Citations sur La Chambre des merveilles (371)
Ma carrière allait être ma bouée de sauvetage. Si je perdais ma vie professionnelle, alors je ne serais plus rien. Je devais coûte que coûte préserver cette oasis de normalité.
Je n’avais pas seulement perdu l’avenir de mon fils, j’avais aussi perdu ma dignité. J’avais appris que le chauffeur du camion était une femme, une mère elle aussi, et je lui avais souhaité le pire alors même que je ne savais rien de sa vie.
On ne vit pas chaque heure de chaque jour comme si c’était la dernière, ce serait épuisant. On vit, c’est tout. Et ma vie avec ma mère, ça ressemblait exactement à ça.
Donc quand j’y repense, en elle-même cette matinée était parfaite. Je sais bien que maman doit avoir un tout autre avis sur la question, je sais bien qu’elle doit repasser en boucle dans sa tête chaque image de ces quelques minutes en se demandant ce qu’elle aurait dû faire, ce qu’elle aurait pu changer. Moi, j’ai la réponse, et on n’est sûrement pas d’accord avec ma daronne : rien.
Un père cache les yeux de son fils. Quel âge a-t-il ? Quatre, cinq ans probablement. Ce genre de scène n’est pas pour lui. Même dans les films, ce genre de scène n’est jamais montré. À quiconque. On peut tout au plus la suggérer. Un peu de pudeur dans ce monde de brutes s’il vous plaît. Je m’approche, je hurle de nouveau, je me jette à terre, je sens que je m’écorche les genoux, mais je ne sens pas la douleur. Pas celle-ci en tout cas. Louis. Louis. Louis. Louis. Mon amour. Ma vie. Comment décrire l’indescriptible ? Un témoin de la scène a plus tard employé le terme de “ louve ”
Hégémonie est pour l’égalité hommes-femmes, Hégémonie investit pour le succès des femmes dans la société. Il y a toujours un gouffre entre la théorie, la politique affichée, et la pratique, cet autre visage d’une même organisation, ces non-dits qui aboutissent à un taux de femmes dans les comités exécutifs des grands groupes ridiculement bas. Depuis toujours je m’étais battue pour accéder à ces hauts postes, il était donc hors de question d’afficher une quelconque fibre maternelle en pleine conversation de travail, même un samedi, même à 10 h 31.
Ma mémoire me fait défaut, il est très difficile de me souvenir de mes pensées durant ces instants pourtant tellement importants. Si seulement je pouvais revenir en arrière de quelques minutes, je serais plus attentive. Si seulement je pouvais revenir en arrière de quelques mois, de quelques années, je changerais tellement de choses.
J’observais Louis, qui cavalait devant sur sa planche à roulettes. J’étais fière de ce petit bout d’homme qu’il était en train de devenir. J’aurais dû le lui dire – ces pensées-là sont faites pour être exprimées, sinon elles ne servent à rien –, mais je ne l’ai pas fait. Ces derniers temps, Louis a beaucoup changé. Une poussée de croissance propre à son âge l’a fait passer du physique d’un petit garçon frêle à celui d’un adolescent de taille honorable, un brin de barbe se dessinant sur ses joues toujours pouponnes, encore dépourvues de boutons. Une belle allure en construction.
J’ai toujours aimé les lueurs froides. Je n’ai jamais trouvé ciel plus bleu et plus pur que lorsque j’étais en déplacement professionnel à Moscou.
La capitale russe est pour moi la reine du ciel d’hiver. Paris avait revêtu ses airs moscovites et nous lançait des œillades éblouissantes.
L'énergie, le magnétisme solaire de cette jeune fille contrastaient douloureusement avec mon enfermement, ma solitude. Au plus profond de moi a résonné l'écho du vide. Le rire de Dora m'a tendu un miroir, dans lequel je n'ai rien vu d'autre qu'un trou noir. J'étais absente de ma propre vie depuis bien longtemps. Bien avant l'accident de Louis.
Mon petit cœur je t'aime, tu me manques, et tu manques à ta grand-mère aussi. Reviens vite, tout ça c'est pour toi que je le fais, pour te montrer à quel point la vie est belle, à quel point elle vaut d'être vécue. Promis, je vais essayer maman. Tu peux pas savoir à quel point j'en ai envie.