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4,07

sur 834 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Puissant, et d'une simplicité bouleversante. J'ai quitté le livre à regret, comme on quitte un ami très cher et très discret, sans effusion mais avec la voix qui tremble un peu quand même.Je dois avouer que plus d'une fois il m'a mis les larmes aux yeux.

Pas de doute, en lisant JL Seigle, les femmes aussi pleurent...

L'histoire est toute simple, resserrée, linéaire: une seule journée d'août, chaude, dans la campagne proche de Clermont-Ferrand, en 1961, dans une famille paysanne, devenue ouvrière par déclassements successifs. Au loin, les "événements" d'Algérie, autour, le remembrement rural et ses ravages, dedans, le formica et la télévision toute neuve.

Et autour de la table, et bientôt devant la fatidique T.V, il y a la mère, Suzanne,futile, égoïste, qui suit la course en avant de la modernité en marche, sans regarder en arrière, s'étourdit de nouvelles robes et de nouveaux achats -la TV!-pour conjurer l'angoisse de savoir son fils aîné , son chéri, son préféré, en Algérie...L'autre fils, le petit, Gilles, est doué en littérature, déjà, il lit tout le temps,et vit par procuration les émotions et frustrations d'Eugénie Grandet. Il y a aussi la grand-mère qui perd un peu la boule, qu'on doit laver, nourrir, et qu'on oublie, le soir, sous le cerisier, un peu de famille,aussi, la soeur et le beau-frère, quelques voisins, dont l'ancien maître d'école, Antoine, qui a pris Gilles sous son aile, va l'aider à réussir sa dictée, son certificat d'études, sa vie...

Mais surtout, il y a Albert, le bouleversant Albert, l'homme-qui-pleure...

Albert est ouvrier chez Michelin, mais c'est la terre qu'il aime, qu'il regrette, qu'il souffre de voir malmenée. C'est un homme blessé: sa guerre, sur la ligne Maginot, tout le monde en rigole, il n'ose en parler, elle a laissé en lui comme une plaie ouverte, comme si une balle s'était fichée en lui, tout près de son coeur...

Et c'est le trajet sournois et en même temps lumineux de cette balle secrète que le récit va suivre, jusqu'à ce qu'elle arrive où elle doit arriver.

Albert est un homme humble, un homme bon, un homme clairvoyant, un homme las. Il laisse- et même aide à se mettre en place tous les glissements, toutes les passations de pouvoir qui vont lui permettre de s'effacer , sans faire de bruit, de ce monde où il ne trouve plus sa place, mais sans oublier, ni sa femme, ni ses deux fils, ni même sa vieille maman qu'il va mettre au lit tendrement..

Le dernier chapitre, cinquante ans plus tard, voit Gilles, devenu professeur, faire un magnifique cours...sur la ligne Maginot, et ôter , enfin, la balle traîtresse qu'Albert, son père tant aimé, avait dans le coeur...

L'écriture est limpide, sobre, juste, sans effets faciles, toujours sensible et profonde, même dans le cours magistral d'histoire, qui achève de nous bouleverser, à la fin du livre...

Merci, Monsieur Seigle, voilà le deuxième livre que je lis de vous, il m'a bouleversée, mais, comment dire ? il me semble que ce livre nous rend meilleurs, plus accessibles à autrui, plus ouverts à l'intimité des timides, des humbles, des sans-grade, des Albert , et qu'il nous invite à ouvrir les yeux, à dresser l'oreille, à tendre la main...

Merci de nous faire pleurer comme cela, Monsieur Seigle, ce sont des larmes fortes, pas des larmes de crocodile ou de midinette: une ondée féconde et purificatrice...
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Long, long, long... et ennuyeux.
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