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3,69

sur 356 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sepulveda fait partie de ces écrivains fort rares qui s'attaquent à tous les registres sans chuter. de celui du militant écologiste aux idées humanistes toujours délivrées de manière poétique ; du polar à la littérature jeunesse ; des sociétés malmenées au systèmes totalitaires.
Engagé est le maître mot qui le définit.
Engagé dans ce livre , il le reste.
C'est encore une fois un roman d'une grande intensité , de ceux qui rentrent dans la catégorie des sociétés malmenées au travers de quatre personnages chiliens , anciens militants de gauche communistes , rares rescapés du système Pinochet partis en exil pour mieux se retrouver, âgés et emplis de souvenirs. Entre réminiscences des actions militantes et évocation de la perte des leurs c'est bien un arrière goût de défaite qui les habite. Pour autant , la lueur brille toujours dans leurs yeux qui ont vu tant d'injustices arbitraires et si les hommes peuvent être disloqués , les idées, elles, persistent toujours. Communiste un jour, coco pour la vie et c' est assis sur leur cul que la marche de tout un système qui a tenté la résistance renaît, réveille ce désir ardent d'un dernier coup...

Sepulveda nous délivre un tableau tendre et nostalgique sous fond de période sombre, poignant et drôle lorsqu'il emprunte le registre caustique et c'est bien toute sa force de ne jamais tomber dans la facilité du pathos. Ses personnages au contraire sont comme à son habitude, habités, accidentés, éveillés et blessés.

Ca devient une habitude , je ressors émue de cette lecture de Sepulveda, ses portraits de vie toujours bouleversants et attendrissants qui servent une trame jamais vide de sens me saisissent invariablement

Beau et eloquant.


