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4,01

sur 4198 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Et voilà… ce soir je viens de tourner la dernière page du livre le liseur. Je ne sais pas si vous avez un pincement, parfois, vous aussi, lorsque cette fichue dernière page est finalement tournée ? Et bien là, c'est le cas.
Le liseur, c'est l'histoire d'un homme, Michaël, qui, toute sa vie, sera obnubilé par la première femme dont il est tombé amoureux, alors qu'il n'avait que 15 ans : Hanna.
Rapidement, elle réclame qu'il lui lise des livres, après, voire avant leurs ébats. Elle est passionnée par ses lectures, qu'elle écoute avec avidité.
Et puis un jour, sans la moindre explication, Hanna disparaît.
Il la retrouvera des années plus tard, alors qu'il est étudiant en droit, lors d'un procès sur des gardiennes de camps de concentration.
Hanna est l'une des accusées.
Imaginez... vous découvrez que celle que vous avez adulée, a pris part à ce qui vous fait le plus horreur dans l'histoire de votre pays.
C'est un terrible choc. Et c'est d'autant plus culpabilisant pour Michaël qu'il n'arrive pas à tourner la page, à ne plus penser à Hanna. Elle est en lui.
L'auteur nous guide dans les méandres des pensés du narrateur et on suit ses questionnements sans violences, sans heurts… mais hélas sans réponse non plus…
Comme lui, on est sous le charme d'Hanna, on préfèrerait tellement la haïr, mais non, elle nous touche malgré nous…
Il est question d'analphabétisme également dans ce livre, et des engrenages qu'un tel manque peut générer (et ce point me touche également beaucoup).
Je conseille évidemment ce roman.
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"Le liseur" n'est pas exactement un livre sur la deuxième guerre mondiale du côté allemand, mais plus une réflexion sur la justice, la culpabilité et la difficulté d'une réparation. C'est aussi le récit d'une singulière initiation amoureuse, et des répercussions de ce premier amour sur la vie entière de Michaël, le narrateur de cette histoire.

Les atrocités de la guerre servent d'amplificateur à Bernhard Schlink pour montrer, à travers l'histoire d'Hanna, que privilégier un accommodement personnel au détriment de l'intérêt collectif peut avoir des conséquences désastreuses pour les autres, comme pour soi-même. Pour ne pas dévoiler un secret dont elle a honte, Hanna fera des choix qui l'amèneront non seulement à participer aux crimes nazis en tant que surveillante d'un camp de concentration, mais aussi, plus tard, lors de son procès, à être condamnée bien plus lourdement que ses coaccusées.

Au camp, Hanna entretenait des relations avec certaines détenues qui devenaient temporairement ses "protégées", selon un rituel précis qui comprenait notamment des séances de lecture. Ce schéma n'est pas sans rappeler l'éprouvant film "Portier de nuit", dans la fascination qu'exerce le surveillant du camp sur la jeune déportée. Une emprise qu'Hanna reproduira d'une certaine façon pendant l'après-guerre, par les rituels de sa relation avec le jeune Michaël, alors âgé de quinze ans, qui ignore tout de son passé.

Michaël sera à jamais marqué par Hanna. Pendant ses études, il assistera, passif, à son procès ; ce n'est que plus tard qu'il cherchera à la comprendre. le souvenir obsédant de son premier amour le poussera ainsi à reprendre contact avec Hanna en prison, pour entreprendre, à sa manière, un multiple et délicat travail de réparation.

