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EAN : 9782203041028
81 pages
Casterman (25/04/2012)
3.72/5   89 notes
Résumé :
À cinquante ans passés, Léon Van Bel, machiniste-mécanicien proche de la retraite, s’accroche passionnément à son métier de cheminot, et à la machine qui l’incarne : la 12.004, somptueuse
loco à vapeur de plus de vingt mètres de long, avec laquelle il a déjà fait quatre fois le tour de la terre et qu’il surnomme affectueusement « la Douce ». Mais au fond, il ne se fait guère d’illusions.
Dans ce monde qui pourrait être le nôtre, les transports ferrovia... >Voir plus
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Il fallait tout le talent de François Schuiten pour concevoir des images et un récit qui parviennent à représenter, mieux des photos ou un manuel technique, toute l'émotion et tout l'attachement qu'une locomotive mythique a suscités chez les cheminots qui l'ont conduite et entrevue !

La « Douce », c'est une 12, une locomotive à vapeur Atlantic de Type 12. Cette machine, célèbre pour son carénage aérodynamique et ses records de vitesse, a été conçue par l'ingénieur belge Raoul Notesse. Les ateliers Cockerill de Seraing ont construit les six exemplaires qui ont servi la Société nationale des chemins de fer belges de 1939 à 1962.

L'album de François Schuiten s'inspire de la 12.004, la seule des six soeurs qui a été épargnée de la casse. La légende prétend que quelques cheminots l'auraient discrètement détachée du convoi qui la menait à l'oubli pour la garer dans un dépot. Elle a été restaurée pour pouvoir se pavaner sur les lignes en 1985, à l'occasion du 150e anniversaire de la SNCB. Et puis une avarie fatale l'a privée à jamais de sortie. Elle a été abritée à Louvain, restaurée à Liège, pour finalement être offerte en 2015 à l'admiration des visiteurs du musée des chemins de fer à Schaerbeek, Trainworld.

Il faut savoir que François Schuiten a participé à la création de la scénographie de ce musée, ouvert en 2015 et offrant aux collections de la SNCB un bien meilleur écrin que l'ancien musée de la Gare du Nord à Bruxelles. La 12.004 y figure en bonne place, surmontée de la représentation d'un imposant panache de fumée.

La « Douce » s'inspire donc d'une machine qui a bel et bien existé et le dessinateur l'a représentée sans maquillage. L'attachement des cheminots qui ont voulu la préserver est, dans l'esprit, fidèle à la réalité historique. Mais tout le reste relève clairement de la fiction. Ainsi, François Schuiten a sublimé le passage de la vapeur à l'électricité en imaginant que les trains tirés par des locomotives à vapeur n'allaient pas être tirés par des locomotives électriques mais qu'ils allaient être remplacés par des… téléphériques ! Cela donne une ambiance de science-fiction, dans un décor mystérieux, dont les dessins en noir et blanc renforcent le côté effrayant. Je ne me suis pas posé la question de la vraisemblance de ce choix; peu m'importe: c'est un livre d'art, pas un traité technique. En fait, j'ai trouvé ce choix particulièrement judicieux pour amplifier la perception du changement, l'émotion qu'il aura suscitée chez les cheminots tellement attachés à leur machine. Car conduire un tel engin ne se limitait pas à appuyer sur des boutons ou tirer des manettes. le charge physique était énorme, le mécanicien et le chauffeur faisaient corps avec leur machine.

Pour sortir la « Douce » du cimetière, van Bel, son vieux machiniste, recevra l'aide d'une mutique jeune fille, qui ajoute une touche onirique à la situation.

