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sur 319 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Je lui ai dit que j'avais un nom de juif et une tête d'Arabe mais qu'en fait j'étais normal », « Je m'appelle François Feldman, comme l'aut'con. Mais je suis pas chanteur. »

Avec Jacky Schwartzman, pas question de faire dans la dentelle (« c'est pour les tapettes »). Et on n'est pas prêt de se laisser bercer par "Les Valses de Vienne", François il serait plutôt du genre IAM : le titre du livre étant aussi une chanson dudit groupe.

François Feldman, le personnage principal, vient du quartier des Buers, à Villeurbanne, dans la banlieue lyonnaise. À 39 ans, il a ouvert une boutique de t-shirts détournants des citations, réelles ou imaginées, dans le but de créer une situation comique. Il veut se sortir des magouilles de la cité et devenir « enfin un Français. Un vrai. ».

« Bonjour, c'est bien ici Charlie Hebdo ? », signé Chérif Kouachi, est sa dernière création. Mais, apparemment son humour macabre ne passe pas dans le centre-ville. Ça ne marche pas. Son humour des banlieues n'arrive pas à passer le Rhône.

« Ce genre de vannes, aux Buers, ça faisait marrer tout le monde. Mais dans la presqu'île, pas du tout, et à la Banque populaire encore moins. »
Car évidemment, sa petite entreprise connaissant la crise, il a maille à partir avec les agences de prêts financiers, notamment sa conseillère, « la Bacardi », Juliane de son prénom. À travers son mépris, il se verra telle qu'elle le considère, avec la condescendance que lui impose son poste : un « teubé » vulgaire et ignare.

C'est pourtant avec elle, une fois qu'elle se sera mise toute seule dans « une merde apocalyptique » qu'il partira dans une fuite effrénée à travers les rues de la ville lumière, tentant d'échapper autant à la flicaille qu'aux petites frappes de la cité.

Même si son aide est au départ intéressée, c'est un véritable duo de choc qui va se former sous nos yeux de lecteur, pour leur survie, mais aussi pour notre propre bonheur.

Sur un rythmé enlevé, allié à un humour décapant, nous voilà embarqué dans une course poursuite délirante à laquelle il est difficile de résister. Mêmes les petites incohérences scénaristiques sont vite oubliées, dépassés que nous sommes par la verve et style inimitable du bonhomme.

Entre un humour mordant à la Desproges, et une ironie sociale qui fait penser à Iain Levison, si Jacky Schwartzmann ne fait pas dans la demi-mesure (« c'est pour les pédés »), c'est au contraire pour nous offrir une écriture fine et maline.
Le mépris des nantis, la décolonisation, les cités-ghettos ou la peur du déclassement, tout y passe.

Intelligent, vif, et drôle, je ne me souviens pas m'être autant marré en lisant un roman !
À condition d'apprécier le deuxième, voire le troisième degré, les fous rires sont garantis.

Un roman social noir, à l'humour... noir, forcément, qui ne pourra vous laisser indifférent.

« C'est quand même un joyeux bordel la vie » ;-)

Lu en novembre 2018.

Et spécial dédicace à Renod, grâce à qui, par sa chronique, j'ai découvert ce livre et cet auteur. Donc, merci à lui ! ;-)

Ma chronique sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Demain-..
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François Feldman, qui n'a rien à voir avec le chanteur, a quitté la cité des Buers pour s'installer dans le vrai Lyon, c'est à dire dans la presqu'île. C'est aussi là qu'il a ouvert sa boutique de prêt-à-porter. Son créneau : des t-shirts et des sweats avec des citations inventées pour le moins empreintes d'humour noir (voire très noir). Les affaires ne marchent pas vraiment mais il compte bien sur son dernier slogan en date pour relancer la machine. Pour cela, il aurait besoin d'un peu d'argent et c'est donc tout naturellement qu'il va voir sa conseillère financière de la Banque Populaire, la Bacardi, Juliane de son doux prénom, qu'il méprise au plus haut point... Et qu'il déteste encore plus lorsqu'il se voit refuser son prêt ! Mais avec sa dernière idée de génie, à savoir faire venir de la terre d'Algérie pour enterrer les Algériens en France dans de la terre algérienne, il est sûr qu'elle ne va pas le lui refuser cette fois ! Mais non, son idée ne lui plait pas, à la Bacardi. Il décide alors d'aller voir son pote, Saïd, dealer notoire, aux Buers. Rien à faire, son idée ne lui plait pas plus. Bien au contraire ! Alors qu'en bas de l'immeuble, lui et Ibrahim, le cousin de Saïd, s'étripent verbalement, ce dernier ne trouve rien de mieux que de se faire écraser contre le mur par une Audi... conduite par la Barcardi !

