Maure l'est dès sa naissance. Fils d'Aurora,une héritière et artiste de génie mais femme de peu de coeur et d'Abraham, juif de Cochin, escroc et soumis à son épouse, Moares, dit le Maure, se distingue à plus d'un titre. Né très largement avant terme, affublé d'une main difforme, il est soumis à un vieillissement deux fois supérieur à la norme. Malchanceux par son nom, malchanceux par son ascendance, il fait aussi des choix malheureux. Il semblerait qu'il s'entête à suivre la voie barrée pour mieux se fourrer dans des situations impossibles. Il échappe de peu au contrat malhonnête que son père passe avec sa grand-mère, mais c'est pour mieux devenir la créature de sa mère, à la fois adorée et détestée, réclamée et repoussée.

Aurora de Gama est belle, impertinente, gourmande et dynamique. Fille adorée d'un père faible et brisée par la mort de sa femme, elle a grandi sans autorité, et a gardé de son enfance une insouciance, une liberté et une volonté à toute épreuve. Elle attire les regards et les convoitises des hommes et des femmes. Entourée d'artistes, dont le peintre Vasco de Miranda qu'elle rendra désespérement fou d'amour, elle gravite au centre d'un univers où tout lui est consacré. Son fils n'est qu'un joyau de plus dans son coffre aux trésors.

Dernier-né d'une fatrie de filles, Moares grandit entouré de trois soeurs dont les prénoms tronqués ou déformés tendent à se confondre pour créer une seule entité sororale, polymorphe et inquiétante. Ina, Minnie et Mynah connaissent des destins sublimes et décadents. Toutes les femmes que fréquentent le Maure portent en elles un germe d'auto-destruction. Entre Dilly Hormuz, sa préceptrice et première amante, et sa fiancée perdue, la superbe et courageuse Nadia Wadia, le Maure connaît l'éblouissement des sens et du coeur auprès d'Uma Sarasvati. La jeune femme, sculpteur au talent naissant, est passionnément attirée et obsédée par Aurora, la pétulante et charismatique maman du Maure. Entre les deux femmes commencent malgré tout un combat dont l'enjeu est Moares.

Moares est aussi un boxeur surprenant même s'il utilise sur le tard son talent destructeur. Pendant des années, il travaille dans l'entreprise parternelle, prétendument la vente de talc pour bébés, même s'il est de notoriété publique qu'Abraham Zogoiby est un magnat de la drogue indienne.

Que cette lecture a été ardue! Voilà un livre qui ne se laisse pas faire! Les cent premières pages, loin d'être déplaisantes, riches d'un humour caustique et de détails savoureux, m'ont cependant parues interminables. Il est absolument insupportable d'attendre aussi longtemps pour arriver au coeur du sujet. Avant d'en venir au personnage principal, il faut d'abord faire connaissance - et en profondeur! - avec deux générations d'aïeux dont les aventures picaresques nous entraînent bien loin du sujet principal. A moins que le sujet principal ne soit qu'un prétexte pour dessiner une saga familiale qui ne se comprend que dans l'ampleur et la démesure!

Le motif récurrent du dernier soupir du Maure, traité par le texte et par l'image, est intelligemment disséminé au fil des pages. Ca donne envie de relire Chateaubriand! Aurora est un personnage fabuleux mais il aurait été encore plus fabuleux qu'elle ait existé et qu'elle ait peint les toiles dont les descriptions accompagnent chaque épisode de l'histoire de la vie de Moares. Les représentations qu'elle fait d'elle et de son fils sont allégoriques, psychédéliques, iconoclastes, blasphématoires. Cela aurait un délice de les avoir sous les yeux!

