Les personnages ados de cette collection courte et percutante, "Court toujours" ont tous des choses importantes à partager avec le lecteur, ils sont seuls devant eux, face à eux, se confiant directement ou feignant de ne pas savoir qu'ils sont là, le regard tourné vers eux, l'oreille tendu, enfin attentifs (ou juste curieux).
Des ados fictifs, souvent, tentant de trouver un peu d'équilibre avec des maux d'ados un peu pesant, devant d'autres ados bien réels, les lecteurs. L'auteur
Stéphane Servant imaginera concrètement une scène de Stand-Up, la mise à nue courageuse et périlleuse d'un ado discrèt, fluet, devant le public du lycée.
L'image et son titre sont forts, nous imaginerons ce jeune personnage prenant le micro et évitant la décomposition au fur et à mesure pour surmonter la timidité d'être en scène, sous le projecteur, s'exposant volontairement au jugement de la masse. "
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Miettes ( Humour décalé).
Le stand up est un exercice qui puisera souvent sa source dans la vie et les petits travers personnels de l'humoriste comédien, riant de lui-même mais avec les autres, de son manque de succès avec les filles, les garçons, de ses problèmes de poids, de ses rapports avec ses parents, tout y passe en général, avec un pied de nez sur le profil idéal pour ne laisser sur scène que le naturel et son assumation.
" Miettes", c'est un surnom, c'est un petit gabarit, une demi portion, il n'est pas toujours celui que l'on voit, jamais celui que l'on suit, que l'on choisit et il va tenter d'en rire. Pire, il va tenter de faire rire ses camarades avec ses points faibles, pour les transformer en des qualités au moins sympathiques.
Pas simple, suicidaire même, surtout si l'on est pas drôle sur scène.
"Miettes" est-il une graine d'humoriste né?
Le discours du personnage, décomplexé, traitera de sa virilité de "moustique", d'ados lecteurs plutôt que sportif, il reviendra, entre légereté et corrosion, sur l'éducation qu'on lui a donné, sur les indicateurs qui devaient servir de grand plan, sensés le construire ou sans cela il partirait en miettes, il n'aurait plus la bonne forme identifiable ou les bons outils pour s'en sortir en tant que garçon. Il se comparera à son frère, plus classique.
Nous sourirons des idées reçues en bagage qu'il confiera à nous, lecteurs, autant qu'aux camarades de son lycée, nous serons touchés par son authenticité (fictive).
Un court passage sur scène écrit avec lucide et sincérité. Ses camarades accueilleront-ils avec bienveillance le mordant de ce petit "moustique" qui aura des choses à dire?