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Critique de JournalDuneBibliothecaire


Un roman jeunesse qui mélange avec brio le foot et la poésie. Des personnages attachants. Une ode à Verlaine et à tous ses potes poètes.

L'histoire :
Achille est au collège. Il vit seul avec sa mère monitrice d'auto-école. de son père il ne garde que de vagues souvenirs comme les ricochets qu'ils faisaient ensemble. Une absence de père commune à ses coéquipiers du foot. Ils sont des "Gaspards" comme le poème de Verlaine. Car Achille, par amour pour Suzanne, va découvrir la poésie et la partager.

Retour de lecture :
Voici un auteur que j'affectionne tout particulièrement. Je savais donc d'avance que je prendrai beaucoup de plaisir dans ma lecture. Il ne m'a pas déçue. Comme à chaque fois qu'il s'adresse à cette tranche d'âge, il y a des thématiques autour de l'adolescence, des réflexions plus profondes (notamment les relations intergénérationnelles) et de l'humour (bon ça, ok, ce n'est pas à chaque fois.)

Foot et poésie
Achille Pâté est gardien de foot de son équipe. Une équipe qui réussit l'exploit de toujours perdre tous ses matchs. Une équipe de pieds cassés qui use tous les entraineurs qui s'essaient à leur apprendre à jouer. Une équipe de bons gars pas très doués et un peu "con-con" (ce terme est plein de tendresse.)
Tout part avec notre personnage principal. Il est fou amoureux de Suzanne et de sa libellule dans les cheveux. Il ne se sent pas assez bien pour elle et n'ose pas l'approcher. Il l'admire donc de loin mais apprécie tous les moments qu'il peut passer avec elle.
Jusqu'au jour où il découvre qu'elle est passionnée de poésie. Au CDI du collège, il emprunte à son tour Paul Verlaine. A l'intérieur, comme un cadeau, Suzanne a laissé des traces de rouge à lèvres.
C'est ainsi qu'Achille découvre Verlaine, Rimbaud, Ronsard et les autres. Leurs mots le touchent et lui parlent. Il se reconnaît dans le spleen. Il est admiratif de leur capacité à mettre en mots des sentiments. A travers le temps et l'espace, ces grands poètes vont lui parler au plus profond du coeur. Une nouvelle passion qui ne pourra que le rapprocher de Suzanne.
Et puis il en parle à ses copains du foot. Il leur parle du poème "La chanson de Gaspard Hauser" de Paul Verlaine. Ils décident de devenir des Gaspards à leur tour. La documentaliste du CDI qui se morfondait de ne plus voir d'élèves dans ses rayons est ravie de leur prêter tous ces grands auteurs.

Liens intergénérationnels
Comme dans son roman écrit à quatre mains "Yan", Pascal Ruter nous offre une belle amitié entre un jeune homme et un homme âgé. Ici, Achille s'occupe de M. Finckel. Il lui fait ses courses, remplace en cachette les poissons de son aquarium qui meurent pour ne pas qu'il ait de peine et passe du temps avec lui.
M. Finckel est un homme distingué qui tenait autrefois un magasin de cravates. Il habillait les plus grands et se désole que la cravate ne soit plus au goût du jour. Il cache son passé à Achille. Mais c'était sans compter sur la curiosité du jeune garçon. Un passé qui pourrait les rapprocher.
Ce vieux monsieur n'est pas si commode que ça. Leurs deux caractères vont faire des ravages mais permettre à l'un comme à l'autre d'apprendre et évoluer. Ils s'apportent chacun quelque chose. Leur amitié est vraiment touchante. Mais je ne veux pas trop en révéler, vous découvrirez ses secrets en lisant le roman.

Des personnages qui ne peuvent que vous toucher :
Aucun personnage du livre ne vous laissera indifférent. Que ce soit Achille, Suzanne, la bibliothécaire, les gars du foot, M. Finckel, la mère d'Achille ou celle de Suzanne.
Les enfants ont dû grandir avec un père qui ne souhaitait pas les voir grandir et rester auprès d'eux. Celui d'Achille ne le trouvait pas assez fort et ne se sentait pas en capacité de l'élever. Celui de Suzanne a disparu et sa mère lui ment à son sujet. Pour Achille les pères sont une espèce en voie de disparition.
Les copains du collège sont comme eux. En plus, ils subissent l'adolescence de plein fouet. Entre la sensation de n'être pas assez bien, les affaires de coeur et l'école où ils ne brillent pas vraiment.
La mère d'Achille gère seule son auto-école et son fils. Elle est la dernière chance de multiples futurs conducteurs. Elle s'occupe de multirécidivistes du permis. Parfois, ils l'appellent, énervés d'avoir une nouvelle fois loupé le permis, persuadés qu'elle leur avait dit qu'ils pouvaient (par exemple) faire demi-tour sur l'autoroute. Cette femme est incroyable.
La mère de Suzanne essaie de protéger sa fille d'une vérité qu'elle n'est peut-être pas en capacité d'entendre. Elle fait au mieux. Nous sentons qu'elle veut protéger sa fille. Ce qui ne veut pas dire que cette situation ne la touche pas ou qu'elle l'accepte.
Achille est particulier, j'ai vraiment beaucoup aimé ce personnage. C'est vraiment un gars bien, un romantique dans l'âme, un peu naïf. Il dit des absurdités au premier degré. Et pourtant, pas une fois nous ne le trouvons bête.

Un roman à partir de 11-12 ans. Une belle manière de découvrir la poésie. Peut-être que comme les collégiens du livre, les collégiens du monde réel pourront être touchés par les mots de Verlaine ou de Rimbaud. Après la découverte du théâtre avec "Coup de boule, Corneille", Pascal Ruter récidive et dévoile la poésie aux jeunes lecteurs qui le liront.
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