Je suis toujours très sensible à la synesthésie d'un texte. J'avais beaucoup apprécié la lecture du Parfum de Patrice Süskind, pour le talent dont l'auteur a fait preuve pour convertir les mots en odeurs. Dans le texte de Salman Rushdie, j'ai retrouvé le même talent. de la première étreinte enivrante entre Aurora et Abraham sur des sacs de poivre, de cardamome et de cumin aux promenades dans les dédales de Bombay, on respire l'Inde onirique de l'explorateur Vasco de Gama, pays merveilleux d'épices et de tissus éblouissants. "De grands arbres généalogiques issus de petites graines: il convient, n'est-ce-pas, que mon) histoire personnelle, l'histoire de la création de Moares Zogoiby, ait son origine dans le retard d'un chargement de poivre?" (p.85) Une petite graine de poivre comme un grain de sable qui change le fonctionnement classique de la machine.

Superbe hommage à l'Inde, portrait à l'acide également. L'auteur n'épargne pas son pays d'origine! "L'Inde Mère avec son faste criard et son mouvement inépuisable, l'Inde Mère qui aimait, trahissait, mangeait et dévorait ses enfants puis qui les aimait de nouveau, ses enfants dont les relations passionnées et les querelles sans fin allaient bien au-delà de la mort; elles s'étendaient dans les immenses montagnes comme des exclamations de l'âme, et le long des larges fleuves charriant miséricorde et maladie, et sur les plateaux arides ravagés par la sécheresse sur lesquels des hommes entamaient la terre stérile à la pioche; l'Inde Mère avec ses océans, ses palmiers, ses rizières, ses buffles aux trous d'eau, ses grues aux cous comme des portemanteaux perchées sur la cime des arbres, et des cerfs-volants tournant hauts dans le ciel, et les mainates imitateurs, la brutalité des corbeaux au bec jaune, une Inde Mère protéenne qui pouvait devenir monstrueuse, qui pouvait n'être qu'un ver sortant de la mer [...], qui pouvait devenir meurtrière, qui dansait avec la langue de Kali et le regard qui louche pendant que mourraient les multitudes; mais au-dessus de tout, au centre exact du plafond, au point où convergeaient les lignes de toutes les cornes d'abondance, l'Inde Mère avec le visage de Belle." (p. 77)

L'Orient et l'Inde, ce ne sont pas des zones géographiques vers lesquelles mes pas se porteraient naturellement, encore moins ma curiosité. Je n'y connais pas grand choses, que ce soit en terme de culture, de religion, de spiritualité, d'histoire, et que ne sais-je pas encore! Je pense sans aucun doute que de grandes choses m'ont échappées pendant la lecture, des finesses culturelles, des anecdotes, des traits d'humour, des vitupérations politiques et historiques, ... Devant une telle oeuvre, on se sent humble. Moi, je me suis sentie toute petite. le texte foisonne, se développe, bondit et repart en arrière, entre analepses fulgurantes et digressions labyrinthiques. Il y a un peu du récit de Shéhérazade, un peu des Mille et une nuits dans ce texte qui semble ne pas vouloir finir. Et les cent dernières pages, bijou du livre, révèlent les conditions de narration de cette saga rocambolesque et justifient les extrapolations et récits parasites dont on se demandait ce qu'ils apportaient vraiment au récit.

Entre le conte d'Andersen La reine des neiges et le marchand de Venise de Shakespeare, le texte se nourrit et regurgite tout un palimpseste littéraire et baroque. Les érudits parlent de réalisme magique pour qualifier l'écriture de Salman Rushdie. Pour faire simple, c'est quand le fantastique du conte ou de la légende se même au réel pour donner une nouvelle réalité dans laquelle on retrouve des éléments concrets mais qui offre aussi des anomalies parfaitement acceptées. Un des derniers exemples de textes de ce genre qui m'a renversé est Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. le dernier soupir du Maure est tout aussi renversant!
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Moraes , dit "Le Maure", revient sur l'histoire mouvementée, tragi-comique et théâtrale de la famille Gama-Zogoiby dans l'Inde pré et post-indépendance...

