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3,37

sur 63 notes
J'avoue que ce livre me laisse un peu abasourdie.
D'un côté, je suis touchée par l'attitude de ce père qui ne peut dormir, à la veille d'accueillir son fils premier-né et son épouse de retour de la maternité. de l'autre, je suis perplexe devant l'objet de ses préoccupations.
En effet, s'il est important, de se poser la question de l'importance de la transmission à une nouvelle génération, et spécialement pour un Juif, le choix de Samuel me laisse perplexe. L'urgence qu'il voit à cet instant, c'est de perpétuer le souvenir de la Shoah. Même si sa famille a été frappée de plein fouet par la déportation, ne faudrait-il pas revenir aux fondamentaux, à savoir transmettre le Shema Israël, la Révélation de l'unicité de Dieu ?
Pourquoi mettre en avant le pire de ce dont l'humanité est capable ? Je pense que c'est l'épouse qui a le dernier mot le lendemain, en le remettant face à ses propres névroses.
Ceci étant dit, c'est un livre plutôt plaisant à lire. Personnellement, je pense qu'apprendre aux jeunes à s'émerveiller est plus urgent que la transmission des horreurs de la guerre…
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Rosa, l'ultime survivante d'Auschwitz, prépare sa dernière représentation à Shtetl City, dans le cabaret qu'elle a construit de ses mains.

Samuel, son petit-neveu, sur le point d'accueillir son fils nouveau-né chez lui, se remémore les aventures imaginaires et extraordinaires qu'il vivait avec sa soeur et son cousin lorsque tous trois se lançaient sur les traces de cette femme insaisissable.

Avec la naissance de son fils, la nécessité de transmettre son histoire se fait pressante, urgente, absolue.

La juxtaposition des souvenirs fictionnels, du passé et de l'avenir représenté par le fils de Samuel donne au Cabaret des mémoires un beau relief.
Joachim Schnerf aborde de manière très délicate un sujet qui nous concerne tous : celui de la transmission "pour que toujours revienne la lumière".
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On aime :
- la brièveté et l'intensité du récit
- le récit sensible et plein d'émotions
- l'introspection sincère du narrateur
- la question de la fragilité de la mémoire
- la nécessité de transmettre et de perpétuer la parole des témoins de l'Histoire
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J'avais beaucoup aimé "Cette nuit" du même auteur. Donc quand il a fallu que je fasse un choix parmi une pile de courts textes, je me suis naturellement tournée vers "Le cabaret des mémoires".
À la veille d'être père, Samuel se souvient de sa grand-tante Rosa, la soeur de son grand-père, dernière rescapée d'Auschwitz, partie après guerre monter un cabaret dans le désert aux Etats Unis. Il se souvient aussi de ses jeux d'enfants, avec sa soeur et son cousin, dans les Vosges, quand ils s'imaginaient dans ce désert, sur les traces de cette mythique Rosa.
L'écriture est toujours empreinte de poésie, mais j'ai été moins convaincue que par le texte lu précédemment. J'ai beaucoup aimé les jeux d'enfants, quand ils s'imaginaient dans le désert. Cela sonne juste, tendre et touchant. J'ai été plus gênée par cette obsession, même pas encore devenu père, de transmettre la mémoire de la shoah à son fils. Que ce soit nécessaire je n'en doute pas. Mais que ce soit sa pensée juste avant d'aller le chercher à la maternité, cela me dépasse. Peut-être parce que je ne suis pas concernée directement dans ma chair. Les constants allers-retours, Rosa/Samuel, passé/présent, réel/imaginaire m'ont un peu perdu.
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Ce roman raconte une journée très particulière dans la vie du narrateur : il est seul chez lui car il doit aller chercher sa femme et son fils nouveau né à la maternité. Il va devenir père et il se sent complètement bouleversé par ce changement de statut. Saura-t-il transmettre à cet enfant le lourd passé de sa famille à jamais marqué par la Shoa ? Se mêlent alors pour lui son enfance et ses jeux qui tournaient souvent autour de cette tante mythique Rosa, rescapée d'Auschwitz , la dernière encore en vie, qui a fui l'Europe pour monter un cabaret en plein désert. Cette femme a décidé de raconter dans un spectacle incroyable ses souvenirs et terminer par une litanie de noms de toutes les femmes qui sont mortes devant ses yeux.

