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3,87

sur 322 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
François Feldman a, comme il le dit, « un nom de juif et une tête d'arabe » même si « en fait [je suis] normal ». Par ailleurs, il est originaire de la cité des Buers, à Lyon. Nom juif, tête d'arabe, originaire d'une cité « sensible », voilà un triple handicap. Pas sûr non plus que l'homonymie avec l'interprète des éternelles Valses de Vienne soit vraiment un avantage. Autant dire que lorsqu'il décide de lancer une opération de la dernière chance pour son entreprise de fabrication de vêtements ornés de fausses citations de personnages célèbre avec un tee-shirt arborant la maxime « Bonjour, c'est bien ici Charlie Hebdo ? » attribuée à Chérif Kouachi, il ne suscite pas du tout l'enthousiasme de Juliane Bacardi, sa banquière, à laquelle il est venu demander un nouveau prêt. Quand, quelques heures plus tard, par un malheureux concours de circonstances, François croise de nouveau Juliane, celle-ci vient de proprement écrabouiller sous son Audi le cousin d'un gros caïd des Buers. Entraîné un peu malgré lui dans la cavale de sa banquière, François Feldman va avoir fort à faire pour sauver sa peau et celle de sa banquière.
Les histoires de duos mal assortis obligés de se serrer les coudes sont un sujet assez rebattu pour qu'il soit bien compliqué d'en faire quelque chose d'original. Jacky Schwartzmann, pourtant, arrive à tirer son épingle du jeu avec ce roman que l'on lit avec un réel enthousiasme. Cela tient d'abord au mauvais esprit affiché de l'auteur qui manie avec assurance un humour de deuxième et même troisième degré basé sur les stéréotypes, et ensuite à sa capacité à ne laisser aucun temps mort sans pour autant rendre écoeurant le flot ininterrompu des répliques et rebondissements.
L'enchaînement des situations cocasses, le récit à la première personne de François Feldman avec sa vision pour le moins décalée des événements et des personnages qui croisent sa route, et la manière dont le personnage de Juliane Bacardi prend une épaisseur inattendue au fil des événements confèrent à Demain c'est loin une énergie et un fond qui lui permettent de dépasser la simple pochade sans rien sacrifier ni à l'humour, ni à ce que Jacky Schwartzmann entend dire, moins sur le monde tel qu'il est que sur les gens tels qu'ils croient être. Cela donne en fin de compte un roman énergique, amusant et bien plus fin qu'il n'y paraît de prime abord. Recommandable, donc.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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la Kronik d'Eppy
Ce roman policier-sociétal déjanté est un délice.

L'histoire :
Celle de François Feldman, non, pas le chanteur, juste un mec à la ramasse avec une tête de beur et un nom juif. Ce n'est pas le tiercé gagnant. Il est clair que les fées ont oublié de se pencher sur son berceau.
François, il a grandi dans la cité des Buers à Lyon. Une cité qui craint grave. Il y a tellement traîné avec les arabes de la cité qu'il a comme surnom le Rebeu blanc en plus du Juif. Puis comme il a été bien nourri par la cuisine orientale des mères de ses potes on l'appelle aussi « le Gros ». Là, pas d'ambiguïté, ça colle nickel !
Pour trouver sa place dans la société et devenir un vrai Français, il a quitté la cité et s'est installé à Lyon où il a monté sa boutique. Il y vend des T-shirt avec de fausses citations de son cru :
Extrait P.16 : « Une de mes préférées était : « on est bon, avec les nouveaux freins ? Ayrton Senna. » J'avais aussi : « Mais puisque je vous dis que ça passe ! Capitaine du Titanic. » Enfin voilà ce genre de trucs. »
Une boîte sur le déclin qui lui vaut d'être convoqué régulièrement par sa banquière, Juliane Baccardi. Un monde les sépare. Même si, à la grande surprise de François, ils ont en commun la cité des Buers, où Juliane oeuvre dans une association d‘aide aux pauvres.
François fait un petit tour chez Fouad, son coiffeur, et voilà notre pied nickelé avec une nouvelle idée de génie. Il lui faut la financer d'urgence. Oui mais , bernique niveau banque pour un prêt. Faut dire que c'est pas malin de confondre la Banque Populaire avec une succursale des pompes funèbres Algériennes !
Une solution, comme une évidence : aller taper son pote Saïd, le caïd de la cité. Oui mais voilà la mort c'est sacré chez les rebeus et l'accueil n'est pas celui espéré.Voilà notre François qui repart la queue entre les jambes.
Puis une belle journée de merde comme celle-ci ne peut que se terminer en apothéose.
Une Audi A3 écrase le cousin de Saïd contre un mur, au volant se trouve sa banquière, et, comme un con, il saute dans la voiture. Tant qu'à lui sauver la peau à cette conne ce sera contre le prêt dont il a besoin. Faut pas confondre Feldman avec l'abbé Pierre.
Les voilà en fuite pour sauver leur peau. C'est que pour Saïd la famille c'est sacré !
Un répit de quelques heures chez Brigitte et Chonny (j'en pleure encore de rire), mais à l'impossible aucun étalon n'est tenu et tant pis si Juliane gueule.
Puis l'idée : l'agence immobilière du père de Juliane et ses clés de maisons vides à disposition… Ouf ! Enfin ouf c'est vite dit…
Cette histoire nous entraîne dans un road movie hilarant où l'on croise des êtres humains de tous horizons, où les truands les plus futés ne sont pas tous dans les cités, où il fait bon se mettre au vert du côté d'Alger. Où les sentiments, bons comme mauvais, sont présents et parfaitement décrits, et où l'humour, par moments, a un goût de pudeur.