C'est toujours un plaisir de retrouver Rushdie et sa plume. Sauf que cette fois-ci, on déchante un peu avant la moitié, surtout parce que l'histoire est excessivement longue pour ce qu'elle est et qu'on a droit à un paquet de répétitions. Il s'agit plus d'une saga familiale et de descriptions de personnalités que d'un enchaînement d'actions qui amènent le récit vers son but final. le récit reste assez dynamique dans le premier tiers car le narrateur a le temps de développer plusieurs membres anciens de la famille, mais dès qu'on arrive au personnage d'Aurora, Aurora l'artiste qui s'inspire de son fils pour ses toiles, on change carrément d'allure et ça patine, ça ressasse, ça n'avance pas tant que ça. Peut-être est-ce à cause de cet aspect, de ce manque assez cruel de réel but après ces quelques centaines de pages, qu'on a du mal à accrocher à cet opus.
Encore une fois, l'Inde tient un rôle majeur dans ce conte et les protagonistes ont tous une personnalité bien trempée. Les thèmes récurrents de la religion et de la singularité se mêlent cette fois-ci à celui de l'art, avec des tableaux décrits très précisément. le titre du livre se retrouve d'ailleurs à de nombreux niveaux dans l'histoire, à un point tel qu'on se demande s'il n'y a pas trop d'explications disponibles pour ce fameux titre alors qu'on pourrait totalement se contenter de deux raisons (le titre d'un tableau et la fin).
Ce qui est intéressant, c'est que ce roman-ci a un côté plus abordable que les précédents car il y a quand même beaucoup moins de merveilleux et de magie, il est relativement plus réaliste que les autres. En soi, ça rend les choses beaucoup plus simples à suivre. Écrit et publié après la polémique des Versets sataniques, il délivre une forme de monologue qu'on peut à diverses reprises relier directement à la vie de l'auteur. Mais à nouveau, il est tellement long qu'il en est lassant.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Il y a dans les romans de Salman Rushdie ce petit quelque chose qui m'emporte, m'enchante, m'éblouit, me réjouit, me passionne, m'émerveille, bref... m'enthousiasme tant que je reste sans voix lorsqu'il s'agit de raconter l'histoire ou d'exprimer ce qui me plaît tant dans ses récits. D'ailleurs, est-ce bien raisonnable de se lancer dans une tentative de résumé de ce fabuleux roman sachant qu'il sera forcément parcellaire et donc un peu faux ? Car, voyez-vous, comme je l'ai déjà dit dans mon avis sur L'enchanteresse de Florence, Salman Rushdie est un magicien des mots : il écrit des histoires où s'entremêlent faits et personnages réels et fictifs et en fait un conte où magie, surréalisme et réalité se côtoient comme de vieux amis.

Bon, essayons tout de même de dire quelques mots sur l'histoire.
Moares Zogoiby dit "Le Maure", narrateur époustouflant de cette saga familiale nous embarque dans un voyage exceptionnel et les personnages rencontrés tout au long du récit sont inoubliables. Né doublement handicapé, le Maure devra vivre avec une main difforme en forme de marteau toute sa vie qui, par malchance, s'écoule deux fois plus vite que la normale. Sa mère, Aurora de Gama, est, elle, éblouissante, enchanteresse, solaire, dotée d'un dynamisme contagieux qui se reflète dans les peintures qu'elle produit. Mais elle est surtout égoïste, venimeuse, source de bien d'envies et convoitises de la part des personnes qui gravitent autour d'elle, elle brise les coeurs sans même s'en apercevoir (ou plutôt sans s'en soucier) ! Et ce ne sont pas ses enfants qui diront le contraire : préoccupée de sa seule gloire, elle néglige ses trois filles Ina, Minnie et Mynah qui d'ailleurs, dès leur naissance, ce sont vues affubler de noms raccourcis et son fils n'est rien de moins que son jouet/modèle grâce auquel elle sortira sa plus fabuleuse série de tableaux. Quant à son père, Abraham, escroc de grande ampleur, il fait bien pâle figure devant sa femme... Rien d'étonnant alors à ce que Moares soit totalement subjugué par sa mère et tentera par tous les moyens de se défaire de son implacable emprise...

