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sur 570 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Michel Serres analyse ici l'éducation des nouvelles générations. Il estime que l'enseignement organisé est d'un autre temps qui ne correspond plus à la jeunesse, qui peut aussi être éduquée (selon lui) grâce aux nouvelles technologies. L'enseignement pourrait se faire par une simple recherche sur Google.
Internet serait comparable en termes de révolution historique à l'écriture et à l'imprimerie.
Grâce aux nouvelles technologies, la jeunesse a le pouvoir de créer et de ne pas simplement subir. Il est assez optimiste quant à l'avenir de cette jeunesse.
Le /la jeune d'aujourd'hui, il l'appelle : "Petite Poucette", pour sa capacité à envoyer des SMS avec son pouce.

Ce livre m'avait été chaudement recommandé par deux de mes filles qui avaient dû le lire pendant leurs études secondaires (=lycée en France). Je me souviens qu'à l'époque, elles étaient très enthousiastes. C'était inhabituel de leur part car lire n'est pas un plaisir pour elles - surtout des romans. Ce sont des scientifiques pures et dures, leurs lectures doivent leur apporter des choses "utiles", scientifiques mais surtout pas imaginaires !

Retrouvé en rangeant un meuble, ma curiosité m'a poussée à le lire.
Et là, plouf, je ne suis pas aussi enthousiaste qu'elles. Je me perdais parfois en chemin, j'avais envie, comme le cancre, de regarder par la fenêtre et de rêver. Cela m'a renvoyée aussi à mes études au cours desquelles , la philo et moi n'étions pas très copines. C''est vrai que la philo enseignée comme les profs l'ont fait à mon époque c'est-à-dire de manière magistrale, ne m'a pas aidée à apprécier vraiment.
Pour ma part, philosopher, cela se fait autour d'une table, il me faut des échanges d'idées, des discussions ; seule derrière un livre sans interaction, cela ne passe pas.

Je ne donnerai donc pas d'avis à propos de ce livre car je constate que c'est moi qui ait un "problème" avec ce genre de lecture.
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Une lecture que j'avais hésité à faire quand tous mes collègues me parlait de cette Petite poucette comme une référence dans les pratiques du numérique. Mais je n'ai pas voulu le lire. Puis suite à un passage dans une émission littéraire sur France 5, j'ai été tenté. Par chance, l'ouvrage a été commandé à la médiathèque, il m'a fallu peu de temps pour l'obtenir.

Une fois en main, il passa devant toutes les lectures à faire pour le mois de juin. En plus, c'est écrit assez gros, comme pour les mal-voyants, la lecture c'est faîtes assez rapidement. La lecture se fait assez vite et débute avec beaucoup de curiosité. En effet, la société a évolué, a muté dans tous les sens du terme. Puis il s'égare pour moi à grand renfort de comparaison d'intellectuelles et de quelques mots savants comme sérendipité ou des phrases tel "Le moteur de recherche peut, parfois, remplacer l'abstraction." Encore un chercheur qui veut expliquer le monde aux autres, à ceux d'en bas.
Je ne suis pas d'accord sur le fait que l'enseignement oral devient en partie inutile car on peut avoir accès à tous le savoir partout. Ce qui n'est pas vrai. Il faut avoir envie de chercher, savoir comment chercher, comprendre ce qu'on lit, regrouper des lectures, des vidéos, des photos. On apprend beaucoup par l'écoute et par l'échange. Internet et objets interactifs ne nuisent pas à l'écoute oral et l'apprentissage, au contraire. Si les gens chuchotent pendant les cours, c'est qu'ils sont irrespectueux.

Vue les éloges de beaucoup, il faudra peut-être que je le lise avec un esprit plus tranquille. Mais j'en ai marre de ces gens qui parle du numérique sans pratiquer.
Lien : http://22h05ruedesdames.word..
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Petite Poucette, c'est la jeune fille qui vient d'avoir une vingtaine d'années. Derrière cette expression, Michel Serres crée un nouveau personnage conceptuel. Non pas un être réel, mais un individu représentatif d'une génération et, selon Michel Serres, le premier d'un nouveau type d'humain.