Une excellente peinture sociale de la vie en cité et une peinture au vitriol de notre Sté actuelle. Un roman où l'on appelle un chat, un chat et une chatte, une chatte. Jubilatoire.
Je me suis régalée de ce roman qui m'a donné envie de découvrir les autres écrits de Jacky. Ida, mon banquier ne te dit pas merci. Moi oui !
Lien : https://collectifpolar.com/
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Si vous connaissez la chanson du groupe I am « Demain c'est loin » vous avez une petite idée de ce que raconte ce roman. La banlieue, les amis-à-la-vie-à-la-mort, les embrouilles, les coups foireux, la difficulté de s'en sortir, la police… Mais ce livre n'est pas un Xième récit sur le sujet.

Jacky Schwartzmann jongle avec l'humour et l'ironie mordante tout au long de ce roman noir assez jubilatoire. D'accord, son héros sort d'une cité lyonnaise dite sensible, il a une tête d'arabe bien qu'il soit Français et ses amis et fréquentations le sont, eux, arabes. Pour réussir dans la vie, en se refusant à vivre de combines ou de deals, ce ne sont pas des atouts. Mais il a un truc en plus : l'humour ! Hélas, son humour décalé ne plait pas suffisamment aux Lyonnais pour que son affaire décolle et pas du tout à sa banquière qui le voit s'enfoncer dans le rouge de mois en mois. Un malheureux concours de circonstances viendra chambouler sa vie, ses certitudes et ses espoirs de s'en sortir.

Les thèmes de ce roman n'ont rien d'originaux ; les cités, les jeunes paumés, les règlements de compte, la course poursuite et l'improbable duo de héros ont été vus maintes et maintes fois. Cependant, Jacky Schwartzmann s'en sort plutôt pas mal grâce à l'humour acéré de son propos et à la personnalité de François. Retors mais sympathique, de mauvaise foi mais franc du collier, il donne à l'histoire une dimension enthousiasmante. Les personnages enfilent les stéréotypes comme des perles mais le ton caustique installe d'emblée le second degré. le ton est vif, l'histoire rythmée, pleine de rebondissements (souvent cocasses) et les répliques claquent.

Enfin, le propos de l'auteur est loin d'être superficiel. Son héros a une vision juste et lucide de la situation des banlieues en France, des relations humaines, de l'immigration, des inégalités sociales et de la société en général. L'air de rien, il élargit notre vision des choses et fait réfléchir.

Pas un coup de coeur mais un récit intelligent, drôle et plaisant qui fait passer un très bon moment.

