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sur 749 notes
Magnifique roman qui nous fait plonger au coeur des traditions de la Chine de l'ancien régime, telles que le bandage des pieds ou l'apprentissage d'une langue secrète pratiquée exclusivement par les femmes : le nu shu. le texte est très émouvant, l'histoire des deux héroines du roman est passionnante. Un très beau livre, vivant, riche, empli d'émotions et de poésie. Un superbe texte qui fait voyager dans l'espace et dans le temps. Une belle découverte de cet auteur que je retrouverai avec joie et intérêt.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Comment vous dire ma joie, comment exprimer la puissance de ce que j'ai pu ressentir en refermant ce livre. Vous savez, cette impression de légèreté et de bien être qui accompagne la fin d'une mission accomplie. Si vous saviez comme je suis heureux d'en avoir fini avec ce bouquin qui m'a profondément ennuyé.
Pourquoi suis-je allé au bout? Parce qu'il m'a été offert par un ami à qui j'ai promis mes impressions et qui ne m'en voudra pas de n'avoir aucune complaisance pour ce titre. L'ami sachant que je charge souvent la mule quand je n'aime pas, ben… c'est parti.

Pratiquement cinq mois pour venir à bout des 378 pages, j'ai pris mon temps. Sans déflorer l'histoire, j'ai quand même profité du décès d'un personnage pour respecter une période de deuil de plus de trois mois en déposant le livre là où j'étais sur de l'oublier.
Plus de trois mois et quelques lectures plus tard, j'ai repris Fleur de neige et… je me souvenais de tout, les personnages, l'histoire, enfin quand je dis l'histoire… Je m'étais arrêté à la page 203 et je me souvenais bien que pendant les 202 premières, il ne s'était absolument rien passé dans cette Chine du XIXe siècle.
Dès le début j'ai eu la sensation que je revivais un moment déjà vécu il y a quelques années devant un film (Chinois ou Mongole je sais plus trop) sur Arte. Critiques top et tout et tout.

— Sympa de m'avoir attendu, c'est bon vas-y.
— de quoi tu parles?
— C'est cool d'avoir mis sur pause.
— J'ai pas mis sur pause, c'est commencé là.
— C'est la box qui merde, l'image a pas bougé depuis trois minutes.
— Cinq minutes.
— Allez lance la lecture, j'me lève tôt demain.
— Mais j'ai pas mis sur pause.
— Ya des piles dans la télécommande?
— Regarde, tu vas rien comprendre, une fois de plus.

Avec la bretonne qui partage mon quotidien, nous avions tenu à peu près un p'tit quart d'heure entre fou rire et consternation devant ce plan fixe d'un homme allongé dont la seule action consistait à un battement de cils toutes les deux minutes et un frémissement de narine tous les deux battements de cils. J'ai jamais su comment ça finissait.
Fleur de neige, c'est un peu comme ça que je l'ai vécu. Cent pages sur le bandage des pieds et la torture des gamines par la bande à Velpeau. Cent pages sur les préparatifs de deux mariages arrangés selon les traditions, à l'ancienne comme dirait aujourd'hui un directeur du marketing chez Justin Bridou ou chez Lactalis. Cent pages sur les pondeuses qui espèrent au loto de la procréation non assistée par l'amour, gagner un fils à chaque tirage. Cent pages pour terminer sur la colère, la vengeance et la culpabilité. le tout pour une histoire d'amitié, si je me fie aux nombreux billets lus ici.
C'est vrai que la torture, si on me demande dans un sondage dans la rue, je suis pas pour. Que ce soit la bande à Velpeau, la bande à Basile ou la bande au néon, sur des gamins en plus, ça partait pas terrible le bouquin. J'ai trouvé un peu long…
Le mariage, je suis pour et pour tous, enfin tous ceux qui veulent tant que c'est pas pour moi. Là c'était pas pour moi mais j'ai pas accroché non plus. Cent pages pour me raconter qu'au huitième jour du quatrième mois lunaire, entre deux heures moins sept et trois heures vingt quatre si le futur mari (qui a peut être 9 ou 10 ans à ce moment de l'histoire) fait pipi au pied d'un chêne orienté sud sud ouest, Fleur de neige aura un fils plutôt qu'une fille, j'ai trouvé un peu long…
Par contre coté traditions, là, c'est comme pour la torture, je suis pas pour. Sous aucune forme. Ici on oscille entre l'atelier couture et le délire broderie ascendant tout est programmé pour tes quarante prochaines années. J'ai trouvé un peu long… là aussi.
Pour ce qui est du reste (je vais grouper ça gagnera du temps), j'ai trouvé très long et n'ayons pas peur des mots, j'ai trouvé le tout très chiant.

