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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« La vie et la mort enlacées dans une copulation furieuse, répugnante. »

Avec ce titre, je ne dévoile rien en disant que dès le début on sait que cela va être dur et difficile. Et pourtant, la plume de Schoendoerffer a été très surprenante pour moi car il y a des rayons de soleils au travers de cette forêt étouffante et cette pluie qui tombe avec le bruit d'un tambour battant fort.

J'ai vu des horreurs être commises dans cette folie de Bornéo où des étrangers s'affrontaient pour des idées qui n'avaient rien d'idéaux, et au milieu un Roi avait compris peut-être les Muruts, ces Comanches, ils les aimaient et voulait privilégier la vie ancestrale. Mais il était irlandais, déserteur de surcroît dans un monde britannique, et les blancs ont la rancune tenace. Pourtant Fergusson, l'intraitable, avait une sentimentalité cachée et peut-être qu'il... « Je suis une bête que l'on ne tue pas facilement » avait dit Learoyd.

Mais le narrateur, chien fou de jeunesse, a sa manière va entrer dans la terre des Génies et malgré tout sera le traitre de l'amitié. Désarmé devant la mort et les horreurs commises dans tous les camps, il perdra pied.
C'est un roman époustouflant, grandiose par l'atmosphère admirablement rendue. On suffoque et pourtant la plume est légère. C'est admirablement écrit et je suis surprise par cette lecture. La guerre y est décrite avec précision tout autant que la nature environnante, les deux mondes se rejoignant dans une boue terrible. « La vie et la mort et la vie et la... Un embrasement tragique. La vie ! Comment ne pas être épouvanté ?... »
Les personnages sont campés avec brio et subtilité, on comprend à demi mot.

« La nuit est venue, je suis las de poursuivre le vent. »

Je n'ai pas envie d'en écrire plus car il me semble que ce roman a tellement de clés de lecture que d'une part je ne pourrais exprimer clairement tout ce qui a traversé mon esprit, mais en plus, il y a une liberté dans la forme et le fond, qui me semble devoir être respectée afin que chacun puisse le découvrir à sa manière.
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Terrible récit que celui de Learoyd, le soldat devenu roi d'une peuplade sauvage dans la jungle de Bornéo.
C'est toujours une histoire de militaires avec Schoendoerffer ; elle se termine mal, avec le récit hallucinant de l'extermination des Japonais dominés par la nature et la fureur de Learoyd.
L'écriture est âpre et les formules sont frappantes. Un chef d'oeuvre.
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Nous sommes en 1942 à Bornéo. L'île est occupée par les Japonais.
Les alliés parachutent un capitaine (le narrateur) et son adjoint pour établir le contact avec les populations qui vivent au coeur de la jungle.
Leur but ? Les convaincre de se battre contre les Japonais.
Mais les tribus rencontrées ont un roi : Learoyd un Irlandais rescapé d'un naufrage.

En lisant le quatrième de couverture, je pensais aux films “L'Homme qui voulut être roi” et “Apocalypse Now” mais la plume de Pierre Schoendoerffer porte le récit vers de plus hauts sommets et surtout de profonds abîmes.

La nature, la forêt est omniprésente et proprement inhumaine :

> La matrice du monde. La vie originelle qui engendre la mort, l'ovulation, la fécondation, l'éclosion, la fermentation perpétuelles. Un fouillis de lianes juteuses de sève, de feuilles baveuses, d'écorces gluantes, de tentacules caoutchouteuses hérissées d'épines. Un air chaud et fiévreux, verdâtre, saturé d'odeurs qui soulèvent le coeur, croupissant comme une eau morte sous la chappe des grands arbres pétrifiés. La vie et la mort enlacées dans une copulation furieuse, répugnante. La vie et la mort et la vie et la… Un embrassement tragique. La Vie ! Comment ne pas être épouvanté ?…

Le récit est un récit de guerre, de trahison, d'amitié, de mort, de moiteur, d'obscurité, d'insectes qui vous dévorent.
C'est glauque, parfois d'une violence inouïe.

