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EAN : 9782366246841
Cambourakis (07/09/2022)
4.13/5   43 notes
Résumé :
En 2037, ce qu’il reste de nos écosystèmes naturels est tant bien que mal conservé dans d’immenses parcs. Zoa, étudiante en biologie, réussit à faire un stage dans l’une de ces réserves et s’aperçoit que ce modèle est loin d’être parfait. Au mépris des règles, elle va s’aventurer toujours plus loin dans le parc et croiser la route de bonnes fées, cinq femmes scientifiques aussi inspirantes qu’attachantes, grâce à qui elle comprend peu à peu que notre rapport au viva... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Avant-propos

Je poursuis mes lectures tournées sur la nature, l'écologie et le féminisme avec, cette fois, une bande dessinée ! Il s'agit des Fées scientifiques de Zoé Sauvage, parue aux Éditions Cambourakis. Son décor dystopique avec un accent New Age est propice à vulgariser la science comme à redéfinir le terme d'écoféminisme. de nombreuses réflexions ponctuent le parcours de Zoa, que nous suivons, en une véritable quête initiatique. Sans oublier l'importance des personnages qui l'entourent, notamment les fées scientifiques comme Jane Goodall. Zoé dépeint le spécisme de notre société, le véritable fléau écologique, redéfinit le féminisme, pour un lien avec le vivant à recréer.
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Mon retour

Nous sommes en 2037. Pour préserver la nature, Steve Work a eu l'idée de créer des méga-parcs, des écosystèmes que nul être humain ne foulerait et dont la croissance et la prolifération seraient contrôlées par des drones et courbes de statistiques. Car la nature se meurt, les humains vivent dans des villes plus polluées que jamais, où les rares contacts qu'ils peuvent posséder avec la nature se limitent à des séances de Réalité Virtuelle, à de pauvres plantes en pot dans leur appartement ou aux vitrines proposant des décors ou articles aux imprimés tropicaux. Les immeubles s'érigent, et dedans, de petits box définissent l'espace de travail des individus qui bossent sur ordinateur, le dos tourné à l'extérieur.

Dans les rues grises, la pollution se balade en brouillard, asphyxiant les malheureux oiseaux perdus. Les gens sortent en masque, font la queue aux enseignes de Réalité Virtuelle, tentent de se souvenir de l'apparence de la nature sauvage en contemplant des vitrines de vêtements imprimés. Zoa, étudiante en biologie, se moque des premiers, car elle, elle agit pour la préservation de la faune et de la flore. D'ailleurs, son travail acharné a porté ses fruits puisqu'elle a été sélectionnée pour être stagiaire à Écotopia, écosystème créé par Steve Work !
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Zoa ambitionne de devenir l'une des plus grandes scientifiques du XXIème siècle, forte de sa passion et de son travail acharné. Malgré cela, ses failles l'accablent : elle est en compétition avec un autre étudiant prétendant au stage à Écotopia, et elle se sent vulnérable dans son corps de femme et ce malgré sa force de caractère bâti sur le féminisme. Compétition, crises d'angoisse, malaise dans sa peau, syndrome de l'imposteur se mêlent au portrait de Zoa, au demeurant jeune femme brillante, qui croit au projet Écotopia.

Les premiers pas de Zoa dans l'écosystème Écotopia, plus précisément dans « la ruche », car il est interdit aux hommes de s'aventurer dans la forêt, la ravissent. Elle découvre in situ les règles établies pour préserver la nature. Mais là aussi la compétition est de mise : il y a plusieurs stagiaires pour une seule bourse d'étude à Écotopia. Les habitudes de Zoa reprennent donc le pas : se méfier des autres et travailler sans distraction. Seulement voilà, sa rencontre avec Jane Goodall, éthologue, qui va dans la réserve des chimpanzés, sa famille, sans équipement de protection – une hippie New Age dont tout le monde se moque – va être le premier contact qui va transformer la vie de l'étudiante.
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En suivant Jane Goodall, Zoa va se rendre pour la première fois dans la forêt. La règle n°1 « aucun impact/contact avec la nature » trouve ses limites avec l'enseignement de Jane. Un accident survient, laissant Zoa seule dans la forêt sauvage. C'est alors que s'opère les prémisses du changement chez la jeune femme. Au contact de la nature, elle retire sa combinaison. Et c'est le début de la réconciliation avec son corps, mais aussi d'une évolution radicale dans sa façon d'appréhender ce qui l'entoure. Sur sa route, après Jane Goodall, elle va croiser d'autres fées scientifiques : la pionnière de la bioacoustique végétale, une chercheuse autiste qui « voit avec les yeux d'une vache », une microbiologiste, une éminente scientifique cytogénéticienne, des noms oubliés qui font pourtant date.