J'ai lu un certain nombre de critiques où les « magnifique » « bouleversant » etc etc sont légion et pourtant, à la surprise générale, je vais rejoindre les trois babélioteurs sur les 866 lecteurs déclarés de Fleur de neige, ayant mis une étoile.
Fleur de neige, c'est le prototype même du bouquin qui n'est pas pour moi. Ce n'est pas qu'il soit mauvais mais ce genre de bouquin ne m'intéresse pas. Les grandes sagas racontées par l'ancien qui se souvient me laissent toujours à la porte voir de l'autre coté de la rue. Si en plus comme dans Fleur de neige, je trouve que l'écriture est sans relief, sans vie, sans couleurs, sans odeurs, que je sais que la page suivante sera aussi plate que la précédente, que j'ai l'impression de relire les mêmes phrases à l'infini, je m'ennui rapidement.
Le sujet aurait pourtant pu m'embarquer s'il avait été abordé différemment. La condition féminine dans la Chine du XIXe siècle abordé sans aucune révolte, juste de la résignation, quel dommage. Une révolte au moins dans l'âme aurait été la bienvenue, aurait donné un peu de contraste au tout.
Et puis cette fin avec le truc qui tue, le rebondissement (pas violent non plus comme rebond) cousu de fil blanc (atelier couture) qui amène le personnage principal à sombrer dans la culpabilité en cherchant à émouvoir le lecteur, quelle tristesse…
Ah Fleur de neige et sa laotong Fleur de lis (personnage principal), quel bouquet… inodore pour moi malheureusement. Même pas une Fleur de cactus pour mettre un peu de piquant.

Merci à toi qui m'a offert ce livre qui nous permet aujourd'hui d'en plaisanter entre nous. Et puis les gouts et les couleurs… on ne peut pas tomber pile à chaque fois, heureusement.
Sinon, j'ai trouvé un peu long quand même.
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Ce livre je l'ai gardé longtemps avec l'idée de le relire, lu bien avant mon entrée sur le site. Une histoire dure mais poignante, elle a laissé chez moi des traces plus profondes que les empreintes du Yéti dans la neige des montagnes du Tibet. Le titre originel donnerait "Fleur de Neige et l'éventail secret". L'éventail a malheureusement disparu dans la version française comme par magie. Un titre c'est important, tant qu'à le modifier, alors "Amitié et destinées" qui sonne comme un drame antique. Je garderai donc le secret sur l'éventail et me concentrerai sur l'amitié. J'aime l'idée du livre qui voyage, se transmet de mains en mains, acquérant ainsi un supplément d'âme. Je vais aussi vous amener à la découverte du paravent caché.

J'ai eu le grand plaisir de voir de ces paravents chinois au musée de la compagnie des Indes à Port-Louis : assemblages de plusieurs panneaux en bois massif laqué, souvent noirs aux motifs d'or raffinés, rien à voir avec ces paravents qui dévoilent ou laissent deviner les formes, l'opacité est totale, l'ensemble suffisamment solide et volumineux que pour contenir un assaillant. Il sera temps d'en reparler.

Fleur de Lis, Fleur de Neige, la première pauvre paysanne, la seconde de bonne famille, leur destin dépendra de leur mariage et leur mariage de la richesse de leur famille ou de la beauté de leurs petits pieds. Ainsi débute cette histoire, par d'interminables allées et venues les pieds bandés, à l'étage sur un parquet, cela prend des heures, des jours, voire des semaines jusqu'au sinistre craquement final. C'est casse-pied, je l'avoue. N'aurais-je pas pleuré tout mon soûl à huit ans sur Tintin et le Lotus bleu que... . Mais existe une autre tradition, celle que j'appellerai de l'amitié indéfectible orchestrée par la marieuse pour les filles pauvres aux pieds parfaits. Un foyer d'accueil chez une famille aristocratique leur est trouvé, ainsi en fut-il pour Fleur de Lis...

