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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« On l'appelait la Malnata et personne ne l'aimait.
Prononcer son nom portait malheur. C'était une sorcière, une de celles qui vous collent sur le dos le souffle de la mort. Elle avait le démon dans la peau et il ne fallait pas lui parler. »
Maddalena n'a que 11 ans et elle est déjà stigmatisée. Elle est la mal née, celle qui n'a peur de rien. Sa force, c'est sa famille et Francesca, sa meilleure amie. Une amitié improbable, fusionnelle les unit. Une amitié essentielle qui va les construire, les faire grandir et réfléchir. Qui va également donner le courage à Francesca de s'émanciper de sa famille. Et de s'opposer à ce monde si masculin.
A la manière des romans d'Elena Ferrante ou de Silvia Avallone, la Malnata est une très belle histoire d'amitié entre deux fillettes que tout oppose dans l'Italie fasciste des années 30. le livre aborde de nombreux sujets (les spoliations, la guerre, la condition féminine), avec beaucoup de justesse.
C'est poignant, addictif, lumineux. Et très bien écrit.
Une magnifique découverte. A ne pas manquer.
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Sur la rive du Lambro existent des croyances des temps anciens. Maddalena est une jeune fille qui en supporte le prix. Prononcer son nom serait signe de malheurs, de mauvais sorts. On l'appelle la Malnata. Trop de morts l'accompagnent, trop de mystères. Pourtant, en ce début des années 30, Francesca est attirée par son aura. Elles deviennent amies et grandissent ensemble. Si l'une est rebelle et l'autre plus sage, elles apprennent l'une de l'autre. Bravant le rejet, la haine et les violences, elles s'affirment en tant que femmes et affrontent un monde d'hommes qui cherchent à les effacer…

La malnata est un roman exceptionnel. Beatrice Salvioni nous emporte avec passion au coeur d'une Italie troublée par la montée du fascisme, sur les pas de deux jeunes filles éprises de liberté et de vérité.

Avec une écriture rythmée, cette histoire d'amitié est émouvante. Maddalena est celle qu'on rejette, qu'on montre du doigt. Elle s'est construit une carapace afin que rien ni personne ne puisse l'atteindre. Francesca est celle qu'on élève dans le respect du silence, des yeux baissés et de l'obéissance. Elle voit en Maddalena cette bulle d'air qui lui manque tant pour respirer pleinement.

L'histoire de Beatrice Salvioni est celle de la place qu'on nous donne et celle qu'on vole au destin. C'est une histoire où les mots font sens, où les mots ont un pouvoir, où les silences assourdissants sont des armes féroces. C'est l'histoire de deux petites filles qui s'unissent et qui porteront avec force et courage le poids de la différence…
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Monza, en Italie, sur la rive du Lambro, deux jeunes filles tentent de cacher le cadavre d'un homme. C'est Francesca qui raconte son histoire et les différents événements qui l'a conduite à cet acte.

Francesca est une gamine solitaire de la haute société qui chaque jour depuis un pont espionne une fille qui joue avec des garçons dans la rivière, la jupe relevée et les pieds nus pleins de boues. Francesca rêve de devenir son amie, mais tout le monde la connait à cause de sa malédiction d'ou son surnom "La Malnata" et essaye de l'éviter.

Haute société et classe ouvrière ne font pas bon ménage dans cette Italie fasciste. Ce sera le vol de cerise qui fera d'elle des amies. Mais à deux le courage est décuplé, à deux elles vont dénoncer l'oppression et l'abus du pouvoir masculin, se révolter contre la morale sociale, malgré la réprobation de la communauté entière.

Dans un contexte politique où Mussolini règne comme un roi en terrorisant la population, les deux jeunes femmes vont se lier d'amitié alors que rien ne les destiner à se rencontrer. Beatrice Salvioni rentre par la grande porte dans la même lignée qu'Elena Ferrante (qui situe son récit à Naples dans les année 1950) ou encore Silvia Avallone (plus contemporain) ; ici Beatrice place son roman en 1936 en pleine guerre abyssinienne mais avec autant de talents que ses consoeurs de la grande littérature italienne.

Beatrice Salvioni livre un premier roman bourré de talent. Un récit où l'atmosphère de cette petite ville d'Italie est brillamment reconstitué (architecture, comportement, odeurs, contexte politique, contexte familial, violence..). Sur fond d'apogée mussolinien, c'est une historie romanesque où la question de l'émancipation des femmes est au coeur, et ou l'amour et l'amitié restent omniprésent.