Bref, une fois de plus, c'est bon puisque c'est belge ! Je vous recommande ce très bel hommage à cette machine mythique et aux cheminots qu'elle a séduits.
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Cette bd m'a quelque peu laissé sur l'expectative sur plusieurs points.
Dans un premier temps, je n'ai pas su situer le genre à laquelle elle appartient, car il me semble qu'elle touche à la fois au récit historique, mais également à la science fiction et au steampunk.
Historique car la locomotive 12004 a réellement existé et tout ce qui touche aux cheminots est parfaitement représentatif d'une certaine époque, révolue, mais qui appartient bel et bien à notre histoire et à l'histoire du chemin de fer en Europe. Sur ce point là, il suffit de s'en convaincre avec la somme d'éléments historiques qui parsèment le récit, ainsi que les quelques pages supplémentaires illustrées de fin de volume.
Science fiction, car il me semble que l'arrivée de l'électricité n'a pas permis de développer les réseaux de téléphériques comme cela est décrit. le téléphériques n'a jamais remplacé le chemin de fer dans les transports de marchandises.
Steampunk car il me semble que le point précédent est développé à partir d'une époque bien définie de l'histoire réelle. À partir de la fin de la vapeur, et de la disparition des locomotives, Schuiten développe un récit original et détourne l'histoire pour créer sa propre voie.
Les spécialistes en histoire me détromperont ou me donneront raison. Mais peu importe. L'essentiel réside, me semble t'il, dans cette nostalgie et ce passéisme, que tend à faire vivre l'auteur. l'attachement à une vie d'autrefois est le moteur de ce récit, et il passe également par l'attachement dont font preuve deux personnages, le principal van Bel attachée à sa locomotive, qui concentre à elle seule toute sa vie, mais également Edgar, cet ancien agent postal qui court après toutes les petites statuettes de sa danseuse ( la statuette représentant pour lui les heures de gloire de la poste). Tous deux éprouvent plus de sentiments à l'égard de leur "objet" qu'à l'égard de leurs semblables.
Pourtant, mais ce n'est pas clair, et pour moi, cela aurait été une piste à explorer plus avant, et à développer ( mais ce n'était sans doute pas le propos de l'auteur), il aurait été intéressant de s'attarder sur la relation qui se noue entre van Bel et la jeune Elya. Lui est âgé ( il appartient à un autre temps), elle est jeune ( et représente la jeunesse, l'avenir), et ce qu'ils entretiennent et incarnent chacun aurait mérité d'être mis plus en valeur pour marquer encore plus le passage d'une époque à une autre. Il aurait également été intéressant de développer l'aspect de leur relation qui révélerait que van Bel pourrait finalement s'attacher à un humain, et lâcher ainsi prise sur son objet.
Mais François Schuiten a préféré une autre conclusion.
Une bd qui peut se lire à plusieurs niveaux et qui a le mérite de proposer plusieurs interprétations selon la sensibilité du lecteur.
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J'ai toujours aimé François Schuiten. C'est grâce à lui que j'ai découvert Jacques Abeille, par exemple. Et je tiens les Cités Obscures comme l'une des aventures les plus originales de la bande dessinée franco-belge contemporaine. L'oeuvre de François Schuiten est pourtant en marge de la production habituelle. Il reste un cas unique, au ton particulier et une oeuvre cohérente et devenue imposante. Avec ‘La douce' il signe son premier album en solo. Jusqu'alors, je crois qu'il avait toujours travaillé en collaboration avec des scénaristes, même si son apport au scenario ne faisait guère de doute.