L'ami à qui j'ai offert le livre a détesté. Il n'y a pas eu rencontre. Ce n'est pas grave, je sais que la lecture est pareille à une promenade. Particulièrement sous le ciel changeant de Bretagne le même paysage diffèrera d'un jour sur l'autre et les émotions ressenties pareillement, la mer toujours la même et autre à la fois. Je pense que beaucoup de lecteurs savent cela. En face d'un beau paysage il est tentant de faire des photos, elles seront bien évidement affectées par la couleur du ciel et le cadrage. Perso, même pour un paysage j'aime bien intégrer un avant plan. Souvent cela prend plus de temps car il faut choisir et l'objet du détail et ce que l'on garde dans le champ. Vient alors la décision sur la focalisation, la plupart focalisent sur l'infini, j'aime régulièrement donner de la netteté sur ce qui est à l'avant plan. Choix tout à fait personnel et comprenons nous bien je ne suis pas en train de dire que c'est comme cela qu'il faut faire une photo, ou qu'il faut lire, ni en aucun cas de tenter d'amener mon ami à revoir son jugement. Je prétends juste que c'est pareil pour une lecture ; et pour celle-ci, je confirme avoir centré mon attention sur "Amitié et destinée" laissant dans le flou le décor, les costumes, les coutumes et les à-cotés. Comme au théâtre, n'accordant crédit qu'au jeu des acteurs. Ce livre prend alors une dimension intemporelle et universelle. Et c'est alors qu'apparaîtra le paravent caché.

Le Lotus bleu m'a mis au courant depuis ma tendre enfance des revers de fortune qu'ont entraînés en Chine le jeu et l'opium, j'ai donc assisté sans surprise à la lente déchéance de Fleur de Neige de part l'inconduite de son père. En pareil cas beaucoup s'enferment dans une spirale de lamentations sur l'injustice de leur sort, attribuant au seul destin tous leurs malheurs. Mon souvenir est que Fleur de Neige affronte plutôt courageusement la tempête des évènements qui se déchaine sur elle et se dévoue énormément pour en atténuer le négatif. A l'inverse Fleur de Lis doit à la seule grâce de ses petits pieds un bon mariage et de là une vie aisée. Mais combien totalement redevables aux faveurs du hasard n'en attribuent-ils pas tout le mérite à leurs seules actions ? Cela ne serait qu'un demi-mal si pour entretenir cette illusion ils ne devaient faire usage du paravent caché. Il faut bien se protéger des misères du monde, les cacher derrière le paravent. Et puisque par leur propre vertu ils considèrent avoir fait que la vie leur soit douce, s'enchaîne forcément l'implacable réciproque : celle ou celui dans le malheur ne doit s'en prendre qu'à ses erreurs. Ainsi donc au malheur s'ajouteront l'opprobre et les reproches. Ce paravent inavouable restera longtemps caché, en premier lieu aux yeux de Fleur de Lis. Le décor a voulu que cette histoire se passe au XIX siècle en Chine, mais le drame est universel et intemporel.

Alors là oui, j'ai vraiment pleuré aux destinées souvent croisées, à cette Amitié plusieurs fois perdue par bêtise, par éloignement, par paresse, par lâcheté...

Fleur de Neige et Fleur de Lis, Tintin et Tchang, Hervé et Tchang des figures d'amitié ; leurs histoires m'ont laissé des traces aussi profondes que les empreintes du Yéti sur la neige du Tibet dans lesquelles je tente encore d'inscrire mes petits pieds. Et voilà pourquoi, plutôt que le relire, j'ai offert ce livre en symbole, comme un gage...
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Chine, XIXè siècle.
Bien que née dans une famille de paysans pauvres, Fleur de Lis est repérée par une entremetteuse pour la beauté de ses pieds. Elle se voit donc proposer, à condition que ses pieds soient correctement bandés, un bon mariage dans une riche famille. Pour faire d'elle, une fille vraiment exceptionnelle, l'entremetteuse la met en contact avec Fleur de Neige, une aristocrate née le même jour, la même année, à la même heure. Les deux fillettes seront laotong, un lien d'amitié indéfectible plus fort encore que celui qui unit des époux. Elles ont sept ans quand elles se rencontrent pour la première fois et vont au fil des années échanger confidences, promenades au temple et messages secrets calligraphiés sur un éventail. Quand sonne l'heure du mariage, Fleur de Lis, grâce à sa laotong et à la grâce exceptionnelle de ses petits pieds bandés, s'élève dans la société en intégrant une famille riche et puissante. Fleur de Neige n'a pas cette chance, sa famille est ruinée, son père a mauvaise réputation et elle doit lier son destin à un boucher qui la traite durement. le rapport de force s'est inversé : la fillette pauvre est devenue riche, l'aristocrate sombre dans la misère. Sauront-elles faire perdurer leur amitié malgré tout ?