Samuel son petit neveu a été élevé dans une famille qui ne pouvait pas parler car ils étaient trop malheureux, il dit dans son récit que ces silences l'ont névrosé. Il décrit cette journée où il va accueillir, dans sa maison, son bébé et sa femme, avec une délicatesse qui m'a émue et pourtant, ce qu'il raconte est parfois insoutenable, et il dit avec ses mots et ses difficultés de vivre combien la Shoah a marqué les générations suivantes, victimes ou pas, les survivants traînent en eux une culpabilité qu'ils ont transmise à leurs enfants et petits-enfants.

Un très beau texte, très émouvant.
Lien : https://luocine.fr/?p=15850
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Un père de famille passe la dernière nuit seul chez lui avant le retour de sa femme et de son fils nouveau-né de la maternité. Une nuit de réflexion, d'introspection et de souvenirs.
En tant que Juif, Il se demande comment il transmettra l'histoire de la Shoah à son fils (on est un peu loin des préoccupations matérielles des parents à la naissance de leur premier enfant) quand les derniers survivants ne seront plus. Son fils ne verra pas, quand il sera en âge de comprendre, de témoins vivants contrairement à ceux de sa génération (trentenaires et plus).
Il se souvient de son enfance, de ses étés dans les Vosges en camp scout avec sa soeur et son cousin alors qu'ils partaient à l'aventure et s'imaginaient dans le Texas partir à la rencontre de leur grand-tante Rosa. Un personnage haut en couleurs Rosa ! Rescapée des camps, elle quitte l'Europe après-guerre pour créer en plein désert texan, un cabaret des mémoires, le Shtetl cabaret. Il fallait l'inventer, nous ne sommes pas loin du conte. Rosa y raconte sa vie passée, son enfance en Pologne, les pogroms, la promesse trahie de la France généreuse, l'arrestation, la rafle puis...rien, elle ne peut aller plus loin.
Un récit sur l'enfance, la famille, la mémoire, la transmission.
Quand les derniers témoins partent, comment transmettre ? Il reste l'art, la littérature pourtant contestée il y a trente ans, incapable disait-on d'approcher l'indicible.
Un roman très court grave et humoristique qui peut, comme une fable se lire à plusieurs niveaux.
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Cette nuit, Samuel est seul, son épouse est à la maternité. Demain il reviendra avec elle et leur fils dans leur foyer. Mais cette nuit n'est pas solitaire puisqu'il revit les moments forts de son enfance, et la perte de sa grand-tante Rosa, la dernière rescapée d'Auschwitz.
Rosa et sa famille arrivés de Pologne, ayant trouvé refuge en France. Ce pays qui a trahi et abandonné les juifs en les envoyant à la mort certaine dans les camps d'extermination nazis.
Rosa revenue des camps n'a jamais pu parler aux siens. Elle a fuit la France pour créer un cabaret au Texas, cabaret dans lequel chaque nuit inlassablement elle raconte l'horreur, la survie, le manque d'humanité parfois nécessaire pour espérer vivre jusqu'au matin, la douleur, l'amitié par delà la mort, la culpabilité du survivant, le retour, le silence, et tous ceux qui ne sont plus, tous ceux qui ne comprendront jamais. Peut-être est-il plus facile pour Rosa de raconter aux inconnus qu'à ses proches, à ceux qui sont revenus, et surtout à tous ceux qui ont comme elle perdu une grande partie de leur famille. C'est le paradoxe de ceux qui ont vécu l'horreur, ne pas en parler autour de soi, mais parfois l'écrire, le dire à ceux qui avec qui il n'y a aucun lien.

