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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Lire « Villebasse » d'Anna de Sandre signifie presque emménager, le temps de votre lecture, dans « cette ville à zone blanche et à lune bleue » qu'est Villebasse. En effet, depuis quelques années, une mystérieuse lune bleue a fait son apparition dans le ciel, et avec elle des hivers enneigés, terriblement froids, et des phénomènes étranges. « le Chien » aussi a élu domicile au sein de cette bourgade qui longe la forêt.
Ce livre puissant m'aura autant dérangée qu'interrogée.
Les 37 chapitres relativement courts qui se succèdent font état de plus de vingt personnages, tous plus ou moins principaux, tous cabossés, abimés par la vie, soit victimes, soit bourreaux au passé douloureux. Certains reviennent plus souvent que d'autres dans l'histoire. Tout au long du livre, je me suis questionnée quant au fil conducteur de tous ces êtres en souffrance, le liant de l'histoire : était-ce « le Chien », cet animal rôdant tour à tour chez les uns et chez les autres sans jamais élire domicile vraiment chez l'un(e) d'entre eux ? Etait-ce le quartier sud de Villebasse, ce microcosme connu depuis des siècles déjà comme un lieu dans lequel on s'installait souvent définitivement ? Etait-ce la précarité sous toutes ses formes qui, en soumettant les habitants à ses règles injustes, allait me mettre, moi lectrice en attente, sur le chemin d'une intrigue dont je ne comprendrais éventuellement la résolution qu'aux dernières lignes ?
L'autrice nous amène sans tabou dans des univers aussi violents que tristes et désespérants, où se succèdent le viol, le meurtre, une agression sexuelle sur mineure, l'abandon parental, la violence, … et la cruauté psychologique, souvent utilisée de façon inconsciente. Les personnages endurent le deuil, la tristesse, tentant de faire face à cette vie malgré leurs fragilités. « C'est le lot des fragiles de tomber sans protester », écrit l'autrice.
Arrivée à un tiers du livre, j'éprouve du rejet pour beaucoup d'entre eux, violents, vulgaires, primaires. Je m'en veux alors un peu de les juger tous dans un pseudo procès sans attendre d'avoir plus d'information sur eux et me penche sur l'écriture, révélatrice de biens des secrets. Anna de Sandre pratique deux langages opposés dans son livre : le premier, très étudié (même un brin trop à mon goût), poétique, et le second, cru, parfois vulgaire. Une question me taraude : sous le manteau de laideur de certaines phrases, n'aurais-je pas su voir une certaine beauté dissimulée ? Je pose donc le livre pour réfléchir au fait qu'un être humain n'est pas tout bon ou tout mauvais, il peut alterner bonté et méchanceté voire cruauté. Il n'empêche que j'éprouve de l'aversion pour un certain nombre d'entre eux aux profils accablants et aux actes abjects. J'aimerais les savoir punis à la fin, mais…le seront-ils ?
Le Chien m'intrigue particulièrement. Personne ne l'a nommé. Dans un passage anthropomorphique, il éprouve reconnaissance et loyauté envers son sauveur et cauchemarde en dormant, du mal qu'on lui a fait subir. Son absence de jugement humain en fait selon moi, l'être le plus humain (le moins inhumain) de tous !
Dans la suite de mes interrogations, je me demande si je suis en plein roman noir ? Ou en plein roman social qui dénonce la misère sociale et ses effets sur la vie affective, pécuniaire, psychologique, morale ? On apprend que les habitants souffrent encore de la « honte du manque et de la pauvreté qui étaient venus pourrir Villebasse », suite à la fermeture de la filature en 2008. L'autrice aurait-elle prévu de faire revenir le mal comme un boomerang sur les expéditeurs ? Ou les raconte-t-elle plutôt avec empathie et sans jugement, au travers de leurs failles, de leurs incapacités à s'en sortir. « Tim enchaînait les emplois précaires. Rose était sans diplôme et sans malice ».
Je ne recommanderais pas cette lecture un soir de déprime. Quoi que ! L'autrice note dans son résumé « un monde ravagé par nos maux ordinaires ». Chez une partie d'entre eux, en effet, il en va ainsi. Et nous pourrions découvrir que nous ne sommes pas les seuls blessés, imparfaits, en échec, perdus, malheureux, à la dérive… et qu'en creusant en nous, nous pourrions bien trouver une belle source d'humanité, pourquoi pas même une source divine. « Il était distrayant de prendre soin d'un autre quand on n'avait pas le courage de s'en sortir. Jusqu'au jour où il apparaissait que, si l'on maîtrisait ces actes et cette attention pour autrui, alors il était naturel de les tourner vers soi ».
Chez les autres, ceux qui ont tué, violé, je trouve l'expression « maux ordinaires » quelque peu légère. Leur univers ultra-violent est certes leur quotidien, mais je souhaite qu'il ne devienne pas celui de tous, de toute une ville, une société.
Un premier roman qui vous plaira ou non mais qui gardera votre mental et votre esprit en alerte, en réflexion, en gestation. La fatalité sociale est-elle réelle ? Que (qui) seriez-vous devenu(e) à Villebasse ?
Une victime ? Un bourreau ?
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Étrange ce roman. de courts chapitres, de nombreux personnages, un énorme chien aux yeux bleus comme la lune apparue quelques années auparavant au-dessus de Villebasse, lieu d'où on ne s'en va pas.
Le récit est une succession de tranches de vie difficiles à relier entre elles. Des passages m'ont plu, d'autres m'ont plutôt ennuyé, et je reconnais ne pas être vraiment rentré dans cette histoire présentée comme poétique et onirique.
J'avoue avoir été dérouté par l'écriture d'Anna de Sandre dont le lyrisme m'a semblé parfois manquer de naturel.
Une impression plutôt mitigée sur un roman pour le moins original, qui a le mérite de ne ressembler à rien de connu.
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Dans une petite ville recluse au coeur d'une vallée, une malédiction rode à Villebasse. Peut-être que l'origine de ce Mal vient de cette étrange lune bleue qui éclaire le ciel depuis plusieurs années. Là-bas, le temps semble être figé, ne laissant aucune perspective d'avenir aux habitants. Captivent de Villebasse à tout jamais, rien n'en sort, rien n'en rentre. À l'exception de le Chien, qui erre dans les rues sombres depuis l'hiver dernier. Tantôt protecteur, tantôt justicier, il accompagne les maudits dans leur triste quotidien.