Un roman passionnant qui, au-delà du destin mouvementé de Fleur de Lis et Fleur de Neige, évoque le sort des filles, puis des femmes dans la société chinoise du XIXè siècle.
Dans les familles, surtout les plus pauvres, les filles sont un poids. Elles sont vouées à partir pour servir leur belle-famille à qui elles devront obéissance. Mais pour arriver jusque-là, il faudra passer la dure épreuve du bandage des pieds. Une terrible souffrance qui peut conduire à la mort et qui font d'elles des mannequins désarticulés incapables de marcher longtemps. de toute façon à quoi bon pouvoir se déplacer ? Les femmes vivent dans leurs appartements et n'ont sur le monde que la vue que leur offrent les persiennes toujours baissées.
Elles n'ont pour seul utilité que de donner un fils à leur mari qui lui, peut les affamer, les battre comme plâtre et leur imposer une ou plusieurs concubines.
Dans ce monde de frustrations, de douleurs et d'humiliations, l'amitié qui unit les deux protagonistes est un refuge, une consolation. Elles communiquent entre elles dans un langage secret, le nu shu, une écriture interdite aux hommes et partagent confidences et secrets. Pourtant il sera difficile pour Fleur de Lis d'être fidèle à ses promesses d'amitié éternelle. Sa belle-famille fait pression pour qu'elle abandonne sa laotong déchue et miséreuse…
Une belle histoire racontée avec sensibilité et pudeur.
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Le roman de Lisa See évoque la Chine au XIX siècle, et nous parle de la condition de la femme. Attachée au poids des coutumes ancestrales la vie des femmes est renoncement, soumission, obéissance et souffrance.
Elles mènent une vie servile dans leur foyer. Il n'y a pas d'échappatoire possible, elles restent cloitrée dans l'appartement des femmes, leur mariage est arrangé dès leur plus jeune âge. Viendra ensuite une vie de dévouement sans faille à leur belle famille.
Ainsi va être scellé le sort de Fleur de neige et Fleur de Lis. Cependant elles sont « Laotong » ou âme-soeur, elles se sont jurées amour et fidélité. Cette amitié va être un refuge et un réconfort, ensemble elles endurent l'atroce période du « bandages des pieds », elles brodent et reçoivent une éducation de femmes accomplies. Elles communiquent dans un langage mystérieux aux hommes le « nu shu » et se consolent dans de tendres confidences la nuit sur l'oreiller.
Même si l'histoire est dure, triste et très douloureuse, ce livre est une merveille de délicatesse. Lisa See écrit tout en finesse, avec sa sensibilité féminine exacerbée, elle nous happe dans cet univers de la société chinoise et nous bouleverse profondément.
Lisa See écrit un très beau roman mais pas seulement, car on sait qu'elle s'est très bien documentée… Un livre donc que l'on oubliera pas.

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Ce livre relate la condition des femmes – ou plutôt la non-condition des femmes – dans la Chine du XIXème siècle à travers le destin de deux femmes Fleur de Lis et sa laotong Fleur de Neige.

Quel calvaire pour ces femmes qui acceptent leur sort sans se plaindre et même l'encourage.