Graphiquement, il n'y a pas grand chose à dire. Schuiten reste fidèle à sa patte. On retrouve son style classique et élégant, pas toujours très dynamique, mais définitivement séduisant. C'est au niveau du scenario que, très vite, la belle mécanique s'enraye. D'abord, une sensation de déjà-vu. J'ai vite beaucoup pensé à La Tour. D'une même manière, un travailleur, maillon d'une chaîne qui le dépasse, voit son travail lui échapper suite à l'abandon de la hiérarchie. Dans la Tour, le secteur de Giovanni est délaissé et ses efforts ne lui permettent plus de le maintenir en état. Dans La Douce, Léon van Bel assiste impuissant à l'abandon du transport à vapeur au profit de téléphériques électriques.
Dans les deux récits, le héros se trouve de plus en plus isolé et finit par entamer un voyage initiatique qui, d'une certaine manière, vise à perpétuer son travail. Giovanni veut porter réclamation pour obtenir les moyens d'effectuer son travail au mieux. van Bel veut sauver sa locomotive.
Evidemment, il fallait affubler van Bel d'une jolie fille impudique et mystérieuse qui l'aide dans son périple. Ce personnage n'a jamais fonctionner pour moi, à vrai dire. A vrai dire, si Schuiten veut faire passer son récit progressivment dans une certaine forme d'onirisme, il n'arrive jamais vraiment à traduire le lent basculement de van Bel. La route est chaotique. L'apparition du collectionneur de statuettes tombe à plat.
Et, ce qui m'a le plus dérangé, ce fut, à la manière du ‘cheminot' de Nagayasu Takumi, c'est cette nostalgie qui confine au réactionnaire. L'exaltation du travailleur ‘à l'ancienne', entièrement dévoué à son travail. le travail comme sacerdoce avant d'être dépouillé de sa dignité par… par quoi, au juste ? Les patrons, bien sûr. Les temps changent, les mentalités changent, les techniques changent et on regarde avec sentimentalisme un homme détruit par un travail rude qui lui a ruiné les poumons, qui s'attache à sa machine comme un morbac à son poil, qui n'existe qu'à travers elle, qui jette un regard méprisant à ses anciens collègues ‘passés à l'électricité' qui reviennent du boulot propres comme des sous neufs alors qu'il arbore presque avec fierté la suie qui le recouvre de la tête au pied. le vrai travail, celui qui vous salit et vous abime ?
Est-ce que j'accuse à tort Schuiten de passéisme ? N'est-ce finalement qu'une histoire à laquelle il ne faut pas chercher de morale ? Sans doute, mais inconsciemment, je crois que Schuiten y continue d'explorer sa fascination sur un passé rêvé. Les Cités Obscures ne sont finalement qu'une vision fantasmée d'une Europe éternellement restée dans la fin du XIXème siècle, avant la Guerre. van Bel est un échappé des cites obscures, qui regrette ce monde idéal en train de mourir. En choisissant l'immobilisme des cites, Schuiten se plaçait hors du temps et restait dans le fantasme. Si La Douce ne se situe pas dans notre monde, mais encore dans un monde reconstruit, réimaginé, il semble beaucoup plus proche du notre. C'est un monde où des barrages gigantesques causent des inondations qui rendent désormais impossible le transport à la vapeur. C'est un monde où beaucoup sont laissés sur le bas-côté, ou des cimetières gigantesques débordent de carcasses de voitures et de trains. Ce monde évoque le nôtre et la peinture qu'en fait Schuiten est finalement bien naïve et réductrice.
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Depuis bien longtemps j'entends parler de François Schuiten. Lors de mon dernier passage à Strasbourg, j'ai découvert que l'un des tramways de la ville avait été pelliculé par ce dessinateur.
Donc, lorsque j'ai vu ce livre à la bibliothèque de la Cité des sciences à Paris, je n'ai pas hésité, je l'ai sorti des bacs, je me suis installé confortablement et j'ai commencé ma lecture.