Mystique, fantastique et onirique, Villebasse d'Anna de Sandre est particulièrement déroutant. L'autrice casse les codes un par un sans aucun remords. Sans fin ni début, ce roman semble venir d'un autre monde. Il y fait froid, il y fait noir, les âmes errent et perdent tout espoir d'une possible rédemption. Villebasse est probablement l'endroit le plus funeste qu'il n'existe. Et pourtant, la lune bleue éclaire la ville comme une lumière qui veille sur les damnés.

La plume de l'autrice Anna de Sandre est foncièrement poétique, mais également d'une justesse extrêmement violente. Douce, brutale et parfois vulgaire, l'écriture nous caresse pour mieux nous gifler. C'est un style incomparable à un autre qui mérite d'être souligné pour sa particularité et son courage, car il est évident qu'un tel bouquin exige un lectorat ciblé, et donc de niche, pour pourvoir en apprécier toute la beauté.

Villebasse reste avant tout un roman noir social qui a beaucoup de choses à proférer, notamment et principalement la misère sociale et financière qui devient une fatalité pour les lieux éloignés des grandes villes. Et puis s'enchaînent le viol, le meurtre, la pédophilie, la violence, l'abandon et l'abattement sans avoir eu le temps de reprendre haleine. L'ambiance de ce roman noir est si forte et intense qu'elle en devient magnétique. Certaines scènes sont à couper le souffle tellement elles sont puissantes autant dans la noirceur que dans la lumière.

Un premier roman totalement énigmatique par son fond et par sa forme.
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Villebasse est un roman très étrange. Anna de Sandre a une capacité certaine à passer d'un langage soutenu, presque désuet, à un langage brut et vulgaire. C'est assez déstabilisant mais l'écriture colle à l'ambiance triste, sordide et morne de Villebasse qui retrace certains moments de vie des habitants sur fond de violence et de criminalité. Ne vous attendez pas à lire un roman joyeux... il est question ici d'une oeuvre à mi chemin entre le conte fantastique et le roman noir. Villebasse n'est pas une lecture comme les autres. C'est une expérience déroutante.
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