Un conditionnement qui commence dès l'enfance avec entre autres la tradition du bandage des pieds des fillettes, un véritable supplice qui s'étale sur plusieurs années et qui les estropie à vie (quand elles n'en meurent pas : une fillette sur dix n'y survit pas). Si j'avais entendu parler de cette coutume, je n'en avais pas mesuré l'ampleur et la violence. 7 cm serait l'idéal de l'érotisme chinois ! …Et donc du pied parfait. Ça me parait surréaliste. J'aurais fait office de monstre de foire à cette époque, ou bien j'aurais fini soubrette et esclave sexuelle, le lot traditionnel des filles aux grands pieds…

« Dans l'espoir que ma famille me témoigne la plus élémentaire tendresse, j'ai accepté comme on l'a exigé de moi d'avoir les plus petits pieds bandés du district - et donc que mes os soient brisés, broyés, remodelés. Lorsque la souffrance s'avérait insoutenable et que mes larmes mouillaient mes bandages ensanglantés, ma mère venait me parler à l'oreille et m'encourageait à supporter une heure, un jour, une semaine de tourments supplémentaire, en me rappelant le bonheur qui m'attendait si je tenais bon un peu plus longtemps. »

La narratrice, Fleur de Lis, a plus de quatre-vingts ans quand elle décide d'écrire son parcours.

Alors certes, le rythme est très lent et il faut bien reconnaitre qu'il ne se passe pas grand-chose.
Certes, il y a quelques redondances et longueurs
Certes, j'ai quelque peu manqué d'empathie envers la narratrice Fleur de Lis
Certes, j'aurais apprécié que les événements historiques comme la révolte des Taipings ne servent pas uniquement de décor et soient un peu plus explicités
Certes, certes …

Et pourtant, ce livre est passionnant.
Pour quelqu'un comme moi, peu familière avec la culture chinoise - pour ne pas dire, qui n'y connait rien du tout – ce livre m'a littéralement immergée dans le quotidien d'une jeune fille puis d'une femme au coeur des traditions, des croyances, des usages qui régissent les relations familiales au sein de la famille biologique comme de la belle famille. Ça fourmille de détails sur les coutumes de l'époque. J'ai découvert énormément de choses comme l'existence du nu shu, l'écriture secrète des femmes.
Certains passages sont très durs, les femmes n'ont aucune existence propre mais c'est écrit avec le recul d'une personne âgée et beaucoup de douceur. Une belle découverte.

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Ce très joli, très doux et très délicat roman fait entendre la voix de femmes chinoises à la manière de Pearl Buck. Enfin ,c'est le ton de la narratrice qui est tout en délicatesse, car le contenu réel est plutôt violent...
C'est une histoire de filles dans une société intensément patriarcale, donc une histoire de dressage mental et physique. Les blessures infligées à l'esprit et au corps pour soumettre sont inouïes. Il y a notamment une description du bandage des pieds telle que je n'en n'avais jamais vue. En fait, je me rends compte que je ne savais pas ce qu'était réellement cette coutume, qui consiste en réalité à casser les os de la voûte plantaire et à faire tomber les orteils-de sorte que les femmes ne peuvent littéralement plus marcher de toute leur vie hors de leur maison...Quant au dressage mental, c'est l'obéissance absolue qui est demandée aux filles, et l'étouffement, bien sûr, de toute ambition, toute volonté, toute idée personnelles. Une annihilation de la personnalité qui vaut toutes les dystopies modernes et se révèle beaucoup plus efficace : jamais l'idée qu'il puisse en être autrement ne traverse l'esprit des femmes. le mot de rébellion n'existe pas pour elles. C'est tout simplement inconcevable. le monde extérieur, de toute façon, elles ne le connaissent pas. C'est celui des hommes, et un mur infranchissable les en sépare. Hommes et femmes ne communiquent pas. Ce sont deux espèces différentes.
Une seule terre de liberté dans ce monde étouffant comme un pied bandé : l'amitié entre deux femmes, établie comme un contrat de mariage entre deux familles, par une entremetteuse. Fleur de Neige et Fleur de Lis sont Laotong. Elles se sont jurées fidélité jusqu'à la mort. J'ignorais tout aussi de cette belle coutume qui permet aux filles d'embellir considérablement leur condition misérable. Leur affection mutuelle est très profonde, mais le destin est retors...
J'ai beaucoup aimé ce récit, plein d'émotions rentrées mais sans mièvrerie. Je l'ai trouvé fin et subtil, et il m'a appris pas mal de choses que j'ignorais totalement. A lire, donc, il me semble, si les thèmes vous intéressent...
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Fleur de Neige et Fleur de Lis. Deux femmes. Qui se sont jurées fidélité à la vie, à la mort… Une amitié intense, pleine, profonde. C'est beau. Mais cette amitié se place dans une Chine d'ancien régime. Une Chine de traditions, d'us et coutumes qui ne servent pas nécessairement les femmes. Un « dressage » physique et mental. le bandage des pieds, pratique tellement bien décrit dans ce roman, nous fait mal. Pratique faite pour cloîtrer les femmes à demeure, en les empêchant de marcher par la douleur. Et l'avilissement de l'esprit par l'obéissance absolue et par le refoulement de toutes idées, désirs, volontés… C'est violent… Mais il n'en demeure pas moins que ce roman est magnifique. Il est empli d'émotions, vivant, poétique. Une très belle lecture !
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Superbe roman, c'est un vrai coup de coeur.
Lisa see nous raconte l'histoire de la chine au XIXème siècle à travers fleur de lys et fleur de neige. C'est une magnifique histoire qui nous apprend à travers les traditions, la condition des femmes de ce siècle.
Je ne trouve pas les mots pour dire ce que j'ai ressenti en lisant ce livre, j'ai déjà eu l'impression de ne plus être en France mais en Chine et j'ai appris des tas de choses. Beaucoup d'émotions, dans l'histoire de ces deux femmes et leur famille. Je m'en veux d'être aussi peu inspirée pour parler de ce livre car il mérite vraiment d'être lu et relu.
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Magnifique, bouleversante, grandiose, les qualificatifs me manque pour décrire, en quelques mots, une oeuvre aussi troublante.