Ce récit juste et distancié, sans effet ostentatoire, m'a considérablement émue. Une émotion retrouvée dans la fidèle adaptation cinématographique avec Ralph Fiennes dans le rôle de Michaël adulte, et Kate Winslet dans celui d'Hanna.
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Voila un ouvrage surprenant .
Quand on découvre la quatrième de couverture , on se dis que l'intrigue est vendue et que la lecture va être un peu banale .
Et l'on à tort .
En trés peu de pages l'auteur met en place une tension palpable , qui tient le lecteur en haleine .
Le récit est court mais intense , et les questions soulevées sont importantes .
Je ne suis point favorable aux spoilers , je dirais juste qu'il faut aller plus loin que ce résumé , car on à ici un livre fort , intelligent, audacieux , avec des personnages très biens croqués , une thématique puissante .
Pour ces raisons là et d'autres aussi , ce livre mérite largement le détour .
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Au premier abord, un livre discret et sans prétention : l'auteur nous conte une histoire d'amour, dans l'Allemagne post nazie, entre un adolescent et une femme de 20 ans son aînée. Après quelques mois d'une relation passionnée et parfois violente, Hanna disparaît. Pourquoi ? Petits mystères et grand secret que Michael découvrira des années plus tard lors d'un procès pour crimes contre l'humanité. La complexité du roman qui transperçait pourtant depuis le début apparaît alors dans toutes sa dimension. L'auteur nous amène à travers Michael à réfléchir sur la responsabilité, le jugement ou l'indifférence face aux atrocités dont sont capables les hommes (donc nous ?) sans y apporter de réponse . Ce roman ne nous poserait t'il pas les mêmes questions que « Les Bienveillantes » livre ardu et controversé de J. Littel ? En cela, je le dirais ambigu (voire manipulateur ?) et l'on n'en guérit pas tout de suite. Mais à lire absolument ; de toute façon, une fois que l'on comprend, il est trop tard, on ne peut plus le lâcher.
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Garçon ou comment Michaël garda Hanna dans la peau toute sa vie.
L'histoire n'aurait jamais dû commencer pour ce Garçon de 15 ans, malade, qui découvre sa voisine et par la même découvre la Femme et ses 1ers émois amoureux et sexuels. Il a 15 ans, elle 35, mais elle va faire de lui un homme mais d'abord elle l'infantilisera comme une mère à son enfant puis verra en lui un homme, un amant. Un amant avec qui le rituel sera toujours le même lecture, bain, plaisirs charnels. Michaël devra faire la lecture à Hanna sinon rien ne se passa. Rituels et sautes d'humeurs Michaël se détourne d'Hanna pour vivre sa vie d'adolescent puis un jour il retourne à son appartement et elle est partie, on ne sait où sans un mot. Ce n'est que 8 ans plus tard par le plus grand des hasard que Michael reverra Hanna dans un tribunal où elle sera jugée avec d'autres femmes pour crime de guerre. Que sait-on sur Hanna? Pas grand chose au final. si ce n'est son secret que nous découvrirons dans ce roman, la honte d'être différente. Une différence qui handicape. Michaël n'oublie pas Hanna, a honte d'elle et de ce qu'ils ont vécu mais la comprend sans l'excuser. Hanna son 1er amour, celui que l'on n'oublie jamais.
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Michaël Berg a quinze ans quand il devient l'amant d'Hannah, une femme de trente-cinq ans. Grâce à cette liaison, il grandit plus vite que ses camarades, mais un jour, elle disparaît.

Des années plus tard, alors qu'il étudie le droit, il assiste à un procès où il retrouve Hannah au banc des accusés. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a été gardienne dans un camp de concentration.

L'histoire d'amour est fascinante puisqu'elle perdure malgré ce que Michaël apprend des actes d'Hannah. Tout au long du livre, Michaël alterne entre plusieurs interprétations, même s'il est suffisamment intelligent pour comprendre que la plus favorable des interprétations n'excuse rien. J'ai surtout été frappée par les interrogations du narrateur. Il fait partie de la génération qui a grandi après la guerre, de cette génération née de parents qui avaient soit participé aux atrocités soit les avaient ignorées.

La question qui m'a la plus marquée est néanmoins celle posée par Hannah elle-même au juge : « qu'aurais-je dû faire ? ». La non-réponse du juge est encore plus fascinante, comme si le juge aurait pu se trouver à la place d'Hannah, incapables tous les deux de comprendre ce qui s'était joué dans leur pays.

Le dénouement du livre m'a pourtant déçue, j'ai eu l'impression que l'auteur cherchait à échapper à la difficulté, à mettre un point final, là où il n'y aurait pas dû y en avoir, du moins pas tout de suite.

Lien : https://dequoilire.com/le-li..
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À quinze ans, Michaël rencontre Hanna Schmitz qui en a trente-cinq. Il devient son amant, son « Garçon ». Entre eux s'instaure rapidement un rituel amoureux très précis : « Lecture, douche, faire l'amour et rester encore un moment étendus ensemble, tel était le rituel de nos rendez-vous. C'était une auditrice attentive. » (p. 54) Hanna aime qu'on lui fasse la lecture. Ce qui semble un simple agrément dissimule en réalité un secret. Hanna disparaît un jour, sans prévenir. Pour le jeune homme, le choc est terrible. « Je m'étais certes détourné du souvenir d'Hanna, mais sans le surmonter. » (p. 100) Des années plus tard, Michaël, étudiant en droit, la retrouve. « J'ai revu Hanna en cours d'assises. » (p. 102) Hanna est accusée avec quatre autres femmes de la mort de prisonnières pendant la seconde guerre mondiale. Au cours du procès, Hanna reconnaît les faits, mais se défend maladroitement. Elle demande la justice et la justesse, mais son attitude et ses propos jouent sans cesse en sa défaveur. Michaël perce alors le secret d'Hanna à jour. Alors que la révélation pourrait aider l'accusée, Michaël choisit de se taire pour préserver l'orgueil blessé d'une femme déterminée et courageuse.

