Je me demande comment on peut être prof.
– Tiens, et pourquoi ?
– Normalement, vous allez à l’école justement pour quitter l’école. C’est même fait pour ça, ça vous apprend comment la quitter. Eh ben les profs, eux, ils sont faits d’une façon tellement bizarre, c’est les seuls à aller à l’école juste pour y retourner. Vous trouvez pas qu’il faut être un peu toc toc ?
– Toc toc ?
– C’est une expression de ma mère, toc toc. Tordu, si vous préférez. Et puis, ils ont des manies. Mon prof de maths, par exemple, adore tracer des triangles dans des ronds… Je vous jure, un triangle circoncis, il appelle ça.
La mère de Suzanne a éclaté de rire, je ne voyais pas pourquoi.
– Avouez qu’il y a un truc qui cloche, chez eux. À mon avis, ils devraient être à l’asile, mais comme il n’y a pas assez de place, on les a mis au collège. Parce que c’est le seul endroit où leur folie passe inaperçue. Et puis alors, je sais pas si vous avez remarqué, mais les profs, ils se ressemblent tous. Ils ont le même autocollant sur leur voiture, et ils s’habillent tous de la même façon. On les repère à des kilomètres. Moi, à cent mètres, je peux vous dire : celui-là il est prof.
[...]
– Elle est sympa, ta mère, ai-je dit. J’aime bien échanger des points de vue avec elle.
– Je crois qu’elle t’apprécie également. Tu as fait une grosse impression.
– Elle fait quoi comme métier ?
– Elle est prof.
J'ai surpris M. Finckel debout sur un tabouret, en train de visser une ampoule au plafond.
- Vous pouviez pas m'attendre ? Vous allez vous casser la margoulette.
J'aimais bien cette expression qui me venait de ma mère mais je n'osais pas l'utiliser devant tout le monde car elle était obsolète, comme on dit en huit lettres dans le jeu télévisé.
( p 88)
Je me suis dit que c’était comme Rimbaud et Verlaine, on n’a pas besoin de comprendre pour comprendre, je me comprends.
je ne sais pas. La langueur monotone, les sanglots violons, c’est pas un moteur de Citroën. Pas besoin d’une notice technique. Tu comprends pas vraiment comment ça fonctionne mais tu t’en fous.
Je crois que ma mère aimait spécialement Marilyn parce qu'elle aussi s'était spécialement mal démerdée das la vie, et alors elle s'identifiait.
Les poètes, ils ont leur langage en costume et cravate, c'est pas le langage de tous les jours en survêtement.
J'ai choisi cette citation car aujourd'hui plus personne ne parle de manière élégante. Le langage d'aujourd'hui est beaucoup plus moche.
Nathanaëlle.
Ah j'oubliais! Ses derniers mots : "dit lui que c'est un champion''
Les poètes, ils ont leur langage en costume et cravate, c'est pas le langage de tous les jours en survêtement.
C'est même votre seule qualité : la régularité. Avec vous aucune surprise, en été comme en hiver on sait à quoi s'attendre. Nous sommes devenus une sort de légende. Nous avons atteint une certaine célébrité. On vient voir nos matchs comme on va voir un spectacle de clowns.