“When a girl, obey your father; when a wife, obey your husband; when a widow, obey your son.”

Ce roman nous livre toute la fatalité à naître femme dans une Chine ancestrale qui croule sous des traditions vieilles de milliers d'années. Née pour obéir, endurer, souffrir et catalyser tous les avatars du destin (avoir ou non des enfants, leur santé, la moralité même de leur mari, de leurs familles..), la femme est responsable de ses propres malheurs ainsi que ceux des autres !

L'histoire commence lorsque Madame Wang, entremetteuse de jumelage, annonce à la mère de Fleur de lis que dans un autre village, une petite fille du nom de Fleur de neige est née le même jour et la même année que sa fille. Elle vient d'une famille aisée, de rang social élevé et elle a beaucoup de points communs avec Fleur de lis. Malgré la pauvreté de sa famille, cette dernière deviendra la laotong (âme-soeur) de Fleur de neige, pour sa grande beauté et la perfection de ses petits pieds. Elles échangeront leurs secrets, et apprendront le «nu shu» (calligraphie que seules les femmes connaissaient).Elles attendront que leurs familles organisent leurs mariages et désireront mettre au monde des fils, car donner naissance à un garçon, c'est le couronnement de la vie d'une femme. Toutes deux s'entendent à merveille jusqu'au jour où l'élévation de Fleur de Lis et la déchéance de Fleur de neige changent leur relation. Cette situation renversée des deux héroïnes aura des rebondissements qui nous rendront les personnages attachants. C'est alors que Fleur de lis découvre que sa laotong l'a trahie.

On dit en portugais, qu'il n'y a pas de rosas sem espinhos (des roses sans épines) dans la mesure où il faut souffrir pour être belle. Mais casser des os pour l'être dépasse mon entendement... J'ai failli pleurer de douleur en imaginant les os des pieds se briser, j'ai failli pleurer lorsque Fleur de Neige acceptait son sort avec résignation, j'ai failli pleurer, lorsque Fleur de Lis s'est enfermée dans sa bulle et n'a pas voulu voir au-delà de sa maison et n'a pas compris ce que Fleur de Neige disait dans sa douleur. Je me suis énervée contre les deux, l'une pour ne pas comprendre, l'autre pour ne pas s'expliquer.

Un roman culte, des moments chocs, une angoisse profonde et persistante. Il y a du sang et des larmes et certains passages peuvent paraître outrés ou mélodramatiques, mais Linda See a su éviter les pièges du manichéisme et rendre ses personnages plus qu'attachants .Un voyage exotique dans le temps et l'espace dont on sort ému, meurtri mais enrichi !
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