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3,89

sur 1435 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Stop, arrêtez tout. Vraiment.Faites comme moi, fermez « La chambre des merveilles » et ouvrez ce livre. Voilà le livre que je rêvais secrètement de lire. Un bijou, un pas comme les autres, fendant les codes des romans mièvres et sentimentaux. Ces textes embellis et naïfs. Comment cet ouvrage et son écrivain ne font-ils pas encore la Une? Ce n'est pas seulement le récit de ce lien si intense qui unit le chien à l'homme, ou inversement. C'est une poésie, une ode attendrissante, éloquente et poignante. Il y a d'abord la préface de Jean-Paul Dubois, de laquelle s'échappent déjà des émotions indicibles. Dès lors nous savons que nous danserons dans un festival où l'animal sera roi, où la douceur sera reine. Attention, ce livre s'adresse uniquement à ceux qui, comme moi, considèrent leur chien comme leur double. Il ne tombera certainement pas dans les mains des trop nombreux goujats aux corps gras, usant de leurs chiens comme de leur pauvre vie. L'histoire célèbre l'amour, pour une fois pas conjugal, ni marital, ni filial ni extra conjugal. Et que ça fait du bien de lire autre chose, que c'est jouissif de découvrir une plume si unique, intense et romantique. Je suis de ceux qui vouent aux chiens un amour véritable, préférant le règne animal aux faux-semblants de l'humanité. Tout dans ce texte est beau, noble, et aérien. Cédric Sapin-Defour fait partie des écrivains qui disent avec une facilité déconcertante ce qui unit deux coeurs, c'est fort et sans ambages ; c'est une histoire dont nous rêvons tous. Une histoire dans laquelle on ne vivrait pas la pesanteur de l'autre, mais on la rêverait nuit et jour. Cet autre c'est un chien, une truffe humide, une patte posée au creux de l'aine, un regard fixe qui vous ravit, une odeur après la pluie, la plus fidèle des compagnies.
C'est un des livres dans lesquels je surligne au moins un extrait par page, tant c'est merveilleusement bien écrit. Des formulations si percutantes et si précieuses.
On apprend toujours des chiens les secrets d'une vie apaisée.
« L'amour des chiens, improbable affinité qui dépasse et relie tous les incompatibles de cette terre ».
Bravo et merci pour ça, Cédric Sapin-Defour, c'est un chef d'oeuvre.
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Mon premier ,gros coup de coeur de ce début d'année, Un roman magistral époustouflant, à la limite d'un véritable chef d'oeuvre. Chose rare de ma part, le récit m'a bouleversé du début jusqu'au final, qui nous prend aux tripes, j'ai pleuré , les larmes coulées toutes seules , on m'avait pourtant prévenue. C'est l'histoire d'Ubac qui rentre dans la vie du narrateur. Un amour fusionnel qui s'installe dés les premiers jours . Ils deviennent inséparables, ils savent détecter quand l'un des deux ne va pas bien,, une osmose touchante. Ayant un compagnon à 4 pattes j'ai ressenti les mêmes émotions , un être qui est entrée dans ma vie, cela a tout changé de mon quotidien, une véritable aide thérapeutique . Je n'ose imaginer le jour de sa disparition. L'auteur met bien avant sa joie, ses peines envers Ubac.
Il ne tombe pas dans le pathos, pour nous dépeindre cette relation, bien au contraire , c'est en toute sagesse, pudeur, tendresse, à travers une écriture poétique, et sensibilité. Ce roman est une ode à l'amour, à la vie. Un roman magistral, à lire de toute urgence.

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D'ores et déjà, un grand merci aux éditions Stock et à Netgalley pour cette très belle lecture.

Ce sont avec des mots d'une constante délicatesse que Cédric Sapin-Defour raconte l'amour profond qui le lie à son compagnon, un bouvier bernois, dénommé Ubac. Un nom qui laisse transparaître la passion de l'auteur pour la montagne.
Car s'il est enseignant d'EPS, je découvre aussi par le biais de ses précédents ouvrages que Cédric Sapin-Defour est un mordu de montagnes, tombé en amour, jeune garçon, des Alpes. D'où des publications de chroniques dans différentes revues, et différents ouvrages mais toujours autour du monde de la montagne.
Mais dans "Son odeur après la pluie", si la montagne est bien présente, elle sert de cadre au récit autobiographique du lien entre un homme et son chien,... à moins que ce ne soit entre un chien et son homme ? Car la réciprocité du lien est entière et l'amour complet.

