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sur 94 notes
Je n'ai « Pas pleurer » comme sur le Goncourt de Mme Salvayre, je n'ai pas eu cet élan salvateur et pourtant ses phrases sont denses, la vie d'Hendrix aussi.
Ses phrases sont courtes, la vie d'Hendrix aussi.
Ses mots sont percutants, la vie d'Hendrix tout autant. Mort à 27 ans.
Sa vie, comme une fusée sans étage, ratée dès le pas de tir, mère fumée et père sentence.
Stratocaster en flammes.
« Hymne » est une ode à l'authenticité d'une vie déracinée.
« Hymne » est un voyage musical dans le labyrinthe de l'esprit d'un moitié de Cherokee.
Le cri d'alarme d'un timide maladif constamment confronté au racisme, à l'ostracisme et au ségrégationnisme, tout en « isme », sauf mutisme qui engendre inévitablement un traumatisme et ne peut muter qu'en fulgurance, arrogance et outrance, tout en « ance » sauf romance.
Le « Star Spangled Banner » de 3 minutes et 43 secondes joué en 69 à Woodstock avec fièvre est le condensé, le concentré de dizaines d'années de la déplorable attitude de cette Amérique qui musèle et tue les Noirs, qui extermine les Indiens et expédie les GI's s'empaler sur les Viets qu'ils napalmisent. Pour Hendrix la rigueur n'est pas de mise.
Sexe sans amour, drogue bien dure et rock'n'roll ultra pur à son paroxysme.
C'est un généreux, écorché plus vif qu'une orange, incapable de calcul et de méchanceté, dans aucun tiroir il se range, virtuose ahurissant et inclassable. Gypsy de génie.
Quatre ans de carrière et quatre albums. Un météore de la mort retrouvé étouffé dans son vomi. Quelle vie, fleur de paradis, puissance d'enfer. Flower-Power-Forever.
« Tôt ou tard la dope se venge. »
Merci Lydie d'avoir avec ton livre fait vibrer la corde de la sensibilité, la seule qui reste accordée à ma guitare, les autres sont distendues d'avoir trop été sollicitées.
Hey Jo, fais-nous péter encore une fois ton tube intersidéral, et toi, Anatole, agite ta guibole !

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Il y a un avant 18 août 1969 et un après.
Entre deux, il y a The Star Spangled Banner joué par Jimi Hendrix à Woodstock.
Il y a un avant 27 janvier 2021 et un après.
Et entre deux, il y a Hymne de Lydie Salvayre.

Et cette impression d'avoir tellement appris, tellement vibré, tellement expérimenté durant cette lecture.

Je n'irais pas jusqu'à dire que Hendrix était un parfait inconnu jusqu'ici mais jamais je ne m'étais laissé interpeller par cet artiste singulier. Je suis née après Woodstock, à une époque où tout semblait plus simple, où le Vietnam et ses démons étaient lointains, où les hippies rangeaient leurs fleurs et leurs idéaux. J'ai baigné dans les classiques de la chanson française et dans le hit-parade des années 80. La musique américaine, le blues, le rock, le jazz étaient alors pour moi des terres inconnues, presque hostiles. Je jouais le Forestier à la guitare mais l'ignorais tout de Santana, Zappa et Hendrix.

Et puis j'ai grandi, j'ai mûri, j'ai appris à apprécier d'autres horizons musicaux, parfois dérangeants, parfois attirants. Mais, une fois de plus, j'ai laissé Hendrix de côté.

Et puis, il y a ce livre, trouvé dans un Tea-Room un samedi d'octobre 2015. C'est le titre qui m'a attirée avant tout, moi la chanteuse de chorale passionnée. La quatrième de couverture m'en dit plus et c'est une révélation : j'allais enfin rencontrer Jimi Hendrix.
Il a fallu 5 ans encore pour oser plonger dans l'Hymne, dans l'âme de cet artiste hors du commun.
Le temps fait son chemin.
En janvier 2021, je suis enfin prête !

"On dit qu'il était timide."
Première phrase. Premier étonnement.
Comment un homme de cette popularité, dont la renommée a traversé les décennies pouvait-il être timide ?
Et les pages se tournent, dévoilant un homme d'une force et d'une fragilité exceptionnelles. "Hendrix avait le génie d'un musicien, et la vulnérabilité d'un enfant. Il était l'exception, et notre part commune. Une figure souveraine, et infiniment désarmée."