François Feldman, avec son nom juif et sa tête d'arabe, est un type normal, comme il le souligne. Quoique son humour frôle parfois les limites. Par un mauvais coup du sort, le voilà embarqué dans une improbable cavale avec sa conna... hum... sa banquière. À leurs trousses, des caïds des Buers mais aussi la police. Faut dire que Juliane Bacardi s'est foutue dans un sacré merdier. Et François, dont la bonté le perdra, ne pouvait décemment pas la laisser se dépatouiller toute seule. À charge de revanche, évidemment ! Jacky Schwartzmann fait, comme à son habitude, dans l'humour, la déconnade, le déjanté, le politiquement incorrect, n'oubliant pas d'écorcher au passage notre société. Et ce pour notre plus grand plaisir ! À un rythme effréné, il dégaine, sur même pas 200 pages, un scénario tout aussi diabolique que délirant, à l'humour mordant et parfois noir, porté par des personnages pas piqués des hannetons.
Un roman noir totalement jouissif !
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Demain c'est loin est un polar ancré dans le quotidien, à l'instar de son auteur, Jacky Schwartzmann, pour qui l'observation de ses contemporains est sa matière première d'écrivain. Elevé alternativement dans une cité ouvrière et dans un centre-ville bourgeois, il en a observé les modes de vie et de pensée. Cela lui permet d'en tirer avec humour des analyses décomplexées, confrontant sans hésitation les clichés extrêmes les plus éculés, sans rien concéder au politiquement correct. Pour le langage, il choisit un camp, celui des jeunes des quartiers difficiles.

Ce langage est celui du personnage principal et narrateur du roman. On le prend généralement pour un Arabe, parce qu'il a une tête de Rebeu et parce qu'il a grandi entouré d'Arabes dans une cité difficile de Villeurbanne, en banlieue de Lyon. Pourtant, son nom, c'est François Feldman – comme le chanteur, mais faut pas le lui dire, parce qu'on lui en a déjà fait dix mille fois la remarque et ça l'énerve –. Dans la cité, il est le Juif. On l'appelle ainsi en raison de la consonance de son nom – Curieux d'imaginer cela quand on s'appelle Schwartzmann ! – En fait, François n'est ni arabe ni juif. C'est un mec normal, quoi ! aurait dit Coluche.

François connaît bien les Rebeus. Il les observe avec bienveillance sans oublier d'être lucide. Il sait leurs qualités, connaît les obstacles auxquels ils doivent faire face dans leur vie de tous les jours et a conscience des galères pouvant conduire certains à des activités illicites. Il reconnaît aussi leurs insuffisances, leur orgueil souvent mal placé, leurs tendances à s'énerver pour un rien, et les bonnes excuses qu'ils se donnent pour leurs échecs ou leurs choix malavisés.

A force d'être pris pour un Arabe et de vivre avec eux jour et nuit, François finit par parler comme eux et par avoir les mêmes réflexes, lorsque des Français, des bons Français, font mine de se méfier de lui ou de ne pas le prendre au sérieux.

C'est en l'occurrence une Française qui se trouve en travers de son chemin. Juliane Bacardi est une jeune responsable d'agence bancaire bien comme il faut, bonne famille, bonne éducation, bons diplômes. Quoi d'étonnant à ce qu'elle lève les yeux au ciel en écoutant les arguments de ce type avec sa tronche d'Arabe : tous les mêmes, pas structurés, pas francs, pas fiables ! Quoi d'étonnant à ce que François se retienne difficilement d'injurier cette bourge coincée qui lui balance avec morgue des conseils de surveillante de maternelle !

C'est là que le polar reprend ses droits. L'intrigue échafaudée par l'auteur conduira François et Juliane au centre d'une aventure rocambolesque à rebondissements multiples. Ils devront en affronter ensemble les périls, étant recherchés activement par toutes les forces de police de la région, tout en ayant à leurs trousses une bande de mafieux rebeus prêts à leur faire la peau.