Nous sommes nombreux à connaître ce sentiment d'amour infini pour un animal et il n'y a pas lieu de se tromper : comment un attachement entre deux espèces différentes pourrait-il être d'une autre nature que l'amour ? Cédric Sapin-Defour en déroulant son quotidien avec Ubac, montre toute l'étendue de cet amour entre deux êtres qui appartiennent à deux mondes différents, n'ont pas le même mode de communication, les mêmes espérances de vie, et pourtant, se portent une affection sincère, naturelle et sans faux-semblants durant le court laps de temps de leur cohabitation.

Il y a dans les mots de ce grand baroudeur, qui aime à se coltiner avec l'apreté de la montagne, une immense douceur et la prévenance d'un être conscient du vivant autour de lui.

Une annonce, dans un journal, d'une éleveuse de bouviers, créé un véritable déclic. Pourtant l'auteur a déjà eu un chien, il a donc déjà vécu la tristesse de sa perte, mais le besoin de cette rencontre est irrépressible.

La première visite est un moment d'une délicate tendresse, toute en émotion fébrile. On sait bien ce qui se joue alors : parmi tous ces petits êtres, boules de poils à aimer, un seul sera lié à nous et deviendra un vrai compagnon de vie. le coup de foudre de l'auteur pour son chien, mais aussi sa culpabilité de l'arracher à la chaleur de sa portée, sont particulièrement émouvants.

À travers son lien avec son chien, l'auteur examine sa propre existence. Il comprend que son animal et lui ne peuvent avoir le même regard et n'hésite pas à remettre en cause sa façon de voir. Ce sont parfois des détails mais le "maître humain- propriétaire" perçoit son chien comme un "maître-enseignant" dispensant des leçons de retour à la simplicité et au pragmatisme :
"Un chien réinvente vos lieux. Il fait peu de cas de vos usages, de votre sens de circulation et de votre place préférée. Ubac ne va pas du tout où je pensais qu'il irait, il redéfinit l'endroit vu de ses yeux et de son importance des choses. Je n'aurai de cesse d'observer sa vision du monde pour me souvenir comme la mienne n'en est qu'une parmi d'autres. La vue lac qui me coûte un bras chaque mois, il s'en fiche. C'est en plein milieu de l'étroit couloir qu'il décide que ces horizons sont à ce jour le plus larges. Il s'y affale".

En réalité , c'est tout le rapport de l'homme à l'animal que l'auteur met en lumière et réinvente, ou plutôt, vit selon sa propre sensibilité. Car Cédric Sapin-Defour ne se perçoit pas comme "le maître", être supérieur et dominant, de son compagnon chien. Il ne se situe pas dans une relation inféodante basée sur le rapport de force. Ils sont juste dans le partage. La relation entre Cédric et Ubac n'est pas celle d'un dominant- dominé, leur amour est partagé et réciproque : "Alors nous allons nous promener, j'y tiens, aucun ne promène l'autre, il s'agit d'une chose équilibrée."

À observer son chien et partager son quotidien, l'auteur en retire des leçons. L'espérance de vie d'un chien est plus courte que celle de l'humain. Peut-être est-ce pour cela que l'animal profite de tout, ancré dans l'instant qu'il vit : "Sa faculté à s'émerveiller est un antidote au désenchantement ".
Leur passion commune pour les grandes balades dans leurs merveilleuses montagnes sont autant d'occasions pour emprunter à l'instinct de liberté et de lâcher-prise de son chien :
"Je m'essaie du mieux possible à sa liberté [...] C'est aussi cela marcher avec un chien, c'est s'éloigner, se rendre aux scènes immuables, les cascades, les forêts et les mares".