Toutes ces fées scientifiques, qui sont bien entendu « non autorisées » dans l'écosystème Écotopia (mise à part Jane), exposent leurs recherches et les résultats, des animaux aux plantes, en passant par l'intérieur des cellules qui composent le vivant. Décriées car bouleversant des concepts établis, leurs recherches se sont par la suite révélées pionnières dans plusieurs domaines ; de quoi mieux comprendre le vivant. Pour les profanes, il y a des gros mots ci-dessus, comme cytogénéticienne, mais je vous rassure : Zoé Sauvage vulgarise la science. Aussi, les passages plus poussés sont accessibles et enrichissent merveilleusement le propos de l'autrice.
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Comment protéger la nature ? En nous coupant complètement d'elle, à l'instar du projet de Steve Work ? Ou plutôt en nous remettant à son niveau : en nous imprégnant d'elle pour la comprendre et renouer avec la symbiose première qui nous lie à elle ? Zoé Sauvage propose un monde légèrement dystopique, et qui pourtant paraît si réel, un monde où finalement l'égo de l'homme gouverne tout. Des solutions à nos échelles quotidiennes existent, comme l'illustre Les fées scientifiques, ce n'est pas dans le contrôle ni dans le spécisme que les réponses se trouvent.

À l'heure d'aujourd'hui, alors que cela fait plusieurs décennies que des scientifiques sonnent l'effondrement écologique, les recherches se poursuivent dans les hautes technologies (les voitures électriques dont la fabrication des batteries est énormément énergivore et cause une importante pollution minière, la course à la robotisation…) : l'avancée pour l'avancée, sous le joug du capitalisme… Il y a du bénéfique, oui, mais d'autres solutions plus écologiques existent, mais sont écartées. L'égo humain dérive, les yeux fermés aux petits confluents qui conduisent pourtant au même océan. Zoa dérive elle-aussi, sur la rivière au sein d'Écotopia, mais elle s'arrête, sort sur la berge pour découvrir d'autres chemins. Et c'est là que ce sont font les rencontres et les véritables sources de réflexion.

La création de parcs naturels géants comme Écotopia, outre son côté extrême qui part d'un bon principe, m'a fait penser au concept de Jurassic Park, dans le sens où pour pallier à la pollution, des scientifiques souhaiteraient aujourd'hui ressusciter les mammouths. Ou comment le complexe de Dieu découle de l'égo humain… de la science-fiction ? n'oubliez pas que certains éléments de romans de science-fiction ont vu le jour, et nous les utilisons tous les jours.
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Pour protéger la nature, il faut la préserver, la réhabiliter, dans notre quotidien. Entretenir un jardin, s'initier à la permaculture etc ; le but étant d'encourager la biodiversité. Ce que faisaient déjà les Amérindiens avec le « trio des trois soeurs » : un mélange de maïs, de haricots et de courges, une culture en symbiose. Aussi Les fées scientifiques appelle à la sensibilisation envers la faune et la flore, car c'est source d'émerveillement et d'apprentissages.

