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Citations sur Petit éloge de la mémoire. Quatre mille et une années de no.. (16)

Les civilisations doivent-elles toujours s'affronter, faut-il que l'une disparaisse pour que l'autre s'épanouisse sur ses cendres? Il en a été ainsi depuis les origines mais on aimerait maintenant que ça cesse.
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L'islam eut tôt fait de submerger la Numidie. Par la force, puis par la foi, et l'usage fit le reste, il créa des habitudes, des comportements, des modes de pensée. La Numidie entrait dans une ère nouvelle, elle était le Maghreb, le couchant, l'occident de l'Arabie, et peu à peu les Berbères perdirent ce qui faisait d'eux des Berbères, ils s'arabisèrent et se proclamèrent Arabes. Le zèle poussa certains à se croire plus authentiques que les vrais, ils détruisirent tout ce qui pouvait rappeler leurs origines et leurs croyances passées. Il en est ainsi, le reniement de ce qu'on a été est le premier acte de foi. Beaucoup, des chefs de tribus, des imams, des officiers, se prétendirent cousins du Prophète, neveux d'apôtres, fils morganatiques de califes, frères de commandeurs prestigieux, et ont légué l'heureuse découverte à leurs descendants. Pour toujours, ils seront chérifs en leurs domaines. La Numidie échappait à son histoire millénaire et allait graviter autour d'une autre histoire, celle de l'Arabie, celle du monde arabe et musulman dont elle sera, un temps, un moteur puissant.
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Je le pense ainsi : la nostalgie, le mal du pays comme on dit, est une richesse, un formidable gisement. Le tout est de savoir où est son pays, ce qu'il a été, ce qu'il est devenu, comment et pourquoi on s'en est éloigné, et par quel fil on s'y rattache encore. C'est tout le problème. Cela fait que souvent la nostalgie mène à l'errance, à l'apathie, à la colère, au renoncement. Au mieux, on s'invente un mythe et l'on s'y réfugie comme dans une prison.
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La dispersion s'est faite par les routes, dans la poussière et le cri des enfants et le beuglement des bêtes. La Malédiction n'a épargné personne. L'Egypte éternelle s'est disloquée, les citadelles sont tombées, les dieux sont morts en moins de temps qu'il n'en fallut pour les renverser de leur socle de granit et tout ce qui fut ne comptait plus pour rien. Les pyramides, le sphinx, l'obélisque d'Héliopolis, le temps de Ramsès II à Assouan, et toutes nos gigantesques réalisations n'étaient plus qu'un entassement de pierres et ne défiaient plus que la pesanteur et les vents de sable. Les pilleurs de tombes, les profanateurs, les carriers, les curieux en masse ne leur laissèrent aucun répit. Pire que tout, Pharaon est devenu un homme, un mortel.
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Les dieux qui font et défont le monde, les héros qui font et défont les empires, comptent moins que les résistants dans le coeur des hommes. Ceux-là sont au plus près de notre nostalgie, ils disent le combat éternel pour la liberté.
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Quelque part, ne l'oublions pas, nous sommes des chasseurs d'impossible.
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On ne sait pas toujours où mène la nostalgie, il suffit de rien, un air qui passe, un mot, une idée, et on part là plutôt que là. Je suis tombé en plein dans le nid des pirates barbaresques et au pire moment, tous les oiseaux de proie de la création se le disputaient. (...) Les malheureux captifs des pirates, ceux-là qui ne pouvaient s'acquitter de la rançon, étaient vendus sur les marchés d'esclaves d'Orient et on ne les revoyait plus. On parlait de Salé comme du plus important marché de gros. La vente au détail se pratiquait n'importe où, ici, là, dans les ports, autour des mosquées, dans les souks, le long des routes. On se les louait aussi, pour un jour, une semaine. Une fois brisés par l'âge, on les relâchait et ils s'en allaient mourir dans les rues, enfin libres.
Pas une côte du monde connu n'échappait à leurs raids. Ramener de l'Anglais, du Gallois, ou de l'Irlandais était aussi simple pour eux que de capturer du Sarde, du Corse, du Marseillais, du Sicilien, du Maltais, ou de l'autochtone des Baléares. Ils honoraient toujours les commandes. On voulait une Suédoise, on avait sa Suédoise, on rêvait d'un beau Portugais, on recevait son beau Portugais. Leurs galères étaient insaisissables, des trirèmes et des quinquérèmes à l'ancienne, elles ne se vidaient que pour repartir plus vite à la course. Je pense avec émotion à ce brave Cervantès, à ce bon Vincent de Paul, mais il y en eut tant, de tous les bords. (...)
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Ecoutez-moi vous raconter Massinissa. Nous lui devons tant. A elle seule, son épopée résume ces trois horribles guerres, appelées les guerres puniques.
Il s'appelait Massinissa, fils de Gaïa, il était roi des Massyles et son trône se tenait à Zama. Il était jeune, il était beau, il était agile comme un chat, rusé comme un singe, fort comme un lion. Il a tout connu, les plus grandes défaites et les plus grandes victoires. A la tête de ses troupes, ces fameux cavaliers nomades qui ont soulevé toute la poussière de la Numidie, il a sillonné l'Afrique et l'Ibérie, Carthage et l'Italie. Il fut proscrit, honoré et encore proscrit et encore honoré.
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Nous nous étions enfermés dans le manichéisme d'un Orient décadent et possessif et nous avions perdu la force de marcher vers le futur ,ce lieu unique,qui n'est ni du Nord, ni du Sud , ni de l'Est, nid l'Ouest,ni chrétien , ni musulman,ni athée , ni païen,ou Dieu et la vérité des vérités attendent l'humanité depuis le commencement des temps.
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Plus avant, nous apprîmes un peu de cette histoire. Allah serait apparu au pays des Arabes, des nomades comme nous, dans la prospère tribu des Koraïchites, et aurait choisi de délivrer son message à un homme parmi les plus humbles de ce clan, un berger démuni et ignorant, nommé Mohamed. "Faites le bien, éloignez-vous du mal et vous irez au paradis", telle était la teneur du message. Un beau message. La nouvelle religion avait pour nom islam. Un joli nom. Je me souviens que nous lui avons souhaité les plus grands succès, toute religion doit avoir sa chance parmi les hommes.
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