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Blood Stain tome 1 sur 4
EAN : 9781632155443
128 pages
Image Comics (19/04/2016)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Mad science at its finest. Chemistry major, Elliot Torres has been unable to keep a steady job and eventually accepts a job by a rumored mad scientist Dr. Vlad Stein. Humorous hijinks ensue as their collaboration becomes epic.
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une nouvelle série indépendante de toute autre. Il contient une histoire en bande dessinée de 80 pages, initialement parue en 2016, sans prépublication. Il comprend également 35 pages de bonus. le tout est réalisé par Linda Šejić, l'épouse de Stjepan Šejić : scénario, dessins et couleurs à l'infographie, et même le lettrage.

Elly (pour Elliott) Torres vit dans une petite ville portuaire de la Méditerranée. Elle est titulaire d'un diplôme de chimiste depuis 2 ans, et elle est chômage depuis 2 ans. Elle vit chez sa soeur Clara qui est mariée avec Henry et qui élève leur bébé. Elle a postulé à différents boulots sans qualification, avec un résultat désastreux à chaque fois. Alors qu'elle consulte les petites annonces du jour, elle se souvient de son passage à l'université pour y consulter les avis sur le tableau des annonces, et d'un étrange petit mot pour un poste d'assistante. Elle s'était renseignée auprès d'une étudiante qui lui avait indiqué que l'employeur était bizarre et que les rares personnes ayant travaillé pour lui n'y ont pas fait long feu. L'ayant appelé, elle était tombé sur une voix d'outre-tombe peu engageante.

Le retour de Clara la tire de ses pensées. Sa soeur lui annonce que le budget du foyer ne permet plus de couvrir toutes les dépenses et qu'ils vont devoir commencer par renoncer à internet. Après une rapide prise de bec, elles repensent à tous les petits boulots qu'a tenté Elly, et à la catastrophe qui s'en est suivi, de la frayeur avec le boucher, aux accidents gustatifs chez la boulangère. À la suite de quoi, Elly fait une nouvelle tentative dans un café, qui ne tourne pas à la bérézina dès le premier jour. Il lui reste encore à gérer sa fatigue et les contraintes d'emploi du temps pour réussir à voir son copain Daniel.

Il ne s'agit pas du premier comics de madame Šejić, puisqu'elle avait par exemple dessiné Wildfire volume 1 de Matt Hawkins. Par contre, il s'agit de son premier scénario original. En découvrant les images, le lecteur note tout de suite les nombreuses ressemblances avec celles de son mari Stjepan Šejić. Pour commencer, il observe les 2 principaux personnages féminins (Elly et Clara) présentent la même morphologie un peu élancée avec des cheveux longs, des lèvres bien rouges, des visages très expressifs, avec des moues irrésistibles montrant clairement leur état d'esprit. Linda Šejić met moins en avant la sensualité de ces dames que son mari dans la série Sunstone, ce qui est logique puisque cette série n'aborde pas la sexualité d'Elly. le lecteur peut apprécier la diversité des tenues portées par Elly. Il ne s'agit pas d'un défilé de mode, ni d'un catalogue de vêtements, mais Elly dispose d'une tenue adaptée à chaque métier qu'elle exerce.

Comme son mari Stjepan, Linda Šejić exagère un peu le langage corporel des personnages pour mieux faire apparaître leurs émotions et leur état d'esprit. Elle ne va pas jusqu'à transformer le jeu des acteurs en pantomime de film muet, mais elle met Elly Tores en scène comme dans une pièce de théâtre avec des gestes appuyés pour passer la rampe. Elle apporte des finitions aux visages qui les tirent un peu vers une esthétique à la Walt Disney, leur donnant un caractère un peu mignon, mais sans aller jusqu'au mièvre. Cette approche graphique fonctionne à merveille, générant un grand niveau d'empathie chez le lecteur. Par exemple, il voit à quel point Elly s'investit dans son boulot de serveuse dans un bar, quelles difficultés elle éprouve à maîtriser les bons gestes (le port du plateau) et à retenir les commandes pour les bonnes tables, ainsi que le niveau de fatigue qu'elle subit. Il est impossible de résister à ses mimiques quand elle se heurte aux difficultés de l'apprentissage (un équilibre difficile à conserver), ou à ses expressions de contentement quand ses efforts sont couronnés de succès.

De la même manière, le lecteur lit les émotions d'Elly comme dans un livre ouvert, alors qu'elle rêvasse et s'interroge en tant que passagère dans une voiture sur une route de corniche, pour aller rencontrer son nouvel employeur pour la première fois. L'humeur d'Elly oscille entre la confiance totale dans cette chance incroyable de débuter un métier correspondant à ses qualifications et bien payé de surcroît, et entre une inquiétude quant à l'inconnu qui l'attend, à la possibilité de tomber sur un employeur sadique, voire violent (les doutes semés par l'étudiante à l'université). Au lieu de regarder une scène sans intérêt visuel, le lecteur voit les émotions passer sur le visage d'Elly, ainsi que ses changements de posture, indicateurs de ses atermoiements.