Pour enrichir la relation au vivant, Zoa va faire une expérience chamanique. Elle qui était en train d'évoluer, de dépasser certaines croyances et concepts acquis grâce au contact de la forêt et de ses rencontres avec les fées scientifiques, elle élargit davantage encore sa dimension. Zoa était scindée, entre sa féminité et sa carrière, et son égo la poussait dans des retranchements toxiques qui donnaient naissance à ses crises d'angoisse. Plus elle avançait dans la forêt d'Écotopia, comme dans ses nouvelles réflexions qui allaient au-delà de ses mécanismes, plus elle s'incarnait. le modèle de parcs naturels géants de Steve Work s'est peu à peu effrité sous ses yeux, pour que des solutions alternatives et respectueuses dans le but de préserver la nature se révèlent. Même Steve Work se remet en question et trouve sa voie ; après tout, il partait d'une bonne volonté, mais s'est laissé dévorer par les concepts de l'égo.
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Zoa est un personnage qui évolue énormément au cours du récit. Bosseuse et solitaire dans un monde scientifique sexiste, ses failles n'en ressortent que davantage, donnant lieu à des crises d'angoisse. Au fur et à mesure qu'elle avance, elle se rend compte que sa version du féminisme est erronée, directement induite par le patriarcat. Pour elle, être féminine, c'était être forte, endurcie, ne compter que sur elle-même. Tisser des liens avec les fées scientifiques lui montre qu'elle est seule, qu'elle n'accepte pas son corps, qu'être forte ne signifie pas enterrer ses émotions, sa sensibilité. Elle repoussait tout le monde pour naviguer sur sa route tracée : se retrouver dans la forêt va lui permettre d'emprunter les petits sentiers.

Certains passages clef, riches en symbolisme, sont tout simplement magnifiques : lorsque Zoa accepte son corps dans la rivière, l'expérience chamanique (avec le démembrement que j'ai évoqué dans ma chronique à propos de la trilogie Shaman de Tigran), les métamorphoses en animal ou végétal, la mise en images des découvertes des fées scientifiques… Un conte initiatique au trait original coloré aux crayons de couleur qui retranscrit à merveille les résonances entre l'humain, l'animal et le végétal.
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En bref : Les fées scientifiques est un véritable conte initiatique, un retour à la nature réflexif, entre dystopie, vulgarisation scientifique, portraits de femmes scientifiques pionnières, écologie, féminisme, écoféminisme, sororité, chamanisme, rapport à la nature et aux animaux. le trait original aux crayons de couleur de Zoé Sauvage retranscrit à merveille les résonances entre l'humain, l'animal et le végétal. Une bande-dessinée à mettre entre toutes les mains, pour son propos passionnant, ses réflexions bienvenues.

Zoa évolue au fur et à mesure du récit, elle dépasse certaines croyances et concepts acquis grâce au contact de la forêt et de ses rencontres avec les fées scientifiques, élargissant davantage sa dimension.
Lien : http://maude-elyther.over-bl..
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Ce roman graphique de Zoé SAUVAGE présente un récit imaginaire situé en 2037.
Zoa, une jeune scientifique, aspire à rejoindre le centre de recherches d'Ecotopia, une sorte de réserve pour les espèces vivantes, isolées de tout, y compris des humains, afin de les protéger. Alors qu'elle est retenue dans ce centre pour un stage d'éligibilité, elle se perd malgré elle en pleine nature protégée et croise la route, réelle ou fantasmée, de femmes d'exception. Ces chercheuses célèbres et bonnes fées, ont révolutionné leurs disciplines et entraînent Zoa sur une voie plus hasardeuse que sa carrière rêvée.
J'ai été très déroutée par cette BD : la mise en page est touffue, les cases sont collées les unes aux autres, le graphisme semble grossier, les traits des personnages rapidement esquissés et les couleurs délirantes au crayon se déploient sur les pages, du dessin en petit format à la double page sans contour. La narration est complexe, naviguant entre la situation de l'héroïne, la description de la nature luxuriante, ses rencontres improbables et le propos scientifique confus, rythmé par des considérations féministes que je n'ai pas toutes comprises.
Je me suis rapidement perdue dans les concepts inhérents aux grands courants de la science défendus par ces "fées" qui n'ont pas réussi à m'embarquer.
Ce volume dense reste étonnant et foisonnant mais je suis passée à côté.
Roman graphique découvert dans la sélection du Prix de la Bulle des lecteurs 2025, initié par la médiathèque départementale de la Charente.
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Une aventure écologique qui questionne. La technologie et les statistiques peuvent elles sauver la nature ? Faut-il conserver la nature sous des chapes de verre sans contact avec le reste, reste livré à l'exploitation et à la pollution ? Quel équilibre entre une protection interventionniste ou un laisser vivre ? L'humain/e sans nature est-ielle encore humain ?