Ubac, tout chien qu'il est, n'en illustre pas moins l'élan de vie qu'il apporte au quotidien. "Un chien a vocation à protéger de l'immobilité, il est un antidote à la fossilisation. Méfions-nous, ça tue des vieux cette histoire ; un jour, leur chien meurt, sortir devient triste, inutile et pénible."

À travers les mots de l'auteur se tisse une ode à son chien, mais pas seulement. Cédric Sapin-Defour célèbre la plénitude d'une telle équipe, et encore bien au-delà, parce que son chien lui "fait ouvrir les yeux" sur la vie, le monde, la beauté qui l'entoure, ce récit devient une éloge de l'amour, des êtres aimés. Mais aussi de la vie elle-même, car c'est bien l'amour qui nous révèle les beautés fugaces de cette existence. Celui qui n'est pas heureux ne regardera pas autour de lui. Celui qui partage une véritable relation d'affection a les yeux ouverts et le coeur grand.
"Une couche de hardiesse, voilà ce que ce chien a de plus à son péricarde, une anomalie du coeur et qui luit jusqu'à moi. Car lorsque l'on croit en un être qui croit à ce point en vous, lorsqu'une vie si estimable semble vous estimer, alors on glane, ébahi, de précieux motifs pour s'envisager comme quelqu'un d'à peu près valable. le jour où ce coeur culotté décidera qu'il est temps de flancher, j'ignore dans quel autre être d'os et de chair je pourrai retrouver le centième de cet éloge et le millième de cet élan, ce dont je suis certain, c'est qu'il faudra un second miracle."

L'auteur est constamment ébahi par l'instinct de son compagnon, sa connexion en tant qu'être vivant à la nature. Étonné de voir son chien dormir inhabituellement dehors, son maître comprend le lendemain matin lorsque les journaux titrent sur une secousse tellurique. La présence de son chien dans sa vie le ramène sans cesse à se reconnecter à ses propres sens, à ouvrir les yeux de façon plus attentive lors de ses randonnées et plus largement, à être plus présent à lui-même.
"Avant Ubac, je m'estimais seul dans les forêts et les montagnes, à mon retour, n'ayant pas vu d'homme, à qui voulait l'entendre je claironnais cette solitude. Seul au monde ! En réalité, m'a-t-il appris, des milliers d'êtres m'ont aperçu, examiné, laissé passer, et il s'est joué autour de moi bien des scènes entre résidents, à plume, à poil, à chlorophylle : des diplomaties, des luttes, des séductions, des retrouvailles, des assemblées, des cours d'école, des cérémonies, des tours de garde, des peurs et des joies, des naissances et des massacres, des fins et des débuts. J'étais indifférent à ces silences habités, Ubac m'a délivré quelques clefs pour les saisir un peu, promu d'un être inconscient à celui qui regarde puis voit. Il m'aide à lire ces histoires, il parle cette langue et m'indique comment m'y prendre pour que s'avive ce que je réduisais à un décor. Il suffit de s'immobiliser, de s'effacer, de réveiller ses sens et d'accepter la porosité ; c'est si simple d'être disponible que nous ne savons plus faire."

Aborder le récit d'une fraction de vie sous l'angle de la relation avec son chien, c'est aussi forcément effleurer une forme de gravité de la vie, dont nous prenons conscience, un jour ou l'autre, que nous ayons, ou pas, un chien à nos côtés. La vie, heureusement ce sont les grands bonheurs, les joies plus simples et non moins profondes, mais aussi les tracas, l'inquiétude, l'âge avançant la conscience de notre fin et celle des êtres aimés ; la conscience que les moments partagés sont précieux, car le tic-tac de l'horloge se fait de plus en plus pressant. Mais il n'empêche pas l'intensité des bonheurs, même quand l'âge de raison nous fait prendre conscience qu'en effet, ils ne sont pas éternels.
"Plus aucun vétérinaire ne nous dit qu'Ubac grandit, il vieillit. Heureusement, la vie comme un fleuve est une oscillation, et entre les peurs il y a ces zones où l'on va mieux, où l'on va bien, jusqu'à oublier et ne plus craindre. Heureusement, autour des affolements et qui s'acharnent à les taire, il y a les joies tranquilles, sublimées par ce que l'on sait désormais trop d'elles : leur fugacité."

