Big Easy

Il y avait là, tous unis comme les doigts de la main, une tenancière de bordel, un professeur de littérature anglaise, une cuisinière muette, un chauffeur de taxi quarteron et une fille qui transportait un plein seau de mensonges et les jetait à la ronde comme des confettis, autrement dit moi.

Rien de plus triste, de plus solitaire que des étagères sans livres : c'est tout bonnement absurde.

"Les grandes décisions, voilà ce qui façonne notre destinée."

" Il y a des choses qui ne s'en vont jamais, quelle que soit l'énergie que vous employez à frotter."

- Les grandes décisions, déclara-t-il, voilà ce qui façonne notre destinée.
Et, sans même ouvrir le livre, il se mit à réciter un passage de David Copperfield : "Deviendrai-je le héros de ma propre vie, ou bien cette place sera-t-elle occupée par quelqu'un d'autre?"
Acquiesçant d'un signe de tête, je terminai la phrase avec lui :
- "A ces pages de le montrer."
Nous étions tous les deux là, en face l'un de l'autre - deux inconnus qui se comprenaient parfaitement.

Ma mère était folle de Cincinnati - au point d'avoir prétendu un jour qu'ils étaient amoureux. Elle était parfois d'une stupidité embarrassante. Qu'elle fît des passes avec un criminel comme Cincinnati était déjà une triste chose, mais être amoureuse de lui ? Lamentable !

Eh bien non, je ne resterai pas à La nouvelle Orléans ! Je ne passerai pas le reste de ma vie à nettoyer une maison close ! 

Quique fois, on prend une route en pensant qu'on va quique part et on se retrouve aut' part. Mais ça fait rien. L'important, c'est de commencer.

Néanmoins, je vous encourage vivement à présenter votre dossier, Miss Moraine. Ce genre d'exercice, si vain soit-il, forge le caractère.

Il est des êtres à qui il suffit de toucher un instrument pour créer un monde de toute beauté et d'autres qui, comme moi, ne pourront jamais produire que des sons discordants, quels que soient leurs efforts.