Le trait est assez joli dans ce livre entièrement en noir et blanc.
Nous sommes plongés dans un monde presque apocalyptique, avec des transports ferroviaires remplacés progressivement par des téléphériques gigantesques alimentés par des centrales hydrauliques qui inondent progressivement la région… Au milieu de ce monde en révolution, un vieux mécanicien Léon van Bel conduit sa « Douce », sa vieille locomotive vouée à la ferraille. Il décide de la sauver coûte que coûte et finira par y parvenir avec l'aide d'une jeune femme muette Elya.

J'ai apprécié le dessin, l'histoire n'était pas mal avec cet homme profondément attaché à sa machine et qui est prêt à tout pour la sauver, même à devenir hors la loi. Mais j'ai eu un peu de mal avec le traitement graphique de la jeune Elya. Je n'ai pas compris l'intérêt de la faire apparaitre nue ou en petite culotte régulièrement, alors que l'histoire n'aurait rien perdu sans ces scènes…

Bref je sors de cette lecture un peu perplexe et un peu déçu.
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Je suis encore une fois tombée sous le charme de la couverture de cette BD. Elle a de la gueule cette locomotive... En plus à vapeur... Je suis donc assez intriguée, car pour moi les locomotives a vapeur ressemblent plutôt a des espèces d'énormes cylindres avec une cheminée posée à un bout.
Mais à peine le livre ouvert, je suis déjà déçue par le graphisme noir et blanc bien éloigné de la mise en couleur de la couverture.
Après quelques pages, il s'avère que ce que je prenais pour une récit réaliste, est en fait de la science fiction.... Et un peu plus loin je suis même allé jusqu'à le classer en récit post apocalyptique.... Je suis donc bien loin de ce que j'avais imaginé.
Et je ne comprends pas tout.... Certes c'est un joli hommage aux locomotives à vapeur de la fin des années 30, déjà orientée vers la vitesse. Mais je ne suis pas entrée dans le récit, peut être pas assez réaliste pour moi.
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critiques presse (6)
Sceneario
21 mai 2012
La Douce est une très belle histoire, une très belle aventure qui permet de faire connaitre un train de légende, outre le fait de nous donner une très belle lecture. Ce chef d'oeuvre est fortement recommandé et mérite une très belle place dans votre bibliothèque.
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDSelection
11 mai 2012
Quatre-vingts pages, proposées en un somptueux noir et blanc, qui évoquent, bien entendu, l'environnement industriel du début du XXe siècle ; mais ce bel album pose aussi la question de l’adaptation ou de la résistance à l’inévitable évolution technique […].
Lire la critique sur le site : BDSelection
Auracan
11 mai 2012
Le scénario est bien structuré et l’on sent, dès les premières pages, que Léon Van Bel, le mécanicien-chauffeur et la jeune femme mutique qui se joint à lui n’auront de cesse de défendre cette incroyable machine[…]. Cette histoire, digne des Cités Obscures, est donc à découvrir avec ravissement.
Lire la critique sur le site : Auracan
BDGest
09 mai 2012
Avec ses décors à la rectitude millimétrée, ses ombrages caractéristiques et sa vision rétro-futuriste de la ville, François Shuiten sait également donner à ses personnages une dimension et une densité qui participent à l’intérêt de ses albums en général et de celui-ci en particulier.
Lire la critique sur le site : BDGest
LeSoir
20 avril 2012
L'album de François Schuiten est une quête de la raison d'être dans un monde à la dérive. Il nous rappelle que la technologie n'a de sens que si elle s'inscrit dans l'aventure humaine
Lire la critique sur le site : LeSoir
LesEchos
12 avril 2012
François Schuiten a voulu redonner une nouvelle vie à ce délire d'ingénieur. La réalité ayant une allure de fiction, il s'est contenté d'imaginer l'histoire d'un machiniste amoureux de sa machine, prêt à tout pour éviter que sa carcasse ne soit traitée comme un vulgaire morceau de ferraille.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Une vie de "roulant" laisse peu de place... J'ai réussi ma vie professionnelle, mais côté vie privée... Un métier où on n'a pas besoin de calmant.
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Je suis machiniste-mécanicien sur la 12.004. J'ai le meilleur chauffeur.
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J'ai commencé à 16 ans.Jamais un jour de maladie..J'ai tout donné à cette locomotive la "12004"...Je l'ai dans la peau.
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Les temps changent......
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