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12 pages
inconnu (16/07/1902)
5/5   1 notes
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The Music On The Hill
Traduction et présentation : Gérard Joulié
Extrait de "Nouvelles - Edition Intégrale" - L'Âge d'Homme

ISBN pour cette édition : 9782825117453

De Saki, nous avons déjà consacré une fiche à sa nouvelle en quelque sorte fétiche pour tous les amateurs de fantastique, "Sredni Vasthar". Précisons, si nous ne l'avons déjà fait, que la majeure partie des nouvelles de l'écrivain britannique, mort trop tôt durant la Grande guerre, sont plutôt d'essence comique, avec cette incomparable touche d'humour anglais qui caractérise, dans un genre plus long, les romans de ce dialoguiste de génie que fut son compatriote, P. G. Wodehouse.

Oui, avec Hugh Munro, dit Saki, on rit en général beaucoup car il fut un observateur impitoyable des faiblesses de l'establishment anglais. le rire est parfois grinçant mais il est toujours accordé de bon coeur. Evidemment, il n'a pas la jovialité traîtresse du "père" de Jeeves et de Bertram Wooster, et sa gaieté a souvent quelque chose de carrément méchant. En revanche, avec Saki, on a rarement peur. Et pourtant, si vous relisez "Sredni Vasthar", et même si vous demeurez à fond pour Conradin, un malaise vous saisit non seulement à cause de l'énigme représentée par son "dieu" mais surtout à l'idée que, si Conradin grandit - après tout, les pronostics alarmistes des médecins peuvent se révéler faux - il pourra faire encore mieux ... ;o)

Dans ses nouvelles fantastiques, si rares qu'elles soient, Saki privilégie le malaise insidieux, celui qui est capable de vous réveiller en sursaut parce que, brusquement, vous venez de réaliser, non pas que l'idole bien-aimée de Conradin est sous votre lit, mais parce que vous envisagez les conséquences éventuelles du pouvoir du jeune garçon.

Dans "La Musique sur La Colline", le nouvelliste britannique relève d'un degré le niveau du malaise. L'impression d'être espionnée que ressent Sylvia Seltoun tout au long de cette courte nouvelle peut être imaginaire comme elle peut se révéler tout à fait exacte. Sa fin, comme celle de la tante de Conradin, peut être le fruit d'un pur hasard. Mais, dans les deux cas, le doute subsiste et, plus à mon avis que dans "Sredni Vasthar" , le malaise s'appesantit ici au fil des pages avec une assurance et une puissance qui ont, elles aussi, quelque chose de profondément inquiétant.

Le thème de la nouvelle est simple. Jeune mariée, Sylvia Seltoun, qui aime à tout diriger, parvient à arracher son mari (qu'on peut suspecter d'apprécier les hommes autant, sinon plus que les femmes) aux plaisirs de Londres. Elle l'entraîne dans un domaine familial qu'il aime particulièrement et sur lequel, parce qu'il y a vécu enfant, il paraît connaître nombre de choses qui ne viendraient jamais à l'esprit d'un citadin. Toutefois, s'il les connaît bel et bien, Mortimer a su les respecter. Ainsi, le culte du dieu Pan, dont une statue se dresse dans les bois familiaux. Il arrive à Mortimer d'y déposer une offrande - une grappe de raisins, par exemple. Sylvia, esprit rationnel au possible, ne fait tout d'abord que rire de ce qu'elle tient pour une superstition tout juste bonne pour les paysans du coin. Puis, cela l'agace de constater que son époux, un gentleman accompli, partage cette croyance en la présence de Pan dans la forêt. C'est un peu - habileté de l'auteur - comme si ce Pan, en qui elle ne voit qu'une légende issue du monde antique, tentait de lui voler son époux ou, plus précisément, si le dieu faunesque, dont le nom a engendré le mot "panique", ne l'oublions pas, avait, sur Mortimer, plus d'influence qu'elle-même.

Cela, Sylvia ne l'admet pas.

Tout se joue là-dessus, dans cette rivalité - supposée ou réelle, au lecteur de choisir - entre la Femme et le Dieu qui n'en reste pas moins de sexe masculin, entre la sophistication urbaine et le naturel parfois cruel de la Nature toute-puissante.

Les dialogues sont rares et les descriptions de la forêt, où Sylvia se sent de plus en plus mal à l'aise, abondent, tour à tour somptueuses et effrayantes. Sylvia - son prénom lui-même se rapporte à la Forêt où règne le Grand Dieu Pan puisqu'il signifie "la fille de la forêt, la sauvageonne" - est aussi vivante que ces bois qu'elle parcourt non sans déplaisir mais que, aux yeux d'une entité qui en serait la maîtresse absolue, elle a trahis doublement : en niant tout d'abord, bien qu'inconsciemment, tout ce qu'implique le prénom qui aurait dû lui permettre au contraire d'approcher sans crainte le dieu Pan et son royaume, et en se rebellant ensuite - le vol de la grappe de raisin et la façon qu'elle a de qualifier le geste de Mortimer de ridicule - très ouvertement contre le dieu lui-même.