Le livre est noir, violent, très violent même par instant, mais le ton de la narration reste toujours imprégnée d'une touche d'humour décalé, comme pour rappeler qu'il ne s'agit que de littérature.

Un mot sur l'humour de l'auteur. Il entend ne faire aucune concession à la bien-pensance, ne se fixer aucune limite de bon goût. Il flirte avec la ligne jaune, notamment dans les premières pages qui, pour moi, ont failli être les dernières : une trop forte concentration d'humour bête et méchant, ni vraiment nouveau ni vraiment drôle, aurait pu me faire abandonner le livre… J'ai bien fait de persévérer, car finalement, les mots d'esprit du narrateur contribuent à rendre la lecture plaisante.

Polar bien construit et captivant, Demain c'est loin livre aussi un constat sur les rapports sociaux, ou plutôt sur l'absence de rapports quotidiens entre les classes sociales. Chacun ses modèles, chacun ses contre-modèles. Jacky Schwartzmann ne juge pas, ne prend pas position... sauf quand il fait déclarer par son François Feldman que la France est le plus beau pays au monde.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Le jeune François Feldman - comme le chanteur - a réussi à s'extraire des Buers, sa cité natale de Villeurbanne en ouvrant à Lyon, une boutique où il vend des sweatshirts portant des messages politiquement incorrects mais malheureusement le succès attendu n'est pas au rendez-vous. Voyant grand, il a enfin trouvé l'idée géniale qui va faire de lui un homme d'affaires millionnaire,mais il lui faut une mise de fonds. Juliane, sa banquière trentenaire, une fille à papa des beaux quartiers de Lyon ne le voit pas du même oeil et refuse de lui accorder le prêt salvateur. Quand, à la suite d'un accident dans la cité des Buers, elle se retrouve poursuivie avec François par Saïd, le caïd local et accessoirement ami d'enfance de François, ils n'ont d'autres choix que de partir en cavale et essayer d'arranger l'embrouille.

Avec cette cavale effrénée dans la banlieue des cités et celle, très bourgeoise, des villas des environs de Lyon, Jacky Schwartzmann nous invite dans deux univers qui n'ont pas vocation à se connaître mais qui vont se confronter. Avec demain c'est loin, il fait se clasher ces deux mondes opposés, celui de la banlieue avec François, intelligent mais encore mentalement dans la cité, peu confiant en lui et Juliane, née avec une cuillère en argent dans la bouche, née dans les beaux quartiers, ignorant les quartiers défavorisés, sauf à faire partie d'une association d'aide aux plus démunis. Entre trash et idéalisme, son écriture vive et intelligente fait mouche, il dénonce qui, les jeunes caïds de banlieue qui, les bourgeois, le monde la banque en passant par les musulmans, ou les juifs avec le même humour noir, sarcastique et politiquement incorrect.
Une lecture où j'ai ri plus d'une fois, j'ai retrouvé le même savoir-faire et l'humour que celui d'Hannelore Cayre dans son écriture et sa vision de la société. Un style assez trash qui ne plaira pas à tous les lecteurs, mais qui dans le genre est très réussi.
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Après Pension complète, Demain c'est loin confirme tout le bien que je pense de Jacky Schwartzmann, qui livre ici un court roman original et atypique, à mi chemin entre le polar et le roman social noir.

Francois Feldman (et oui, comme le chanteur...) est originaire de la cité des Buers, qu'il a quittée pour ouvrir un commerce de tee-shirts ornés de citations humoristiques en centre ville de Lyon. Mais son humour n'étant pas vraiment le même que celui des habitants de la ville, les affaires ne sont pas florissantes et sa conseillère bancaire le convoque surtout pour lui conseiller de trouver un autre travail. Elle représente tout ce qu'il déteste, et pourtant, suite à un accident impliquant le cousin d'un caïd de la cité, ils vont se retrouver entraînés tous les deux dans une incroyable cavale.

J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre le duo improbable formé par Juliane et Francois, personnages attachants qui se révèlent au fur et à mesure du roman lors de cette course poursuite au rythme trépidant.
J'ai également beaucoup apprécié le style sans concession et l'humour décapant de l'auteur.

Une réussite et un excellent moment de lecture !
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Ah il est mal barré notre héros, François Feldman qu'il s'appelle.. Son taff ?  essayer de bicraver des pulls avec des punchlines plus claquées que Marie Trintignant.

