« Depuis que le Chien était entré dans
Villebasse, aux premiers jours de cet hiver particulièrement froid, on avait le sentiment incongru que la mort survenait davantage qu'à l'habitude ici, et plus qu'aux alentours. »
L'incipit donne le ton, fil rouge d'une histoire magnétique, hivernale.Tout semble étrange, comme dans un Entre-Monde. En fusion avec un ésotérisme empreint de mystères troublants et angoissants, éloigné d'une lumière apaisante. Et pourtant, l'écriture est le toit du monde, l'olympien d'une trame sereine et poétique, magistrale jusqu'au point final. le charme d'un récit dont on ne lâche pas un point, une virgule et les traces d'un Chien (C majuscule) dans la neige qui dévoile mot à mot l'énigme parabolique.
« Une lune imparfaitement ronde et bleue, bleue comme si elle abritait au moins un océan, mais un océan de tous les chagrins du monde évaporés, dans l'atmosphère qui se seraient condensés pour se précipiter en elle sous la forme d'un liquide aux propriétés inconnues. »
Le Chien, métaphysique, sombre, déambule dans chaque recoin. Son aura bouscule tous les codes d'un village qui va observer à la loupe ses déplacements et les bouleversements que cela va engendrer. Les habitants le connaissent tous. D'aucuns savent d'où vient ce chien noir. Un mythe s'instaure. L'attitude emblématique de le Chien qui va soit régler ses comptes soit remettre d'équerre l'habitus du village en intégralité. Parfois tendre, affectueux, ou agressif, le manichéen en déplacement dans un village qui va vivre dans un souffle des plus inquiets. Un village labyrinthe dont on ne peut s'échapper. La lune étrange élève ses secrets, éblouissante en connivence avec le Chien. Ici, c'est l'ambiance qui assigne les transmutations en devenir. «
Villebasse » est une oeuvre spéculative. Un roman noir qui forge les destinées dans les profondeurs les plus fabuleuses et secrètes.
« C'était indéfinissable, comme un pas de côté qui vous faisait quitter la marche du monde : une gémellité bancale qui les rapprochait comme un étai. »
«
Villebasse vient de la nuit, celle qui élève et isole pour mieux affronter ses démons intérieurs et renaître à la vie. «
Villebasse » est un symbole des plus oniriques. Bien au-delà de l'envergure de ce roman-fable,
Anna de Sandre détient la clef de l'enchantement littéraire. Publié par les majeures Éditions
La Manufacture de livres