Les combats se sont engagés avec les Japonais. Devant les forces alliées, ils ont choisi de fuir vers la forêt.
S'ensuit une lente agonie. Coupés de leur armée, ils sont à la merci des combattants indigènes.
On se bat jusqu'à la mort. La mort est presque toujours une délivrance.

Je me suis fait la réflexion à postériori : le mot, le concept de reddition n'est jamais prononcé ni pensé.
Personne ne pense à jeter l'éponge. Jamais de « A quoi bon ». La seule porte de sortie est le suicide et certainement pas la gloire.
On ne renonce pas même quand on n'est plus un homme mais une bête.

« Apocalypse Now » se termine avec les mots du colonel Kurtz : « L'horreur ».
Mais ici, elle sous-tend tout le récit :

> Les yeux du Japonais restaient ouverts ; l'horreur y était toujours, mais la vie, plus effrayante, était partie.

« la vie, plus effrayante que l'horreur » tout est là !

Il pleut tout le temps ou presque, la moiteur est omniprésente. le ciel est souvent sombre, lourd et chargé.
Il y a parfois des moments de clarté comme des trouées dans la forêt. Des moments de camaraderie, de complicité, de contemplation. le roman tourne principalement autour du narrateur et de Learoyd mais les personnages secondaires sont très réussis.
Je pense particulièrement à Fergusson le supérieur du capitaine. Il cache un secret une sorte de communion avec Learoyd.
Il veut ou semble vouloir pourtant sa fin.

Learoyd sera trahi, défait

> Roi du vent et de la pluie, tu n'as pas laissé sur cette terre de trace plus profonde que l'empreinte de tes pas.

Ce livre reste un chef-d'oeuvre. Une plongée dans l'âme humaine

> …Je me suis fait peur parfois… Il ne faut pas descendre trop profond dans la nuit de soi-même, il ne faut pas plonger dans les eaux troubles du marais maudit : les monstres sont là… dessous, immobiles. Il ne faut pas !

Un chef-d'oeuvre.

C'est Deidre qui m'a donné envie de lire ce roman
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Un roman très fort, qui nous plonge au coeur de la cruauté, de l'horreur et de l'absurdité de la guerre au travers d'un récit prenant, original, mais finalement totalement anecdotique au regard de son contexte, la fin de la seconde guerre mondiale dans le Pacifique.

L'écriture de Pierre Schoendoerffer est puissante et colorée, et sert magnifiquement cette histoire puissante et dérisoire tout à la fois, et son décor grandiose, la jungle de Bornéo. Les personnages, au premier comme au second rôle, sont attachants et solidement posés, mais leur destin est scellé dès la première page, comme pour une tragédie grecque.

J'ai vu et aimé les films de Schoendoerffer, ce qui m'avait pour le moment éloigné de ses romans puisque ce sont les mêmes récits. Au vu de la qualité de son écriture, c'est une erreur, que je ne vais pas manquer de réparer.
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Commençant par ces mots, j'ai tout de suite su que L'Adieu au roi, de Pierre Schoendoerffer, serait une lecture marquante.

Au fin fond des forêts de Bornéo, en 1942, un sergent fou se prend pour un roi.
Roi de peu, d'une maigre bande d'autochtones qu'il nomme les commanches.
Fou de peur, de cette jungle poisseuse et visqueuse, et de l'abîme que cache ses yeux gris.
Au fin fond de cette jungle, en 1945, un capitaine anglais des forces spéciales est chargé d'entrer en contact avec les indigènes pour préparer la reconquête par la force de ce territoire occupé par les japonais.
Il va se lier au roi fou pour accomplir cette sanglante tâche.

L'Adieu au roi est avant tout le récit d'une agonie. Celle de l'armée japonaise à Bornéo, qui sera méticuleusement massacrée. La guerre dans toute son horreur et sa déshumanisation, pendant que d'autres se réjouissent.
L'agonie du sens également, et de l'humanité, quand la fureur du roi fou prend le pas sur toute forme de raison.
L'agonie de la loyauté, enfin, quand la trahison s'avère la seule issue possible de cette fuite éperdue en avant.