Intense, bouleversant, authentique, rythmé et fort, c'est sans conteste que ce premier roman est un coup de coeur ! Beatrice Salvioni est un nom à retenir sans hésitation. On me demande souvent pourquoi j'aime autant la littérature italienne, lisez ce roman et vous comprendrez !
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Beatrice SALVIONI. La Malnata.

Je ne parle pas italien. Cependant le titre de ce roman, « La malnata », m'interpelle. Pour moi, il évoque une personne mal née, évoquant la malchance… Et je ne fais pas d'erreur. Ce récit narre une belle amitié entre deux jeunes adolescentes, âgées d'une douzaine d'année, en Italie. Nous sommes à Monza, en 1935. le corps d'un jeune homme est découvert au bord du Lambro. Cette macabre découverte va diviser encore un peu plus les habitants. La montée du fascisme et l'entrée en guerre de l'Italie en Ethiopie témoignent de la violence des hommes.

La Malnata, issue du peuple laborieux, de la classe populaire ne craint personne. Ses fidèles amis, Fillippo Colombo, fils d'un fasciste de la première heure et Matteo Fossati, le fils d'un communiste notoire partagent ses jeux, sur les rives de la rivière. Francesca, née dans une famille bourgeoise et pratiquante observe ces enfants, insouciants et qui ne sont soumis à aucune interdiction parentale ; elle doit, elle accompagner ses parents à la messe dominicale, obéir et se conduire en petite fille modèle. Attirée par les cris de joie, les activités de ces jeunes ados, elle parvient à sympathiser avec la Malnata, Maddalena, son véritable prénom. Une amitié sans faille va unir pour le meilleur et le pire les deux jeunes filles. La famille de Maddelena réside en banlieue dans un immeuble vétuste, dépourvu du confort auquel Francesca est habituée. Qu'importe, la jeune fille est prête à braver tous les sacrifices pour intégrer l'univers de la Malnata. Elle subit avec courage son épreuve d'intronisation pour adhérer au club….

Dans ce récit, Beatrice SALVIONI, nous dresse un état de l'Italie, politique, industriel, social, à la veille de la seconde guerre mondiale. Ces deux jeunes adolescentes font des découvertes et abordent leur féminité dans un climat social tendu. Pourront-elles s'émanciper et acquérir une certaine liberté, renverser la morale, faire entendre leurs voix à ces hommes imbus de leur pouvoir de maître du monde ? Francesca trouvera-t-elle sa place dans cette société qui porte des oeillères et se cache derrière la morale ? Quelle sera la réaction de la jeune fille lorsqu'elle découvrira le comportement inapproprié de sa mère ? Sera-t-elle assez forte pour aider son amie, lorsque cette dernière subira la vindicte populaire ? .Franscesca, sera-t-elle suffisamment armée pour défendre son amie lorsqu'elle sera injustement accusée ? Grâce à cette amitié, la jeune fille va s'affranchir de l'autorité parentale et découvrir avec angoisse les travers de la société bourgeoise. Cette déconvenue lui permettra de s'émanciper, d'acquérir une certaine maturité, qui lui donnera la force nécessaire pour affronter les évènements tragiques de la vie, dénoncer l'oppression et les abus détenus par la gente masculine.

Dans ce roman, l'amitié occupe la première place. Les caractères, la psychologie féminine, le climat social sont bien exprimés. Trahisons, ruptures, incompréhension, retour de l'une vers l'autre, forfaitures, infidélité, désertion, fidélité, dévouement, un véritable jeu de ping-pong que jouent nos deux héroïnes principales. N'oublions pas le rôle essentiel tenu par Noé, le fils de l'épicier, lui aussi un mal né rejeté même par son propre père ! Je conseille la lecture de ce récit bouleversant, liant deux jeunes filles qui n'auraient jamais dû se rencontrer, s'aimer, se soutenir, s'entraider, se fréquenter. L'amitié, la fraternité et la sympathie les unissent.
( 05/06/2023).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Tous les dimanches, Francesca va à l'église avec ses parents. Toutes les semaines, elle observe discrètement trois adolescents qui jouent sur la rive du Lambro. Ils sont deux garçons et une fille. le premier est le fils du Signor Colombo, un fasciste, le second est celui d'un communiste et la troisième, la Malnata (la mal-née), est issue d'un milieu populaire. Ce jour de juin 1935, pour la première fois, Francesca sent que cette dernière la regarde et lui sourit.


