L'Or de Rennes - Le Trésor Maudit - Signé Rose Croix

Il est toujours intéressant de revenir aux sources du mythe ; on se remet les dates fondamentales en tête : 1917, décès de l'abbé Saunière ; 1955, Noël Corbu qui a racheté la villa Béthanie à la servante du curé pour la transformer en auberge, réalise une cassette audio dans laquelle il raconte « une belle histoire » à l'attention de sa clientèle ; celle-ci est reprise dans le quotidien La Dépêche du Midi » ; mais c'est en 1967 que l'affaire prend toute sa dimension ésotérico-mystique suite à la publication par Gérard de Sède de L'Or de Rennes (Julliard) repris aux Editions J'ai Lu en le Trésor Maudit de Rennes-le Château. Un de Sède qui avait déjà défrayé la chronique avec son ouvrage « Les Templiers sont parmi nous » (cf supra).
Revenons donc au livre-fondateur. Après une première partie retraçant la biographie de l'abbé, l'auteur consacre un long dégagement aux mythes, légendes et autres rumeurs circulant dans la région sur le thème du « trésor ». Tout en reconnaissant très honnêtement, du moins quant à l'existence « physique » du dit trésor, qu'« aucun document ancien et probant n'existe qui nous permette de passer des certitudes à la réalité ».
Nous abordons ensuite le morceau de choix, celui du mystère symbolique. Gérard de Sède nous conte sa découverte d'une copie des manuscrits de l'abbé (sans préciser qui les lui a remis) et ses tentatives de déchiffrage…. On restera sur sa faim. Idem lorsqu'il nous explique que le livre de l'abbé Boudet (La vraie langue celtique ou le Cromleck de Rennes-les-Bains) est un document codé qui cherche à nous dire quelque chose de secret ayant trait à la géographie locale. Idem encore lorsqu'il nous parle de la symbolique de l'église de Rennes-le Château. Allusions, suppositions, mais rien de bien concret.
Le livre se termine par l'évocation d'une étrange malédiction frappant chercheurs et acteurs de cette curieuse affaire (meurtres notamment des abbés Gélis et Boudet ).
Un ouvrage au total bien écrit et agréable à lire par son esprit « romanesque ». Il ne démontre rien, mais laisse entendre, suggère, sous-entend. Une technique chère à l'époque qui est celle, ne l'oublions pas, de Planète et du Matin des Magiciens. Un morceau de choix pour l'archéo-rêveur !!! Et Gérard de Sède a plus que rempli sa mission lorsqu'on connaît la suite de l'affaire……

Le mystère de Rennes-le-Château est, à mes yeux, une des histoires les plus palpitantes du 20ème siècle.
Le but final n'est pas de débattre si le "mythe" de ce curé qui découvre un secret et/ou un trésor ayant un rapport avec une énigme du christianisme, est vrai ou faux. En fin de compte, on s'en fiche un peu.
Mais la multitude d'ouvrages qui s'y intéresse laisse planer le doute et nous entraine dans un ballet à la limite de la fantasy.

L'Or de Rennes est un des premiers livres à se pencher sur cette légende, et celui qui, en 1967, fera connaitre à la France cette histoire de trésor caché dans ces entrailles.

Ce qui est drôle, c'est que par la suite, dans le registre de Rennes-le-Château, tout le monde pompera tout le monde.
Gérard de Sède, auteur de l'Or de Rennes, écrira son livre d'après un manuscrit de Gérard Plantard, obscur militant d'extrême droite qui révéla (ou inventa de toutes pièces) l'existence du Prieuré de Sion.
Henry Lincoln, fan de l'histoire, repompa allégrement Gérard de Sède pour son livre l'Enigme Sacrée en 1982, et ce dernier sera lui aussi largement plagié par un compatriote, Dan Brown, pour son mondialement connu Da Vinci Code.

Il est évident qu'avec ce genre de livres, composé de révélations douteuses, d'informations non-vérifiées ou influencés, on baigne un peu dans la non-recherche de vérité. (J'aime beaucoup le terme de PseudoHistoire, ou Histoire Alternative.) Mais au final, on dévore surtout ce type de livre comme un roman, et non pas comme une oeuvre scientifique.

Si parfois la réalité dépasse la fiction, il y a toujours des auteurs pour s'aider un peu de fiction pour rendre plus mystérieuse "leur" version de l'histoire.