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Florica Courriol (Traducteur)
EAN : 9782490501205
296 pages
Editions du Typhon (22/02/2022)
3.71/5   19 notes
Résumé :
Venu du fin des âges, Zogru est un spectre qui s'empare des êtres non pour les dominer mais pour les révéler à eux-mêmes. Du monde médiéval roumain du seigneur Dracula à la Roumanie contemporaine, en passant par l'ère communiste, le récit suit les différentes possessions de Zogru. Entre un virus et un vampire, Zogru s'invite d'être en être, en intensifiant leur existence. L'hôte visité acquiert des pouvoirs inédits : il prend confiance en lui, sa sensibilité est acc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Signé d'un Z qui veut dire Zogru.
Enfin, sa signature, c'est plutôt deux trous rouges dans le cou. A la manière des vampires. Mais Zogru est autre chose. Petit être immatériel, il prend possession des corps pour y faire grandir son âme. Quarante jours (ne serait-ce pas un peu christique ?) pour vivre, aimer, sauver (ne serait-ce pas terriblement Poissons ?) ceux qui croisent sa route. Traversant les siècles, vivant des ellipses temporelles, Zogru est un personnage terriblement attachant (ne serait-ce pas une sorte de Dobby ?) Je ne voulais pas le quitter. Tout en ne pouvant pas lâcher mon livre. Soit le paradoxe de tout lecteur face à un très bon roman.

Dans son voyage à travers les âges, deux figures reviennent, deux familles. Il est facile pour lui de suivre les arbres généalogiques. Il est sensible notre Zogru, plein d'empathie, il s'attache, et ne sait pas bien rompre. Alors il garde un oeil sur les descendants, retrouvant ici ou là, une émotion, un geste, un trait de caractère. Il se replonge alors dans les souvenirs, au tout début de l'histoire, dans la Roumanie médiévale de Vlad l'empaleur. On en revient toujours au vampire.

Mes lectures actuelles se faisant écho, la partie contemporaine interroge l'acte d'écrire, de création, au coeur d'une relation amoureuse. Zogru aime profondément Giulia qui est irrésistiblement attirée par Andreï Ionescou, l'écrivain. Entre eux, se mêlent jeu de pouvoir, écriture, ego, manipulation, séduction. Mais Giulia n'est pas si sotte, et Andreï pas si malin. Et Zogru veille au grain, part incontestable de ce triangle amoureux.

Je me demande pourquoi j'ai mis si longtemps à lire ce livre qui me correspond en tout point. Mâtiné de folklore, bien que contemporain, il a un petit côté patrimonial qui n'est pas pour me déplaire. On se croirait dans un conte, mais avec une touche de roman noir. le personnage principal est un gentil démon, un peu maladroit, un peu naïf, un peu vengeur aussi. Mais sa Giuilia ne s'en sort pas si mal toute seule, elle a de la ressource...

S'il faut conseiller en cette veille du jour des morts, une lecture idéale, ce serait celle-ci. Pour frissonner d'aise en compagnie d'un esprit frappant.

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PÉPITE

Il y a dans certaines pages un enchantement qu'on ne peut qualifier d'humain. Zogru scande ton nom, s'immisce en toi sans que tu n'en sois véritablement conscient. Sans crier gare, l'attachement à un personnage déboule et vous séduit. Zogru est un spectre mais aurait pu aussi être la métaphore de tout sentiment humain. L'amour, le désir, l'envie, la jalousie, Zogru pourrait revêtir la cape de chaque émotion. Nous le découvrons en 1460 où il vient s'insérer dans chaque corps mais chaque âme. Chacun d'eux voit en son cou deux petits points qui ferait penser à un état de vampire. Virus ? Diable ? Vampire ? Insaisissable, il apprend au fil de l'Histoire à maitriser ses pouvoirs et ses formes ainsi que sa confiance en lui.

Avec un sens accru de l'imaginaire spectral collant parfaitement à cette collection des hallucinés aux éditions du typhon, Doina Rusti offre au lecteur l'expérience - voire un fantasme pour chacun d'entre nous - d'entrer en collision avec une âme. Si les scènes viennent à nous d'une manière aussi limpide et fluide, c'est que l'autrice maitrise le cinéma sur le bout des doigts pour en faire ressortir une évocation visuelle. Avec Zogru, vous allez parcourir l'histoire de la Roumanie jusqu'à nos jours ou devrai-je dire de la Valachie, qui avec la Moldavie composait les principautés roumaines. Vlad III et la légende Dracula viendront s'immiscer avec érudition dans le récit où les traditions roumaines agrémentent le parcours du spectre. Les seconds rôles - à l'instar d'un Voltaire qui au travers d'un conte, venait apporter sa pierre à l'édifice philosophique - seront drôles et hauts en couleurs. La morale étant suggérée et non affirmée, Doina Rusti propulse Zogru dans un conte qui prend le contrepied du genre.

