Cheval océan

Stéphane Servant avec ce texte dans cette collection exceptionnelle (des textes aussi courts qu'intenses), nous montre une fois encore son talent. Angela va aller au devant de cette mer dont sa grand mère lui a tant parlé. sa douleur et sa colère nous accompagne pendant ce voyage. Elle va enfin pouvoir la hurler.

Un magnifique texte.

Le monologue d'une jeune fille qui retourne au Portugal, sur la plage où l'emmenait sa grand-mère de son vivant. Ce pèlerinage, elle avait prévu de le faire avec son petit ami, mais elle l'effectue seule, et alors qu'elle se tient face à ce cheval indomptable qu'est l'océan, elle raconte ce qui l'a amenée sur cette plage…

En quelques pages, Stéphane Servant, armé de sa plume singulière, nous fait le portrait percutant d'une jeune fille brisée, mais forte. Il exprime en toute simplicité sa douleur, son dilemme, son courage.
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"Avant que le jour ne se lève, je suis entrée dans l'eau et j'ai attendu que le cheval s'avance vers moi. Qu'il nous prenne et nous emporte, toi et moi. Pour opposer à la violence une violence plus grande. Meurtrir mon corps pour effacer la meurtrissure. Déchirer le silence blanc dans un vacarme assourdissant. Défier la mort pour souffler sur les infimes braises de vie." P.54

En lisant la quatrième couverture de ce roman, je n'avais pas idée de l'émotion qu'il allait me faire.
Quelle fut ma surprise, lorsque j'ai compris que le thème de ce livre porte sur le viol.

le titre et le résumé ne me préparaient pas à lire une histoire sur ce sujet.

Dans Cheval Océan, il est formidablement bien abordé, avec beaucoup de pudeur et de sincérité.

J'ai été très touchée par cette jeune fille dont ses rêves se sont effondrés du jour au lendemain, à la seconde où le drame s'est passé.

Tous ses espoirs, ses projets, son avenir, perdus à jamais !

Une chute vertigineuse et une seule envie, mourir...

C'est une histoire qui prend aux tripes indéniablement.

Le texte est magnifique, les mots m'ont atteinte en plein coeur.

C'est encore un coup de coeur pour moi.

Un auteur que je découvre, sa plume d'une grande sensibilité, d'une grande profondeur et un talent qui m'émerveille.

Je vais lire Sirius prochainement, pour continuer à vivre des émotions aussi fortes.

"On me dira peut-être que tu es déjà un enfant ou la création d'un dieu quelconque. Mais pour moi, je le sais à présent, tu n'es rien d'autre que la blessure. Une haleine chargée d'alcool. le plâtre du plafond. Une auréole de sang. Un silence de mille tonnes. Et parfois le silence tue plus certainement que les mots crachés sur les murs. Voilà pourquoi je hurle et je me débats.

Je veux vivre !

Là, dans les vagues, je me libère de toi. Rien ne m'en empêchera. Comme rien n'arrête l'Océan. Ni les montagnes. Ni les hommes". P.56
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Lu à voix haute sur la plage, face à la mer, Cheval Océan sait emporter son lecteur. Stéphane Servant par ce petit récit très court, mais aguerri, nous montre encore son talent à raconter, et à écrire. Ici, une histoire forte, qui met en scène une jeune fille amoureuse, mais bientôt mise face à une épreuve qui va tout changer. Au milieu de l'océan, qui commence à devenir plus épais, plus énergique, et qui laisse voir peu à peu sa force, sa puissance, on se prend à le redouter, alors qu'il a dans sa splendeur toujours évoqué le bonheur. Tout cela se sent dans les mots de l'auteur qui écrit avec une force décuplé pour nous montrer cette vision de l'océan, tel un cheval trop trempé, trop trapu, qui pourrait détruire beaucoup de choses : le paysage, la vie, les rêves. Avec une héroïne désenchantée, affaiblie, sans plus de rêve que l'Après, Stéphane Servant nous montre la force des mots. Si on la voit dès le début dans son récit gracieux, dans ses personnages sensibles et graves, dans son style dramatique au ton caverneux, une voix sortie de loin, d'un cri retenu, on le remarque après dans les citations de cette amie aimante des mots qui en trouvent des déjà écrits pour un jour inventer les siens. Enfin, on le ressent pleinement dans ce récit qui prend son sérieux, son ton tragique, cet appel à l'aide qui monte, cette voix, ce dialogue à un être encore inconnu, lointain, et on a un peu l'impression que cette femme est notre mère qui nous accouche pour nous faire renaître, par les mots, avec les mots… Voir le monde d'une autre façon si sérieuse qu'on en lâcherait notre larme, qu'on en lâcherait nos mots. C'est un récit court, sensible, affuté, aiguisé, pour nous montrer toute la force des mots quand ils sont dits avec une franchise vigoureuse, et habile.
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Les deux pieds plantés dans le sable, elle hurle ses mots à ce Cheval d'écume.