"Petite Poucette", parce que son outil c'est le pouce, celui qui envoie des SMS.
Petite Poucette, la geek, symbolise le nouveau type d'humain qui se fait jour devant nous, celui de la troisième révolution épistémologique humaine. Il y eut l'invention de l'écrit, puis le passage de cet écrit, manuscrit, à l'imprimé et nous observons, maintenant, le passage de l'imprimé à celui du numérique. D'un oeil bienveillant et du haut de ses 80 ans Michel Serres reste admiratif d'une génération radicalement différente de celles qui la précède. Une génération naturellement à l'aise avec les nouvelles technologies mais toujours baignée dans un monde dont les institutions sont devenues obsolètes en quelques battements de cils.
Pour nous expliquer cette révolution mentale, Michel Serres file la métaphore de St Denis. St Denis, évêque de Paris, fut condamné à être crucifié au bien-nommé mont des martyrs (Montmartre). Victime de l'impatience du légionnaire sur son chemin de croix, il est décapité avant son arrivée. Miracle ! Il se relève, prend sa tête sous le bras et marche jusqu'à s'effondrer à l'endroit où est édifié en son honneur la basilique qui porte son nom.

En insérant la "révolution numérique" dans un continuum qui montre le changement du rapport à la connaissance, Michel Serres explique que le passage de l'écrit à l'imprimé s'est accompagné d'une transformation de la pédagogie et de la transmission entre les générations : la rareté des manuscrits médiévaux valorisait l'usage quasi exclusif de la mémoire. L'imprimé libéra peu à peu l'homme du besoin de mémoire : "il vaut mieux une tête bien faite que bien pleine" affirma Montaigne, observateur de ce changement. Michel Serres pointe la disparition des localisations physiques et institutionnelles du savoir : la page, le livre, la salle de classe, l'université et le professeur lui-même. le savoir est désormais partout, il n'est plus besoin d'être localisé dans la tête de Petite Poucette, il est accessible partout, tout le temps, pour tous. le savoir est en face de soi (et non plus dans la tête, d'où la métaphore de St Denis) dans l'écran, telle une tête posée.
Et Michel Serres d'analyser, au fil des trois chapitres qui composent ce court essai, toutes les inadéquations des institutions qui gouvernent notre monde au regard des réalités en oeuvre, et en acte. de pointer le désarroi des enseignants qui s'échinent tels de modernes Don Quichotte à ânonner de caducs enseignements tirés de livres périmés avant même d'être secs. de relever nos réticences comme autant d'enracinements inutiles qui nous empêchent de voir le monde tel qu'il est, et nous installent dans la posture d'un "c'était mieux avant" réactionnaire et illusoire. Alors que la vie, mobile et évanescente que nous propose le monde qui vient doit nous inciter à faire confiance à ces jeunes qui le connaissent déjà presque mieux que nous.
Ce que j'aime avec le texte de Michel Serres, c'est qu'il m'aide à me libérer du "vieux con" qui sommeille en chacun de nous. Et surtout en moi.

La question du savoir et des nouvelles technologies traduit en ce sens la migration d'un débat qui a agité le monde de l'éducation il y a une quinzaine d'années : l'affrontement entre "pédagogues" (Meirieu, De Vecchi etc.) et "humanistes" (De Romilly, Finkelkraut etc.). Les premiers sont les initiateurs du mouvement qui souhaite mettre l'élève au centre de l'école, alors que les seconds critiquent vivement cette position estimant que c'est le savoir qui est au milieu de l'école. Pour ces derniers, le savoir est à conquérir et à s'approprier telle une montagne à gravir (avec tout un discours de valorisation de l'effort). Les pédagogues estiment que pour conquérir ce savoir, les inégalités de toutes natures entre les élèves imposent au système éducatif de placer l'élève et ses modes d'appropriation du savoir au centre du travail scolaire afin de permettre à tous d'apprendre. Ils reprennent en ce sens les critiques initiées par Bourdieu et Passeron qui visaient à montrer que le savoir est socialement normé, que le système scolaire est loin d'être équitable en ce qu'il favorise et institutionnalise les distinctions sociales qu'il inscrit dans le marbre scolaire.
Bien sûr les deux positions ont raison mais n'auraient jamais accepté de le reconnaitre.
Les humanistes ont toujours refusé de reconnaitre la discrimination qu'organisait le système scolaire. Il est difficile à un bon élève de reconnaitre que le fruit de sa réussite est en partie, sociologiquement et institutionnellement organisée.
Les pédagogues, dans leur grande entreprise de démolition des structures de reproduction sociale à l'oeuvre au sein de l'école, ont jargonné à l'excès et ont imputé essentiellement à l'école le devoir de transformation et non plus à l'élève. Il fallait en quelque sorte que le savoir s'adapte à l'élève et surtout à l'enfant. À l'extrême cela niait le pouvoir émancipateur du savoir, l'élève étant enfermé dans les inégalités qui conditionneraient son destin scolaire.