Bien que le lecteur se doute que tout cela finira mal, la chute n'a rien de "téléphoné." Et c'est la Forêt et non Pan qui punit Sylvia. Là encore, on reste avec des doutes. Certains penseront que le Grand Dieu Pan est responsable de la fin de Sylvia, d'autres que celle-ci avait des hallucinations qui l'ont poussée vers son destin.

Mais, parmi les lecteurs, tous ceux qui ont lu "Le Grand Dieu Pan" , du Gallois Arthur Machen , ceux-là, je puis vous l'assurer, ne conserveront aucun doute ... ;o)
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[...] ... Pendant cette période, elle vit très peu Mortimer ; la ferme, les bois et les ruisseaux à truite semblaient l'absorber de l'aube au crépuscule. Un jour qu'elle suivait la direction qu'elle l'avait vu prendre le matin, elle déboucha sur une clairière au milieu d'un bosquet de noisetiers, entourée d'un cercle de grands ifs, au centre de laquelle se trouvait un piédestal en pierre surmonté d'une petite statue de bronze représentant un jeune Pan. C'était une pièce de belle facture, mais ce qui retint son attention fut le fait qu'on avait déposé à ses pieds l'offrande d'une grappe de raisins fraîchement coupés. Les raisins étaient une denrée rare à Yessney et Sylvia saisit la grappe d'un geste rageur. Comme elle regagnait la maison, le mépris et l'agacement se partagèrent un moment ses pensées avant de céder la place à un sentiment voisin de la peur. Derrière un entrelacs de branchages, un enfant au visage d'une coupe hardie et fine, au teint hâlé par un soleil qu'on aurait dit d'Asie, la dévisageait d'un air mauvais. C'était un sentier isolé, mais tous les sentiers autour de Yessney étaient isolés, et Sylvia pressa le pas sans s'attarder à observer cette subite apparition. Ce n'est que lorsqu'elle eut atteint la maison qu'elle s'aperçut qu'elle avait laissé tomber la grappe de raisins dans sa fuite.

- "J'ai vu un jeune garçon aujourd'hui, dans les bois," dit-elle ce soir-là à Mortimer. "Il avait le teint hâlé et était plutôt beau, malgré la lueur malicieuse et presque méchante qui brillait dans ses yeux. Ce devait être un jeune bohémien.

- C'est une hypothèse vraisemblable," dit Mortimer, "sauf qu'il n'y a pas de bohémiens pour le moment dans les environs.

- Alors, qui cela peut-il bien être ?" demanda Sylvia, et comme Mortimer ne semblait pas avoir d'idée précise sur la question, elle se mit à raconter comment elle avait découvert l'offrande votive.

- "Cette grappe de raisins, c'est une idée à toi, je suppose. C'est sans doute une excentricité bien innocente, mais enfin songe à ce que les gens pourraient dire, s'ils l'apprenaient.

- Pourquoi ? Tu y as touché ?" demanda Mortimer.

- J'ai ... j'ai pris la grappe et je l'ai jetée. C'était d'un ridicule ..." balbutia Sylvia en guettant sur le visage impassible de son mari un signe d'agacement.

- "Je ne sais si tu as été bien avisée d'agir ainsi," dit celui-ci d'un ton songeur. "J'ai entendu dire que les dieux sylvestres ne badinaient pas avec ceux qui les méprisent.

- Pour ceux qui croient en eux, peut-être, mais vois-tu, moi, je n'y crois pas," rétorqua Sylvia.

- "Tout de même," dit Mortimer d'une voix égale et calme, "à ta place, j'éviterais les bois et les vergers, et je ne m'approcherais pas trop des bêtes à cornes de la ferme."

Tout ça, c'était bien sûr des bêtises, mais dans ce coin perdu au milieu de ce bois, l'absurde semblait inextricablement lié au malaise. ... [...]
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[...] ... - "C'est très sauvage, cet endroit," dit-elle à Mortimer qui l'avait rejointe ; "on pourrait penser que, dans un tel site, le culte de Pan n'a jamais complètement disparu.

- Le culte de Pan n'a jamais disparu," dit Mortimer. "D'autres dieux, plus récents, ont de temps en temps détourné de lui ses adeptes, mais il est le dieu de la Nature par excellence auquel tous les autres dieux doivent finir par revenir. On l'a appelé le père de tous les dieux, mais la plupart de ses enfants sont mort-nés."

Sylvia, qui était religieuse et dévote d'une manière à la fois vague et conventionnelle, n'aimait pas s'entendre dire que ses propres dieux à elle n'étaient que de simples viennent ensuite, mais du moins était-elle agréablement surprise d'entendre Mortimer le Mort parler d'un sujet avec autant d'énergie que de conviction.

- "Mais tu ne crois tout de même pas au dieu Pan ?" demanda-t-elle, avec une vague inquiétude dans la voix.

- "J'ai été sot dans bien des domaines,"répondit tranquillement Mortimer, "mais pas au point de ne pas croire en Pan maintenant que je suis ici. Et si tu veux mon avis, tu ne devrais pas te vanter trop bruyamment de ne pas croire en lui tant que tu es sur ses terres." ... [...]
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