Pourquoi ai-je été totalement conquise ?
* Parce que ce roman m'a entraînée dans une course folle à travers plusieurs générations : des côtes de Malabar au Sud de l'Inde, à Bombay puis en Espagne, la famille Gama-Zogoiby ne manque pas de souffle ni de dynamisme !
* Parce que c'est merveilleusement bien écrit (une pensée pour la traductrice qui a dû en baver !), que les odeurs, les couleurs, les sons sont décrits avec brio, que j'aime cette façon qu'à Salman Rushdie de me perdre totalement avec ses tergiversations, ses digressions, ses circonvolutions autour d'un récit parfois bien difficile à suivre.
* Parce que c'est bourré d'humour acide totalement irrésistible.
* Parce que Salman Rushdie mêle si bien les faits réels à la fiction que je me suis beaucoup amusée à tenter de détacher le vrai du faux, les personnages fictifs des personnages imaginaires...
* Et enfin, parce que sous un habit de critique caustique de l'Inde, ce livre en est un merveilleux hommage. La "Mother India" y apparaît dans toute sa splendeur, son histoire, ses légendes et ses travers.
A lire !
Lien : http://loumanolit.canalblog...
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Apres avoir lu son satané livre auquel la « Fatwa » lui doit son succès je me suis laissé tenter par son dernier soupir : « le soupir du Maure » de Salman Rushdie… El Suspiro del Moro est un col situé à douze kilomètres au sud de Grenade là ou le 2 janvier 1492, Boabdil, dernier roi de Grenade, capitula devant les armées des Rois Catholiques. Sur le chemin de l'exil, au lieu-dit : " le dernier soupir du maure ", Boabdil se retourna vers la capitale de son royaume perdu et pleura. Sa mère lui lança : " pleure comme une femme ce que tu n'as pas su défendre comme un homme !Cela donnera inspiration a certains peintres à reproduire cette scène entre autre Aurora de Gama dont il sera question…le deuxième nom de Boabdil était :"Az-Zughbî (l'Infortuné),nom que Rushdie donnera a son héro Abraham Zogoibi en lui attribuant un lien de parenté ,assez douteux a mon avis mais comment filtrer un roman ou s'entremêlent faits et personnages réels et fictifs. On est pris comme dans un piège à détacher le vrai du faux . En parallèle son épouse Aurora Gama serait apparenté a Vasco de Gama. Rushdie finira par nous imposer ces liens de parenté dont les tentacules se retrouvent en Inde plus précisément dans la ville de Cochin en ce début du XX siècle. Moares Gama-Zogoiby est le narrateur surnommé « le Maure » est le fils d'Aurora et de Abraham. il nous raconte sa vie de jouet/modèle grâce auquel Aurora sortira sa plus fabuleuse série de tableaux. Et nous y voilà la boucle est bouclée :la réincarnation d'« El Suspiro del Moro » mais sous plusieurs formes de tableaux. Un récit parfois bien difficile à suivre, un humour qui a eu du mal a faire frissonner mon canal Rushidien ,ce n'était nullement ma pointure du fait que l'humour s'estompe dans sa traduction d'une langue vers une autre…
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Comme il l'explique dans son autobiographie, "Le dernier soupir du Maure" est le premier roman (pour adulte) que Salman Rushdie a écrit après l'affaire des Versets Sataniques. Au delà des conditions complexes dues à son itinérance forcée, ce roman est un tour de force, un tourbillon qui prend le lecteur par la main et l'entraîne des ruelles de Cochin aux plantations de poivre de Goa, en passant par les immeubles de la finance internationale de Bombay. C'est pimenté, coloré, étourdissant, souvent drôle et toujours passionnant.
Ecrire ce roman était pour Rushide l'occasion de rendre hommage à ses parents, sa famille, et au delà, à la grande nation indienne, en retraçant un siècle de son histoire : depuis sa libération de l'empire britannique, en passant par l'état d'urgence des années 70 jusqu'à nos jours. Au détour des péripéties de ses personnages de fiction, on découvre (et on comprend !) l'histoire de l'Inde, avec les grandes figures que furent Nehru et Indira Gandhi. Un vrai régal.
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"L'Inde Mère avec son faste criard et son mouvement inépuisable, l'Inde Mère qui aimait, trahissait, mangeait et dévorait ses enfants puis qui les aimait de nouveau, ses enfants dont les relations passionnées et les querelles sans fin allaient bien au-delà de la mort; elles s'étendaient dans les immenses montagnes comme des exclamations de l'âme, et le long des larges fleuves charriant miséricorde et maladie, et sur les plateaux arides ravagés par la sécheresse sur lesquels des hommes entamaient la terre stérile à la pioche; l'Inde Mère avec ses océans, ses palmiers, ses rizières, ses buffles aux trous d'eau, ses grues aux cous comme des portemanteaux perchées sur la cime des arbres, et des cerfs-volants tournant hauts dans le ciel, et les mainates imitateurs, la brutalité des corbeaux au bec jaune, une Inde Mère protéenne qui pouvait devenir monstrueuse, qui pouvait n'être qu'un ver sortant de la mer [...], qui pouvait devenir meurtrière, qui dansait avec la langue de Kali et le regard qui louche pendant que mourraient les multitudes; mais au-dessus de tout, au centre exact du plafond, au point où convergeaient les lignes de toutes les cornes d'abondance, l'Inde Mère avec le visage de Belle." (p. 77)

