Je publie, avec son autorisation, la chronique écrite par jean-Clément Martin
J'en recopie certains extraits, l'article in extenso est disponible à l'adresse web indiquée ci-dessous.
Le livre ne s'intéresse donc qu'à la bataille elle-même et à la répression qui a suivie, retraçant précisément, parfois heure par heure, l'enchaînement des faits. Il s'agit d'un bilan, dépassionné, de cet événement sans que l'auteur s'engage dans les combats historiographiques et idéologiques qui lui sont liés. le plan suivi est très classique retraçant d'abord brièvement le cadre du soulèvement de l'Ouest et donc de la guerre de Vendée. Une présentation des protagonistes s'appuie sur les éléments statistiques disponibles, à partir des listes d'insurgés jugés et de demandes de pension dans les années 1820, ce qui ne donne guère d'indications. Ce flou se retrouve, logiquement dans l'estimation des combattants vendéens arrivés au Mans au cours de la Virée de Galerne, soit cette longue marche partie de Saint-Florent-le-Vieil jusqu'à Granville.
A juste titre, l'auteur parle du « chaos » qui a lieu pendant ces jours d'affrontements, les républicains ne faisant pas de quartier. A partir du 16 décembre cependant, la « reprise en main » est effective, la justice révolutionnaire statue sur le sort des prisonniers, fusillant les hommes, emprisonnant les femmes. 67 d'entre elles sont libérées après quatorze mois de prison en 1795. La politique suivie est la clémence pour les femmes du peuple et pour les enfants, qui sont placés dans des familles, pour les « rééduquer ».
Une dernière partie réfléchit sur la violence de ces journées en la remettant dans les perspectives de longue durée, notamment en remontant aux guerres de religion, et dans les logiques de la guerre de Vendée. Indiscutablement la violence a été « asymétrique » mais les appels à « l'extermination » qui sont faits dans les proclamations républicaines sont restés le plus souvent rhétoriques. Il n'en demeure pas moins qu'il est possible de voir en action des révolutionnaires, deux curés « rouges », particulièrement vindicatifs. le livre se clôt sur la notion de « guerre totale » que l'historien américain
David Bell propose pour qualifier l'époque révolutionnaire et notamment l'épisode de la guerre de Vendée, permettant de penser que la violence qui s'exerce ici est à la fois traditionnelle par les formes qu'elle prend, mais novatrice parce qu'elle est portée par la « mystique révolutionnaire » que certains représentants en mission et administrateurs invoquent.
Le livre est de belle facture, agrémenté de cartes très claires. On regrette d'autant plus l'absence de tables des matières, parce que des ruptures de plan rompent la narration à plusieurs reprises, que ce soit à propos des conditions de la guerre au milieu de 1793, du bilan humain et des responsabilités des individus. Cependant, il n'en représente pas moins une mise à plat des connaissances jusque-là diverses et jamais synthétisées sur cet événement qui trouve aujourd'hui des résonances douloureuses. L'auteur se garde bien, à juste titre, de sortir de son rôle et ne s'engage pas dans le choix qu'il faudra faire pour la conservation ou pour l'inhumation des ossements étudiés. Tel quel, ce livre permet de prendre des distances et on peut espérer qu'il servira à l'élaboration des décisions politiques qui finiront par s'imposer.
Jean-Clément Martin
4 juillet 2019