« On l'appelait la Malnata et personne ne l'aimait. Prononcer son nom portait malheur. C'était une sorcière, une de celles qui vous collent sur le dos le souffle de la mort. Elle avait le démon dans la peau et il ne fallait pas lui parler. » (p. 17) Pourtant, Francesca est fascinée par elle. Aussi, quand quatre jours plus tard, celle-ci lui parle, elle est prête à tous les exploits pour intégrer son groupe. Elle réussit les épreuves. Depuis, la petite fille obéissante ment et sort en cachette.


Auprès de sa nouvelle amie, elle apprend à s'affirmer. Elle découvre que la morale de son environnement bourgeois ne sert que les apparences. Petit à petit, elle recherche la liberté. Elle est confrontée à la violence des hommes. Elle désire échapper au carcan de sa famille, forcée de se soumettre au fascisme, pour continuer à exister professionnellement et socialement. Grâce à la « Malnata », elle observe la réalité du monde et commence à se révolter.


La Malnata raconte l'amitié de deux adolescentes que la société aurait aimé séparer ; cependant, chacune accepte l'autre telle qu'elle est. Leur relation est ponctuée de preuves d'affection, de trahisons, de ruptures, de retours, d'incompréhension, d'écoute, etc. Elle est, hélas, entravée par les évènements politiques et sociologiques. Ce sont des jeunes filles qui repoussent les limites et tentent de s'opposer aux lois des adultes et à la domination masculine. Malheureusement, elles sont rattrapées par ces règles injustes. le malheur arrive sans bruit…


J'ai aimé à la folie ces deux adolescentes. J'ai éprouvé beaucoup de tendresse pour Francesca qui, par amitié, se transforme, s'émancipe, s'affranchit des lois imposées par sa mère, apprend à penser par elle-même et à écouter son coeur. J'ai été bouleversée par « la Malnata » : elle porte une culpabilité énorme sur ses frêles épaules. J'ai admiré son courage et sa maturité et j'ai été émue par sa résignation, teintée de rébellion et d'espoir. J'ai été emportée par un tourbillon d'émotions brutes, pures, sans apparats. Quant à la scène finale, elle m'a ébranlée. Il se produit un événement que j'espérais et redoutais à la fois. J'ai eu un immense coup de coeur pour La Malnata.


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1936, à Monza, gros bourg de la plaine du Pô, dans le nord de l'Italie.
La très sage Francesca, 12 ans, s'ennuie ferme entre les murs bourgeois d'une famille «bien comme il faut », coincée entre un père distant et une mère obnubilée par le paraître et les bonnes manières.
En chemin pour la messe, elle espionne en secret le groupe de copains, sales et aux genoux écorchés, qui plongent dans le Lambro en contrebas de la rue. Menés par « la Malnata », la mal-née, cette gamine des bas quartiers que tout le monde montre du doigt en chuchotant. Car la môme porte malheur, autour d'elle les gens succombent de maux mystérieux, comme envoûtés par la voix du diable… Une réputation de sorcière et des origines pauvres qui n'effraient pourtant pas Francesca, tant le pouvoir d'attraction qu'exerce la Malnata sur elle est forte. Et entre les deux jeunes filles va naître une indéfectible amitié.

Un premier roman assez immersif, à l'ambiance lombarde joliment rendue, et aux personnages attachants.
Avec en toile de fond cette Italie du Dulce, fervente et patriote, où il ne fait pas bon critiquer ouvertement les chemises noires, au risque de «disparaître » socialement (ou pire).
Les détails d'un quotidien rendu difficile par l'entrée en guerre, les cancans ordinaires d'une bourgade où les différents milieux sociaux ne se côtoient pas, le poids des traditions et la politique oppressante d'un Mussolini tout puissant , tout cela est vu à hauteur d'ado, avec candeur pour l'une, insolence pour l'autre, rendant le récit d'autant plus dramatique.