L'Adieu au roi est un texte d'une force incommensurable. Évoquant tour à tour la grandeur et la décadence de l'humanité dans une danse macabre, beaucoup de ses passages frappent fort.
Sondant les abîmes de la nature humaine, retranchant le lecteur dans son rôle de témoin impuissant d'une déchéance, il interroge sur les moyens employés pour parvenir à ses fins.
Absolument bouleversant du début à la fin, l'Adieu au roi est sans nul doute de ces textes qui interrogent.
Lien : https://unspicilege.org/inde..
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L'histoire se déroule en 1945 en pleine campagne de Bornéo et est racontée à la première personne par un narrateur qui va prendre part au maquis qui doit rendre la vie impossible aux Japonais en attendant le débarquement des forces australiennes et hollandaises. L'écriture est superbe tant dans les descriptions des décors, que les bons mots ou encore la description de l'action. C'est un livre qui arrive à rendre belle l'horreur de la guerre. Une guerre qui se passe dans la jungle impénétrable d'une île paradisiaque. On prend plaisir à découvrir le peuple murut et comment Learoyd est devenu roi. Même si la quatrième de couverture le laisse comprendre on se rend compte dès le premier tiers du livre : tout cela va mal finir. Reste à savoir comment et pour qui.

Et comme le dit toujours cette quatrième de couverture, on assiste à une agonie collective. À plusieurs même, assez différente dans leur nature et leur déroulement. La plus fascinante à suivre reste clairement celle des forces japonaises. On prend un certain plaisir à voir venir ou découvrir toute l'horreur qui attend les Japonais. La jungle et la nature impitoyable, la chasse à l'homme dont ils sont le gibier… une épopée grandiose et sanglante… une extermination.

C'est un livre plein de choses horribles, mais qui sont bien écrites et très bien rendu. On a vraiment l'impression d'y être tant les décors et les ambiances sont bien retranscrites. C'est un livre court, dense et rythmé qu'il est vraiment difficile de lâcher. Pas étonnant que John Milius ait été marqué par ce livre au point d'en tirer un film et des inspirations pour un scénario. Gardez juste à l'esprit que si vous êtes sensible à la violence et l'horreur de la guerre quelques passages pourraient être un poil difficile.

Ce livre me parait être un chef-d'oeuvre du genre et va donc devenir un de ces classiques que je relis régulièrement tant il est brillant et pertinent. Toute personne intéressée par les histoires à la sauce « Apocalypse Now » devrait lire ce livre.
Lien : https://blogconstellations.h..
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L'île de Bornéo, comme le reste de l'archipel malais, a été envahie par les japonais dans les débuts de la seconde guerre mondiale. En 1945, pour préparer la reconquête des Philippines, les Alliés décident de pacifier d'abord Bornéo et d'y envoyer des agents chargés d'entrer en relation avec les indigènes pour organiser un soulèvement. Un capitaine anglais des Forces spéciales (le narrateur) et son adjoint, le sergent radio australien Anderson, sont parachutés en territoire muruts au coeur de l'île. Des guerriers surgis de la forêt les emportent, ficelés comme des saucissons, vers leur chef : le roi. Celui-ci est un Blanc nommé Learoyd, un Irlandais rescapé d'un naufrage en 1942 et adopté par la tribu, qui accepte de les aider. Alors commence une épopée grandiose et sanglante : l'extermination des troupes japonaises prises au piège de la jungle mais, pour que la mission soit entièrement accomplie, il faut que le royaume de Learoyd, aussi, disparaisse et seule la trahison le permettra, ce que le narrateur s'emploie à faire. Learoyd n'avait qu'un désir : vivre en paix avec les indigènes, et père d'un fils, petit métis, il n'imaginait pas rentrer en Europe pour retrouver une civilisation et tous ses maux. Ceux de la jungle étaient différents, violents aussi, mais il préférait ceux-là car il régnait en maître sur le groupe qu'il avait « pacifié ». L'analyse du récit est bien le drame de la colonisation, ses conséquences humaines dramatiques pour les populations autochtones, et les européens en place. le style littéraire de Schoendoerffer, est absolument superbe. Roman d'une grande qualité.
Lien : https://www.babelio.com/conf..
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