Angela est bercée par les histoires racontées par son Avózinha, sa grand-mère. le rêve de cette douce plage où piaffe le Cheval Océan la hante et la guide. Elle sait qu'elle ira, c'est son rêve.
Et elle y est. Elle hurle, hurle ses mots.

Les mots ont une telle importance. Ce petit livre à murmurer nous le rappelle. Les mots font les histoires, font les livres, font une vie. Ils peuvent tisser un récit comme briser les rêves. Les mots peuvent être gardés sur un carnet comme être éclaboussés sur les murs.
Angela aime les mots, mais va en fuir d'autres qui empoisonnent sa ville - sa vie. Elle veut être loin de ces gens, de ce petit monde et de ce gris.

Elle a grandi. Ses amis changent, sa vie change, elle change. le temps passe. Mais pas son rêve. Elle y va - elle y est, sur cette plage. Sauf...
...un évènement. Une chose chose et tout a basculé - bousculé. Silence et Souffrance - le silence est la souffrance.

Il ne reste que l'Océan, le Cheval, le voyage.
Maintenant, elle est là. Face au Cheval fou, seule avec cette présence en elle. Elle hurle sa vie.

Et nous avons, nous, ce petit livre entre les mains, d'une collection à découvrir - et d'un auteur à ne pas manquer. Les mots se bousculent, les pensées sont décousues, mais les émotions sont là. Venez découvrir cette vie, ce rêve, ce Cheval, ces mots, tout ça, en face d'un océan.
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Un court roman poignant, éprouvant, magnifique.
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Angela se trouve au bord de l'océan, au Portugal. Elle avait promis à sa grand-mère d'y aller un jour. C'était son rêve d'y aller avec Benjamin mais la voilà sur cette plage toute seule, ou presque.
À l'océan, elle crie sa haine, sa douleur, sa colère, l'injustice. En voulant à tout prix vivre ce rêve, sa vie a basculé, et une petite graine dont elle ne veut pas grandit en elle...


Un texte court mais qui porte pourtant tout son sens. Les faits ne sont pas racontés explicitement, toutefois on comprend très bien de quoi il s'agit.
On assiste à l'explosion de la douleur d'Angela face à cet océan. Elle parle à ce petit être qui n'est pas là, qui n'existe pas, qui ne peut pas être réel. On se replonge avec elle dans ses souvenirs, liés à sa meilleure amie qui a changé au fil du temps, aux faits qui l'ont détruite, à ses parents qui ne cherchent pas à comprendre et à Benjamin qui manque cruellement de maturité face aux révélations d'Angela.


Plus Angela crie sa douleur, plus les mots et les situations atteignent le lecteur. Ils font mal, sans pour autant être explicites. Il y a beaucoup trop d'injustice et de facilité venant des autres personnages qui entourent Angela. Elle est seule et sa confrontation avec l'océan va lui permettre de voir les choses sous un nouvel angle...


Le sujet n'est pas approfondi et je n'ai pas l'impression que c'était le but, de toute façon. L'auteur va droit au but, on sait ce qu'il en est, on sait à quoi s'en tenir et cela n'empêche pas les émotions d'être présentes, bien au contraire !
C'est une histoire courte qui prend aux tripes dès les premières pages, qui n'est que de la fiction mais qui est réel pour quelqu'un et cela rend Angela bien plus touchante. Ce roman ne manquera pas de laisser une marque chez un ado...
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