Ceux qui auront déjà connu la tristesse de perdre un compagnon animal savent que ce chagrin ne se mesure pas au caractère humain de l'être perdu. L'auteur souligne très justement le chagrin de la perte, quelque soit l'être vivant qui nous manque : "Qui classe les raisons d'être en peine ?"

Je ne m'étendrai pas sur ce que nous, qui partageons nos vies avec un animal, redoutons tous. J'ai perdu comme tout à chacun des êtres chers, humains ou animaux. La peine de se quitter après des années de vie commune est infinie. Nos habitudes partagées à deux, vécues soudain seul, les bruits de cette présence constante soudain réduits au silence. Je n'ai jamais autant pleuré que pour un compagnon animal. Pourquoi ? Je ne saurais le dire. J'ai pourtant eu des deuils. Et les raisons de pleurer en regardant les informations sont nombreuses et graves.
Et pourtant je pleure mon animal comme je pleurais enfant, avec un coeur pur. Il n'y a pas de facheries avec un animal. On ne s'en veut pas pour des bêtises. Il n'y a pas de ressentiment. On s'aime tous deux inconditionnellement.

J'ai lu les dernières pages en pleurant, sans pouvoir me retenir. Il n'y a pas d'injonction à retenir ou cacher son chagrin pour son animal. Chaque fois que j'ai perdu un chat ou un chien, j'ai perdu un véritable ami. Les mots de Cédric Sapin-Defour m'ont touchée au coeur, se posant exactement sur ma peine. Mots qui, loin de jouer facilement sur une corde sensible, sont des bijoux d'amour ciselé. Dans sa peine apaisée, celle qui permet de sentir la présence de ceux qui nous ont quittés, l'auteur parvient à trouver cette image:
"L'enluminure, cet art d'orner les récits. D'un matériau moins clinquant que l'or, c'est cela que tu as fait et fais encore, par touches élégantes, tu embellis ma petite histoire. Notre vie commune mérite mieux que de lui trouver des mots qui font joli mais enlumineur te va si bien."

Il y a une grande justesse dans les mots qui peuplent ce récit. Parfois le style très poétique m'a pesé mais il a pris tout son sens et déployé toute sa finesse dans ces dernières pages qui touchent au coeur.

Et je garde au fond du mien ce magnifique passage: "Comment te dire… Si je ne le pouvais pas plus, je n'avais pas tout à fait fini de t'aimer".

#Sonodeuraprèslapluie #NetGalleyFrance
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Je ne suis pas particulièrement attirée par la gent canine mais le succès de Son odeur après la pluie m'a intriguée et c'est ainsi que j'ai suivi les treize années d'un bouvier bernois nommé Ubac.
On se demande comment garder son lecteur rien qu'en racontant sa vie en compagnie de son chien. Eh bien, Cédric Sapin-Defour réussit cet exploit et moi qui suis plutôt chat chat, j'ai dansé un pas de deux avec ces deux-là. Ubac est, sans conteste, le héros de ce livre, et peu lui en chaut. Ce qui l'intéresse, c'est d'être avec son maître, l'accompagner partout et lui donner sa tendresse sans arrière-pensée. L'auteur et heureux maitre d'Ubac va adapter sa vie à celle de son chien plutôt collant, n'hésitant pas, parfois, à l'emmener en cours avec lui. Il est professeur d'EPS, s'il avait enseigné les maths, s'aurait été une autre paire de manches.
Dès les premiers instants de l'adoption, un véritable amour nait entre le maitre et son chien, une complicité et un dialogue permanents.

« -Tu sais, de toute façon, quelqu'un t'aurait pris. Ce n‘est peut-être pas si mal que ce soit moi, non ? »
J'ignore pourquoi nous nous évertuons à parler aux chiens. Sans doute chacun de nous rêve-t-il en secret d'être le premier homme sur terre à qui le sien réponde. »

Cédric Sapin-Defour vit seul en osmose avec Ubac. Jusqu'au jour où il rencontre Mathilde. Sa rencontre avec Ubac est éloquente, ils vont désormais vivre à trois.