Le procès de ces cinq surveillantes de camp est le procès d'une génération qui n'a pas empêché les crimes. Hanna pose sincèrement au juge la question de la responsabilité, mais la réponse de celui-ci est sans valeur pour Hanna. « Elle aurait voulu savoir ce que, dans sa situation, elle aurait dû faire, et non s'entendre dire qu'il y a des choses qu'on ne fait pas. » (p. 128)

La lecture orale, dont on entend beaucoup parler, ne se fait jamais entendre dans le roman. L'oralité, la formulation et l'écoute sont des sujets centraux, mais aucun texte ne se fait jamais entendre pour lui-même au cours du récit. Cette absence fait écho au secret d'Hanna : on est toujours face à des textes empêchés, à des lectures entravées.

Le personnage d'Hanna est remarquablement écrit : cette femme est difficile à saisir jusqu'à la révélation de son secret. Tout s'éclaire ensuite et les contours se précisent. le narrateur s'adresse à nous, son récit est une barrière contre l'oubli, mais aussi le portrait d'un jeune Allemand dans un pays qui ne cesse d'interroger son passé et de compter ses coupables et ses victimes.

Je m'attendais à un texte plus dense voire plus étouffant, mais Bernhard Schlink est étonnant de subtilité et de délicatesse. Les ressorts dramatiques sont présents, mais ils ne grincent pas. L'émotion se dégage sans nuire à la réflexion qui, elle-même, n'est pas pesante ni vaine. L'auteur ne prétend pas réécrire L Histoire, ni absoudre certains crimes ou coupables : il met un visage sur une barbarie très humaine.

Le film de Stephen Daldry avec Kate Winslet et Ralph Fiennes m'avait beaucoup touchée. J'avais particulièrement aimé les scènes où le jeune Michaël fait la lecture à Hanna. Kate Winslet est étonnante de justesse dans ce rôle. Quant à Ralph Fiennes... encore un coup de maître pour le bel acteur, tout en retenue et en puissance contenue.

Les couleurs de ce film m'avaient particulièrement bouleversées, entre sépia, gris et brun. Très peu de couleurs vives et donc une atmosphère légèrement brumeuse. La représentation des camps est pudique et sans pathos.

Le film est très fidèle au livre. Un coup double réussi !
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Retour de lecture sur "Le liseur" de Bernhard Schlink publié en 1995. Ce livre raconte l'histoire de Michael Berg, le narrateur, un jeune adolescent de 15 ans qui fait la rencontre et tombe amoureux d'une femme beaucoup plus âgée que lui, Hanna. Ils entretiennent une relation dans laquelle la lecture a une place importante. Cette femme disparaît subitement un jour, et il la retrouve quelques années plus tard au cours d'un procès, où elle est accusée d'un crime de guerre qui a eu lieu lors de l'évacuation du camp d'Auschwitz dans lequel elle était gardienne. Ce livre traite de la culpabilité du peuple allemand par rapport à la Shoah, notamment des générations nées après la guerre et de la difficulté, voire impossibilité, de comprendre réellement ce qui s'est passé et de porter un quelconque jugement. Étant de mère allemande, née dans l'immédiat après-guerre, ce livre me parle tout particulièrement et j'y retrouve une partie du désarroi que j'ai pu ressentir chez elle. le livre n'apporte aucune réponse, mais nous met juste en face de cette ignominie qu'ont été les crimes nazis et nous montre par l'exemple à quel point il est difficile de juger quelque chose qu'il est quasi impossible de comprendre. Cela est fait avec beaucoup de retenue, de subtilité, en ne minimisant jamais l'horreur des actes commis. le livre est divisé en trois parties, la première raconte l'histoire d'amour, la deuxième le procès et la troisième la reprise de contact entre les deux personnages principaux. C'est un livre sur un sujet très grave, mais la première partie est plutôt légère et nous raconte une belle histoire d'amour, même si elle comporte des zones d'ombre. Au delà de la question principale de ce livre évoquée plus haut, l'auteur nous fait également réfléchir sur une multitude de petites choses de la vie auxquelles on est inévitable confronté, comme la manière de vivre rétrospectivement un grand bonheur passé, même si celui-ci n'a pas tenu toutes ses promesses, ou la position à tenir quand on peut aider un adulte qui ne souhaite pas être aidé. C'est globalement un livre très marquant et on est très touché par ces deux personnages, l'un qui essaye de comprendre quelque chose qui lui échappe constamment, et l'autre, prise dans une spirale de l'horreur et qui a perdu, à un moment donné, toute son humanité. La juxtaposition de leur histoire d'amour qui est très touchante, décrite avec beaucoup de tendresse, et le passé monstreux de cette femme, laisse une impression très étrange et nous plonge dans la même perplexité que celle de Michael, le personnage principal. le livre nous montre avec brio que l'acte de juger n'est jamais simple, même dans ce cas, avec une personne ayant participé à la pire des horreurs. C'est donc au final un livre passionnant, complexe, très déstabilisant, un livre qui nous pousse à des questionnements que l'on sait sans réponses et qui marque l'esprit un long moment.

