Scandaleusement inconnu en France, cette analyse de la Révolution écrite vers 1791 est exceptionnelle. Bien sûr il ne s'agit pas d'un livre d'histoire, c'est raconté d'un point de vue très subjetif qui n'hésite pas à dramatiser les choses. Mais l'intérêt se trouve dans la compréhension très profonde de la philosphie du processus révolutionnaire, conduit par des petits ambitieux et des dogmatiques théoriciens, qui préfèrent tout détruire plutôt que de faire des compromis. Bref, ils ne savent pas l'art de la politique, et cela ne peut que ammener le chaos et la destruction... Il prédit ainsi la Terreur et les massacres, et même le prise du pouvoir d'un chef d'armée! Il expose aussi les vérités conservatrices, qui nous enseignent que la société est un antique et complexe héritage qu'on ne peut modeler à notre guise, et qu'il faut réformer très prudemment sous peine d'éclatement. Enfin le style, classique, peut-être un peu emphatique, est éblouissant, donc lisez le en original les anglophones! Rien que pour cette formule qui montre bien que Burke a prophétisé la dégradation morale qu'est la modernité: « But the age of chivalry is gone; that of sophisters, economists and calculators has suceeded, and the glory of Europe is extinguished for ever... »
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C’est par ces raisons que j’attendrai, avant de féliciter la France de sa liberté nouvelle, de savoir de quelle façon cette liberté s’y conjugue avec le gouvernement ; avec la force publique ; avec la discipline et l’obéissance militaires ; avec la collecte effective et la distribution équitable de l’impôt ; avec les bonnes mœurs privées et publiques. Car toutes ces choses sont également à leur manière des biens ; or, sans elles, la liberté, tant qu’elle existe, n’est pas un bienfait ; et il y a peu de chances pour que sans elles, elle existe longtemps. Pour les individus, l’effet de la liberté est de leur permettre de faire ce qui leur plaît ; voyons donc ce qu’il leur plaira de faire avant de nous risquer à des félicitations que bientôt peut-être il faudra changer en condoléances. C’est ce que nous commande la prudence dans le cas des individus, de particuliers agissant isolément les uns des autres. Mais quand les hommes agissent en corps, la liberté devient pouvoir.
Mais le temps des chevaliers est révolu. Lui a succédé celui des sophistes, des économistes et des calculateurs.
Un Etat qui n'a pas les moyens d'effectuer des changements n'a pas les moyens de se maintenir.
Les rois deviendront tyrans par politique lorsque les sujets seront rebelles par principe.