« Ils se donnent de la patte, de l'accolade et des petits hurlements. Puis ils courent beaucoup et bondissent longtemps sur un terrain de football tout proche. Ils s'en fichent de moi, c'est parfait. C'est leur rencontre. »

On traverse ainsi des moments merveilleux, de plus dramatiques lorsque la maladie s'invite, mais c'est toujours raconté avec simplicité et empathie. On envierait presque cette vie en montagne auprès de ses chiens. Car deux femelles viendront rejoindre la famille sans remettre en question la place prépondérante du premier arrivé qui se montrera fidèle protecteur et joyeux compagnon de jeu après de ces demoiselles.
Ce bonheur, hélas, à une fin tragique le jour où Ubac meurt de vieillesse. Et le deuil, long chemin plein d'épines, commence.

« « Et la suite, mon Ubac ? Je n'en sais rien mais je la pressens rude, extrême, pourquoi notre douleur se distinguerait-elle d e l'universelle ?
Il y aura le manque. Féroce, organique, comme des coups d'estoc dans le ventre. »

C'est d'une écriture élégante, subtile, que Cédric Sapin-Defour raconte avec sincérité et humour ce compagnonnage particulier et fort durant treize années et c'est magnifique.




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Ubac, c'est la partie nord de la montagne, versant à l'ombre en opposition à l'adret, partie ensoleillée côté sud. Ce n'est pas la seule assertion que nous communiquera ce livre. L'auteur possède en effet un style très riche qui se déploie en oscillant sur plusieurs expositions, et comme une vie entière, entre le chaud et le froid.
Cédric Sapin-Defour est un lettré qui possède un style très dynamique avec des phrases qui obligent et ravissent.
Son odeur après la pluie, est une histoire d'amour et c'est pourquoi à mon avis l'écriture revêt ce caractère unique. C'est une histoire qui nous dit l'ascendant d'un autre sur nous ; qui nous révèle l'apprentissage de notre élan vers lui en même temps que cet amour nous prédit sa finitude inéluctable, à moins de n'aimer plus. Ce qui m'émerveille dans ce récit et qui me conforte à la fois c'est le constat d'une vie dans une complète intensité dès lors que l'on s'éloigne des bips et des réseaux sociaux, et qu'avec cet autre on parcourt les chemins, le monde.
Mais qui est-il cet autre ?
C'est Ubac, Ubac le chien. Je ne m'étonne pas d'en compter de si nombreux, amis des hommes et fidèles compagnons. Aimants, ce sont eux qui nous ramènent vers l'altruisme et nous conduisent, en dehors et au dehors de nos enclaves, vers le contact et le réel, vers la découverte et la redécouverte de nos espaces, ici la mer, là la montagne, les campagnes et bien souvent, trop souvent, ce que nous avons désappris à voir. Ce fut un honneur pour moi d'avoir côtoyé ce bouvier bernois, un majestueux animal et les siens.
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Je n'avais pas été à ce point bouleversée par un récit depuis bien longtemps. Pourtant je n'ai pas de chien, mais un chat ! Cependant, dans ma famille il y a eu et il y a encore des chiens, et le lien à leur maître est fort, très fort. Comme dans ce récit.

Je ne connaissais pas l'auteur, qui nous fait partage l'histoire vécue avec son chien treize ans durant, depuis la rencontre jusqu'à la fin. Que c'est beau ! Que c'est fort, puissant, étonnant, et en même temps je ne suis pas surprise ! le lien à un chien peut être cet amour.

Son style racé n'est pas particulièrement fluide, il m'a fallu relire parfois des phrases, mais quel style ! Un style qui marque, qui envoûte, qui émeut aussi. Un style riche, corsé, qui surprend vraiment. Profusions de mots à l'inverse du commun, et d'images colorées, poétiques, vitales, créant en moi des émotions fortes… si fortes que j'étais en larmes à la fin, exsangue et comblée.
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Gros coup de coeur pour ce roman de Cédric Sapin-Defour que j'avais lu suite aux chroniques sur Babelio : merci notamment à Bookyccoky d'avoir dès sa sortie attiré mon attention sur ce « Son odeur après la pluie ».

