À mesure que le deuil s'accomplit, les attaques de la disparition se font moins violentes. Mais l'absence demeure, et s'installe pour toujours. L'absence, elle, ne disparaît pas.
La voix est la seule partie du corps que l'on ne puisse enterrer. On peut enterrer les cordes vocales; pas la voix, les ondes enregistrées.
D'ailleurs, nombre de livres qui nous entourent, que nous lisons, sont l’œuvre de morts.
Le fantôme de la voix me caresse. Dans l'absence, dans la disparition qui scande et cadence le fantôme des ondes. La voix tremble.
C’est après la fin que l’on se rend compte de la présence de la voix. Avec une personne vivante, le présent de la voix s’intègre dans la présence de la personne, qui brille dans la vie.
Après la mort, chaque fois qu'on pense à la personne, et même lorsqu'on n'y pense pas, la disparition nous visite à son gré et nous fait revivre la perte: à chaque instant, le sabre ée l'action《disparaître》s'abat pour trancher.
La voix touche mon tympan, et je la touche avec mes oreilles.
"Animitas", installation de huit cents clochettes dans le désert de l'Atacama, au Chili. Les clochettes évoquent la musique des astres et la voix des âmes flottantes.
En référence à l'image de couverture de ce petit livre profond et émouvant.
Le grain de la voix est le corps même de la voix. Les membres de la voix. C’est ce qui fait qu’il est si difficile, même sans doute impossible, à décrire.
Le corps, lui, peut se laisser décrire. Le visuel s’accommode davantage de la des t’options que la musique ou la voix, qui touchent à l’indescriptible quand bien même elles sont le plus reconnaissables.
Nous aussi, nous serons un jour une telle voix, audible quoique détachée de son appareil, qui est le corps.
Autrefois, c’est l’odeur qui portait la trace d’une personne. Aujourd’hui, peu de gens se soucient de conserver l’odeur en souvenir d’un moment.