Avec un nom de juif et une tête d'arabe notre gaulois pourrait etre passe partout mais il n'en n'a pas la taille.

Aux portes de la quarantaine, l'ascenseur social affiche en panne et il vivote avec un business qui relève plus d'un coup de tête post soirée fumette que d'un projet startup tout frais sorti d'une caboche lessivée par HEC..

En galère de Pesetas, va donc falloir aller chercher l'oseille là où il est et aller gratter les banksters, en l'occurrence Juliane Bacardi. 2 salles 2 ambiances : Mec de cité  versus petite bourgeoisie lyonnaise. Projet archi flingué versus Quel cabriolet vais-je donc m'acheter cette année?.

Vous qui bouquinez un peu, vous connaissez Jean de la femme Fontaine et son histoire de la Cigale et la Fourmi. La banquière de notre héros des temps modernes a des oursins dans les poches et n'est pas vraiment chaude pour lâcher le biff. Surprenant pour un banquier...

Le point commun entre ces deux personnages à part les pesetas tant convoités?
La cité des Buers en périphérie de Lyon, l'un en est issu, l'autre y fait un peu de bénévolat pour laver son âme corrompue par la finance, ou s'acheter bonne conscience.

Bref c'est sur ce ter-ter que vont converger les itinéraires des deux et que le feu d'artifice va commencer. 

Alors depliez votre chaise pliante Lafuma, depoussierez votre fauteuil à bascule, balancez un plaid sur la méridienne ou ajustez les coussins du plumard pour lire confortablement, preparez un peu de chocolat blanc si vous avez des gouts douteux, ou un paquet de granolas noirs si vous etes un(e) vrai(e)  et c'est ti-par Bernard! 

Les péripéties subies par ce duo d'aimants que tout repousse est dynamique et fort divertissant,en bon lecteur totalement inapte à écrire un bouquin, je me permet de retirer une petite demi étoile d'enthousiasme, pour une fin un peu moins sensas' que le reste du bouquin, qui n'enleve pas le plaisir du moment passé en compagnie de la Belle et la bête.

J'ai bien apprécié cette lecture accessible, moderne, à la plume actuelle et irréverencieuse, y'a de l'esprit et pas mal de petites phases bien gol-ri, c'est pétillant comme une gorgée de Fanta, ça s'avale rapidos.  
 
