Citations sur Les Malheurs de Sophie (103)
Sophie aimait les bêtes : elle avait déjà eu un POULET, un ÉCUREUIL, un CHAT, un ÂNE ; sa maman ne voulait pas lui donner un chien, de peur qu’il ne devînt enragé, ce qui arrive assez souvent. « Quelle bête pourrais-je donc avoir ? demanda-t-elle un jour à sa maman. J’en voudrais une qui ne pût pas me faire de mal, qui ne pût pas se sauver et qui ne fût pas difficile à soigner. »
MADAME DE RÉAN, riant. – Alors je ne vois que la tortue qui puisse te convenir.
Trop de commentaires ont été faits sur ce récit de l'enfance de Sophie Rostopchine, du neuneu pour petite fille à rubans roses jusqu'au pédoporno sado-masochiste (Pauvert). En fait, il faut bien reconnaître que cette jeune princesse russe a été une enfant maltraitée, par un père indifférent et trop absent et une mère dévote et puritaine.
"A ma petite fille, Elisabeth Fresneau
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Chère enfant, tu me dis souvent : "Oh ! grand-mère, que je vous aime ! vous êtes si bonne !" Grand-mère n’a pas toujours été bonne, et il y a bien des enfants qui ont été méchants comme elle et qui se sont corrigés comme elle. Voici des histoires vraies d’une petite fille que grand-mère a beaucoup connue dans son enfance ; elle était colère, elle est devenue douce ; elle était gourmande, elle est devenue sobre ; elle était menteuse, elle est devenue sincère ; elle était voleuse, elle est devenue honnête ; enfin, elle était méchante, elle est devenue bonne. Grand-mère a tâché de faire de même. Faites comme elle, mes chers petits-enfants ; cela vous sera facile, à vous qui n’avez pas tous les défauts de Sophie.
Comtesse de Ségur, née Rostopchine"
Sophie ne disait rien ; elle restait immobile et rouge, la tête baissée, les yeux pleins de larmes. Elle eut envie un instant d'avouer à sa bonne que c'était elle qui avait tout fait, mais le courage lui manqua. La bonne, la voyant triste, crut que c'était la mort des petits poissons qui l'affligeait.
Sophie était étourdie;elle faisait souvent sans y penser de mauvaises choses.
La matinée du lendemain se passa à attendre l'âne. Mme de Réan avait beau leur dire que c'est presque toujours comme cela, qu'il est impossible d'avoir tout ce qu'on désire et à la minute qu'on le désire, qu'il faut s'habituer à attendre et même quelquefois à ne jamais avoir ce dont on a bien envie ; les enfants répondaient : "C'est vrai", mais ils n'en soupiraient pas moins, ils regardaient avec la même impatience si Bouland revenait avec un âne.
SOPHIE, embarrassée. – Mais moi, maman, je suis plus jeune : j’ai quatre ans, et Élisabeth en a cinq.
-Que fais-tu à la fenêtre, Sophie ? lui demanda sa maman, Mme de Réan.
-Je vais réchauffer ma poupée, maman elle a très froid !
-Prend garde, Sophie, tu vas la faire fondre !
-Mais non, maman, il n’y a pas de danger, elle est dure comme du bois !
-Sans doute, mais la chaleur vas la ramollir, il lui arrivera quelques malheur, je te préviens !
Ma bonne, ma bonne ,dit un jour Sophie en accourant
dans sa chambre, venez vite ouvrir une caisse que papa
m'a envoyée de Paris : je crois que c'est une poupée de cire , car il m'en a promis une.
- J'ai puni le coupable, mais je n'ai pu sauver l'innocent, répondit M; de Réan. Le bouvreuil est mort étouffé par e méchant Beau-Minon, qui ne tuera plus personne, puisque je l'ai tué sans le vouloir.
Sophie n'osait rien dire, mais elle pleura amèrement son pauvre chat, qu'elle aimait malgré ses défauts.
" Je lui avait bien dit, disait-elle à Paul, que le bon Dieu le punirait de sa méchanceté pour les oiseaux. Hélas ! pauvre Beau-Minon! te voilà mort, et par ta faute !"