Une amie m'a offert ce livre pour mon anniversaire, et je dois avouer que je l'ai lu en 3 jours! Lorsqu'on commence à lire les premières pages, on a du mal à s'arrêter, je ne dévoilerai pas l'histoire pour laisser le suspense aux prochains lecteurs , mais je peux vous assurer que ce roman est magnifiquement bien écrit !!
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Dans ce lit d’hôpital, elle nous parut plus pâle que d’habitude et surtout plus fatiguée. Nous lui parlions tout bas comme si nous craignions que le timbre de nos voix l’épuise davantage… Un médecin et une infirmière entrèrent avec du matériel de perfusion et nous demandèrent de sortir de la chambre. Avec un doux sourire, le médecin ajouta :
— Ce serait mieux que vous rentriez chez vous pour vous reposer. Revenez demain, votre fille aura dormi, vous aussi, et vous pourrez mieux passer du temps ensemble.
Après avoir embrassé Sonia et lui avoir promis de venir le lendemain, nous partîmes le cœur serré mais avec l’intime conviction aussi que ce séjour à l’hôpital lui était nécessaire et serait bénéfique pour l’avenir.
David nous ramena tous trois à la maison et revint chez lui à Marcoing.
Nous étions silencieux et l’absence de Sonia remplissait étrangement le foyer d’un vide bien lourd… Personne n’osait parler et il me sembla que cette situation laissait présager son absence prochaine mais pour beaucoup plus de temps, beaucoup plus…
Sonia montra très vite un grand intérêt pour l’écriture, et répétait à sa façon, à ses poupées toutes mes savantes explications. Ainsi, je lui ai appris selon mes disponibilités et aussi mes humeurs, toutes les lettres de l’alphabet et quelques mots usuels. Curieusement, Sonia ne disait jamais « j’écris » mais « ze dézzine », comme si elle savait au plus profond d’elle-même, qu’une écriture maîtrisée, dépassait hélas ses capacités intellectuelles…
C’est ainsi qu’au fil des mois et années, les choses se sont aplanies entre Sonia et moi. Elle n’était plus la sœur « débile » dont la vie m’avait affublée, mais la sœur fragile pour laquelle je devenais aimante en grandissant.
Malgré toute l’animosité que je lui déversais, Sonia m’aimait beaucoup et ses effusions affectives me dégoûtaient. Ainsi, lorsque j’étais occupée à faire mes devoirs, elle arrivait sans bruit derrière moi et m’embrassait en bisous baveux, ce qui me provoquait des hauts le cœur.
— Fous-moi la paix… dégage ! Dégage ! Lui criais-je en dénouant ses bras autour de mon cou.
— Méssante ! Méssante ! Ze t’aime plus ! Disait-elle la bouche humide.
Si seulement cela avait pu être vrai…
Ah… Cette mare ! Combien de fois, en son eau pourtant restreinte et paisible, j’ai échafaudé de perspectives bien sombres à l’encontre de ma sœur aînée. Je rêvais qu’elle y chute et bien sûr qu’elle s’y noie, et il m’est même arrivé de l’entraîner à ce lieu dans cette funeste idée, sans bien sûr envisager le moindre geste de ma part pour la sauver… je la détestais.
Pourquoi l’école n’apprend-elle pas également l’amour que l’on doit se porter les uns les autres, comme une matière à part entière ? Sans doute parce que chaque cas d’amour est particulier, et qu’il faudrait des livres en grand nombre pour essayer d’en faire le tour…