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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Commencer l'année par ce roman n'est pas chose idéale, l'entrée dans Villebasse, une ville retirée du Sud-Ouest de la France auréolée d'une lune bleue depuis plusieurs années, en plein hiver - et quel hiver - étant d'une profonde et sauvage noirceur. Rien n'est, dès les premiers chapitres, épargné au lecteur, qui fait face à la monstruosité humaine qui se donne comme rendez-vous dans cette ville étrange et qui, comme par enchantement, semble retenir parmi elle tous ceux qui s'aventurent dans ses ruelles juste une fois. Monstruosité humaine qui fait, dans le même temps, souvent face à la banalité d'un quotidien commun.

La construction narrative, la plume, et le ton, de fait, n'épargnent pas non plus, faisant osciller entre de nombreux habitants sans logique apparente de prime abord au fil des chapitres ; entre une langue recherchée et poétique, tout aussi noire que la ville qu'elle décrit, et une langue crue, d'une vulgarité brutale, au sein d'une même phrase ; entre gravité et violence de certaines scènes, et pointes sarcastiques, ou au contraire plus légères, pour d'autres.

Après être restée dubitative pendant plusieurs chapitres, j'ai fini par me laisser prendre, et par l'histoire, dans laquelle l'on comprend très vite que l'on n'aura pas de réponses à toutes nos questions, et finalement, tant pis, et par la plume, qui paraît au début foutraque, et qui finalement montre une excellente maîtrise de l'hybridité stylistique qu'elle choisit de mettre en scène pour raconter Villebasse.

Une découverte finalement intéressante à rebours.
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« Depuis que le Chien était entré dans Villebasse, aux premiers jours de cet hiver particulièrement froid, on avait le sentiment incongru que la mort survenait davantage qu'à l'habitude ici, et plus qu'aux alentours. »

Un hiver
Une ville éclairée par une étrange lune bleue
Et un chien, « Le Chien », venu d'on ne sait où
Il rôde, il semble être partout à la fois
Si vous le suivez, vous rencontrerez les habitants de Villebasse

Totalement subjuguée par l'écriture de ce roman. Je pense que peu de plumes françaises actuelles proposent un style aussi travaillé et une langue aussi belle. L'onirisme et la poésie saisissent le lecteur au détour du réel. Anna de Sandre nous emporte dans un univers sombre qui fait terriblement écho à nos vies modernes. Villebasse semble hors de l'espace et du temps, étouffée par la neige. Et pourtant, les maux et les tourments des habitants sont bien ceux de notre époque. C'est glauque et envoutant. C'est noir et brillant. Je ne vous en dit pas plus (#laflemme) mais je crois que La Manufacture a déniché une très grande autrice.
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Inquiétant roman-mosaïque condensé d'une ville fictive, parcours tendre, cruel et poétique parmi des gens ordinaires qui ne le sont bien entendu pas tant que ça, une réussite rare et impressionnante.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/12/20/note-de-lecture-villebasse-anna-de-sandre/

On connaissait jusqu'ici Anna de Sandre pour son blog d'expérimentation langagière et conceptuelle, pour sa poésie et ses nouvelles, dont un superbe échantillon nous était offert en 2014 dans « le parapluie rouge » et, pour certains d'entre nous, pour ses albums jeunesse sous le pseudonyme d'Anne Pym. Et puis vint « Villebasse », en cet automne 2021, à La Manufacture de Livres. Un premier roman détonant, situé simultanément hors du temps qui passe et au beau milieu des forces centrifuges du contemporain.

Dans cette petite ville occitane fictive (mais peut-être pas inventée de toutes pièces), comme figée ou assoupie mais bouillonnant pourtant de forces telluriques de prime abord invisibles, on croisera au fil d'une intrigue en forme de redoutable mosaïque des personnages simultanément ordinaires et mystérieux, comme des voisins et connaissances distantes dont on ne connaît jamais que quelques facettes apparentes et éventuellement changeantes. Brutalisant soudainement la torpeur ambiante et l'inexorabilité qui caractérisent le lieu, un viol, un décès et l'arrivée subreptice d'un chien ô combien étrange – à moins qu'il ne soit que la projection astrale des envies et des doutes de certains citadins – vont mettre le feu aux poudres, ou plutôt, peut-être, allumer une série de mèches lentes dont on ne découvrira que trop tard à quels barils explosifs elles étaient reliées.

Il faut beaucoup de talent pour donner ainsi vie authentique à une ville fictive et pour parvenir à lui donner une telle stature de personnage à part entière, surtout sans abattre d'emblée toutes ses cartes. L'aura du « Jérusalem » d'Alan Moore et de sa monstrueuse investigation poétique, fort justement revendiquée par l'autrice, irrigue ces (seulement) 200 pages, en sus des résonances avec de somptueuses mises en roman d'un habitat capable de véritable emprise, telles la « Bruges-la-Morte » de Georges Rodenbach, la Riemech de Jérôme LafargueL'ami Butler »), voire le lotissement Grand Siècle ou les hauts de Ligurie de Fanny Taillandier.

Pour tangenter l'inquiétude baroque et sinistre des « Saisons » de Maurice Pons ou un sentiment de fantasy urbaine digne des meilleurs (et des plus discrets) scénarios du « Shadowrun » de FASA ou de la série télévisée « Grimm » de David Greenwalt et Jim Kouf, pour apprivoiser et transposer, sans jamais la désigner sans ambiguïtés, la possibilité de la sorcellerie dans le bocage chère à Jeanne Favret-Saada comme à Maurice FourréLa marraine du sel », 1955), pour révéler systématiquement aussi les minables garous qui peuvent somnoler en chacune et chacun, ou pour conduire au long cours une formidable accumulation de potentiel en attendant que lâchent les digues, il faut un méticuleux travail sur l'écriture elle-même, une infusion poétique délibérée où la précision technique du vocabulaire baigné d'humour intérieur, comme chez Céline Minard, et la juxtaposition soigneuse de l'ultramoderne et du légèrement, volontairement, suranné, comme chez Nicolas Rozier, ouvrent l'espace nécessaire à une véritable création. Et c'est ainsi que l'on obtient un roman rare et mystérieux, dense et ramifié, tendrement poétique et joliment cruel.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Plonger dans la lecture de ce roman, c'est aller à la rencontre d'une constellation d'âmes bancales - miroirs de nos propres rêves et défaillances - dans un univers onirique frissonnant.

Ici, tout y est humide, sombre et glacial et - pourtant - persiste la lumière dans les espoirs secrets de chacun.
Des espoirs qui tiennent en vie leur hôte et qui sont autant d'éclats de lumière dans ce roman presque noir.

Un premier roman réussit, qui voit l'éclosion d'une nouvelle auteure à la voix singulière où la plume lancinante et la qualité romanesque nous rappellent celle d'un Franck Bouysse ou d'un Philippe Claudel.
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