Pourquoi cette longue explication ? Parce que le texte de Michel Serres traduit l'évolution de ce débat qui agite toujours l'éducation nationale.
Derrière un texte très écrit, elliptique et lapidaire par moment, à la fois limpide et abscons (la deuxième moitié de l'ouvrage laisse assez perplexe), Michel Serres délivre un message très ambigu.
Férocement critique envers toutes les générations qui précèdent la génération Y, Michel Serres brosse un portrait idyllique de cette génération qui n'aurait plus besoin d'apprendre vu que le savoir est déjà accessible. Que l'énervement des vieux (cons) envers eux est archaïque. Mais au delà des critiques entre générations, qui visent d'abord à déconstruire le système de pensée du lecteur (Petite Poucette lira-t-elle le livre de Michel Serres ? pas sûr...), l'auteur reprend les arguments des pédagogues. Si le débat des années 1980-1990 visait à transformer l'école dans ses orientations, les promoteurs du numérique dans la pédagogie visent directement à une dissolution des structures de l'école. le texte de Michel Serres propose la disparition même de l'école.

Mais surtout le point qui me semble le plus problématique dans Petite Poucette est la conception du rapport au savoir que valorise Michel Serres. En plaçant le savoir à l'extérieur de l'individu, comme un étant là, bref, en le réduisant à wikipédia, dans tout son texte, Michel Serres méconnait le pouvoir transformateur du savoir. le savoir n'est pas quelque chose d'extérieur à l'individu. Il confond data et savoir, qu'il faut probablement écrire avec une majuscule. le savoir transforme l'individu, l'émancipe. le savoir, c'est d'abord un savoir-être et non une collection d'information. le savoir c'est ce qui in-forme l'individu.
En ce sens, la position de Michel Serres cumule les pires des arguments des pédagogues et des humanistes. Elle externalise le savoir comme les humanistes le faisaient. En lui enlevant son pouvoir émancipateur, elle s'attache à la valeur de l'individu comme les pédagogues mais elle lui retire l'objectif de l'appropriation du savoir (que les pédagogues gardaient toujours en ligne de mire, même si les humanistes faisaient semblaient de l'ignorer dans leurs plus virulentes critiques).

Pire, la métaphore de St Denis est somme toute assez problématique. Les jeunes sont décapités. La métaphore du martyr céphalophore est très mal trouvée (je ne suis pas sûr que Michel Serres ait réellement mesuré ce qui est avant tout un gigantesque lapsus). Qu'en sera-t-il lorsque les écrans sont éteints ? Qu'en est-il du sens critique de chacun, lorsqu'il est attaché à ses chaines numériques ?
Car Michel Serres ne propose finalement que le modèle d'un utilisateur du savoir et non d'un producteur du savoir. Il ne montre qu'un usager, un consommateur de média, telle une boite à remplir et à vider.
Mais qui contrôle les tuyaux, les accès, les péages ?
Ceux qui continueront d'aller dans les écoles les plus sélectives, où le numérique est ramené à sa juste mesure. Un outil. Un outil en plus et non pas à la place des autres comme le promeut Michel Serres. Ceux qui contrôleront iront à Stanford, là ou Michel Serres enseigne à plusieurs dizaines de milliers de dollars par an. Mais pas tous les autres qui n'auront qu'une école du clic où le savoir n'est plus construit et intégré, mais des écoles numériques où la fascination de l'outil aura fait oublier le vrai sens de l'École : l'émancipation de l'individu.

Michel Serres annonce, dans un texte somme toute assez manipulateur, les pires promesses de Gérard de Sélys et Nico Hirtt dans leur Tableau noir. La numérisation avancée de l'école alors qu'elle n'était que spéculative lors de l'écriture de ce livre est devenu réalité une quinzaine d'années plus tard, elle est même l'incarnation de la continuité des objectifs de l'éducation nationale indépendamment des ministres et des majorités. Pire, le texte de Michel Serres les justifie et interdit toute critique dans son tableau idyllique d'une jeunesse que l'on doit cesser d'instruire au non de l'archaïsme supposé de toute forme d'enseignement...