Véritable succès en librairie, un succès de bouche à oreille comme on les apprécie, parce qu'un livre très touchant qu'on referme le coeur gros avec l'impression d'avoir passé du temps avec ... des amis.

Cédric Sapin Dufour renouvelle en effet très élégamment le thème d'un chien et de son maître, thème qu'il n'utilisera d'ailleurs pas du tout, pour décrire la relation exceptionnelle qu'il a eu avec un bouvier bernois baptisé Ubac. Il faut dire que nous sommes en Savoie, que l'auteur est « prof de gym » pour subvenir à ses besoins, alpiniste à ses heures de détente, et profond ami de la nature.

Mais avant sa « rencontre » avec Ubac il vit seul et pratique le sport pour les endomorphines qu'il provoque, jusqu'à ce fameux jour où, suite à une annonce qui a attirée son attention, il est choisi par une toute petite chose que lui présente la femme qui fait de l'élevage de chiens.

Qui n'est jamais allé ni à la SPA ni chez un éleveur ne peut comprendre tout à fait ce qu'il veut dire : j'ai vécu la même expérience et me suis totalement reconnue dans ce moment, où un chien (pour moi une chienne) vous attribue le qualificatif de maître en remettant son destin entre vos mains. Cela m'est arrivé personnellement, j'étais « par hasard » dans un refuge pour chiens, je n'avais pas l'intention du moins consciente d'en adopter un, mais cette chienne baptisée Cadix m'a « choisie » et il n'était plus question ensuite de repartir sans elle.

Pour notre auteur c'est une nouvelle vie qui commence, et il ne le sait pas encore. Très vite c'est une relation exceptionnelle qui se tisse entre les deux êtres.
Car Ubac lui-même est exceptionnel.

Ce n'est pas une peluche.
Pas une chose non plus. Qu'on transporte d'un endroit à un autre et à qui on met un petit manteau en cas de pluie.
Pas un petit d'homme à quatre pattes non plus. le chien est à sa place, meilleur ami de l'homme comme le dit la formule.

Et Cédric Sapin-Dufour réussit le tour de force de nous faire pénétrer dans cette relation comme si on y était. Avec son chien, l'auteur découvre le miracle de l'instant présent. Celui qui fait sentir tous les moments égaux, et dont il faut profiter. Qu'ils soient dans la nature (beaucoup), dans la maison, ou dans le van, la complicité entre ses deux êtres est remarquable.
Et oui, fait envie.

Et bientôt le cercle va s'agrandir. Il y a d'abord Mathilde, qui, comme une évidence, va entrer dans la vie de l'auteur plus d'Ubac. Car il serait impossible qu'elle ne participe pas à cette fête.
Et puis il y aura Cordée et Frison, en quelque sorte soeur et fille d'Ubac, un trio qui compose avec l'auteur et sa compagne une réelle famille.

Et c'est bien à une histoire d'amour qu'on assiste, parce qu'il faut le dire, c'est d'amour dont il s'agit, et qui se multiplie sans jamais que quelqu'un se trouve privé de quoi que ce soit.

Mais comme toutes les meilleures histoires ont une fin, il faudra bien qu'Ubac s'en aille un jour pour le paradis des chiens. Et je défie quiconque de lire ce passage bouleversant sans être soi-même bouleversé.
Je l'ai été, en tout cas, mais l'histoire ne s'arrête pas là : les pages consolantes que nous livre l'auteur en fin de récit sont tout simplement d'un grand réconfort. Elles témoignent de la puissance de la relation que l'auteur a eu avec Ubac, et de ce qu'il conservera de tout cela par-delà la mort.

Livre remarquable de sensibilité et de réceptivité à un autre être - qu'on range dans la catégorie animal -, sans jamais tomber dans la mièvrerie, Cédric Sapin-Dufour réhabilite la relation au meilleur ami de l'homme dans ce témoignage d'une grande authenticité.

