Ce roman policier-sociétal déjanté est un délice.
L'histoire :
Celle de François Feldman, non, pas le chanteur, juste un mec à la ramasse avec une tête de beur et un nom juif. Ce n'est pas le tiercé gagnant. Il est clair que les fées ont oublié de se pencher sur son berceau.
François, il a grandi dans la cité des Buers à Lyon. Une cité qui craint grave. Il y a tellement traîné avec les arabes de la cité qu'il a comme surnom le Rebeu blanc en plus du Juif. Puis comme il a été bien nourri par la cuisine orientale des mères de ses potes on l'appelle aussi « le Gros ». Là, pas d'ambiguïté, ça colle nickel !
Pour trouver sa place dans la société et devenir un vrai Français, il a quitté la cité et s'est installé à Lyon où il a monté sa boutique. Il y vend des T-shirt avec de fausses citations de son cru :
Extrait P.16 :
« Une de mes préférées était : « on est bon, avec les nouveaux freins ?
Ayrton Senna. » J'avais aussi : « Mais puisque je vous dis que ça passe ! Capitaine du Titanic. » Enfin voilà ce genre de trucs. »
Une boîte sur le déclin qui lui vaut d'être convoqué régulièrement par sa banquière, Juliane Baccardi. Un monde les sépare. Même si, à la grande surprise de François, ils ont en commun la cité des Buers, où Juliane oeuvre dans une association d‘aide aux pauvres.
François fait un petit tour chez Fouad, son coiffeur, et voilà notre pied nickelé avec une nouvelle idée de génie. Il lui faut la financer d'urgence.
Oui mais voilà, bernique niveau banque pour un prêt. Faut dire que c'est pas malin de confondre la Banque Populaire avec une succursale des pompes funèbres Algériennes !
Une solution, comme une évidence : aller taper son pote Saïd, le caïd de la cité. Oui mais voilà la mort c'est sacré chez les rebeus et l'accueil n'est pas celui espéré.Voilà notre François qui repart la queue entre les jambes.
Puis une belle journée de merde comme celle-ci ne peut que se terminer en apothéose.
Voilà qu'une Audi A3 écrase le cousin de Saïd contre un mur, qu'au volant se trouve sa banquière, et, que comme un con, il saute dans la voiture. Tant qu'à lui sauver la peau à cette conne ce sera contre le prêt dont il a besoin. Faut pas confondre Feldman avec l'abbé Pierre.
Les voilà en fuite pour sauver leur peau. C'est que pour Saïd la famille c'est sacré !
Un répit de quelques heures chez Brigitte et Chonny (j'en pleure encore de rire), mais à l'impossible aucun étalon n'est tenu et tant pis si Juliane gueule.
Puis l'idée : l'agence immobilière du père de Julianne et ses clés de maisons vides à disposition… Ouf ! Enfin ouf c'est vite dit…
Cette histoire nous entraîne dans un road movie hilarant où l'on croise des êtres humains de tous horizons, où les truands les plus futés ne sont pas tous dans les cités, où il fait bon se mettre au vert du côté d'Alger. Où les sentiments, bons comme mauvais, sont présents et parfaitement décrits, et où l'humour, par moments, a un goût de pudeur.
Une excellente peinture sociale de la vie en cité et une peinture au vitriol de notre Sté actuelle. Un roman où l'on appelle un chat, un chat et une chatte, une chatte. Jubilatoire.
Je me suis régalée de ce roman qui m'a donné envie de découvrir les autres écrits de Jacky.