"La souveraineté est un mouchoir inventé par les militaires pour essuyer leur morve."
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Dans le Chili d'après, ils se retrouvent, de retour d'exil, et les souvenirs remontent car les vieilles blessures ne sont pas refermées. Il y a eu cette première attaque de banque de l'histoire de Santiago, par quatre hommes dont Durruti, anarchiste espagnol, le 16 juillet 1925. Puis l'auteur nous parle aussi d'un certain Ricardo Eliécer Neftalí Reyes Basoalto, connu dans les milieux bohèmes de l'époque mais passé à la postérité sous le nom de Pablo Neruda.
La dictature a tellement fait de victimes, tellement brisé de destins, profondément modifié le cours de la vie des Chiliens que chaque rencontre fait remonter les souvenirs douloureux, à la surface. Luis Sépúlveda qui a vécu au coeur de ces années d'espoir sait en parler avec précision, tendresse, émotion avec toujours un peu d'humour.
On rencontre un vendeur de poulets rentré au pays après dix ans d'exil en Suède. Ceux qui avaient fui en Espagne rêvaient de revenir au Chili pour ouvrir un bar dans ce pays qualifié « d'heureuse image de l'Éden » dans l'hymne national.
Une violente dispute conjugale entre Conceptión García et Coco Aravena se termine en drame puis Lucho Arancibia fait des mots croisés dans l'édition dominicale d'El Mercurio et les souvenirs remontent : « …quand les jeunes filles communistes nouaient le foulard rouge autour du cou des camarades et les embrassaient pour leur donner un avant-goût du nectar de l'amour des jours à venir. »
Rien n'était simple pourtant avec ces grèves menées par des groupes toujours plus extrémistes, ces exclusions des jeunesses communistes après la mort du Che en Bolivie. Enfin, ce retour au pays : « on ne revient pas de l'exil, toute tentative est un leurre, le désir absurde de vivre dans le pays gardé dans sa mémoire. Tout est beau dans le pays de la mémoire… »
L'auteur évoque aussi le GAP, l'escorte du Président Allende dont il a fait partie. L'inspecteur Crespo et son adjointe, Adelita Bobadilla, née après 1973, « aux mains propres », enquêtent et là aussi, le passé remonte à la surface. Souvenirs d'humiliations, comment la droite a fait sortir illégalement des devises du pays pour le priver de dollars car « …les Nord-Américains avaient donné un chèque en blanc pour couler le pays. »
Finalement assez pessimiste sur ce qui attend son pays, Luis Sepúlveda constate les lenteurs de la justice, la dérive qui entraîne la police comme l'avoue Crespo à Adelita : « Bientôt on annoncera la privatisation de la police et tout ce en quoi tu crois sera laissé aux mains de mercenaires. »
Lolo Garmendia, Lucho Arancibia, Coco Aravena et Salinas sortent sous la pluie, à 5 heures du matin et se rendent au Joyeux Dragon… Une lettre écrite par un anarchiste conclut cette histoire d'hommes et de femmes toujours attachés à leur idéal et relevés par d'autres lorsque leur parcours s'achève. Hélas, ils ne sont plus qu'une ombre…
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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C'est un très beau livre tendre, grave et drôle.
Les personnages sont âgés et fatigués, mais il leur reste une flamme, certes un peu vacillante.
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Cinq anciens compagnons de lutte se retrouvent après des années de séparation et d'errance. Leur but ? Un dernier coup d'éclat, avec un butin à la clef, pour que la vie leur rende un peu de ce bonheur qui leur a été volé. Bien entendu, rien ne se passera comme prévu. A soixante ans, Sepúlveda a voulu tirer le portrait de sa génération, malmenée par l'histoire. Si les lecteurs du monde entier l'ont découvert avec le Vieux qui lisait des romans d'amour, savoureuse fable écologiste située en terre amazonienne, il excelle aussi à explorer la mémoire intime des siens. L'Ombre de ce que nous avons été est une tragédie joyeuse, où l'humour le dispute à la mélancolie. Comme certains de ses héros, Sepúlveda a connu la prison politique, entre 1977 et 1979. Comme eux, il a ensuite passé l'essentiel de sa vie en Europe : Hambourg, pendant de longues années, l'Espagne aujourd'hui. Si à présent il vit six mois par an sur ses terres natales, il n'envisage plus un retour définitif. « L'exil est une deuxième patrie », glisse-t-il. Quand on le questionne sur ce passé, Sepúlveda balaie les souvenirs d'un revers de main. La voix est grave, la parole mesurée chez cet écrivain qui s'est fait une spécialité des romans brefs et percutants. « le devoir des hommes, c'est de dépasser leurs traumatismes», tranche-t-il. Reste qu'il a gardé de ses blessures une tendresse sans pareille pour les laissés pour compte en quête d'un ultime baroud d'honneur. « Les perdants font toujours les plus grands livres : pensez à Cyrano, au Comte de Monte-Cristo, ou à D'Artagnan », plaide-t-il. Il chérit ces créatures donquichottesques qui luttent à contretemps de l'histoire.
Lien : http://horstemps.blog.lemond..
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Trois Papys chiliens, vétérans idéalistes du communisme d'avant la dictature de Pinochet et sorte de Robin des Bois, se retrouvent pour un dernier baroud d'honneur à Santiago par un journée de pluie de l'hiver austral donc en juillet. L'auteur profite de cette histoire pour rappeler les heures sombres de la dictature qui a contraint bon nombre de Chiliens à l'exil ou aux sévices du pouvoir. Il le fait avec beaucoup d'humour par petites touches néanmoins très percutantes. Un roman court et efficace sans mots inutiles. J'ai bien apprécié ce récit qui m' a fait découvrir Luis Sepulvéda. Je lirai certainement d'autres romans de cet auteur.
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Des amis, perdus de vue depuis le coup d'état de Pinochet, se retrouvent. Tous trois, anciens membres des jeunesses communistes, exclus du Parti après la mort du Che en octobre 1967, parce qu'ils le soutenaient. Ils ont alors rejoint le Parti socialiste dans sa faction la plus dure : l'ELN (armée de libération nationale) pour continuer à soutenir la lutte entreprise par Che Guevarra en Bolivie. Ils ont alors connu l'exil ou les geôles de la dictature. Ils se retrouvent pour organiser un casse dans une banque qui doit être une action révolutionnaire. Ils attendent "le Spécialiste" qui meurt avant le rendez-vous, terrassé par un tourne-disque jeté d'un appartement par une épouse en colère. le mari de celle-ci usurpe l'identité du spécialiste et se rend au rendez-vous. Ils se remémorent leurs actions de résistance, la police secrète, le pays qu'ils ne reconnaissent plus aujourd'hui.
Un sujet grave traité avec beaucoup d'humour, de nostalgie et d'optimisme.
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Que rajouter aux divers résumés déjà écrits ici ? Je me limiterai donc à quelques lignes pour donner mon avis.
Sepulveda évoque les improvisations du gouvernement Allende, l'exil des militants de gauche qui ont pu se sauver, les crimes de la dictature militaire puis la démocratie qui a suivi. Quand on sait que l'auteur fut emprisonné par la dictature Pinochet puis combattit au Nicaragua avec les sandinistes, on se dit qu'il connait son sujet et que cela va être du sérieux.
Mais le texte n'est jamais solennel, sentencieux ou même historique. C'est un récit enlevé,
tantôt ironique, tantôt indulgent, avec des dialogues plein d'humour. Bref c'est un beau texte et il se lit comme un polar.
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Après un mois de relecture du Seigneur des Anneaux (again), un petit instant de fraicheur s'imposait. J'ai été exaucé grâce au dernier roman de Luis Sepúlveda.


