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Critique de Lamifranz


« La comtesse de Rudolstadt » est la suite de « Consuelo ». Nous avons laissé cette dernière en pleurs auprès de son mari mort d'une étrange maladie juste après le mariage. Consuelo a de bonnes raisons de penser que cette mort n'est pas naturelle… Au début de ce livre, elle est redevenue Porporina, la célèbre cantatrice, et chante à la cour de Frédéric II, le roi de Prusse, dont on connaît le goût pour la musique. Apparemment il aime aussi les musiciennes et poursuit Consuelo avec une insistance des plus… insistantes. Accusée d'espionnage, Consuelo est incarcérée. Délivrée grâce au concours d'une société secrète, les Invisibles, elle tombe sous le charme de leur chef, un certain Liverani. Par ailleurs, certains indices lui donnent à penser que son mari Albert, le comte de Rudolstadt, n'est peut-être pas aussi mort qu'elle le pense…
Tout le plaisir que nous avons eu à lire « Consuelo », nous le retrouvons ici intact : l'action, romantique en diable, est toute aussi échevelée que dans la première partie. Nous rencontrons des personnages célèbres, Frédéric II de Prusse et Voltaire, entre autres, et nous côtoyons le mystère à chaque coin de… couloir. Que sont ces Invisibles ? Des Francs-Maçons ? Des Illuminati ? Quel rôle joue cette société secrète, qui n'en est peut-être pas une ? Et ce Liveroni, il nous tarde de voir qui il est derrière son masque. On en est réduit aux conjectures, et c'est rudement excitant !
Le diptyque « Consuelo/ La Comtesse de Rudolstadt.» constitue le chef-oeuvre romanesque de George Sand, bien plus que ses autres oeuvres (Lélia, Indiana, etc. ou encore La Mare au diable ou La Petite Fadette), et un des chefs d'oeuvre romanesques du Romantisme (avec « Confessions d'un enfant du siècle », par exemple). Il est inconcevable que ce livre (ces livres) ne soit pas mieux connu : on y trouve non seulement une autrice de première force, reconnue en son temps comme l'égale des plus grands, mais également une femme d'idées, qui fait passer dans son roman, une foule de réflexions sur la religion, la morale, la politique, etc. A travers le portrait magnifique d'une femme qui, comme elle, vit d'une façon libre, elle trace le portrait d'une époque, le XVIIIème siècle, qui prélude à celui où elle écrit.
Le romanesque est toujours là, dans cette seconde partie, mais il fait la part belle, en effet aux idées novatrices véhiculées par les sociétés secrètes qui devaient amener la Révolution, les principes notamment de liberté et de fraternité sillonnent toute l'oeuvre.
Trois ans plus tard, Alexandre Dumas écrira « Joseph Balsamo », il n'est pas interdit de penser qu'il trouvera une partie de son inspiration chez son amie George dont il dressait le portrait en ces termes : « Génie hermaphrodite, qui réunit la vigueur de l'homme à la grâce de la femme ; qui, pareille au sphinx antique, vivante et mystérieuse énigme, s'accroupit aux extrêmes limites de l'art avec un visage de femme, des griffes de lion, des ailes d'aigle. »
La même ambiance XVIIIème siècle conjointe à la franc-maçonnerie, fait également penser à Mozart et à toute sa musique « maçonnique » (une douzaine de chansons et cantates, « La Flûte enchantée », « Thamos, roi d'Egypte » et le « Requiem »). Ce qui nous ramène à évoquer un autre grand thème du diptyque : la musique. En faisant de Consuelo une cantatrice (elle s'est beaucoup inspirée de son amie Pauline Viardot), George Sand fait de ce roman un « roman de la musique » (il faut préciser qu'à cette époque elle était en couple avec Chopin, ceci explique peut-être cela).
Un très grand roman, à lire, à relire, à conseiller sans modération !





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