Merci à Masse critique de Babelio pour cet envoi.
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"Je m'appelle François Feldman comme l'aut' con".
La première phrase donne le ton de ce petit livre sympathique que j'ai lu en deux jours.
Certes l'histoire ,la cavale d'un commerçant (Il vend des teeshirts avec des citations aussi humoristiques qu'improbables) issu d'une cité Lyonnaise et de sa conseillère bancaire pour échapper à un trafiquant de drogue et à la Police suite à des évènements rocambolesques ,est totalement invraisemblable.
Certes les sermons de l' auteur via son héros sur la société Française sont parfois discutables .
Malgré cela j'ai apprécié ce récit pour son originalité et surtout son humour.
Quand on a ,comme moi ,un certain âge (Ou un âge certain )et que l'on a déjà beaucoup lu c 'est rare d 'être surpris par un écrivain que l'on découvre.
Cela a été le cas et je vais donc continuer à suivre Jacky Schwartzmann.
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" J'avais un nom de juif et une tête d'Arabe mais en fait j'étais normal. " Voici François Feldman, originaire de la cité des Buers à Lyon, plus tout à fait un gars des quartiers mais n'ayant jamais réussi non plus à se faire adopter des Lyonnais de souche. Il a monté son petit bisness de tee-shirt floqués mais ça ne marche pas si bien que ça. C'est pourquoi il rencontre régulièrement Juliane, sa banquière. BCBG, rigide et totalement dénuée de sens de l'humour, lassée de renflouer le compte de François à coups de prêt.
Un soir, François lui sauve la mise, un peu malgré lui, suite à un terrible accident. Et la banquière coincée flanquée du faux rebeu des cités de se retrouver dans une improbable cavale, à fuir à la fois la police et un caïd de banlieue qui a posé un contrat sur leurs têtes.
Au début du roman, je n'étais pas plus emballée que ça ; un auteur qui écrit comme il parle, bon ce n'est pas toujours ma tasse de thé. Puis, au fil des pages, voilà que je me prends d'amitié pour ce jeune homme décalé et plein d'humour. Il écrit comme il parle mais a le don de nous toucher au coeur. François Feldman a une vision du monde fort intéressante, la vie des quartiers défavorisés où les habitants sont livrés à eux même n'a pas de secret pour lui. Cette histoire est un roman social avec un brin de sentimentalisme. François est un poète, un mec bien, plein de ressources qui n'a pas eu la chance d'être favorisé. La « chkoumoune » va peut-être finir par prendre fin.
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"Demain c'est loin , on n'est pas pressés" , "lendemain après lendemain , c'est quoi le problème , on vit au jour le jour , on n'a pas le temps" , ce polar est une référence explicite à la chanson du groupe I AM .
Essayez donc de faire se rencontrer un jeune issu des banlieues (François Feldman , ni juif ni arabe , mais avec une tête de rebeu ) et une banquière un peu rigide , Juliane , fille unique de bourgeois particulièrement aisés , et essayez d'imaginer ce qui peut les rattacher l'un à l'autre . Rien .
Eh bien , détrompez vous , la conseillère financière va se retrouver dans une situation très critique , elle a renversé accidentellement un jeune arabe , et la voilà recherchée à la fois par la gendarmerie et le chef un peu maffieux d'une cité déshéritée , qui a bien l'intention de venger la mort de son cousin .
Et qui va venir au secours de Juliane , c'est François , à qui elle vient pourtant de refuser d'avancer de l'argent pour l'un de ses projets foireux .
Voilà ce couple improbable engagé dans une course poursuite avec les rebeus en colère , grillant un feu rouge à 140 à l'heure sous les yeux ébahis des policiers . "Nous sommes les Bonnie and Clyde les plus ringards de toute la création" , dit l'auteur !
Je crois volontiers que l'auteur ( Schwartzmann , pas très loin de Feldman ) a une bonne connaissance de ces banlieues déshéritées (celles de Lyon) pour y avoir vécu et côtoyé ces jeunes qui n'ont guère d'avenir et qui sont invisibles , sauf s'ils brûlent des voitures . Sinon , impossible de décrire avec autant de précision l'environnement de la banlieue et les réflexions de ceux qui l'habitent .
Ce roman policier complètement déjanté , autant par les situations que par le riche langage de l'auteur a également un côté philosophique (sans aucune prétention ) . L'auteur pourfend allègrement les idées reçues et les clichés souvent infondés sur la banlieue et les "Arabes" .
Faire se confronter, sans aucune méchanceté , deux classes sociales et deux cultures différentes présente des aspects particulièrement jubilatoires , les situations sont d'une géniale drôlerie et il est difficile de ne pas en rire.
Seul petit bémol , on se demande comment le sac à main de Juliane se retrouve entre les mains des méchants Arabes , mystère !
J'ai lu ce polar avec délectation , d'une seule traite , je ne boude pas mon plaisir .
Merci à Babelio et aux éditions Points pour ce joli cadeau .
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François Feldman (aucun lien de parenté est-il précisé) a un commerce a faire tourner. Une boite de tee shirts imprimés. Son petit truc est qu'il invente des phrases soi-disant prononcées par des personnages connus. Mais quand il rencontre sa conseillère bancaire pour obtenir un prêt supplémentaire, il choisit le mauvais exemple :

"C'est bien ici Charlie Heddo ?"
Les frères Kouachi.