A la fin, je n'aime pas ce texte.
Lien : http://leslecturesdecyril.bl..
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L'art de s'écouter parler...
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A en croire les médias, la jeunesse actuelle semble échapper à notre compréhension. Génération Y, hyper connectée à Facebook et rivée à son smartphone, la génération des 15-25 ans est présentée comme un monstre à deux têtes effrayant car inconnu et indomptable. Alors quand un grand penseur de notre époque nous propose de la décoder, on applaudit. Avant de s'endormir, bercé par la logorrhée de Michel Serres.
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Pourtant ça commençait bien : dans la première partie, Michel Serres est à fond dans son sujet, enthousiaste pour cette jeunesse de tous les possibles. le monde à changé en cinquante ans, les jeunes doivent tout réinventer et ils ne s'en sortent a priori pas si mal. Nous voilà réconciliés avec la nouvelle génération, prêts à remiser aux placards nos « de mon temps, c'était pas comme ça ». L'auteur nous décrit une société pleine de perspective, et en ce sens rejoint l'analyse de Jean-Louis Servan Schreiber dans Aimer (quand même) le XXIè siècle. Ils sont en phase, c'est rassurant.
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Qu'est-il arrivé à Michel Serres dès la deuxième partie, traitant d'un sujet sérieux : l'école? le voilà parti dans un lyrisme complètement inapproprié qui ne le quittera plus pendant les 70 pages qui restent à lire. Et appréhender des phénomènes de société, les décrypter, les comprendre et les analyser nécessite un langage un peu plus précis et terre-à-terre que la prose incontrôlée qui s'empare de la plume de l'auteur. C'est terrible, l'essai devient illisible, l'agacement le dispute à la déception face au sentiment que Michel Serres, finalement, se gargarise de ses envolées pseudo-poétiques.
Lien : http://litteratureetchocolat..
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Il est proprement effarant de constater le nombre de stupidités qu'a pu proférer ce pauvre Michel Serres, présenté en permanence comme un sage par un grand nombre de médias. Voilà un homme qui crut visiblement échapper à la sénilité en se faisant le propagandiste permanent des plus affligeantes "nouveautés" technologiques; alors même que ce positionnement était l'expression la plus manifeste de son naufrage personnel.
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Le début est intéressant. A mi-parcours on perd le fil...et puis on referme le livre sans l'avoir terminé
On se sent moins concerné, on décroche, le livre s'adresserait à des novices de nouvelle technologie. Des personnes qui n'auraient pas vécu dans ce monde?
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Petite poucette, petit livre poussif.
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Ecrire autant de sottises en si peu de pages était une gageure, Michel Serre l'a relevée haut la main
Paradoxalement, cet ouvrage fait l'éloge de l'ignorance.
Dès les premières pages, je n'étais pas d'accord avec sa théorie : si les jeunes bavardent dans le brouhaha des classes c'est parce que le savoir, ils l'ont déjà, enfin, ils l'ont à leur portée, accessible, grâce à internet.
Ce que Michel Serre se garde bien d'aborder sérieusement : est-ce qu'il y a spontanément l'envie du savoir ? Que Michel Serre me permette d'en douter et je ne parle pas de la "science" du copier-coller.
Michel Serre semble penser que le virtuel ne demande la mort de personne, en opposition au précédent siècle mortifère.
Quelle naïveté !
Et la haine, l'appel au meurtre, le fanatisme qui courent sur le WEB et qui ont d'autant plus de succès que le WEB anonyme déshumanise l'autre, c'est un fantasme ?
Et il continue en nous assénant qu'en consultant le bon site, tout un chacun peut en savoir autant que l'expert, le maître, le directeur, le journaliste.
Chic, on va en faire des économies : plus d'école à partir du collège, plus d'université. Chacun devant son ordinateur, d'après cette fameuse (ou fumeuse) présomption de compétence.
Quelle tristesse...
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Pesé et jugé trop léger,
Condamné car profus, diffus, confus. Bavardage et verbiage sont les deux mamelles d'écrivains à court d'idées qui se sentent obligés de pondre un livre par an pour qu'on parle d'eux.
Rejeté pour ses propos qui se veulent aimables, mais qui sont contestables et se révèlent non valables.
Opuscule superficiel et très décevant par un style inutilement compliqué (inversions des sujets, chiasmes artificiels...).
Seul petit mérite : emploi de mots rares et à forte connotation littéraire, tels que lallation, sérendipité, simplexe...
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Michel Serres nous manque déjà...

Certains les nomment génération Y ou "digital natives", les jeunes, (nouvelles ?), générations nous battent à plate couture devant un écran. Moi j'ai préféré les désigner sous le terme générique de ........?........

petite poucette
les pouces en or
petit poucet
poucez vous de là

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