Citations sur Hymne (58)
On ne pardonne pas à ceux qui ne sont pas assez nos pareils.
Le génie est toujours une erreur, c'est d'ailleurs à cela qu'on le reconnaît, disait, je crois, Paul Klee.
L'hymne de la Bannière Etoilée qui était devenue depuis quelques années le Linceul de la patrie, tout maculé de sang
mais qu'il arracha de son lit de mort,
qu'il ranima en soufflant sur lui les vents déchaînés de la résurrection,
qu'il fit plus violent, plus haletant, plus lyrique,
qu'il fit plus humain,
qu'il détruisit et magnifiquement reconstruisit,
et qu'il porta, par son talent, à la hauteur des Hymnes d'Orphée, le poète musicien dont le chant subjuguait les bêtes féroces et faisait se ployer le feuillage des arbres.
La Légende dit (...)
Qu'il ne s'ouvrait jamais de ses chagrins, tout ficelés qu'ils étaient à l'intérieur de lui, à l'instar de ceux qui connaissent précocement le malheur qu'ils l'intègrent comme une chose allant de soi.
Taisant les choses intimes que son orgueil tenait farouchement secrètes.
Ne cherchant jamais à s'attendrir de lui, ni à apitoyer les autres.
On dit (...)
Qu'il refoula au fond de lui une colère vieille de plusieurs siècles, une colère héritée d'un peuple qui avait appris, pour sauver ses billes, à ne pas parler inconsidérément. Mais que le lendemain de ce drame, le 5 avril 1968, à Newark, sur la scène du Symphony Hall, il rendit un hommage inoubliable à l'homme assassiné, et fit jaillir en beauté sauvage la douleur concentrée, immobile et muette qu'il avait, la veille, au prix d'un effort inhumain, contenue.
Je ne veux plus parler que des choses qui, véritablement, m'importent et me touchent à vif. Je ne veux plus avoir d'autres liens qu'avec ceux-là qui m'aident à vivre, connus ou anonymes, morts ou vivants, mue par cette illusion que, en laissant quelques traces écrites, leur disparition sera pour moi un peu moins irrémédiable, et un peu moins triste la certitude qu'ils resteront dans mon souvenir à tout jamais irremplacés.
Hendrix avait le génie d'un musicien, et la vulnérabilité d'un enfant. Il était l'exception, et notre part commune. Une figure souveraine, et infiniment désarmée. Tous les mythes sont faits de cette double chair, divine et ordinaire. Et c'est cette double chair que nous aimons en eux.
Il y eut, ce matin du 18 août 1969 qui avait un goût de pluie, une rencontre bouleversante, le temps d'une musique, entre un homme et son temps.
Hendrix fit de The Star Spangled Banner une oraison, une oraison en forme de fracas, une prière fracassante au ciel et à la terre, un choeur d'anges hurlants qui semblait par instants échapper à tout contrôle, pour revenir, d'un coup, à la raison, puis d'un coup repartir en démence.
Ce Noir, qui avait le coeur déchiqueté, leur apporta une musique d'une violence et d'une douceur incomparables, une musique plus farouche et plus douloureuse que toutes celles qu'ils avaient entendues jusqu'ici, une musique bien plus sophistiquée, plus retorse, plus indolente, et en même temps plus sauvage.