Servi par une langue plaine d'élégance : le succès en librairie est décidément très réconfortant, pour indiquer qu'un bon livre finit toujours par émerger puisqu'il y aura toujours de bons lecteurs qui sauront les dénicher.
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Un titre et un bandeau qui vous accroche pour peu que vous soyez sensible à nos amis les chiens.
D'abord un titre Son odeur après la pluie qui sent bon le retour de balade avec son chien. L'odeur d'un temps de connivence, de dépense, de moments partagés .
Et puis la photo de profil d'un bouvier bernois. La tendresse,la délicatesse, la gentillesse.
Ce gentil bouvier bernois s'appelle Ubac. Il est né en 2003 et va partager la vie de Cédric puis de Mathilde et Cédric.
Partager la vie n'est pas le verbe juste. Ce sera plus que cela. Une osmose, une fusion entre l'homme l'animal.
Cédric Sapin-Defour nous entraîne dans tes torrents d'émotions d'humanité ou comment une relation avec un animal nous dit le vivant.
Bien évidemment ce livre touche au plus profond et nous invite sur les routes de la différence, de la tolérance, de la vie mais aussi de la séparation et de la mort.
L'auteur nous parle de tout cela avec délicatesse mais aussi avec force.
Ubac est une vie qui fait irruption et devient indispensable. Un lien essentiel entre l'homme et l'animal .
Un compagnonnage intense qui touche au coeur.
Jean Paul Dubois qui préface le livre de Cédric Sapin Dufour a obtenu le Prix Goncourt pour son roman :Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même facon .
C'est bien le cas de Cédric. Avec Ubac il habite le monde au plus près de son regard, au plus près du sol, de la nature et de cette relation partagée.
Ce livre nous touche car il parle d'un compagnonnage respectueux qui grandit les uns et les autres.
Pour toute personne ayant compagnonner avec un chien, ce livre est un baume apaisant qui nous rappelle tout ce que pous nous apporter une présence animale.
Plus que touché par cette histoire car elle emprunte quelques chemins que nous avons vécu avec notre chien Fjord.
Fjord était un berger australien avec lequel nous avons comme Ubac et Cédric marchés sur les chemins du Beaufortain.
Comme Ubac, Fjord a respiré le grand air du Beaufortain et s'est extasié de la vue allant du Mont- Blanc au Lac de Roselend.
Comme pour Ubac, nous avons du descendre Fjord à la clinique des Quatre vallées à Albertville.Pas pour des tiques mais pour un épilé.
Fjord nous a quitté il y a 3 ans.
En reprenant les termes de Cédric Sapin Defour, Fjord a du rejoindre Ubac d'arbres en âmes et que le plus de vous persiste.
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Une très belle écriture
pour le plus émouvant des hommages
à un amour de chien.
Si vous avez (eu) le bonheur de vivre
ce type de relation,
chaque mot va vous parler,
vous ricocher au coeur.
Une histoire qui vient de loin,
prend forme un jour, comme ça.
Une vraie Rencontre, la chance de se trouver
qui permettra à l'homme de se retrouver.
"Ce quadupède qui va l'aider à se tenir debout".
Avec ce gros chienchien la confiance absolue!
Un amour inconditionnel qui les "enluminent"
Splendeurs de cette passion ,
misères de ce deuil presque impossible
qui tient de l'amputation ..
Ces chiens qui vivent sept fois
plus vite et plus fort que nous....
Cette lecture m'a fait vibrer
me plongeant dans le passé avec Loden
me parlant aujourd'hui d'Ouchka..
Merci pour ce beau regard
sur ces relations particulières