Je me suis volontiers laissé embarquer dans les aventures caillouteuses de ces jeune filles pas tout à fait sorties de l'enfance, plus tout à fait naïves non plus sur le monde des adultes et notamment sur la place des femmes dans l'Italie fasciste très patriarcal, le regards des hommes sur leurs corps, le carcan marital qui les attend, elles qui ne rêvent que de liberté.
Une amitié féminine lumineuse qui contraste avec le contexte historique tragique, dans ce premier roman assez réussi, malgré quelques maladresses notamment dans les portraits parfois un peu caricaturaux.
Peu importe, j'aime les histoires de sororité, d'amitié «à la vie, à la mort » et les héroïnes fortes, rebelles et résiliantes.
Francesca et surtout la fascinante Maddalena sont parfaites dans le genre.
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C'est un très beau premier roman que nous propose l'italienne Beatrice Salvioni. Direction Monza, l'été 1935.

Sur la rive du Lambro, Francesca la jeune narratrice observe trois adolescents :
- Filippo Colombo, le fils d'un fasciste
- Matteo Fossati, le fils d'un communiste
- Maddalena Merlini, issue de la classe ouvrière, celle que l'on nomme "La Malnata" , la malnée, celle qui porte malheur, la sorcière, le diable incarné, celle qu'il ne faut pas fréquenter. Pourtant ce n'est qu'une ado de 11ans qui n'a peur de rien et en a déjà bien bavé.

Francesca est fascinée par cette fille. Issue d'un milieu bourgeois que tout oppose à elle, un père qui fabrique des chapeaux. Eduquée dans la religion catholique, obligée d'assister à la messe du dimanche, elle va s'en approcher, faire partie de sa bande, devenir son amie et découvrir que les apparences sont souvent bien trompeuses.

Peu à peu avec Francesca, elle va quitter l'innocence, les croyances et découvrir la vie, apprendre à s'émanciper et se révolter contre la violence sociale, morale et les hommes.

Ce roman c'est l'apprentissage de la vie, la réalité du monde, la découverte de l'amitié avec la loyauté, les trahisons, solidarité et rébellion. Mais ce roman c'est aussi un pan de l'Histoire de l'Italie, les croyances au régime fasciste, l'adoration du Duce enseignée à l'école, le rêve de pouvoir de l'Italie avec la guerre en Abyssinie, la lutte des classes.

L'écriture est magnifique, visuelle, prenante, envoûtante. C'est vraiment un très beau voyage que je vous recommande chaleureusement.

Ma note : coup de coeur ♥♥♥♥♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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La Malnata passe ses journées au bord du Lambro avec Matteo et Filippo.
Depuis la fenêtre de sa petite maison, Francesca observe ses 3 amis s'épanouir, flâner et se bousculer en riant. Attirée comme un aimant par ces instants de vie, Francesca qui ne connaît que la rigidité sociale de ses parents, va se démener pour connaître le quotidien aux côtés de la Malnata. Mais la Malnata porte ce surnom de malheur pour des raisons morbides paraît-il, on raconte qu'elle a côtoyé le diable et que ceux qui l'approchent finissent mal.

La Malnata et Francesca vont néanmoins vivre une amitié qui donnera naissance à des valeurs fortes de loyauté et de solidarité. Une amitié qui traverse les diktats d'une Italie qui est aux prémices d'une Guerre mondiale. Ses hommes vont déserter le pays petit à petit pour envahir l'Éthiopie et pendant ce temps là le duo amical va mettre en lumière la notion de liberté d'expression. C'est une notion qui déplaît car à cette époque, la femme doit se donner à l'homme, se taire, prier, aduler Mussolini dit « le duce ». Alors quand ces deux gamines deviennent biologiquement des femmes, c'est leur rébellion qui prend vie.

Ces deux amies m'ont énormément plu, l'aplomb de Francesca, la fougue de la Malnata et leurs combats ont quelque chose d'attachants. Les deux adolescentes font férocement écho en nous, en nos âmes d'adolescent qui planent dans nos souvenirs.

