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Citations sur Variations sur le corps (10)

À mes professeurs de gymnastique, à mes entraîneurs, à mes guides de haute montagne, qui m'ont appris à penser.
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... nul n'échappe à la chute des corps. Répandu par la publicité, ce moyen, cher, reste assez inefficace. Le deuxième exige exercice physique et régime : se coucher tôt, se lever de même, abandonner sucres, graisses, alcool et tabac, marcher deux heures par jour, ne pas dételer. Moins connu, ce moyen-là, peu cher, et plus efficace, demande déjà une morale. Enfin, jeunes ou vieux, les gâteux souffrent de ramollissement cérébral. On peut distinguer déjà, on distinguera mieux demain les radoteurs impotents qui, depuis trente ans, regardent tous les soirs les téléfilms que l'Amérique exporte pour s'assurer la débilité du monde, des intelligences vives et vertes qui passent leurs soirées à lire des livres difficiles ; vivant dans l'excellence de pensée, elles rient. L'imbécile se mesure à la répétition et à la tristesse et l'intelligence fraîche à la nouveauté gaie. Les plus belles civilisations commencent par le rire. Pourquoi hésiter à le dire ? La culture protège seule de la sénilité, produite, au contraire, par l'absence d'exercice intellectuel. Efficace et gratuit, ce dernier moyen de conserver le dynamisme juvénile reste, ô surprise, inconnu. Ami médecin, prescris-tu à tes patients quelque page difficile assaisonnée de raisonnement comme remède à la débilité ambiante qui nous menace tous, toi comme moi, de vieillissement foudroyant ?
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Le corps n'est pas. Il peut.
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« Saisie par la neige, écrasée de soleil courbée face au vent, réduite au silence par le souffle court, la cordée s’élève donc dans la paroi. Sans attendre, la pesanteur s’y venge du moindre faux pas. Le corps n’y compte que sur sa vaillance et sur la générosité de ceux qui escomptent de lui la même conduite. Cette rudesse loyale apprend la vérité des choses, des autres et de soi, sans faux-semblant. Les exercices corporels exigeants commencent à merveille le programme de philosophie première par une décision immédiate qui tranche tout doute : en haute montagne, hésitation, fausse route, mensonge et tricherie équivalent à mourir. »
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L'origine anthropologique de la connaissance se noue dans une simulation si rapprochée que l'amour et la haine s'y miment et s'y mêlent, que le mime y mêle l'amour à la haine, que la haine y mime l'amour pour se mêler à lui, et où, enfin, l'amour hait le mime : voilà les cordes du nœud originaire et le secret de son dénouement.
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Faute de comprendre la vertu, voici que l'ensemble des vices prend la belle unité d’une cohérence : une vie entière se voue à l'inflation, à l'agrandissement d'une masse qui s'expanse. Cette croissance évolue selon une pente d'allure narcotique : l'avare, le paresseux et le gourmand se droguent de sommeil, d'alcool ou d'argent ; il faut augmenter la dose de fureur, de haine ou de gloire pour rester longtemps enchanté de colère, d'envie ou d'orgueil. Pourquoi ne parlons-nous plus de la vertu ? Parce que le monde où nous vivons se construit, tout justement, sur la croissance, générale et quantifiable ; l'économie, la finance, la
consommation et le progrès innovateur des sciences et des techniques, tout ce qui paraît sérieux et lourd,
semblent la rendre aussi nécessaire qu'un destin, aussi indispensable que l'assuétude. Du coup, notre culture elle-même ressemble à s'y méprendre à une narcose croissante qui asservit à sa dépendance. Pourquoi les enfants se droguent-ils ? Pour imiter leurs parents, intoxiqués d'argent, de travail, d'emploi du temps, de consommation, de représentation... soumis à des prises horaires obligatoires, plongés dans l'enchantement de la croissance. Les jeunes générations obéirent-elles jamais avec plus de soumission ?
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Que voici : que rien ne résiste à l'entrainement, dont l'ascèse répète des gestes peu naturels (drop, service au tennis, fosbury flop, yoga...) et rend aisées les vertus nécessaires de concentration (basket-ball, saut en hauteur), de courage (rugby), de patience, de maîtrise de l'angoisse, en montagne, par exemple ; qu'il n'y a pas d'œuvre sans règle, quasi monastique, de l'emploi du temps, dont le sportif de haut niveau tient compte : vie assujettie aux rythmes du corps, hygiène stricte du sommeil, alimentation sans drogue ; que le chercheur qui triche ou ment ne trouve ni n'invente, de même que le sauteur en hauteur le triche ni ne ment avec la pesanteur... cette règle lie fer tourne le dos à tous les usages des collectifs professionnel, politique, médiatique, universitaire... qui couronnent les gangsters et placent les médiocres au pouvoir.
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Donc il m'arrive de rêver que, contrairement à nos frères animaux livrés, crocs, griffes et becs, aux lois darwiniennes, l'homme a protégé le faible au lieu de le tuer, parce que, debout, il exposait lui-même ses faiblesses et tout spécialement sa femelle enceinte. Celle-ci me pousse à penser que, dans la position quadrupède, elle montre son sexe par-derrière, alors que le mâle cache le sien sous le ventre; qu'ils se relèvent tous deux, tout s'inverse, le mâle montre ce que le femme cache. Notre sexualité diffère de celle des animaux et de nos ancêtres, séparés de nous par cette inversion dès notre station debout. Passer de la position a tergo à un face-à-face imprévu amène des regards souriants, une aménité délectable, des mots nouveaux; la bousculade finit en cour d'amour.
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Je soupçonne d'ignorance méchante les analyses pathologiques du mysticisme parce qu'elles versent sa force dans une faiblesse maladive, et son acte dans une passivité. Drogues coûteuses ou maladies mentales produisent, certes, des hallucinations dont les décors de carton caricaturent les authentiques extases des sains.
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Étudiez, apprenez, certes, il en restera toujours quelque chose, mais, surtout, entraînez le corps et faites-lui confiance, car il se souvient de tout sans poids ni encombrement. Seule notre chair divine nous distingue des machines ; l'intelligence humaine se distingue de artificielle par le corps, seul.
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