Citations sur Poursuite à Macao (Floralies) (10)
Pour la plupart, les gens répugnent à la sincérité. Il faut du courage, ou encore plus de faiblesse, pour aller au bout d’un aveu… soit le courage des gagnantes, soit la débilité de ceux qui ont déjà perdu et dédaignent le recours au bluff. Bien entendu, vous ne pouvez comprendre cela. En bonne santé, on ne réfléchit guère.
Tout apprentissage comporte des déboires, sachez qu’un homme ne dit pas toujours des choses plaisantes. Certains sont inconscients de la maladresse. Pour quelques autres, c’est plus compliqué. Faire souffrir, cela les défoule…
C’est une manie chez vous, les questions directes, auxquelles il faudrait répondre par oui ou par non, par blanc ou noir. Rien n’est si simple. La ligne droite considérée comme le plus court chemin d’un point à un autre, c’est faux ici.
Ce n’est pas ce que les gens croient… aimer. L’amour, pour eux, un supplément : comme un dessert ou une bonne bouteille. Un jour, du champagne, un autre jour, l’apéritif Machin. Vous, envers Morakis, c’est « la vraie amour », l’irremplaçable, pas de recours possible aux ersatz. C’est ce manque qui vous donne froid...
Pour ceux qui encaissent beaucoup, beaucoup d’argent, de l’or à foison, la discrétion est de rigueur… ils truquent, d’abord leurs comptabilités, c’est l’A. B. C. du métier de milliardaire. A partir de là, ils truquent sur les individus : contrebandiers interchangeables, de sorte que si l’un des bonshommes se fait coffrer ou abattre, cela reste dans la catégorie du déchet.
Cœur tiède et esprit froid, ce serait une sauvegarde. Tout au moins la quasi-certitude de passer à travers. A travers les espoirs qui sont leurres. Les pires sottises, on les commet par espoir.
C’est démoralisant, un port sans plage… pour prendre un bain de soleil, il faut aller à l’île de Coloane… s’accoutumer au sable noir ; noir, lorsqu’il est mouillé, sinon il est gris, gris foncé.
La sensiblerie n’est pas de mise en cette contrée. Ailleurs, a-t-on le cœur plus généreux ? Celui qui se noie devant Macao, c’est qu’il n’avait pas réussi à construire un sampan assez solide, sa chance est qu’il mettra peu de minutes à mourir. En Europe, il se trouverait un héroïque sauveteur pour plonger et ramener le malheureux sur la berge… En Europe, l’accident émeut les bonnes consciences, lesquelles ne sont qu’exceptionnellement perturbées par la très lente agonie qu’est l’existence des plus pauvres.
Nous vivons entre des miroirs… On croit voir quelqu’un, ce n’est qu’un reflet.
— Manifestation des « signes extérieurs de richesse » ?
— Disons plutôt… de réussite. Partout où l’on joue, il faut gagner.
— La loi de la Rome antique : malheur aux vaincus.