Un livre que je n'aurais pas ouvert si je n'avais pas relevé un défi littéraire foireux.
C'est l'histoire de deux soeurs orphelines, qui choisissent deux destins différents : Juliette joue de ses charmes criminels pour trouver le bonheur, tandis que Justine ne rencontre que le malheur en restant sur le droit chemin. le roman est le récit que Justine fait de la dizaine d'années au cours desquelles elle n'a croisé que des individus (majoritairement masculins) qui lui faisaient subir les pires outrages pour la pousser à renier ses principes vertueux.
Je n'ai rien trouvé de sulfureux dans ce texte ; c'est au contraire l'un des plus désespérants que j'aie lus. Partant du postulat qu'il vaut mieux céder au vice puisque la vertu n'est jamais récompensée en ce bas monde,
Sade pulvérise à coeur de joie tous les interdits de la société, en ne renonçant à aucune ignominie. Si encore il ne s'agissait que de provocation, ou d'une forme de délire obscène d'un pauvre type lubrique et frustré -mais l'auteur justifie ces perversions par des considérations pseudo-philosophiques ou scientifiques, porté par un athéisme haineux. Dans ce conte pour adulte, peuplé d'ogres, de satyres et de monstres, il offre finalement une vision sinistre de l'humanité régie par le cynisme, l'égoïsme, et la cruauté. Car ce roman est hyper-violent : femmes et enfants y sont chosifiés, violés, torturés, tués, au nom de la liberté des hommes à jouir selon leurs désirs. Tout ce qu'il y a de beau et bon dans la nature humaine est systématiquement souillé, dénigré et ridiculisé avec moult détails ; d'ailleurs, Justine, malgré toutes ses qualités, n'en demeure pas moins une cruche.
Je ne comprends pas le culte que certains intellectuels vouent à
Sade et à son libertinage qui n'a rien de raffiné. Certes, ce roman est bien écrit et se lit facilement, et on pourrait le considérer comme un voyage onirique et invraisemblable dans l'imagination d'un misogyne dépravé. Mais ça manque d'âme, de vie (mais pas de vits, ha ha !), et cet acharnement à combler en vain la satisfaction comme le vide de cette histoire finit par faire pitié et lasser.