Traduit par Florica Courriol, le roman offre une galerie de personnages voire d'anti-héros qui viennent juguler le tempérament de Zogru. Ce dernier n'échappe pas aux turpitudes des Hommes, il est à la fois leur incarnation du bien et du mal. Enfermé pendant cinquante ans dans du bois, la douleur et l'oppression viendront le percuter de plein fouet. le temps n'ayant pas d'impact sur lui, il continuera à errer à travers l'Histoire d'âme en âme pendant quarante jours. Au-delà, l'être humain décède, le corps totalement usé. Quarante jours. Un délai qui peut s'apparenter à beaucoup d'événements dans une vie d'Homme… Zogru est devenu un compagnon depuis cette lecture, dans son rapport à l'amour notamment où son invisibilité le rend étranger au monde. Un personnage de cette trempe ne se retrouve que rarement en littérature, Zogru m'a conquis de bout en bout avec sa fragilité et sa capacité à apprendre au fil des années le mécanisme de son pouvoir. Un roman qu'on n'oublie pas, qui reste près de nous pour en savourer non seulement l'ironie mais aussi la littérature qui sort des sentiers battus. Rafraîchissant et mystique, historique et intemporel, Zogru fait partie des personnages qui marquent une vie de lecteur.

Couverture superbe de Tristan Bonnemain comme toujours.


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Après l'intrigant Eltonsbrody de Edgar MITTELHOLZER, je poursuis mes pérégrinations sur les terres des Editions du Typhon pour un deuxième voyage tout aussi prometteur, en me jetant avec une joie non dissimulée, dans l'univers de Zogru, signé Doina RUSTI.

Au menu cette semaine : cap vers la Valachie, ancêtre de la Roumanie, dans les contrées sanglantes de Vlad l'Empaleur en compagnie de Zogru, un être démoniaque et tout à fait charmant, au demeurant.

Sorti tout droit des entrailles de la Terre, Zogru est ce qu'on appelle un esprit possesseur. Tout au long de son récit, on se plait à le suivre dans les confins de sa mémoire pluri centenaire, au risque parfois de se perdre, telle une bille de flipper percutant sans préavis les portes de chacun de ses souvenirs dans une danse frénétique et chaotique, sans aucune cohérence chronologique.

Tantôt débonnaire, tantôt capricieux, Zogru est un sentimental avec une ambition clairement affichée, se mettre au service de l'accomplissement de ses « victimes ». Une entreprise qui ne se fera pas sans perte et fracas. Si ses intentions sont louables, la cohabitation est souvent maladroite et inconfortable. Zogru connait beaucoup de difficultés à se fondre harmonieusement avec ses hôtes, son exaltation se télescopant souvent avec leurs propres morales et turpitudes, ce qui donne lieu à des situations plus que cocasses, voire ridicules et hélas, parfois absolument tragiques.

Zogru est une page blanche et c'est au prix de quelques sacrifices et de nombreux dommages collatéraux, que le lecteur se plaira à suivre son dépucelage dans l'apprentissage et la maitrise de son pouvoir. Il a la fraicheur de l'enfant qui s'émerveille face aux trésors que le monde peut lui offrir, l'appétit démesuré qui ne supporte aucune limite ni frustration, vampirisant l'énergie vitale de ses logeurs d'infortune avec frénésie.

Au travers de ses péripéties, l'auteur, illustre avec malice les constructions farfelues des contes et légendes, terreau des folklores populaires, et l'importance du rôle de la tradition orale. L'imaginaire collectif se plait à déformer les faits à l'excès et Doina RUSTI nous offre ici une réinterprétation savoureuse du mythe de Dracula en suggérant la possession de notre antihéros par une signature vampirique : deux petits points rouges sur la nuque.

Le récit repose sur un enchevêtrement d'époques et une alternation des personnages qui ont marqué Zogru le nostalgique. On comprend rapidement que se joue ici un système de destins croisés entre deux lignées sur moult générations. S'il a su ravir mon coeur en quelques volutes et qu'il fut jouissif de voguer d'âmes en âmes à ses côtés, c'est avec cette même nostalgie, qu'une fois arrivée aux deux tiers de ma lecture, je me suis prise à regretter ses premiers amours (notamment le brave Pampou et l'infâme Ionitsa le Boutonneux), ne trouvant que peu d'intérêt et d'épaisseur aux personnages plus contemporains dont la rencontre se profilait pourtant comme le point de chute de cette lecture. A croire que Zogru a fini par jeter son dévolu sur ma personne en sirotant un peu de ma vitalité. Reste que la plume de Doina RUSTI fût un enchantement et que je vous recommande chaudement cet ouvrage.