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Terre du bled
François Feldman vous connaissez ? Mais si, le chanteur, Les valses de Vienne, tout ça ! Ah oui, ça remonte aux années 80, alors forcément, quand le François Feldman de Jacky Schwarzmann se présente dans les quartiers lyonnais qu'il fréquente, il suscite un peu d'étonnement. Car ce François Feldman n'a rien à voir avec le chanteur, mais alors rien du tout. La trentaine, un nom célèbre (un peu), qui sonne « juif » avec une tête d'arabe « surtout ce qu'il y a dedans », un peu à cause de la cité où il a grandi… Bref, François, c'est un peu un loser, qui n'a pas tiré les meilleures cartes au départ (« Un nom de juif, une tête d'Arabe, le physique de Philip Seymour Hoffman et la domiciliation aux Buers, c'est ce qu'on peut appeler un mauvais départ dans la vie ») mais il fait le maximum (enfin, presque…) pour s'en sortir. Il a une chouette boutique de tee-shirts, avec des slogans sympas imprimés dessus : par exemple « On est bon, avec les nouveaux freins ? Ayrton Senna. » ou « Mais puisque je vous dis que ça passe ! Capitaine du Titanic. »… Ce matin-là, il a rendez-vous avec sa banquière : ses finances sont dans le rouge… Mais aucun espoir d'attendrir la belle Juliane, ou même de l'intéresser avec un nouveau projet qui pourtant, il en est certain, est l'idée du siècle : Terre du bled. Rien de plus simple : acheter de la terre en Algérie, l'acheminer en France par containers et la vendre au mètre cube aux familles algériennes endeuillées qui, comme ça, pourraient se faire enterrer en France dans de la terre algérienne… Pour sa mise de départ, après avoir essuyé les refus de toutes les agences bancaires de Lyon, François ne voit pas d'autre solution que de solliciter un pote d'enfance. Saïd « le cliché du type gâché, du type qui aurait pu exceller dans pas mal de domaines mais qui, pour réussir, n'avait eu comme avenir que les go fast. » Saïd est donc le caïd des Buers, il a plein de fric, sale évidemment mais bon, la fin justifie les moyens. Mais contre toute attente, Saïd est –lui aussi- offusqué par l'idée de génie de François qui se retrouve donc sans un sou et devant l'immeuble de son (ex) pote, où traînent des jeunes plus ou moins désoeuvrés dont Ibrahim, le petit cousin de Saïd. Et c'est là que le miracle se produit ! Une voiture fonce malencontreusement et renverse Ibrahim. Un accident bête, tragique certes, mais bête tout de même… Surtout que la belle Audi A5 qui errait dans la cité était conduite par… Juliane, la banquière de François !! Quelle belle opportunité à saisir ! Une sorte d'échange de services, de bons procédés, François aide Juliane à se sortir de sa situation très délicate, et Juliane accorde un prêt (très avantageux !) à François. Rien de très compliqué non plus… Mais qui va très joliment déraper, pour le plus grand plaisir du lecteur !
Après avoir lu « Shit ! » je m'étais promis de revenir très vite vers l'auteur. J'ai donc jeté mon dévolu sur ce roman dont le titre était particulièrement intrigant (c'est aussi le titre d'une chanson d'IAM, vous l'aurez compris, la playlist est plus IAM que François Feldman !) espérant retrouver l'humour très noir mais très efficace de Jacky Scwarzmann. Je ne suis pas déçue ! C'est noir bien sûr, totalement amoral, trash et particulièrement jouissif.
Je le classe un petit cran au-dessous de Shit !, plus abouti mais franchement si vous avez envie de passer un bon moment, sans prise de tête, n'hésitez pas à valser (pas forcément à Vienne !) avec François Feldman.
Je laisse le mot de la fin à IAM –les ultimes paroles de la chanson Demain c'est loin, particulièrement bien adaptées au roman :
« Et qu'on ne naît pas programmé pour faire un foin
Je pense pas à demain, parce que demain c'est loin »
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Court roman ( 192 pages ) mais bel exercice de style. Tout le charme de l'histoire est dans la gouaille, l'humour parfois du 3ème ou 4ème degré, qui donnent quelques scènes d'anthologie, cf le tatouage de Johnny. C'est aussi émaillé l'air de rien de réflexions pleines de bon sens sur l'état de notre société sans pour autant être moralisateur.
Vous l'aurez compris, on n'est pas dans le politiquement correct, et c'est ça qui est bon !

#JackySchwartzmann #Seuil #polar #lecture #livres #chroniques

Le quatrième de couverture :
" J'avais un nom de juif et une tête d'Arabe mais en fait j'étais normal. " Voici François Feldman, originaire de la cité des Buers à Lyon, plus tout à fait un gars des quartiers mais n'ayant jamais réussi non plus à se faire adopter des Lyonnais de souche, dont il ne partage ni les valeurs ni le compte épargne. Il est entre deux mondes, et ça le rend philosophe. Juliane, elle, c'est sa banquière. BCBG, rigide et totalement dénuée de sens de l'humour, lassée de renflouer le compte de François à coups de prêt. " Entre elle et moi, de sales petites bestioles ne cessaient de se reproduire et de pourrir notre relation, ces sales petites bêtes contre lesquelles nous ne sommes pas tous égaux : les agios. " Mais le rapport de force va s'inverser quand, un soir, François lui sauve la mise, un peu malgré lui, suite à un terrible accident. Et la banquière coincée flanquée du faux rebeu des cités de se retrouver dans une improbable cavale, à fuir à la fois la police et un caïd de banlieue qui a posé un contrat sur leurs têtes. Pour survivre, ils vont devoir laisser leurs préjugés au bord de la route, faire front commun. Et c'est loin d'être gagné.