Cette nuit, Samuel se souvient, ses pensées vont du présent au passé, de son présent à son futur, mais surtout à son enfance, cette enfance avec sa soeur et son cousin et pendant laquelle Rosa était un personnage bien lointain mais cependant prégnant. J'ai été parfois un peu perdue dans ces aller-retour, mais ce roman se lit vraiment si vite que cela n'est pas trop gênant, il est toujours possible de faire quelque retour arrière.

Encore et toujours à travers les mots de Joachim Schnerf s'impose le besoin de transmettre pour ne pas oublier, dire pour que tous sachent et que jamais ne revienne l'horreur.

Chronique complete sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/10/29/le-cabaret-des-memoires-joachim-schnerf/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Une naissance et tant d'absents

Dans ce court roman Joachim Schnerf cherche à relier son enfance à Rosa, la dernière survivante d'Auschwitz, et son fils qui vient de naître à la Shoah. Les affres d'un père face au devoir de mémoire.

«Par tous les moyens, je dois raconter à mon fils, je dois lui parler d'Auschwitz et de Rosa avant qu'elle s'éteigne. Qu'il entende son nom en la sachant en vie. Sinon, comment nous croiront-ils?» Samuel est seul chez lui. Son épouse Léna est encore à la maternité avec son fils. Une attente qui angoisse le jeune père. Sera-t-il à la hauteur de ce nouveau rôle? Pourra-t-il faire mieux que son propre père qui a longtemps choisi de ne pas le traumatiser avec le lourd passé familial avant d'évoquer sa soeur Rosa, partie s'installer au Texas où, tous les soirs, elle racontait son histoire dans le saloon de Shtetl City.
La tante d'Amérique qui a alors habité l'imaginaire de Samuel au point d'en faire l'héroïne de ses vacances dans les Vosges. Avec sa soeur Tania et son cousin Michaël, ils traversaient le désert et bravaient mille dangers pour parvenir à ce cabaret jusqu'à Rosa. Car alors, il fallait le soutien de l'imaginaire pour construire un récit par trop parcellaire.
Mais avec les années, Samuel va apprendre l'horreur de la Shoah, le drame qui a frappé sa famille qui a réussi à quitter «la Pologne antisémite et son shtetl, pour la patrie des Lumières, avant d'être rattrapée par le nazisme et la collaboration.» Rafles, déportation, extermination. Une fin que connaîtront six millions de personnes et qui ne peut que marquer le jeune homme qui doit apprendre «à respirer pour transformer les angoisses en névroses.»
«C'est lors du camp d'été au cours duquel j'ai rencontré Léna que j'ai compris pour la première fois comment me détacher de moi – je me trouvais à ce moment dans mon petit bois, mon refuge.» Alors, il communie avec Rosa, car à des milliers de kilomètres c'est le même combat qu'elle mène. Elle aussi cherche comment dire l'indicible.
C'est à l'enterrement du grand-père qu'il fera sa connaissance. «Je ne la reverrais plus jamais, mais ses yeux familiers et son tatouage continuent pourtant de me hanter. Comme un souvenir associé à la mort de mon grand-père, comme l'unique maillon me liant au génocide juif de ce côté de la famille.»
Joachim Schnerf, qui dédie ce roman à ses enfants, aura peut-être réussi à exorciser ses fantômes avec ce roman. Mais ce qui est sûr, c'est qu'il aura réussi à poser sa pierre sur la tombe de Rosa.