Pour Juliane, la conseillère, ça ne passe pas. Et vous ? Moi, je me dis qu'un dessinateur de Charlie de la grande époque aurait pu croquer cette sentence dans un dessin, c'est un exemple typique d'humour bête et méchant à la sauce Hara kiri. Je me vois mal porter le tee shirt en revanche. Feldman explique que dans les cités, les fameux "quartiers", ça va cartonner. Au premier degré, ça va cartonner.

Le rire se grince...

DEMAIN C'EST LOIN confirme, s'il en est, que le rire est multiple. Il est ici franc mais aussi un peu honteux de l'être. Quand le héros se présente : «J'avais un nom de juif et une tête d'Arabe mais en fait j'étais normal», on se dit qu'on a entre les mains un court bouquin cinglant qui va nager dans des eaux qui ne sont pas celles du fleuve tranquille.

On va rebondir ainsi du rire explosif à "roh... Quand même, mec...". On va le faire tout le long de ce court roman.

Puis, les archétypes vont s'affiner, les frontières se brouiller, et finalement, si on s'est bien poilé, ce court bouquin s'avère plus profond qu'il n'y paraît. Il délivre un constat plutôt fin sur le mal français de ses banlieues ghettoisées jusqu'aux plus obscures coursives, abandonnées à une islamisation rampante :

"L'islam ne s'est pas radicalisé, c'est la radicalité qui s'est islamisée."

Ni angélisme, ni vision apocalyptique d'un grand remplacement fantasmé, DEMAIN C'EST LOIN tient une note fragile, qui semble parfois tendre vers la dissonance sans jamais y verser.

L'intrigue, sans être totalement bâclée, n'est pas ce qui nous fait tourner les pages mais bien ce vent de fraîcheur, ce politiquement incorrect qui n'est pas, pour une (très) rare fois, le paravent d'une inhumanité rance.

Rien (mais pas) que pour ça...
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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"Je m'appelle François Feldman, comme l'aut' con. Mais je suis pas chanteur. Et je suis pas juif."

La phrase d'accroche donne le ton de ce roman à l'humour noir, noir.

François Feldman a grandi aux Buers, cité de la banlieue lyonnaise, où il a fait les quatre cents coups avec ses potes.

Contrairement à ses petits camarades, François Feldman a eu son bac et a migré à Lyon, quartier Perrache, avec l'idée de faire des études, et un peu de pécho les minettes du 6ème.

Arrivé à la fac, il se rend pourtant vite compte que le monde se divise en deux catégories: celles qui portent des Stan Smith et ceux qui portent des Nike Air Force 1.

Fort de ce constat François laisse tomber les études et se lance dans le commerce de T-shirts à slogans plus ou moins douteux type " "Bonjour c'est bien ici Charlie Hebdo?" Et c'est signé Chérif Kouachi."

François Feldman y croit parce que ça fait marrer ses potes de la cité, mais pas trop les gens en ville.

L'histoire de sa vie: François est coincé entre deux mondes, ça le rend lucide, et un poil philosophe.

"J'avais un nom juif et une tête d'arabe, mais en fait j'étais normal"...

Vu que ça marche moyen, bizarrement, François se retrouve pas mal dans le bureau de Juliane, sa banquière, qu'est pas trop portée sur l'humour, en général.

Du coup ça se passe pas terrible, et François baisse un peu les yeux, jusqu'au jour où Juliane va se mettre salement dans la panade en coinçant le cousin du caïd des Buers entre un mur et le pare-choc de son Audi.

François l'aide à prendre la fuite, ce qui fait qu'ils sont tous les deux dans la panade.

S'ensuit une course poursuite folle dans Lyon et ses alentours, avec un détour remarquable par Saint-Martin-la-Plaine et ses gorilles, sur fond de choc culturel.

Schwarztmann balance à gauche à droite avec un humour franchement corrosif et jubilatoire.

Personnages hauts en couleurs, construction impeccable, l'auteur n'évite certes pas certains écueils sur le fond (les aléas de la politique), mais après tout, un roman n'a jamais eu vocation à être objectif.