Les romans italiens ont toujours ce quelque chose d'authentique et de traditionnel qui les rendent identifiables et proches de nous.
Dans une Italie Fasciste, « La Malnata » est un roman d'apprentissage où nos deux héroïnes vont payer le prix de leur émancipation mais l'adéquation à leur valeur est bien plus puissante.
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Dès la scène inaugurale du viol de Francesca et de la mort de son auteur dont Maddalena serait responsable (« Je voulais seulement qu'il arrête » dit-elle), on devine que le livre que l'on tient entre les mains relève du drame.
Comment en est-on arrivé là ? C'est ce que va nous raconter Beatrice Salvioni dans un premier roman très réussi.
Maddalena c'est la Malnata, la mal-née en français, une pré adolescente qui aurait le mauvais oeil depuis le décès de son petit-frère dont elle avait la garde. Intrépide, courageuse, rebelle, parfois cruelle pour mieux cacher ses blessures, elle n'a peur de rien.
Elle vit dans la misère avec une mère qui l'ignore, une soeur et un grand frère qu'elle adore. Une malédiction semble planer sur cette famille qui va se disloquer.
Francesca est la fille unique d'un couple de petits-bourgeois dont la mère volage l'élève dans les règles de la bienséance.
Dans cette Italie fasciste (nous sommes au mitan des années 1930) le regard du voisin est de plus en plus suspicieux. Gare à celui qui mettra en cause la politique du Duce !
C'est dans cette ambiance où règne la peur que vont se rencontrer les deux gamines.
Pendant que la Malnata « joue » dans le Lambro flanqué de deux garçons sur lesquels elle exerce son pouvoir charismatique, Francesca l'observe.
Va alors se nouer une amitié « à la vie à la mort » entre les fillettes qui feront les quatre cents coups sous le regard désapprobateur de la communauté.
Mais sortir du rang dans une société corsetée par la religion et l'idéologie fasciste n'est pas une bonne idée.
Porté par des personnages forts que la « Grande Histoire » va malmener, le récit de Beatrice Salvioni recèle une puissance visuelle et dramaturgique dans la lignée des romanciers et des cinéastes réalistes.

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Monza dans les années 30. Dans l'Italie fasciste, la ville industrielle est coupée en deux : d'un côté la classe bourgeoise où le paraître prime, quels que soient les compromis à faire, et de l'autre la classe ouvrière et paysanne qui survit difficilement au service de l'autre. Dans cette ville, Francesca, la fille du chapelier rêve à la liberté dont semble bénéficier Maddalena, la malnata (ou mal-née) du titre, une orpheline pauvre à la réputation de sorcière. Peu à peu, un lien fort va se nouer entre les deux adolescentes que leurs vies et leurs caractères opposent, mais que leur envie de liberté rapproche.
Avec La Malnata, Beatrice Salvioni nous conte une histoire plongeant dans une époque peu représentée (en France du moins), celle de l'Italie fasciste vue de l'intérieur. Ici, les deux adolescentes vivent sous le régime fasciste depuis toujours et la guerre d'Éthiopie est sur le point d'éclater. Et l'autrice nous montre cette période à hauteur de gens ordinaires. Ses protagonistes quittent brutalement l'innocence de l'enfance en refusant leur destin de femme qui, selon les principes politiques en vigueur, doit se comporter comme l'épouse de Mussolini : se donner et se taire. S'ouvrant sur une scène de mort violente et de corps dissimulé par les deux adolescentes, le roman va revenir quelques mois en arrière pour nous narrer la rencontre entre Francesca et Maddalena et l'enchaînement d'événements qui vont les conduire à cet acte. le tout prenant la forme d'un pendant féminin, italien et tragique des souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol et plus particulièrement La Gloire de mon père et le Château de ma mère où Marcel, jeune citadin se lit d'amitié avec un paysan de son âge bien plus éveillé que lui). C'est ce mélange de souvenirs d'enfances, de scènes fortes (les jeux avec les lézards et les chats, le vol de clémentines…) et de fonds tragiques qui fait la force de la Malnata. le fascisme y est dénoncé par des exemples concrets : comment le père de Matteo a perdu sa boucherie, l'emprise du signor Colombo sur la famille de Francesca, les rites imposés à l'école et à l'extérieur. La veulerie des hommes et la lâcheté des adultes sont également bien présentes. Dans La Malnata, les parents sont soient violents, soit démissionnaires. Aucun ne viendra au secours des deux héroïnes qui ne pourront compter que sur elles-mêmes. Et peut-être l'une sur l'autre ?
La Malnata est le premier roman de Beatrice Salvioni, mais son rythme enlevé, son écriture visuelle sans tomber dans le voyeurisme et ses personnages attachants en font une réussite totale. Une autrice à suivre…
Lien : https://www.outrelivres.fr/l..
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