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Ce petit récit (heureusement il fait moins de 100 pages) me laisse perplexe. Ne jamais oublier : d'accord (évidemment). L'histoire de Rosa, dernière survivante de Auschwitz, partie construire un cabaret au Texas (pour chaque soir y donner une représentation de sa vie effroyable), survivante ayant préféré fuir la France, pays qui l'a livrée à l'extermination : d'accord. Mais le reste m'a évidemment dérangé, quand le narrateur écrit que la première chose qui lui vient à l'esprit lorsque son enfant né c'est de lui raconter la Shoah. Lui-même est hanté par les souvenirs et les photos de ces corps sans vies prisonniers des camps, et il n'a qu'une pensée quand son enfant ouvre les yeux : lui montrer par devoir de mémoire, comme une obligation de transmettre qui ne peut souffrir un temps nécessaire de vie avant les morts. Ce n'est plus de la victimisation (par procuration a la troisième génération, de surcroît) mais de la perversité. Pour être heureux, il faut souvent abandonner les bagages qui pèsent trop lourds, d'autant quand ce sont les bagages d'autres, très lointains très pesants. Il se demande s'il est un père normal en pensant ainsi... La mère viendra tempérer les névroses du père mais quand même : l'embrigadement dès le premier souffle m'a toujours effrayé. Si l'enfant pouvait prendre le temps de sourire avant que de pleurer.
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Le narrateur est seul dans son appartement, car son premier enfant vient de naître et il va aller le chercher le lendemain. Samuel est devenu père et seul, il se remémore des souvenirs d'enfance et en particulier, l'image d'une grande tante. Rosa a été déportée à Auschwitz à la suite d'une dénonciation, elle a été la seule à revenir, sa mère y a trouvé la mort ainsi qu'une amie proche, tandis que le petit frère était confié à des voisins qui l'ont caché. Au retour, Rosa n'a pas supporté de rester en France et s'est exilée aux USA et n'a donné quasiment aucune nouvelle. Aux Etats Unis, elle a ouvert un cabaret, animant chaque soir un spectacle où elle rend hommages aux victimes de la Shoah, égrenant les noms de personnes qui y ont perdu la vie. C'est le témoignage de « La dernière survivante de la Shoah ». Elle n'a jamais revu sa famille, s'est construit une nouvelle vie, dans le désert texan, avec son « Cabaret des mémoires » car comment parler de l'indicible ?
Cette Rosa est une sorte de "tante d'Amérique" et Samuel a un souvenir flou de l'avoir rencontrer quand elle est venue aux obsèques de son frère, le grand père de Samuel (une très belle image autour d'un robinet d'eau).
L'auteur mêle les époques, les questionnements de ce "nouveau père", les souvenirs de jeux d'enfants (avec sa soeur et son cousin, "le mythe de la grande tante" était un prétexte à une sorte de chasse au trésor, cette chasse constituée à trouver le chemin de ce "cabaret des mémoires"), la dernière présentation de Rosa dans son cabaret perdu dans un désert texan. Rosa l'ultime rescapée d'Auschwitz.
J'ai été un peu perdue dans ces trois temps.
Un livre sur la mémoire et les récits familiaux. Avec une belle écriture, l'auteur nous entraîne dans des questionnements personnels, mais aussi universels.
Il faut continuer à vivre après de tels souvenirs et dénis familiaux.
Comment continuer avec dans un arbre généalogique, beaucoup de vide, de disparus et des dénis dans les familles.
L'auteur nous interpelle par le conte (avec les aventures des enfants pendant les vacances d'été, ils jouent aux héros, pour découvrir le cabaret de cette grande tante, perdu dans le désert texan).
Comment raconter ces souvenirs, comment transmettre à ses enfants, nés et à venir. Comment raconter l'indicible, les non dits, les dénis.
Et surtout utiliser les mots, le romanesque pour ne pas oublier, surtout que les derniers survivants disparaissent et ne pas oublier.
Un texte court, où nous nous perdons dans les temporalités mais de belles pages pour ne pas oublier et transmettre les souvenirs. Et savoir d'où nous venons et ne pas oublier pour croire en "plus jamais cela".
#Lecabaretdesmémoires #NetGalleyFrance
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Rosa est la grand-mère de Samuel.
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