Citations sur Fleur de Neige (81)
Pour que mes pieds soient considérés comme parfaits, il fallait qu'ils obéissent après le bandage aux sept critères suivants : ils devaient être minuscules, étroits, élancés, pointus et cambrés, tout en restant parfumés et doux au toucher.
La vie n'existe pas sans la mort. Tel est le véritable sens du yin et du yang.
Madame Wang nous demanda de choisir une feuille de papier afin d’y rédiger notre contrat. Il m’était déjà arrivé de devoir faire un choix, mais il s’agissait toujours des choses insignifiantes, comme de savoir quel morceau de légume j’allais prendre une fois que mon père, mon oncle, mon frère ainé et le reste de la famille se serait servis. Mais là, je me sentais dépassée par les possibilités qui s’offraient à moi : j’aurais voulu saisir, palper, manipuler toutes les marchandises… Fleur de Neige, quant à elle, faisait preuve à sept an et demi d’un plus grand discernement, ce qui prouvait la qualité de son éducation.
JOURS D’ENFANCE – FLEUR DE NEIGE (p77)
Deux idéaux confucéens régissent notre existence. Le premier est celui de la Triple Obéissance : "En tant que fille, obéis à ton père ; en tant qu'épouse, obéis à ton mari ; en tant que veuve, obéis à ton fils". Le second est celui des Quatre Vertus, qui détermine le comportement, la manière de parler, la gestuelle et les travaux des femmes :"Faire preuve d'humilité et de chasteté, de calme et de pondération dans son comportement ; d'un ton mesuré et néanmoins plaisant dans ses paroles ; être gracieuse et retenue dans ses gestes ; d'une maîtrise accomplie, pour ce qui concerne la couture et la broderie." Si les jeunes filles suivent scrupuleusement ces principes, elles ne peuvent manquer de devenir des épouses vertueuses.
JOURS D’ENFANCE - LES PIEDS BANDES (p35)
Cette fillette a indéniablement du charme. Mais dans la vie, la forme des pieds compte bien d’avantage qu’un joli minois. Un beau visage est un don du ciel, mais des pieds minuscules peuvent vous aider à gravir l’échelle sociale.
JOURS D’ENFANCE - LES PIEDS BANDES (p30)
...comme fleur de neige me l'avait dit. "En tant que fille, obéis à ton père ; en tant qu'épouse, obéis à ton mari ; en tant que veuve, obéis à ton fils"... mais ma belle mère m'apprit également... "Obéis, obéis, obéis et plus tard, tu feras ce qu'il te plaît".
Je tenais à me plier en tout point au rituel de cette première rencontre. Face à moi, de l’autre côté de la table, mon mari ôta le fil rouge de la première tasse ; j’ôtai ensuite le fil vert entourant l’autre. Puis il bondit par-dessus la table, franchit la pile des couettes et atterrit de mon côté, dans la chambre. Une fois ce geste accompli, nous étions officiellement mariés.
LE TEMPS DES CHIGNONS - LE PALANQUIN FLEURI (p169)
Aujourd'hui encore, après toutes ces années, j'ai de la peine en repensant aux sentiments que ma mère m'inspira ce jour-là. Je vis avec une clarté confondante que je ne comptais pas le moins du monde à ses yeux. J'étais son troisième enfant, une fille de surcroìt- c'est-à-dire sans valeur - et trop insignifiante pour qu'elle perde son temps à s'occuper de moi avant d'avoir la certitude que je passe le cap de mes jeunes années.
- J'espère que tu auras un fils, réussis-je à lui dire.
- Moi aussi. Mon mari répète à tout bout de champ qu'il vaut encore mieux avoir un chien qu'une fille, ajouta-t-elle en soupirant.
Les fausses couches étaient monnaie courante dans notre district et les femmes n'étaient pas censées y attacher une grande importance, surtout s'il s'agissait d'une fille. Quant à la mort d'un nouveau-né, elle ne s'avérait dramatique que si l'enfant était un garçon. Dans le cas contraire, les parents étaient le plus souvent soulagés : cela ferait une bouche de moins à nourrir.