Il était question d'Espagne dans le titre, alors j'ai tenté ma chance, quoique le titre ne m'ait pas complètement séduite. Il est pourtant, en français, l'exacte traduction du titre espagnol. Mais la sonorité n'est forcément pas la même…
Pièce de théâtre où se bousculent dans les mêmes scènes, des personnages qui parlent d'autres personnages, en leur absence, et ceux-ci qui apparaissent immédiatement à leurs côtés et leur donnent la réplique. Jeux sur absence et présence qui se prêtent sans doute mieux à la scène qu'à la lecture.
Une fois dépassé l'étonnement suscité par ce procédé, on se laisse prendre par les dialogues alertes, parfois burlesques, parfois naïfs, entrecoupés de monologues magnifiques, très poétiques.
Jorge veut se libérer, à 33 ans (l'âge du Christ) de son sacerdoce de prêtre qu'il n'a pas vraiment choisi. Dans l'Espagne de Franco, ce n'est pas si simple. Obtenir la dispense du Vatican, c'est une chose. Et vivre, travailler, se marier, avoir des enfants, avec l'étiquette prêtre défroqué, c'en est une autre. Ce n'est pas tout à fait être libre. D'autant que sous Franco, la liberté n'était pas enseignée. « Il me semble (…) que la liberté ça s'apprend jeune. Si tu ne peux pas assumer la responsabilité de ta propre liberté dès l'enfance, si on te fait croire que la liberté signifie obéir aux ordres, il n'y a aucun moyen d'apprendre à gérer la responsabilité que l'exercice de la liberté exige ».
Un beau texte qui aborde beaucoup de thèmes graves dans une écriture rapide et enlevée.
Traduit de l'espagnol par
David Ferré.
Merci à Masse critique et Actualités Editions