Et puis il y a les mots de Lydie Salvayre, ses 21 ans en 1969, son regard bouleversé, sa sensibilité créative, sa plume poétique et incisive, sa fascination pour l'homme aux trois sangs (noir, cherokee, blanc).
Compagne de lecture, elle m'a captée, happée, transportée où je n'étais encore jamais allée.
Jusqu'à éveiller une boule de tension émue du ventre à la gorge lors de la lecture des derniers chapitres.
Jusqu'à me faire taire.
Jusqu'à bloquer ma respiration devant Jimi et son interprétation de l'Hymne. Fascinée. Tétanisée.
Je n'ai plus de mots.
Avant de refermer le livre.

Jimi Hendrix est né à ma conscience aujourd'hui.
Il est temps que je le révère.
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A quel somptueux concert (de louanges) , mené tambour battant, ou plutôt guitare riffant, nous convie Mme Salvayre ! J'adhère ! Bien que, j'ose
avouer, je ne suis pas fan inconditionnelle, Hendrix me cassant les oreilles, tout en lui reconnaissant un talent exceptionnel.

N'empêche, j'ai aimé cette histoire musicale, et sociétale ,pleine de vibrantes et véhémentes tonalités, cette partition verbale des plus enflammées, cette ferveur jamais essoufflée, cette empathie profonde
pour l'enfant cabossé, héritier de douleurs accumulées, ce sang mêlé de deux peuples bafoués,
pour l'ado recentré, à sa guitare accroché, comme à une bouée, qu'il va chérir et qui va le faire jouir comme un damné,
pour l'adulte en pleine gloire et en pleine dégringolade, sans cesse défoncé, complétement bousillé à force de petits cachets ingurgités, d'épuisantes tournées, de boissons alcoolisées, "en roue libre" vers son dernier trip le 18 septembre 1970.
"Il faut beaucoup de chaos en soi pour accoucher d'une étoile qui danse"....au firmament dorénavant ! Citation de Nietzsche, pas d'Hendrix !

Bon, je dois reconnaître que, sur certains passages, je fus un peu larguée, devant cette grandiloquence omniprésente, ce bouillonnement de pensée, ce tourbillon d'idées ( la "comprenette" parfois en mode paresse !) mais, dans l'ensemble, ce fut un chouette retour aux sources de ma lointaine jeunesse.

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Le 18 août 1969, sur la scène de Woodstock, Jimi Hendrix a joué sa version de l'hymne américain. Ce fut un véritable évènement pour ceux qui refusaient l'Amérique de la guerre du Vietnam ou l'Amérique du racisme ordinaire.
Lydie Salvayre part de cette interprétation pour nous raconter Jimi Hendrix et sa musique dans une Amérique en plein bouleversement.

J'ai été intéressée par cette biographie romancée même si je ne connaissais presque rien de ce musicien.
Ce livre n'est pas une biographie exhaustive, Lydie Salvayre s'arrête aux évènements qui ont influencés la musique et le personnage de Jimi Hendrix. Elle fait beaucoup de lien entre sa musique, son enfance, la réalité sociale et politique de l'Amérique des années 50 et 60 dans toute sa violence. Car c'est un livre engagé.
Elle nous fait découvrir un homme incroyablement timide et qui a une faible estime de sa personne, très marqué par une enfance pauvre et par le racisme, lui qui a du sang Cherokee et noir.
Un homme qui se fera totalement avoir par un manager peu scrupuleux. Et un homme extrêmement touchant.
Et elle nous fait sentir la puissance de sa musique.

J'aime l'écriture de Lydie Salvayre que je trouve très percutante. Mais j'ai trouvé qu'elle donnait un peu trop dans l'explication, la comparaison et j'ai trouvé ça parfois crispant. Je préfère lorsqu'elle nous fait vraiment ressentir les choses plutôt que quand elle tente de nous les expliquer.

Lien : http://mumuzbooks.blogspot.f..
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Poignant, bouleversant.

Je n'avais rien lu de Lydie Salvayre. Je l'ai découverte à travers ce très beau roman.

