Pourquoi avoir tant tardé pour écrire cette critique…
Ce livre est très bien, ardu tout de même au début (mais on ne peut pas vulgariser à outrance).
J'ai appris plein de choses, j'étais pleinement enthousiaste, mais voilà…
Il y a une énième réforme du collège.
Un petit moment d'inattention et on me change mon métier, là, comme ça.
Ben oui, fallait pas se laisser endormir.
Mais qui nous a pondu un truc pareil ?
Le ministre ? La ministre ? Ah mince, je me rappelle même plus son nom. Même ma mémoire fout le camp, c'est moche.
Quand à comprendre cette putain de réforme, pleine d'AP et d'EPI, qui va nous demander de travailler en équipeS (oui, avec six ou sept équipes différentes, pour ma part, et dans ma matière, on n'est pas forcément les plus mal lotis)…
J'en suis tellement troublée que c'est un handicap lourd à ma motivation.
Prof en échec ! Alors l'élève dans tout ça…
Et pourtant, ce livre donnait de beaux sujets à réflexion.
Il nous laisse approcher les différences entre trouble, difficultés, déficience, handicap, mettant l'accent sur l'importance des mots, en particulier la différence entre être et avoir (on peut être en difficulté ou avoir des difficultés) car l'enfant tentera d'être ce qu'on dit qu'il est (c'est l'effet Rosenthal, plus connu sous le nom d'effet Pygmalion).
L'hyperactivité, l'autisme et le « surdon » sont trois notions sur lesquelles
Stéphane Sanchez s'attarde un peu.
Psychanalyse, neurosciences, psychodynamisme, behaviorisme, cognitivisme. Un aspect historique sur ces notions est rapidement donné, pour montrer l'opposition, que l'on retrouvera ensuite tout au long du livre, entre les tenant de l'inné et ceux de l'acquis, ceux du corps et ceux de l'esprit.
Une réflexion est ébauchée sur la notion d'évaluation et sur les dangers du diagnostic, sur son influence éventuelle sur l'enfant.
Sont évoqués
Alice Miller («
C'est pour ton bien ») et
Jean-Pierre Winter (« La passion pédagogique ») pour répondre à la question « qu'est-ce qu'aider ? ». Il est finalement clairement indiqué par l'auteur que si un enfant ne veut pas apprendre, nous ne pouvons pas le forcer, il faut qu'il soit convaincu du bien-fondé de l'apprentissage qui lui est proposé.
Cependant, dans tout l'ouvrage,
Stéphane Sanchez reste très objectif quand à toutes les questions qui font débat, pour lesquelles il ne prend pas parti.
Des pistes sont données pour définir l'apprentissage, pour créer de la motivation.
Ensuite, les trois aspects qui occupent la majeure partie de l'ouvrage sont l'attention, la mémorisation et la compréhension.
Et en effet, quand vous vous trouvez confrontés à des élèves en difficultés, c'est bien là les trois principales sources de problèmes.
De ce fait, cet ouvrage a été tout à fait éclairant pour moi.
Et dire que l'année prochaine, tout recommencera…
« [...]
Ils t'appellent "maîtresse"
Même si tu es un homme
Te tutoient - ça te stresse
Et dessinent sur leur gomme
Qu'ils soient doués ou bien cancres
Tous ont besoin d'kleenex
A cause de leurs taches d'encre
Et d'leurs coulées d'tipex
Ils ont plein de questions
Au moins trois mille à l'heure
Sur l'organisation
De leur joli classeur
"- J'ai écrit jusqu'en bas
Maîtresse, comment je fais ?
- Ta feuille, ma p'tite Lola,
Et si tu la tournais ?"
Viens avec nous au pays des sixièmes
Un beau pays dans lequel tout l'monde s'aime
Toi qui déprimes en université
Viens en sixième et tu vas t'amuser !
[…] »
Extrait de « Au pays des sixièmes », Les Zrofs :
https://www.youtube.com/watch?v=q¤££¤18Les Zrofs 30¤££¤