Court, drôle et efficace, "Demain c'est loin" dénote et fait franchement du bien!
Lien : https://chatpitres.blogspot...
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J'ai kiffé grave sa mère ce roman comme aurait pu, à juste titre, le dire François Feldman , le héros de "Demain c'est loin". François n'est ni juif, ni chanteur, ni arabe comme son physique pourrait le laisser penser, mais il a de la suite dans les idées. Difficile en effet de monter un business quand on vient d'une cité de la banlieue lyonnaise et ce n'est pas cette nouvelle idée géniale qui convaincra plus sa conseillère à la Banque Populaire , une certaine Juliane Bacardi ...Mais les circonstances de la vie et le hasard peuvent de temps en temps faire basculer certaines certitudes : comme celles de transformer ses meilleurs potes en ses pires ennemis ou de trouver des alliés inattendus dans l'adversité ...
Ce roman est une vraie tuerie : un humour corrosif qui décape dans les coins et fait preuve d'un sacré bon sens. Un road movie qui dépote du debut à la fin . Total no limit . Pas le temps de souffler avec Monsieur Jacky Schartzmann il carbure au speed. C'est drôle , sans tabous et ne devrait pas déplaire aux fans de l'humour vache à "La Daronne ".
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Il n'y a pas de personnage récurrent dans les romans de Jacky Schwartzmann, seulement des gens ordinaires croisés dans des lieux bien de chez nous. C'est le cas de François Feldman, aucun lien avec le chanteur, un nom juif mais il n'est pas juif. Originaire de la cité des Buers à Villeurbanne près de Lyon, il a côtoyé durant toute sa jeune vie des Arabes. le mimétisme a fait le reste, François Feldman avec son nom juif a tout d'un rebeu. Il en a la gouaille et la débrouillardise de ceux qui veulent se sortir de ces quartiers qualifiés universellement de difficiles car il est difficile d'y vivre dans la pauvreté plus que difficile de mener une vie tranquille avec de tels voisins.

J'ai découvert les romans de Jacky Schwartzmann en lisant Shit ! paru en 2023. Je lis Jacky Schwarzmann en verlan, en remontant le temps des parutions. Il y a une marque de fabrique dans son oeuvre, des gens ordinaires piochés dans le quotidien de ceux qui n'ont que la spontanéité et le coeur pour s'en sortir et comme rien n'est simple pour eux, l'humour permet de dédramatiser.

François a une âme d'entrepreneur, pour s'en sortir il a ouvert une boutique à Lyon et vend des sweats et des T-shirts floqués de citations foireuses. François est un entrepreneur que personne ne comprend et que sa banque ne veut plus soutenir. Sa conseillère financière est de bon conseil, Français doit trouver un vrai travail et c'est ce qu'il va faire ! Il a une idée géniale, une idée que tous ceux qui ont une attache en Algérie vont adopter aussitôt et bien sûr payer et François sera alors un entrepreneur reconnu et riche. Mais de son idée personne n'en veut, surtout pas Juliane sa banquière, même pas son pote Saïd le dealer qui a fait fortune. François n'aura pas une thune, personne ne le comprend et il ne comprend pas pourquoi.

Jacky Schwartzmann est un remarquable conteur d'histoires invraisemblables auxquelles je crois car ce sont des exploits arrachés à un quotidien qui ne fait pas de concession à ceux qui n'ont presque rien, seulement de l'humour pour positiver et avancer. Humour déjanté, humour potache, humour irrévérencieux, ce cocktail particulièrement plaisant guide les pas de François qui a pris sous son aile protectrice sa belle banquière. Juliane s'est mise dans une galère dangereuse au possible, menacée par des caïds de la drogue et traquée par la police. François n'écoute que son coeur et la promesse d'un prêt pour lancer sa nouvelle affaire. Une fuite-course-poursuite s'engage alors, la chance des audacieux va heureusement sourire à ce couple que tout oppose mais qui va finir par s'apprivoiser.

Jamais François ne perd son humour dans ses pérégrinations. Jamais Jacky Schwartzmann ne perd sa lucidité et il ne manque pas de dénoncer tous les travers de notre quotidien, avec humour bien sûr, un humour politiquement inclassable plus qu'incorrect. Florilège : les animaux ne sont pas heureux dans les zoos, des bourges pas toujours honnêtes, des rebeus exploités dans leur boulot, la pauvreté élevée au rang de problème national car elle coûte chère aux riches mais aussi une France avec des aspects pas si mal que ça. Avec Jacky Schwartzmann, le roman noir est jubilatoire.

Jacky SCHWARTZMANNDemain c'est loin – Parution octobre 2017, Éditions du Seuil, collection Cadre Noir. ISBN 9782021370867. Exemplaire lu ( avec dédicace salon Noir sur Ormesson, novembre 2023 ) : réédition au format poche, octobre 2018, Éditions Points Policier. ISBN 9782757871843 .
Lien : http://romans-policiers-des-..
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