Dans ces pages, le lecteur peut aussi constater que Linda Šejić a bien assimilé les techniques utilisées par son mari Stjepan. Les silhouettes des personnages sont légèrement simplifiées pour être plus accessibles, plus propices à l'identification par le lecteur, et qu'ils se détachent mieux sur les décors. La représentation des arrière-plans oscille entre le photoréalisme (par exemple la façade de la maison des Tores, les pains en exposition derrière le plan de travail de la boulangerie, le comptoir du bar), ou du floutage pour rappeler la présence du décor, mais sans qu'il ne vienne surcharger la case. L'artiste utilise tous les stades intermédiaires entre ces 2 états (du photoréalisme au flou vague), en passant par des ameublements simplifiés, des éléments dessinés à grands traits, sans oublier de recourir à quelques textures plaquées sur des surfaces (métalliques par exemple, ou en bois).

Le lecteur s'immerge donc dans un monde très concret et substantiel, aux côtés de personnages immédiatement attachants. le caractère d'Elliott Tores amalgame un vrai plaisir de vivre, avec une forme de résignation quant à son incapacité à s'astreindre à conserver un boulot. Il apprécie le caractère ferme et un peu sévère de sa soeur Clara, donnant lieu à quelques remarques sèches et cassantes, sans pour autant supplanter l'amour qu'elle porte à Elly. Daniel (le copain d'Elly) n'apparaît pas dans beaucoup de pages, donc sa personnalité n'est pas très développée, mais à nouveau l'auteur rend avec conviction la dynamique existant dans ce couple. Par contre, Serge Wells est présent sur plus de pages. C'est le cuisinier et l'homme à tout faire de Vlad Stein. Il est prévenant et enjoué, lui aussi immédiatement agréable.

La couverture promet une histoire avec du sang (le titre) et avec un savant fou impressionnant. Dans les pages bonus, l'auteure explique que l'idée de base du personnage est née en écoutant un morceau du groupe Helloween, appelé Dr. Stein (dans l'album Keeper of the Seven Keys Part II). Ainsi alléché, le lecteur s'attend à ce que le récit rentre rapidement dans le vif du sujet. Effectivement dès la sixième page, Elly entre en contact téléphonique avec Vlad Stein dont la blouse semble tâchée de sang, sans raison apparente. Mais une fois passée cette séquence, le récit revient à Elly Tores et à ses déboires en matière d'emploi. Effectivement le récit s'installe pour plusieurs dizaines de pages dans les expériences catastrophiques d'Elly, dans sa relation avec sa soeur, un peu celle avec Daniel. Linda Šejić rend chaque situation intéressante car le lecteur partage les émotions d'Elly. Les personnages sont sympathiques. L'humour est présent de type comédie de situation légère. Il faut donc accepter que le coeur du récit ne soit pas consacré à ce fameux docteur Stein, et que ce premier tome constitue plus un prologue qu'un premier chapitre.

Sous cette réserve, le lecteur découvre une comédie de situation amusante, légère, rigolote, gentille, sans culpabilisation ou sentiment dépressif. L'auteure renouvelle les situations avec inventivité, passant d'un boulot à l'autre avec une jeune femme pleine de bonne volonté, mais confronté aux limites de sa patience, à la bizarrerie de certains employeurs (le patron de la fabrique de cire), à l'impatience de sa soeur devant la pression financière, au saut dans l'inconnu en se rendant au rendez-vous d'embauche dans la demeure du docteur Stein. Il apprécie de découvrir l'envers du décor dans les 35 pages de bonus. Linda Šejić explique qu'elle se trouvait dans une phase de déprime, que son mari lui a offert un dessin du Docteur Stein qu'il avait réalisé, et qu'elle s'est mise à réaliser des pages et des pages de croquis rapides et de storyboard réalisées sous l'impulsion du moment. Il y a des pages de croquis, mais aussi quelques dessins complétés jusqu'à leur achèvement. le lecteur est frappé par la vivacité des personnages, par leur expressivité, par leur entrain.

Ce premier tome de cette nouvelle série constitue un prologue à une histoire plus longue dont on espère que l'auteure réalisera les différents chapitres. Linda Šejić présente des personnages très agréables, dans une comédie de situation légère et enjouée, avec des dessins faisant preuve d'une bonne maîtrise technique, et d'une approche visuelle fortement influencée par celle de son mari Stjepan Šejić. Ce tome se lit tout seul avec l'apparition régulière de francs sourires sur le visage du lecteur, mais il souffre un peu de n'être qu'une introduction à un récit au long court qui reste à venir.
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