Hymne

Ce Noir, qui avait le coeur déchiqueté, leur apporta une musique d'une violence et d'une douceur incomparables, une musique plus farouche et plus douloureuse que toutes celles qu'ils avaient entendues jusqu'ici, une musique bien plus sophistiquée, plus retorse, plus indolente, et en même temps plus sauvage.

Car Hendrix mourut en même temps que mourait une époque qui avait cru, déraisonnablement, que le pouvoir des fleurs désarmerait les mains les plus militaires.
Hendrix à Woodstock, incarna, d'une certaine façon, la fin de ce monde, et son deuil.
Il fut ce feu d'espoir qui brûla sur lui-même.
Et il en fut les cendres.

Entre deux forces qui s'opposent, c'est souvent la pire qui l'emporte puisqu'elle ne regarde pas aux moyens qu'elle emploie.

Je me demande, disait-elle, si les présidents des États-Unis ne sont pas les hommes les plus menteurs de la planète. Heureusement, ajoutait-elle, qu'ils ont le bon Dieu avec eux !
Ils le paient combien ? demandait Jimi, malicieux.

On dit qu'il ne s'aimait pas. Que sa timidité incurable venait de ce qu'il ne s'aimait pas.

Avec le temps, il eut le sentiment que sa mère exerçait sur lui, depuis sa mort, une entreprise plus grande qu'elle ne l'avait été de son vivant.

Hendrix alla son chemin et garda le calme de ces insensés dont rien, sinon la mort, ne menace la passion. Cela pourra paraître grandiloquent à ceux qui sauront jamais (non-savoir auquel nous compatissons vivement), qui ne sauront jamais ce qu'est ce feu qui vous saisit de part en part et vous rend insensible aux ordinaires turpitudes, que ce feu ait pour nom musique ou poésie ou science ou je ne sais quoi d'impossible.

Il faut beaucoup de chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse.
Hendrix fut celui qui, parce qu'il avait vécu le pire, fit danser les étoiles sur la bannière américaine.

On dit que la voix d’Orphée faisait miraculeusement se coucher les bêtes. Le cri de Hendrix fit tomber en un instant, ce matin du 18 août 1969, à Woodstock, des murs entiers d'indifférence et d'amnésie.

Hendrix mourut en même temps que mourait une époque qui avait cru, déraisonnablement, que le pouvoir des fleurs désarmerait les mains les plus militaires. Hendrix, à Woodstock, incarna, d'une certaine façon, la fin de ce monde, et son deuil.
Il fut ce feu d'espoir qui brûla sur lui-même.
Et il en fut les cendres.
Est-ce qu'on est déjà demain ou est-ce la fin du monde ? demandait-il.
Hendrix, dans une sorte de prescience, avait compris que nous étions déjà demain et que c'était la fin du monde.
Il avait compris que la paix et le bonheur qu'il souhaita à la foule, ce matin du 18 août 1969, à Woodstock, que cet idéal impossible auquel un génération avait éperdument aspiré était condamné à mourir.