Trois vieux communistes, des purs et durs, se retrouvent à Santiago après plus de trente-cinq ans d'exil. Fuyant la dictature de Pinochet, ils se sont réfugiés qui en France, qui en Roumanie, qui en Suède. de retour dans leur pays, ils attendent le Spécialiste, le cerveau, l'homme qui fait naître la flamme dans le coeur des désespérés et avec lequel ils vont concocter une dernière action. Malheureusement, un tourne-disque meurtrier en décidera autrement et, tombant du ciel, viendra frapper le front de l'illustre vieillard.

L'intrigue de L'Ombre de ce que nous avons été, loufoque, est servie par des personnages hauts en couleurs, agrémentée de dialogues truculents et d'un humour piquant, parfois à la limite du cynisme. Elle nous permet de pénetrer dans le sujet central du livre : l'histoire chilienne, plus particulièrement la présidence d'Allende et la dictature de Pinochet.

"Je me sentais obligé d'écrire sur l'histoire de mon pays, a expliqué Sepúlveda, pour revenir sur cette période où on nous a volé notre jeunesse." En effet, sous le vernis de l'humour désabusé apparaît le spectre du passé, un passé que les Chiliens ne peuvent balayer car ils le portent en eux : les parents disparus, la torture, l'exil…
Cet aspect historique ne nous étonne pas lorsque l'on connaît un peu la biographie de Luis Sepúlveda, lui-même ancien militant communiste, emprisonné et exilé en Allemagne.

Cette histoire cocasse, mêlant polar et réalisme social, m'a enchantée du début à la fin. Elle est délivrée dans une langue impeccable et Sepúlveda n'a pas oublié la petite note d'espoir qui, pour moi, fait son génie.


L'Ombre de ce que nous avons été
Traduit de l'espagnol (Chili) par Bertille Hausberg,
éditions Métailié, 160 p., 17 EUR.
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Trois anciens exilés attendent le spécialiste par un journée pluvieuse à Santiago de Chili. Tout en mangeant du poulet, ils se souviennent de leur passé de communiste en lutte contre la dictature. Des circonstances imprévues font que le spécialiste ne viendra pas et ce sera une autre personne.
Le talent de conteur de Sepùlveda est encore ici d'une force incroyable. Dans ce petit roman, on y ressent la pluie, la pauvreté, la tristesse, l'amitié, la solidarité. Ce livre pourrait donc être noir et pourtant l'humour de l'auteur donne de l'espoir.
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C'est un roman parfois difficile, parce qu'il évoque les différentes factions gauchistes d'avant Pinochet, ainsi que des références sud-américaines que je n'ai pas et donne des noms aux protagonistes pas toujours faciles à retenir ; j'ai eu du mal à faire parfois la différence entre des personnages. C'est un roman qui parle de la vie avant et pendant Pinochet, au Chili et de ceux qui ont fui la dictature et sont revenus une fois Pinochet destitué : leurs espoirs et leurs désillusions. C'est un roman très drôle, une sorte d'humour désabusé, détaché. Certains passages sont absolument hilarants et en l'espèce, je vous conseille le chapitre 3 en entier -un peu long pour être cité- qui relate la chute du tourne disque sur la tête du passant : inoubliable !
Lien : http://lyvres.over-blog.com/..
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