"Hymne" raconte la vie de Jimi Hendrix, le sang mêlé, le mal-aimé et comment il a réussi à se frayer un chemin pour devenir un musicien et chanteur hors pair.

En lisant "Hymne", je me suis sentie traverser par la foudre tellement j'ai trouvé que le style était beau! C'est un style qui éveille, réveille et rend vivant.

Je l'ai aimé ce Jimi et je n'avais pas envie de le quitter.

C'est un livre à lire et à relire que je recommande tout particulièrement.
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L'Hymne, The Star Spangled Banner... « ce morceau si légitimement fameux que Jimi Hendrix joua à Woodstock le 18 août 1969, à 9 heures, devant une foule qui n'avait pas dormi depuis trois jours, et que j'écoute des années après, dans ma chambre, avec le sentiment très vif que le temps presse et qu'il me faut aller désormais vers ce qui, entre tout, m'émeut et m'affermit, vers tout ce qui m'augmente, vers les oeuvres admirées que je veux faire aimer et desquelles, je suis, nous sommes, infiniment redevables....»

Électrisant hommage à Jimi Hendrix, une pseudo-biographie, même si Lydie Salvayre ne prétend pas avoir écrit une biographie...
Également un superbe portrait d'un pays égocentré et raciste.Atteinte en plein coeur par ce cri, par les mots de Sylvie Salvayre, par sa poésie, par son témoignage bouleversant de justesse, de sincérité et de vérité.Opus poignant, écrit avec fougue et franchise, qui m'a traversée, émue aux larmes.
Un conseil : ne passez pas à côté de ce livre !

« L'hymne sacré, symbolique, scrupuleusement respecté, l'hymne régimentaire qui avait envoyé son ami Larry Lee se faire trouer la peau dans la jungle du Vietnam, l'hymne qui accueillait en fanfare les GI morts au combat, lesquels arrivaient de Saigon en emballage capitonné, car sacrifier sa vie à a lutte contre le Mal méritait amplement un emballage capitonné, la partie reconnaissante ne reculant devant aucun sacrifice, l'hymne sanglé de la tradition, l'hymne engoncé dans son uniforme, l'hymne bêlé à l'école, en cadence, un-deux, l'hymne vidé de sa substance et braillé sur les stades. Oh dites-moi pouvez-vous voir dans les lueurs de l'aube ce que nous acclamions si fièrement au crépuscule, l'hymne qu'on chantait sans l'entendre, depuis le temps, l'hymne embaumé, l'hymne empoussiéré, l'hymne pétrifié de la nation, il l'empoigna, le secoua, et aussitôt en fit jaillir une liberté qui souleva l'esprit. »