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Est-il possible de parler de ce livre sans se mettre à raconter sa vie ? Pour Jean-Paul Dubois, c'est raté… Dans sa magnifique préface, l'écrivain toulousain dit tout le bien qu'il pense de ce livre mais, surtout, il parle de sa chienne. Il ne l'avait pas oubliée bien sûr : grâce à Cédric Sapin-Defour, il l'a revue.
« Son odeur après la pluie » est un journal de bord de la relation qui se forge entre le « maître » et « l'animal ». Un dominant et un dominé ? le schéma est trop simpliste… Apprentissage mutuel est un terme plus adapté. Difficile de ne pas être bouleversé par ce témoignage. L'auteur analyse cette tranche de vie pour lui, une existence pleine pour son chien, avec lucidité et intelligence. Alliant la précision du scientifique et la faconde du lettré, Cédric Sapin-Defour entraîne le lecteur sur un terrain glissant. Celui du souvenir. En l'occurrence, le souvenir s'appelle Cayenne, notre dernier chien. Né à Mafate, il fut arraché de son paradis par la roublardise de nos deux derniers enfants et la complicité d'une copine qui, de ce fait, devint la marraine de cette petite boule de poil. Cayenne avait déjà cette bonne humeur et ce sourire qui ferait passer la Joconde pour Elisabeth Borne. (Pour ceux qui considèrent qu'un chien ça ne sourit pas, votre lecture peut s'arrêter ici, la suite est encore plus agaçante…)
Cayenne était un Royal Bourbon. le métissage, à la Réunion, n'est pas une spécificité humaine. Les hasards de la reproduction confèrent aux canidés « péi » des variations qui empêchent d'utiliser les habituelles taxonomies de Canis familiaris. le chien réunionnais est à l'espèce canine ce que Dali est à la peinture : du surréalisme… Cayenne était un golden retriever bonsaï…
Cayenne fut le chien des enfants puis des petits-enfants. C'était tellement vrai que nous répondons depuis aux délicieux surnoms de Papy et Mamy Cayenne… Cayenne était aussi le chien du quartier, celui qui guidait les enfants vers l'arrêt de bus, d'abord les nôtres puis tous ceux de « Ravine Sèche ». Nous ne connaissions pas tous les voisins mais tout le monde savait situer la maison de Cayenne. Jeune, il ramena comme cadeau des dizaines de savates dérobées dans le voisinage où le pourcentage d'unijambistes semblait défier les lois de la statistique. Il nous fit aussi don de quelques poussins qu'ils ne croquaient pas mais que nous rendions plein de salive à une poule courroucée. Ce chien n'avait aucune éducation d'où une propension à faire des conneries proche du sublime. En cela, il semblait valider les griefs des opposants à la pédagogie positive.
Cayenne était un randonneur infatigable doublé d'un insatiable goinfre, existerait-il des transferts génétiques entre espèces lorsqu'elles partagent le même toit ?
Cayenne comptait des dizaines d'amis, humains, canins et même félins… Si les chiens participaient à des élections, lui, l'anar dans l'âme, aurait sans nul doute accumulé les mandats. Il faisait mentir l'adage selon lequel « les chiens sont comme les enfants et les pets, il n'y a que les siens que l'on supporte ». Par contre, il donnait raison à Desproges quand il disait « qu'il y avait plus d'humanité dans l'oeil d'un chien qui remue la queue, que dans la queue de le Pen quand il remue son oeil ».
Cayenne aura connu la métropole, la neige, l'eau fraîche, courir après les lièvres plutôt qu'après les tangues, les siestes devant le feu de bois. Il était déjà vieux mais le climat clément du Languedoc lui permit de prolonger son séjour parmi nous…
Le 13 août 2022, il a rejoint le OuahValhalla des chiens, la seule fois où il nous a fait du Thor.
En lisant « Son odeur après la pluie », en imaginant Ubac qui a sa place au panthéon des illustres Rintintin, Belle, Milou, Rantanplan, Didier et tant d'autres, j'ai revécu notre histoire à Cayenne et nous, les bons et les moins bons moments. J'ai souri aux réflexions communes. Mes appréciations parfois divergentes du statut du chien dans une famille ou dans la société, n'ont en rien gâché ce plaisir de lecture parfois drôle souvent poignant. J'ai pensé à celles et ceux qui ont connu Cayenne, l'ont parfois hébergé, celles et ceux qui n'ont manifesté aucune gêne à la mention de notre tristesse, toutes celles et ceux qui ont en commun cet amour des clébards, toutes celles et ceux qui se régaleraient à lire « Son odeur après la pluie »… Sandrines, Gaëtan, Hugo, Laurette, le Claude, Martine, Domien, Christiane, Jeff, Françoise, le Dumazérien, Sully et puis bien sûr Marraine Maryvonne.
Est-il possible de parler de ce livre sans se mettre à raconter sa vie ? Pour moi, Caramba encore raté !
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