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HALLUCINANT ZOGRU
Il était une fois, toi, Zogru, personnage hors normes, pour un pouvoir hors-normes, agissant sur les hommes pour le meilleur et parfois pour leur mort.

Je t'ai rencontré comme ça en pleine Roumanie médiévale, sous la plume de Doina Rusti, un jour de 1460, au pied d'un arbre, tout près de Pampou.
Je t'ai aimé tout de suite- alors je t'ai suivi partout, à travers les régions, la Roumanie, l'Europe et les siècles. Et surtout à travers toutes ces femmes et tous ces hommes que tu as occupés.

J'aurais tellement aimé comme eux t'avoir en moi, même quelques secondes pour t'aider dans ta quête d'absolu, de justice et d'amour. Encore mieux, j'ai souhaité secrètement que tu tombes amoureux de moi, comme de Zoé- car tu es un vrai amoureux, celui dont on peut rêver. Mais invisible, tu cours après l'amour désespérément.

Alors oui, on peut t'envier Zogru car tu es celui qui lit dans les âmes…
Deux petits points dans le cou (non Zogru n'est pas un vampire) et te voilà aux commandes de l'âme de celui dans lequel tu t'es glissé. Mais comme tous les pouvoirs il n'est pas sans défaut, sans désillusion ni souffrance…
Tu apprends Zogru, à travers les siècles et tous les corps que tu traverses à maitriser ce pouvoir, à le comprendre et à en évaluer la puissance mais aussi les limites. Un pouvoir en forme de parabole de la vie, faite de ses bonheurs, ses aventures et ses douleurs. Tu penses posséder les âmes mais ce sont les âmes qui te possèdent, ton existence dépend d'elles à l'infini, te laissant dans une cruelle solitude qui fait de toi un personnage auquel on s'attache à jamais…

Alors quoi faire ? Eh bien lire ta quête au fil des siècles, du XVe à nos jours, t'accompagner face aux dangers, au coeur de l'amour et de la grande Histoire, à la recherche de la justice des hommes. Approfondir nos existences en parcourant cette galerie de personnages secondaires dynamisant le récit, ces vies qui s'entremêlent à travers toi, de siècle en siècle- et s'attacher à toi et à Pampou, pour toujours…

Entre conte fantastique et conte philosophique qui se lit comme un roman et qui se regarde comme un film, ton histoire, Zogru, est celle d'un spectre singulier ne manquant ni d'humour ni de tendresse et dans lequel nos âmes se reflètent et se reconnaissent inévitablement.

Alors je suis définitivement une hallucinée, de celle qui dévore ton histoire Zogru, comme toutes celles, hallucinées ou après la tempête, offertes par les éditions du Typhon.
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Si Zogru n'atteint les sommets littéraires du Temps qu'il fait à Middenshot ou du Chef, tous deux dans la même collection, il demeure un roman plaisant qui grise le lecteur par son originalité et ses péripéties.
Zogru raconte l'histoire d'un spectre qui, venu du fond des âges, s'invite dans les êtres pour les révéler à eux-mêmes. Bonne nouvelle pour les êtres, mauvaise pour l'entourage, car si l'on change, l'on dérange. Puis Zogru va parcourir l'histoire de l'Europe orientale de Dracula à nos jours.
Comme évoqué plus haut, Zogru n'a pas le charme vénéneux des romans d'Edgar Mittelholzer ou d'Harry Kressing, il n'en demeure pas moins qu'il nous plonge dans un univers inquiétant et familier, qu'il nous fait sourire et trembler. Son point fort est d'arriver, au milieu du divertissant, à nous apprendre de nombreuses choses sur les répercussions de l'histoire russe puis soviétique sur la Roumanie. En cela, ce roman divertit, certes, tout en éclairant.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Zogru était devenu très prudent après cette expérience. Il flairait déjà à distance ce genre de personnage, et n'arrivait pas à les changer. Une fois, de désespoir, il avait réveillé un de ces individus en pleine nuit et l'avait fait se jeter par la fenêtre. Il n'en était pas mort mais s'était tout de même assagi.
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C’était un baiser délicat, comme lorsqu’on prend un grain de raisin entre les lèvres.
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Video de Doina Rusti (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Doina Rusti
VLEEL Doina Rusti, Zogru, Éditions du Typhon, mars 2022 avec Yves et Florian Torrès, éditeurs
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