Un essai très dense, conceptuellement très riche et théoriquement bien mené. C'est en combinant les traditions de l'idéalisme allemand et de la phénoménologie que l'auteur développe son idéalisme spéculatif phénoménologique qui consiste à concevoir, souvent sur les pas de Fichte (dont il retient les moments de dédoublement) et d'
Husserl (phénoménologie transcendantale), le phénomène originaire et la transcendantalité du sens se faisant. Il serait trop prolixe de le résumer ici compte tenu de cette densité. Mais, comme l'auteur le dit lui-même au début, on pourrait dresser quatre thèses diffuses : la double absence de présupposés ontologiques et gnoséologiques (primat de l'un sur l'autre), la donation génétisée, la corrélativité et l'intellegibilisation (rendre compréhensible le "sens se faisant" et non fonder positivement). Notons aussi l'idée que l'être est un "porteur de la réalité" qui n'est pas seulement fondant mais porteur du sens se faisant. Notons encore les trois niveaux de réflexion phénoménologique (quelque peu dialectique) : la pré-saisie (sens projeté corrélé au sens se donnant), la conscience de soi (herméneutique et anéantissement-engendrement de l'image du principe de connaissance du premier niveau) et la pré-immanence (réflexibilité transcendantale, générativité phénoménologique). On note aussi une critique du réalisme spéculatif (et donc des ontologies orientées objets) par la critique de Meillassoux, qui lui-même a critiqué le corrélationisme kantien et phénoménologique. Beaucoup de passages me font penser à mes propres réflexions (parfois de manière positive, parfois de manière négative).