Lien : https://seriallectrice.blogs..
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« On dit qu'il ne sortait de sa timidité que pour être, sur scène, l'audace même. » Lydie Salvayre nous parle, ici, de Jimi Hendrix qui, le 18 août 1969, à 9 h, sur la scène de Woodstock, s'empara de l'hymne national étatsunien : The Star Spangled Banner pour en faire un cri : « il l'empoigna, le secoua, et aussitôt en fit jaillir une liberté qui souleva l'esprit. »
Avant d'aller plus loin, donnons tout de suite un conseil aux éventuels lecteurs : ne commencez surtout pas ce livre ! Si vous le faites, vous serez happés, pris dans la spirale de l'écriture de l'auteure. Fille de républicains espagnols exilés en France, Lydie Salvayre décrocha une licence de lettres modernes avant d'entrer en fac de médecine pour devenir psychiatre à Marseille puis à Argenteuil. Elle a déjà publié de nombreux romans dont certains ont été adaptés au théâtre et a obtenu le Prix Goncourt 2014 avec "Pas pleurer".
Ici, elle utilise une écriture à rebonds qui donne au lecteur l'impression d'être au coeur du tourbillon qui emporta Jimi Hendrix, sacrifié par la crapulerie financière. Elle n'hésite pas à dénoncer Jefferey, son immonde manager, qui l'obligea à faire 255 concerts en 1967 et presque autant l'année suivante tout en lui fournissant drogues et psychotropes qu'il décomptait d'ailleurs en frais généraux !
Pour nous faire davantage comprendre la personnalité de Jimi Hendrix, Lydie Salvayre nous emmène au coeur de ce qui fut son enfance avec un père qui « interdit à ses deux fils d'aller à l'enterrement d'une mère qu'il jugeait indigne. » Toute sa vie, Jimi fut inconsolable, se sentant même coupable de la triste fin de sa mère.
« Sa guitare fut sa raison de vivre. » Son père lui avait acheté la première pour 5 dollars mais il la remplaça très vite par une guitare électrique et c'est ainsi qu'il créa, peu à peu, ce style inimitable : « trop pittoresque, trop osé, trop abondant, trop outré, trop inconvenant, son rock... irrecevable » mettant Jimi Hendrix « out, dehors, hors catégorie, hors norme… Sa guitare électrique était sa femme et sa maison et sa patrie. »
Jimi Hendrix joua jusqu'à sa mort, à 27 ans, le 18 septembre 1970, d'un excès de barbituriques. Une fois de plus, nous citerons l'auteure, à propos de ce fameux hymne qu'il joua à Woodstock : « Un Hymne qui portait en lui le refus véhément de tout ce qui amputait et saccageait la vie, mais qui disait aussi son désir de bataille, et l'espoir que la hideur et la violence puissent par la musique être converties en beauté. »
Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Je m'aperçois que je n'ai jamais émis de critique concernant ce livre, alors que j'en fais régulièrement référence. La raison en est qu'il fait parti du top 10 de mes livres préférés. Et dans ce cas les mots me manquent. C'est comme un grand vin ou une musique qui vous transporte comme celle de Jimy Hendrix.
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Quel enthousiasme !!
Enthousiasme que Lydie Salvayre clame si haut et si fort que je ne peux que le partager.
J'admire le style qui ne faiblit pas au long de ces 230 pages.
Une très belle découverte.
Et, plutôt que mes pauvres mots, je relève cette définition du musicien.
"Hendrix, l'excessif, le flamboyant, l'effervescent, le prodigue, le torrentiel, le fiévreux, le démesuré, l'extrême, l'outrancier, Hendrix qui ignorait toute mesure, qui ignorait toute épargne, qui ignorait toute prudence, Hendrix qui débordait, Hendrix toujours en crue, Hendrix qui sans le vouloir ridiculisait pissats et ruisselets."
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Hommage passionné et admiratif, brûlant de fièvre et de rébellion que rend Lydie Salvayre au génial guitariste. Elle tisse le portrait, les états d'âme du musicien, l'atmosphère de ces années 60-70 en pleine guerre du Vietnam dans une Amérique moralisatrice, raciste, patriote, puissante et prospère, mais engluée dans le mensonge et le déni, un pays où les Noirs sont privés de leurs droits civiques et les Indiens parqués dans les réserves et donc, condamnés à disparaître, et, en toile de fond, les morts, les déments et les amputés de Saigon. Jimi concentre en lui tous les maux de la nation et collectionne les clichés : il est noir, sa mère, alcoolique et volage, disparaît trop tôt, son père sombre lui aussi dans l'alcool, le sang cherokee de sa grand-mère coule en lui, et ses talents de guitariste font rapidement ombrage aux meilleurs artistes, comme une provocation. Il connaît la honte de la pauvreté, les chagrins inassouvissables et se réfugie dans la solitude, la musique qui sera tout pour lui et occultera, remplacera le reste. Rejeté en Amérique, il connaîtra la gloire à Londres en 1966, à 24 ans et reviendra au pays, accueilli à bras ouverts par ceux qui l'avaient, jusque-là, méprisé. Son infâme manager Jeffery le suce jusqu'à la moelle en l'obligeant à enchaîner les concerts, 255 en une seule année. Luttant contre l'épuisement et entraîné dans une spirale infernale, le timide, fier, orgueilleux, indépendant, inclassable, excessif mais faible Jimi, se laisse gagner par l'abattement et le désespoir face à un grand vide existentiel, lui qui ne vit que pour la musique, qui n'aime que la solitude des studios, est à bout, étranglé par les profiteurs du système, lui le désintéressé qui ne s'intéresse pas au profit. a brûlé dans une folle énergie toute la révolte qui grondait en lui. Vibrant d'une égale rébellion, Lydie Salvayre tente et réussit à le réhabiliter et lui redonne humanité et bonté.
Je ne suis pas une fan, ni une connaisseuse de sa musique, mais je cours réécouter "The Star Spangled Banner".
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