L'autrice nous fait également découvrir, à travers les aventures de Zoa, de grandes femmes scientifiques ayant contribué ou contribuant à la préservation de la nature de par leur travaux.

J'ai énormément aimé suivre Zoa et son évolution, ses questions sur l'écoféminisme et ses limites. le styles de dessins est plutôt original je trouve, ça change un peu, c'est très coloré et cela mets bien en valeur les propos.
Une BD très dans l'air du temps, qui fait réfléchir tout en divertissant, c'est tout ce que j'aime
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Anticipation, science, écologie et féminisme sont au programme de cet épais roman graphique !
Nous sommes en 2037. Pour préserver la nature, de grands parcs ont vu le jour, dont Ecotopia, où Zoa, brillante étudiante en biologie, part faire un stage. Là-bas, hors de question d'être en contact direct avec la végétation, les animaux ou les insectes : pour la protéger, les humains•es doivent revêtir des combinaisons, utiliser des drones et autres technologies très puissantes pour réguler la présence d'indésirables qui nuiraient à la bonne préservation des écosystèmes.
Peu à peu, elle va prendre conscience que les méthodes de protection de l'environnement mises en oeuvre au sein du parc ne sont peut-être pas si parfaites qu'elles n'en ont l'air…

Si le discours peut parfois être un peu complexe à comprendre pour un•e lecteur•rice qui aurait arrêté la biologie en terminale (comme moi !), cette BD propose une véritable immersion dans les sciences de l'environnement jusqu'à ses dernières pages !
Je me suis à la fois perdue et retrouvée dans les mots de l'autrice, qui nous met en garde sur notre tendance à nous déconnecter de nos sensations corporelles et de notre instinct, et à enfouir notre désir de communion avec la nature. Elle avance que la protection de l'environnement ne pourra se faire sans nous, puisque nous en faisons partie. Mais attention : nous ne sommes ni plus, ni moins importants•es que les autres composantes environnementales.
J'ai aussi vu dans ce roman graphique un appel à un approfondissement de la méthode scientifique vers des modes de recherche moins conventionnels, mais tout aussi intéressants à exploiter.
Enfin, Les fées scientifiques rend hommage à cinq femmes scientifiques ayant fait avancer la recherche, mais pas forcément récompensées à leur juste valeur.

Une BD foisonnante, à lire et à relire pour bien en saisir tous les enjeux.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Une très belle surprise. J'en avais entendu parler sur les réseaux sociaux, et avais eu envie de découvrir cette pépite, sans savoir vraiment à quoi m'attendre, n'ayant pas feuilleté l'ouvrage avant de le recevoir.
Un peu déstabilisée par le trait graphique de l'autrice, j'ai cependant très vite adhéré à l'histoire de part sa thématique (écologie, féminisme). J'ai eu beaucoup de mal à m'arrêter avant la fin, tant l'intrigue est passionnante, mais aussi parce que c'était vraiment enrichissant de découvrir ces 5 fées scientifiques, que je ne connaissais malheureusement pas pour la plupart d'entre elles.
Bref, je recommande vivement ce livre, dès 15-16 ans, et remercie Maud Benezit pour cette découverte !

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Videos de Zoé Sauvage (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Zoé Sauvage
En 2037, ce qui reste de la nature de notre planète a été mis sous cloche dans d'immenses réserves. Privés de tout contact avec l'extérieur, les écosystèmes sont préservés et étudiés. Une seule règle, aucun être humain n'est autorisé à y mettre les pieds. Zoa, jeune scientifique fraîchement recrutée va franchir la ligne rouge et découvrir un monde plus dangereux qu'il n'y paraît. Heureusement, sa route va croiser celle de cinq femmes scientifiques, toutes plus inspirantes les unes que les autres. Dans ce feu d'artifice de couleurs et de décors fantastiques, Zoé Sauvage nous livre un récit féministe plein d'empathie.
Retrouvez sur notre webmagazine Balises l'article en lien avec la rencontre : https://balises.bpi.fr/zoe-sauvage/
Suivre la bibliothèque : SITE http://www.bpi.fr/bpi BALISES http://balises.bpi.fr FACEBOOK https://www.facebook.com/bpi.pompidou TWITTER https://twitter.com/bpi_pompidou
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