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Maintenant, par conséquent, il est temps de prendre congé; de ce qui fut, et ne sera peut-être plus jamais; ce qu'il y avait de juste, et de faux. Un dernier soupir pour un monde perdu, une larme pour sa disparition.
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Alors, le canard, la souris et ce lapin dont je ne sais plus le nom. Et le marin et sa saag-saga. Peut-être le chat qui n’arrive jamais à attraper la souris, l’autre chat qui n’arrive jamais à attraper l’oiseau, ou l’autre oiseau qui court trop vite pour le coyote. Faites-moi des rochers qui ne vous aplatissent que temporairement quand ils vous tombent sur la tête, des bombes qui noircissent seulement le visage, et des gens-qui-courent-dans-le-vide-jusqu’à-ce-qu’ils-regardent-en-bas. Faitesmoi des canons de fusil avec des nœuds et des baignoires remplies de grosses pièces d’or. Épargnez-moi les harpes et les anges, oubliez tous ces jardins puants ; pour mes petits, je veux le paradis. »
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Comment pardonner au monde sa beauté, qui ne dissimule que sa laideur ; sa douceur, qui ne recouvre que sa cruauté ; son illusion presque parfaite de continuité, comme la nuit succède au jour, pour ainsi dire – alors qu’en réalité la vie est une suite de ruptures brutales, qui tombent sur nos têtes sans défense comme les coups de hache d’un bûcheron.
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" Ce que désirent les hommes, ce n'est point la norme civile et sociale, mais l'excessif, le démesuré, l'illimité - ce par quoi notre puissance naturelle peut être libérée. Nous sollicitons ouvertement la permission de devenir notre propre esclave secret."
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Vidéo de Salman Rushdie
« Il était essentiel que j'écrive ce livre : une manière d'accueillir ce qui est arrivé, et de répondre à la violence par l'art. »
Pour la première fois, Salman Rushdie s'exprime sans concession sur l'attaque au couteau dont il a été victime le 12 août 2022 aux États-Unis, plus de trente ans après la fatwa prononcée contre lui. le romancier lève le voile sur la longue et douloureuse traversée pour se reconstruire après un acte d'une telle violence ; jusqu'au miracle d'une seconde chance.
Pour accompagner la parution de ce livre inédit, Salman Rushdie a accordé à La Nouvelle Revue Française un entretien exclusif. Nous vous invitons à le découvrir dans son intégralité en librairie ou en version numérique sur notre site.
Découvrez l'entretien https://www.lanrf.fr/products/il-etait-une-fois-entretien
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