Quelle alchimie est à l'oeuvre dans l'appréciation d'un roman, d'un auteur, qu'est-ce qui revient à la qualité littéraire de l'ouvrage à nos yeux ? Et qu'en est-il de notre disposition d'esprit au moment de la lecture ? Pourquoi est-ce que la critique arrive tout naturellement une fois la dernière page refermée, et pourquoi avec d'autres romans on se demande ce que l'on va bien pourvoir en dire ? Ma réponse serait la suivante ; c'est notre capacité à accueillir le livre au moment où on l'ouvre. Si l'on est connecté au présent, si nos capacités d'attention et de concentration sont à l'oeuvre, si l'on peut lire, ne serait-ce qu'une petite heure, le temps de s'installer dans la lecture, que l'on apprécie ou non, on y est. Si je prends le livre pour lire 6 pages, x fois sur un temps long, si j'ai oublié qui est qui, je suis perdu et je traine mon roman comme un boulet, c'est pas l'auteur qui est en cause, c'est moi. Comme le dit
Jean-Pierre Lepri, chacun est responsable de son bout de la relation.
Si je sais en ouvrant le livre que je vais passer un bon moment parce que c'est du
John Irving,
Milan Kundera ou
Olivier Adam, en ce qui me concerne, je me conditionne, je suis déjà conquis. Si je laisse une deuxième voire troisième chance à un auteur avec lequel ça n'a pas matché, idem, conditionnement. Il faudrait faire des lectures à l'aveugle comme des auditions à l'aveugle ou les dégustations où l'on cache les étiquettes.
Bref cette longue introduction pour dire que cet ouvrage doit être un bon roman mais que je n'y étais pas du tout, que je me suis mélangé les pinceaux entre les personnages, ai dû faire de nombreux retours arrière. Englué que je suis dans mes problèmes, pas assez disponible. Ce n'est pas Sepulveda que je note, c'est ma capacité d'attention à sa lecture.
Mais dans ce marasme ambiant, il y a eu un instant de magie : le dialogue entre Salinas et le vendeur de poulets qui n'en a rien à battre de sa marchandise et de la relation clientèle : je vous le fait court :
- ils sont comment vos poulets ?
- à poil, morts
- oui mais ils sont frais, savoureux ?
- écoutez, je n'en sais rien, je les reçois congelés tous pareil, je les décongèle, leur enfile une broche dans le cul, et badigeonne d'une sauce livrée avec dans un pot en plastique. au bout de quarante minutes à la rôtissoire, ça devient comestible. Faites pas chier.
La réponse qu'il va donner à la cliente suivante qui vient se plaindre est encore plus drôle. J'essaierai de reproduire les extraits dans les citations.
Allez, je ferai mieux au prochain trimestre. Retraite !! Quelques soucis en moins je pense.
Challenge multi-défis 2021.