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"Je voulais à la fois comprendre et condamner le crime d'Hanna. Mais il était trop horrible pour cela. Lorsque je tentais de le comprendre, j'avais le sentiment de ne plus le condamner comme il méritait effectivement de l'être. Lorsque je le condamnais comme il le méritait, il n'y avait plus de place pour la compréhension (...) Je voulais assumer les deux, la compréhension et la condamnation. Mais les deux ensemble, cela n'allait pas."
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Le liseur est un des plus beaux romans que j'ai pu lire.

Ce roman est exceptionnel non pas en raison de la virtuosité esthétique faciale de l'écriture mais parce qu'il s'agit d'une oeuvre qui réussit à bouleverser le lecteur en profondeur, par son regard d'une justesse incroyable sur la condition humaine.
Le charme est d'autant plus fort que le lecteur est totalement pris par surprise avec une première moitié du roman, sans grand relief, consacrée à la liaison entre un adolescent de quinze ans, Michael et une femme de trente cinq ans, Hanna. Certes, ce couple est singulier et intrigue le lecteur ; Michael est fatalement amoureux d' Hanna. Michael prend d'autant plus conscience de cet amour qu'Hanna disparait brutalement le laissant désespéré.

L'histoire prend une toute autre dimension lorsque Michael, jeune adulte, revoit, Hanna dans un tribunal, dans le box des accusées en sa qualité d'ex-SS gardienne de camp.
Hanna est condamnée à une lourde peine d'emprisonnement et Michael, initie alors un rite pour elle, qu'il n'a jamais cessé d'aimer. Il lit des livres en enregistrant ses lectures, enregistrements qu'il envoie régulièrement à Hanna. Ce sont les seuls contacts entre les deux ex-amants. Michael devient le liseur.

Au total une magnifique histoire d'amour en dépit de l'épilogue dramatique, cette histoire a des accents de tragédie grecque .

Surtout, les questions de la vérité, de la justice vrillent l'oeuvre et entrainent le lecteur dans la complexité de la condition humaine.
Il existe la vérité du juge pénal, binaire et glacée comme un scalpel, la vérité de la victime du camp, douloureuse et confuse au cas présent, la vérité d'Hanna, emmenée par un concours de circonstances malheureux du côté des bourreaux et qui n'a jamais eu le gout du sang. Une sorte de rubik's cube de vérité infernal.

Et puis la vérité de l'Amour, universelle au-delà de cette oeuvre, la plus belle, celle qui permet de transcender le silence, le non dit, par pudeur, par maladresse, de percevoir la vérité de l'être aimé(e), de ne pas s'en tenir aux raccourcis faciles, aux faits accusateurs apparents

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Quel roman intense et fort. J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur ainsi que le choix de narration. C'est en effet Michaël Berg qui est la voix de ce livre. Il raconte un des moments les plus marquants de sa vie, sa rencontre avec Hannah Schmitz, en analysant ses sentiments, ses attitudes, avec beaucoup de recul et de retenue, au regard de l'impact que cette rencontre aura eu sur sa vie.
Même si la première partie était intéressante, c'est surtout la deuxième partie qui m'a le plus marquée, celle qui interroge, questionne, sur la culpabilité, la responsabilité et qui révèle également un des secrets d'Hannah, qu'elle vit comme une honte. Cette partie nous permet de mieux comprendre sa personnalité, qui nous paraît si mystérieuse et complexe.
Une lecture très intéressante et prenante, dont on sent que chaque mot employé par le narrateur à son importance, appuyant ainsi encore plus l'un des thèmes principaux du livre.
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