Ainsi le Moyen Âge, qui était traditionnellement peu soucieux du jour de la naissance et de l’âge exact des individus, mais se préoccupait au contraire du jour de leur mort, a effectué progressivement un retournement lourd de conséquences de la mort vers la vie, de l’anniversarium funéraire vers ce que les textes d’époque nomment – d’un vieux nom romain – la « natalité ». Nous retraçons ici le lent établissement de la pratique de l’anniversaire, de ses rites – compliments, chansonnette, friandises, cadeaux, bougies – notamment dans les milieux aristocratiques de l’époque moderne, la bourgeoisie du XIXe siècle et enfin, mais pas avant le xxe siècle semble-t-il, dans les milieux populaires. L’histoire de l’anniversaire appartient naturellement à la « longue durée » et il faut attendre les 53 bougies du gâteau d’anniversaire de Goethe en 1802 pour assister véritablement à l’invention de l’anniversaire à peu près tel que nous le connaissons aujourd’hui.
"Histoire des rythmes au Moyen Âge" par Jean-Claude Schmitt