Citations sur Pour un oui ou pour un non (11)
H.1 : Étaler, moi ? Qu'est-ce que j'étale ? Est-ce que je me suis jamais vanté de quoi que ce soit ?
H.2 : Te vanter, oh non... quelle balourdise... ça c'était bon pour moi, c'est moi qui suis allé me vanter. Je suis un gros balourd auprès de toi.
H.1 : J'en suis flatté. Je croyais que pour ce qui était des subtilités...
H.2 : Mais voyons, tu es bien plus subtil que moi.
H.1 : Ah comment ? Comment plus subtil ? Comment, dis-moi...
H.2 : Eh bien justement quand tu présentes tes étalages. Les plus raffinés qui soient. Ce qui est parfait, c'est que ça n'a jamais l'air d'être là pour qu'on le regarde. C'est quelque chose qui se trouve être là, tout naturellement. Ça existe, c'est tout. Comme un lac. Comme une montagne. Ça s'impose avec la même évidence.
H.1 : Quoi ça ? Assez de métaphores. Qu'est-ce qui s'impose ?
H.2 : Le Bonheur. Oui. Les bonheurs. Et quels bonheurs ! Les plus appréciés. Les mieux cotés. Les bonheurs que tous les pauvres bougres contemplent, le nez collé aux vitrines.
H.1 : Qu'est-ce qui est plus fort ? Pourquoi ne veux-tu pas le dire ? Il y a donc eu quelque chose...
H.2 : Non... vraiment rien... Rien qu'on puisse dire...
H.1 : Essaie quand même...
H.2: Oh non... je ne veux pas...
H.1 : Pourquoi ? Dis-moi pourquoi ?
H.2 : Non, ne me force pas...
H.1 : C'est donc si terrible ?
H.2 : Non, pas terrible... ce n'est pas ça...
H.1 : Mais qu'est-ce que c'est, alors ?
H.2 : C'est... c'est plutôt que ce n'est rien... ce qui s'appelle rien... ce qu'on appelle ainsi... en parler seulement, évoquer ça... ça peut vous entraîner... de quoi on aurait l'air ? Personne, du reste... personne ne l'ose... on n'en entend jamais parler...
H. 2 : Alors, si tu veux bien, servons-nous de ce mot...
H. 1 : Quel mot ?
H. 2 : Le mot "condescendant". Admets, je t'en prie, même si tu ne le crois pas, que ça y était, oui... la condescendance. Je n'avais pas pensé à ce mot. Je ne les trouve jamais quand il le faut... mais maintenant que je l'ai, permets-moi... je vais recommencer.
H1 : Maintenant ça me revient : ça doit se savoir... Je l'avais déjà entendu dire. On m'avait dit de toi : "Vous savez, c'est quelqu'un dont il faut se méfier. Il paraît très amical, affectueux... et puis, paf! pour un oui ou pour un non... on ne le revoit plus". J'étais indigné, j'ai essayé de te défendre... Et voilà que même avec moi... si on me l'avait prédit... vraiment, c'est le cas de le dire : pour un oui ou pour un non...
H.2. - Eh bien, c'est juste des mots…
H.2. - Des mots ? Entre nous ? Ne me dis pas qu'on a eu des mots… ce n'est pas possible… et je m'en serais souvenu…
H.1. - Non, pas des mots comme ça… d'autres mots… pas ceux dont on dit qu'on les a "eus"... Des mots qu'on n'a pas "eus", justement...
H.1 : Maintenant ça me revient : ça doit se savoir...Je l'avais déjà entendu dire. On m'avait dit de toi :《 Vous savez, c'est quelqu'un dont il faut se méfier. Il paraît très amical, affectueux...et puis, paf ! Pour un oui ou pour un non...on ne le revoit plus.》J'étais indigné, j'ai essayé de te défendre... Et voilà que même avec moi...
Si on me l'avait prédit...vraiment, c'est le cas de le dire : pour un oui ou pour un non...parce que j'ai dit : 《c'est bien, ça 》...oh pardon, je ne l'ai pas prononcé comme il fallait : 《 C'est biiiien...ça...》
- Et même qu'ils y prennent garde... qu'ils fassent très attention. On sait quelles peines encourent ceux qui ont l'outrecuidance de se permettre ainsi, sans raison... Ils seront signalés... on ne s'en approchera qu'avec prudence, avec la plus extrême méfiance... Chacun saura de quoi ils sont capables, de quoi ils peuvent se rendre coupables : ils peuvent rompre pour un oui ou pour un non.
- Pour un oui... ou pour un non ?
H. 1 : Oui, je vois.
Un silence
À quoi bon s'acharner ?
H. 2 : Ce serait tellement plus sain...
H. 1 : Pour chacun de nous... plus salutaire...
H. 2 : La meilleure solution...
H. 1 : Mais tu sais bien comment nous sommes. Même toi tu, n'as pas osé le prendre sur toi
H. 2 : Non. J'ai besoin qu'on m'autorise.
H. 1 : Et moi donc, tu me connais...
Un silence
p. 49
H.2. : Alors rien qui s'appelle le bonheur. Personne n'est là pour regarder, pour donner un nom... On est ailleurs... en dehors... loin de tout ça ... on ne sait pas où l'on est, mais en tout cas on n'est pas sur vos listes... Et c'est ce que vous ne supportez pas...
H2: Mais justement, ce n'est rien... Et c'est à cause de ce rien...
H1: Ah on y arrive... C'est à cause de ce rien que tu t'es éloigné? Que tu as voulu rompre avec moi?
H1 satisfait de trouver une explication, même incomplète.
H2, soupire: Oui... c'est à cause de ça... Tu ne comprendras jamais... Personne, du reste, ne pourra comprendre... !
H1, est en attente, veut comprendre