Avec Demain c'est loin, Jacky Schwartzmann signe un polar sous haute tension, violemment drôle et d'une belle humanité.
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Quand on porte le nom d'un chanteur ringard qui, en plus, « sonne » juif et qu'on a la tête d'un arabe (« surtout dedans »), pas facile, facile de consolider un prêt bancaire avec une jolie petite bourgeoise des beaux quartiers ; alors en obtenir un nouveau, ça va être du sport… C'est rien de dire que François Feldman galère ! Et d'ailleurs, c'est un incompris. Il a monté une petite boîte de tee-shirts avec des slogans sympas qu'il compose lui-même, du style à faire les faire mourir de rire, lui et ses potes, mais qui s'exportent mal au-delà du quartier des Buers, dans la presqu'île lyonnaise par exemple. Et quand Juliane Bacardi, sa conseillère financière, panique et renverse le neveu du caïd de la cité, les choses vont un peu se compliquer pour ce couple improbable.

J'ai beaucoup aimé ce court roman policier, même si l'intrigue en est parfaitement loufoque : ce n'est pas là que réside son intérêt. La langue de Jacky Schwartzmann est colorée, incisive, vivante, ironique. Les situations dans lesquelles il place ses personnages les emmènent au bout d'eux-mêmes, là où ils n'envisageaient pas de se rendre. Impossible après ça de faire marche arrière. Si la langue est intéressante, le propos l'est aussi. On est bien loin de la rectitude politique, et l'auteur assène quelques vérités bien senties et pas très agréables à entendre… Difficile de le situer politiquement : il tape un peu dans tous les sens. Et surtout, il est drôle, vraiment drôle, parfois de manière tellement décalée qu'on est un peu gêné d'avoir ri… Merci à Sociolitte pour le conseil de lecture : j'ai vraiment passé un bon moment et j'ai acheté Pension complète !

Challenge multi-défis 20019, #5
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"L'encre coule, le sang se répand,
La feuille buvard absorbe l'émotion, sac d'images dans ma mémoire
Je parle de ce que mes proches vivent et de ce que je vois,
Des mecs coulés par le désespoir qui partent à la dérive"
En choisissant un titre d'IAM pour couronner son roman, Jacky Schwartzmann a frappé fort . Faut dire, son héros ne fait pas dans la dentelle , lui non plus.
Déjà, il s'appelle François Feldman : tout le monde debout !
Ensuite, il a grandi dans une cité merdique, il est gros, il a une tête d'arabe, et avec son nom juif ça passe limite.
Enfin, il est fauché, et il a un humour de merde: pour gagner sa vie, François imprime des t-shirts ornés de vannes pourries, qui font rire les mecs de la cité mais personne d'autre. le souci, c'est que les mecs de la cité n'ont pas une thune pour lui acheter ses t-shirts.
Bref, François Feldman c'est la loose incarnée, même quand il ne chante pas.
Il a pourtant de bonnes idées, quelquefois. Mais pour mettre ses plans à exécution, il lui faut de l'argent. Et ça, c'est pas gagné. Parce que la banquière de François Feldman le déteste. Pire: le méprise. Elle a l'impression de perdre son temps avec ce demi-juif de banlieue , madame Bacardi. Un type qui vient toujours la relancer pour des projets foireux, sans avenir, et qui jure qu'il la remboursera demain.
Mais demain, c'est loin. Et la Bacardi, elle n'a pas envie d'attendre une fois de plus. D'ailleurs, elle aime bien les banlieusards, mais ceux qui ne font pas de vagues. Ceux à qui elle va distribuer, de temps en temps, l'aide alimentaire. Parce que oui, voyez-vous, sous ses dehors de femme moderne et efficace, sous son maquillage impeccable, Julianne Bacardi dissimule des trésors d'altruisme. du moins en est-elle persuadée.
Feldman, donc, n'a pas d'autre choix que d'activer ses propres réseaux. Aller voir son pote d'enfance qui trafique en grand. Enfin, ils étaient potes à l'âge de quinze ans, quoi. Mais là, Saïd a pris du galon, et lorsqu'il entend l'idée de François , il ne daigne même pas répondre. Ce qui revient à lui répondre quelque chose du genre "Casse-toi avant que je m'énerve".
Dépité, François redescend donc les escaliers et sort de l'immeuble. Juste à temps pour voir le cousin de Saïd se faire écrabouiller vite et bien par une voiture dont la conductrice a perdu le contrôle.
Laquelle conductrice sort du véhicule , hystérique, en larmes, entourée de jeunes loulous furieux qui veulent sa peau.
Et s'écrie en apercevant François: "Monsieur Feldman, aidez-moi ! " ...
Parce que la conductrice, c'est la Bacardi. Et là, les ennuis commencent, les vrais, les gros, les maousse.
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